Forêts et plantations : un enjeu en matière de coopération académique

Dossier : Le BrésilMagazine N°626 Juin/Juillet 2007
Par Valérie MAQUERE (99)

L’ESALQ et le CENA : un pôle de formation et de recherche, Piracicaba, Brésil

L’ESALQ, créée en 1901, est l’une des plus anci­ennes écoles d’a­gronomie du Brésil et fait par­tie depuis 1934 de l’u­ni­ver­sité de São Paulo en tant qu’u­nité fondatrice. 


L’É­cole supérieure d’a­gronomie Luiz de Queiroz (ESALQ)

Son cam­pus est local­isé à Piraci­ca­ba, ville de 300 500 habi­tants dis­tante de 152 km de São Paulo, et compte 11 départe­ments et 148 lab­o­ra­toires. L’ESALQ pro­pose des for­ma­tions de « grad­u­ação » (équiv­a­lent diplôme d’ingénieur) (390 places annuelles) et de pos-grad­u­ação (mas­ter et doc­tor­at) dans les domaines de l’a­gronomie, de l’al­i­men­taire, des sci­ences forestières, etc. 

Créé en 1968, le départe­ment de Sci­ences forestières (LCF) de l’E­SALQ forme les ingénieurs forestiers et les maîtres et doc­teurs en ressources forestières (spé­cial­i­sa­tions forêts de pro­duc­tion, con­ser­va­tion des ressources forestières, tech­nolo­gies des pro­duits forestiers). Il dis­pose en out­re de deux sta­tions expéri­men­tales situées dans l’É­tat de São Paulo à Anhem­bi (600 hectares) et à Itatin­ga (2 200 hectares). 

La liai­son recherche-entre­prise s’ef­fectue par le biais de l’In­sti­tut de recherch­es et d’é­tudes forestières (IPEF), instal­lé au sein du départe­ment de sci­ences forestières de l’E­SALQ. L’IPEF est une asso­ci­a­tion sans but lucratif créée en 1968 dont la mis­sion est de pro­mou­voir et dévelop­per le secteur foresti­er. Out­re des actions d’ap­pui à la recherche et de com­mu­ni­ca­tion, elle assure la liai­son entre milieux sci­en­tifique et entre­pre­neur­ial et met à dis­po­si­tion des entre­pris­es, des organ­ismes de recherche, et de la société en général, des semences forestières de qualité. 

Rat­taché au cam­pus « Luiz de Queiroz » et à l’u­ni­ver­sité de São Paulo, le Cen­tre d’én­ergie nucléaire en agri­cul­ture (CENA) est un insti­tut spé­cial­isé qui compte 18 lab­o­ra­toires par­mi les mieux instru­men­tal­isés du Brésil et forme des étu­di­ants en mas­ter et doc­tor­at. La col­lab­o­ra­tion France-Brésil au CENA a com­mencé dès les années 1970 entre le lab­o­ra­toire de biogéochimie de l’en­vi­ron­nement (Bio­geo­quími­ca Ambi­en­tal) et l’In­sti­tut de recherche pour le développe­ment (IRD) et a per­mis la sou­te­nance de 17 mas­ters et 25 doc­tor­ats dont la pre­mière thèse en cotutelle entre une uni­ver­sité française (Orléans) et l’u­ni­ver­sité de São Paulo. Aujour­d’hui, cette coopéra­tion est portée par l’U­nité de recherche (UR) SeqBio.

Le CIRAD et l’INRA comme partenaires de recherches du département de sciences forestières de l’ESALQ

C’est dans ce cadre académique qu’un parte­nar­i­at a été dévelop­pé depuis 2003 entre le CIRAD Forêt, UR « Fonc­tion­nement et pilotage des écosys­tèmes de plan­ta­tion » et l’E­SALQ LCF-CENA-IPEF. Il s’est traduit par l’af­fec­ta­tion en 2003 d’un chercheur du CIRAD (Jean-Paul Laclau) à l’E­SALQ et l’in­stal­la­tion d’un dis­posi­tif d’é­tudes de cycles biogéochim­iques en plan­ta­tions d’eu­ca­lyp­tus sur le site expéri­men­tal d’I­tatin­ga. L’ob­jec­tif du pro­jet est d’é­val­uer les con­séquences des modes de fer­til­i­sa­tion des plan­ta­tions d’eu­ca­lyp­tus sur le fonc­tion­nement biogéochim­ique de l’é­cosys­tème, la crois­sance des arbres et la qual­ité des eaux drainées. Le pro­jet est cofi­nancé par le CIRAD, la FAPESP (Fun­dação de Amparo à Pesquisa do Esta­do de São Paulo), l’u­ni­ver­sité de São Paulo, le min­istère des Affaires étrangères du Brésil, ain­si que le COFECUB (Comité français d’é­val­u­a­tion de la coopéra­tion uni­ver­si­taire avec le Brésil). Il s’é­tend main­tenant à l’USP (départe­ment Sci­ences atmo­sphériques de l’In­sti­tut d’as­tronomie, de géo­physique et de Sci­ences atmo­sphériques (IAG) et départe­ment Écolo­gie de l’In­sti­tut de bio­sciences) avec l’af­fec­ta­tion d’un deux­ième chercheur du CIRAD pour tra­vailler plus pré­cisé­ment sur les flux de car­bone et l’in­stal­la­tion d’une tour à flux en plan­ta­tion d’eucalyptus. 

Ce pro­jet a don­né lieu ces dernières années à de nom­breuses mis­sions de chercheurs brésiliens et français ain­si qu’à l’en­cadrement ou coen­cadrement de sept étu­di­ants en for­ma­tion d’ingénieurs forestiers à l’E­SALQ, de cinq mas­ters brésiliens et d’une thèse brésili­enne. Une thèse en cotutelle est actuelle­ment en cours entre Engref et l’E­SALQ. Elle béné­fi­cie du finance­ment du min­istère de l’A­gri­cul­ture via le corps du GREF (for­ma­tion com­plé­men­taire par la recherche). Une sec­onde thèse a débuté en octo­bre 2006 à l’u­ni­ver­sité de Nan­cy avec un accueil pen­dant deux ans à l’USP (IAG et ESALQ). 

L’INRA est égale­ment engagé dans le proces­sus de coopéra­tion avec l’E­SALQ-USP sous divers­es formes : une coopéra­tion via le Cirad qui per­met d’af­firmer la présence de l’In­ra en tant qu’­ex­pert ; une coopéra­tion via des instances inter­na­tionales qui s’est dévelop­pée dans le cadre du pro­jet Cifor « Site Man­age­ment and Pro­duc­tiv­i­ty in trop­i­cal plan­ta­tion forests » et qui se traduit con­crète­ment par le rôle de Jacques Ranger, expert sci­en­tifique dans le Sci­en­tif­ic Advi­so­ry Group du pro­jet ; une coopéra­tion plus volon­tariste bilatérale dans le cadre d’ac­cords spé­ci­fiques où sont négo­ciées quelques actions, par exem­ple le sou­tien partagé à des stages doc­tor­aux et post­doc­tor­aux France-Brésil et Brésil-France ; une coopéra­tion plus large qui con­siste à rap­procher ponctuelle­ment les deux organ­ismes dans le cadre d’un pro­jet Inra dit pro­jet d’ex­cel­lence (accueil de pro­fesseurs ou chercheurs de très haut niveau pour quelques années avec mise à dis­po­si­tion de bud­gets, per­son­nels, bours­es de thèse etc.), ouverte au Brésil au même titre qu’à d’autres pays ; l’ac­cueil d’é­tu­di­ants en for­ma­tion à la recherche dans le cadre des pro­jets de coopéra­tion où l’In­ra est engagé (exem­ple des étu­di­ants brésiliens du pro­jet Brafitech décrit ci-après). 

L’ENGREF-FIF, partenaire de l’ESALQ en matière de formation des ingénieurs forestiers

Par­al­lèle­ment aux échanges d’é­tu­di­ants menés dans le cadre des pro­jets de recherche, l’E­SALQ est engagée dans de nom­breux échanges avec la France au niveau de ses for­ma­tions d’ingénieurs, tels les échanges avec l’É­cole supérieure d’a­gri­cul­ture d’Angers (ESA) et un accord de dou­ble diplôme avec l’In­sti­tut nation­al d’a­gronomie Paris-Grignon (INAPG). Ces cinq dernières années, ces accords ont con­duit à l’échange de 19 étu­di­ants brésiliens, 44 étu­di­ants français, ain­si que la réal­i­sa­tion de 15 mis­sions tech­ni­co­sci­en­tifiques de directeurs, pro­fesseurs et chercheurs dans les deux pays. À ces échanges, s’est ajoutée depuis sep­tem­bre 2006 une coopéra­tion entre les for­ma­tions d’ingénieurs forestiers de l’EN­GREF (FIF) et de l’E­SALQ au sein d’un pro­jet Brafitech. Ce pro­gramme d’échange Brésil-France a, entre autres, pour objec­tifs de créer et con­solid­er des coopéra­tions visant l’échange d’é­tu­di­ants en for­ma­tion d’ingénieur foresti­er et de ren­dre à terme pos­si­ble la recon­nais­sance des crédits d’en­seigne­ment obtenus dans cha­cun des étab­lisse­ments parte­naires. Sont financés pour deux ans : des échanges d’é­tu­di­ants pour des péri­odes de six à douze mois, des échanges d’en­seignants et des mis­sions de coor­di­na­tion pour des durées d’une à deux semaines. 


Plan­ta­tion d’eucalyptus

Les deux pre­mières étu­di­antes ayant par­ticipé au pro­jet Brafitech ont inté­gré la FIF en sep­tem­bre 2006. Flo­ra Mar­tins a suivi l’op­tion « Ges­tion des milieux naturels » et effectue actuelle­ment un stage de recherche de six mois à l’IN­RA Nan­cy, au sein de l’u­nité Biogéochimie des Écosys­tèmes forestiers ; Fer­nan­da Guedes a suivi l’op­tion « Fil­ière bois » et effectue son stage de recherche à l’IN­RA Orléans dans l’u­nité « Recherche amélio­ra­tion, géné­tique et phys­i­olo­gie Forestières ». 

Elles soulig­nent toutes deux l’im­por­tance d’un tel échange dans leur car­rière pro­fes­sion­nelle. D’après Flo­ra, dans un con­texte brésilien où « une expéri­ence à l’é­tranger est chaque jour un peu plus val­orisée, cet échange, en plus d’ac­croître ses com­pé­tences pro­fes­sion­nelles, sera un atout majeur sur son CV ». Par ailleurs, comme le souligne Fer­nan­da, « les dif­férences entre les forêts français­es et brésili­ennes sont nom­breuses : diver­sité de la faune et de la flo­re, dimen­sion des espaces boisés, et aspects admin­is­trat­ifs… Le con­tact avec un autre type d’en­seigne­ment est essen­tiel, car il per­met de mieux com­pren­dre les habi­tudes et méth­odes de tra­vail de futurs col­lègues, dans un con­texte où le main­tien de la dura­bil­ité des ressources naturelles devient une préoc­cu­pa­tion inter­na­tionale ». Par ailleurs, d’après Flo­ra, l’ex­péri­ence de vie à l’é­tranger « per­met une vision plus large des sociétés et de leurs prob­lèmes. Elle apprend à réfléchir à dif­férentes échelles, à penser dif­férem­ment et facilite l’ac­tion au sein même de son pro­pre pays à tra­vers la recherche de solu­tions nouvelles ». 

Qua­tre nou­veaux étu­di­ants ont inté­gré le pro­jet en jan­vi­er 2007. On espère prochaine­ment l’ac­cueil de mis­sions d’en­seignants et d’é­tu­di­ants français à l’ESALQ.

Ce pro­jet Brafitech s’in­scrit dans une dynamique plus large d’ou­ver­ture à l’in­ter­na­tion­al de l’ENGREF. La coopéra­tion avec le Brésil relève d’une vraie volon­té de l’EN­GREF de dévelop­per des rela­tions bilatérales avec ce pays, tant dans le domaine foresti­er que dans celui de la ges­tion des ressources naturelles, par exem­ple de la ressource en eau.

Un accueil est déjà en cours à Mont­pel­li­er sur ce dernier volet. En tant que mem­bre de Paris­Tech, l’EN­GREF a par ailleurs par­ticipé au recrute­ment en 2006 d’é­tu­di­ants brésiliens de l’UFRJ (Rio de Janeiro), de l’USP (São Paulo), ou encore de l’U­NI­CAMP (Camp­inas) qui inté­greront les for­ma­tions de l’I­NAPG et de Chimie Paris. Elle est mem­bre du comité de pilotage qui organ­ise le forum Fran­co-Brésilien « Entre­pris­es-For­ma­tions d’ingénieurs » à São Paulo les 19 et 20 avril 2007. 

Commentaire

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Adjaoté ANOUGOULOrépondre
21 juin 2011 à 11 h 53 min

tech­ni­cien supérieur en agri­cul­ture
Bon­jour ;

Citoyen Togo­lais, je désire m’in­scrire dans un pro­gramme de Mas­ter en sci­ence agronomique.

Pour­riez-vous me faire par­venir la doc­u­men­ta­tion et les for­mu­laires d’ad­mis­sion à cet effet.

J’aimerais égale­ment recevoir toute infor­ma­tion con­cer­nant le statut d’é­tu­di­ant étranger, que se soit au niveau des con­di­tions d’ad­mis­sion, de l’é­val­u­a­tion des diplômes, des pro­grammes d’aides finan­cières ou des normes de l’immigration.

Espérant recevoir ces doc­u­ments sous peu, je vous prie d’a­gréer, mes­dames, messieurs, mes salu­ta­tions distinguées.

Anougoulo adjaoté

129Kara, anougouloadjaote@yahoo.fr

002289713941

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