Gaëlle Olivier (1990)

Dossier : Femmes de polytechniqueMagazine N°Gaëlle Olivier (1990) Par Sylvie HATTEMER-LEFÈVRE

Elle dirige depuis 2011 l’activité « Dom­mage » du groupe Axa en Asie. De Sin­ga­pour, Gaëlle Oli­vier s’occupe, avec ses quatre mille col­la­bo­ra­teurs, du déve­lop­pe­ment de ce mar­ché sur sept pays d’Asie continentale.

Plusieurs vies dans sa vie

Elle n’a jamais aimé les par­cours linéaires, ni les plans de car­rière. Cha­cun de ses choix pro­fes­sion­nels a été une réponse à un défi, et le résul­tat d’une ren­contre humaine. Du coup, Gaëlle Oli­vier a déjà vécu plu­sieurs vies dans sa vie : après une pre­mière expé­rience dans une salle de mar­chés au Cré­dit Lyon­nais à Tokyo à sa sor­tie de Poly­tech­nique, elle est reve­nue en France où, au début des années 1990, tout en sui­vant en paral­lèle une for­ma­tion à l’Ensae, elle tra­vaille pen­dant cinq ans sur la modé­li­sa­tion des pre­miers pro­duits déri­vés sur actions. Mais à la longue, ce job ne l’épanouit pas tota­le­ment : « Je bai­gnais en per­ma­nence dans la mono­cul­ture de l’argent. Faire de l’argent pour des gens qui ont déjà beau­coup d’argent ne m’intéressait plus. » Déjà la quête du sens ?

Car ce besoin de sens, le moteur « qui lui donne l’énergie de s’investir à 200 % » dans tout ce qu’elle fait, a tou­jours été une constante pour cette fille d’un couple de méde­cins, reçue à l’École des mines de Paris et à Poly­tech­nique et qui a choi­si l’X sur les conseils de son grand-père pater­nel, Gil­bert Oli­vier. Une fois admise, la jeune Gaëlle est élue au bureau des élèves. Elle ne l’a jamais regretté.

Après ses pre­miers tours de chauffe dans la banque, elle intègre le groupe d’assurance Axa à un poste taillé sur mesure pour son pro­fil. Sa mis­sion : déve­lop­per les for­mules d’épargne à effet levier pour la filiale d’épargne sala­riale d’Axa Invest­ments Mana­gers, per­met­tant d’intéresser les col­la­bo­ra­teurs aux pro­fits de l’entreprise moyen­nant une mise de base mini­male. Ce n’est donc pas un hasard si elle accepte, au début des années 2000, de chan­ger de cas­quette pour deve­nir secré­taire géné­ral du direc­toire et du conseil de sur­veillance d’Axa. Elle y passe quatre années abso­lu­ment pas­sion­nantes. À l’époque, Hen­ri de Cas­tries, le pré­sident du direc­toire, veut amé­lio­rer le fonc­tion­ne­ment du groupe, et l’organiser de façon plus métho­dique. Cette car­té­sienne s’y attaque à bras-le-corps, et, entre autres, lui concocte des plan­nings per­met­tant au big boss de gérer au mieux les prio­ri­tés, un tableau de bord d’une effi­ca­ci­té à faire sali­ver bien des P‑DG du CAC 40.

Une sorte d’ovni

Lorsque la direc­tion lui pro­pose de repar­tir à Tokyo pour aider à redres­ser sa filiale mal en point, elle ne résiste pas. Le défi, pour­tant, est de taille : être à la fois jeune, femme mariée, mère de quatre gar­çons et diri­geante au Japon, c’est être un ovni tota­le­ment inclas­sable dans une socié­té aus­si conser­va­trice que hié­rar­chi­sée. Elle repasse par le siège à la direc­tion de la com­mu­ni­ca­tion et de la res­pon­sa­bi­li­té d’entreprise du groupe, mais ne résiste pas à l’appel de l’Asie lorsque Hen­ri de Cas­tries lui pro­pose de faire ses valises pour Singapour.

Cet éton­nant par­cours pro­fes­sion­nel aurait pu lui don­ner « la grosse tête ». Mais à la voir, débar­quant tout juste de son avion au siège d’Axa, petite sil­houette sou­riante et sereine vêtue d’un simple jean et d’une petite veste, on com­prend vite que ce n’est pas son truc. La rai­son ? L’équipe qu’elle forme avec son époux : « Rien de tout cela n’aurait été pos­sible sans mon mari qui m’a tou­jours épau­lée », recon­naît-elle. Démis­sion­nant de son poste et retrou­vant un tra­vail chez Nis­san Tokyo lorsqu’elle a accep­té de redres­ser la filiale japo­naise d’Axa. L’encourageant lorsque, pour échap­per à la pres­sion, elle s’est mise à cou­rir pour par­ti­ci­per au mara­thon de Tokyo. Accep­tant de vivre une nou­velle aven­ture en famille, à Sin­ga­pour cette fois.

Une super­wo­man, alors ? Elle sou­rit, et conclut : « Je sais que cela ne va durer qu’un temps. »

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