Euronext, la “La Bourse paneuropéenne”

Dossier : L'EuropeMagazine N°586 Juin/Juillet 2003Par Jean BLONDEAU (55)

L’ob­jec­tif pour­suivi à la con­sti­tu­tion du groupe Euronext était de par­ticiper à l’in­ter­na­tion­al­i­sa­tion des marchés de cap­i­taux et de créer un marché glob­al européen capa­ble d’of­frir aux opéra­teurs européens une liq­uid­ité accrue et des coûts de trans­ac­tions plus faibles. Cet objec­tif se con­cré­tise avec la mise en place d’une plate-forme de négo­ci­a­tions com­mune aux qua­tre places du con­ti­nent pour les marchés “cash” et la con­cen­tra­tion à Lon­dres des opéra­tions sur les pro­duits dérivés. Le groupe Euronext devient ain­si la pre­mière Bourse européenne intégrée.

La stratégie du Groupe aujour­d’hui demeure définie selon trois axes :

  • faciliter la crois­sance des marchés de cap­i­taux en Europe en organ­isant un véri­ta­ble marché européen effi­cace et créa­teur de valeur pour tous les util­isa­teurs du sys­tème boursier ;
  • définir des stan­dards globaux en matière de négo­ci­a­tion, com­pen­sa­tion, règle­ment-livrai­son et ser­vices d’information ;
  • rester un meneur dans la con­sol­i­da­tion européenne par la réal­i­sa­tion de fusions et d’al­liances pour avoir en Europe un marché de cap­i­taux plus large et plus efficace.


Euronext NV, la société mère du Groupe, est de droit néer­landais : elle est cotée sur toutes ses places depuis juil­let 2001 et son cap­i­tal est répar­ti depuis lors entre de nom­breux action­naires européens et améri­cains. Elle est admin­istrée par un Con­seil de sur­veil­lance et un direc­toire. C’est un Français, Jean-François Théodore, qui est le prési­dent du direc­toire. Comme le direc­toire, le Con­seil de sur­veil­lance est com­posé de per­son­nal­ités des cinq pays : il est présidé par un Néer­landais et il com­prend trois Français, dont deux polytechniciens.

Le groupe Euronext emploie près de deux mille salariés. Il a réal­isé en 2002 un chiffre d’af­faires proche de un mil­liard d’eu­ros, pour un résul­tat net de cent soix­ante-six mil­lions d’euros.

Depuis le début de l’an­née 2003, le groupe Euronext est entré dans une phase d’in­té­gra­tion en se struc­turant en lignes de métiers transna­tionales ; ain­si, trois “Strate­gic Busi­ness Units” (SBU) ont été créées :

  • la SBU “Cash and List­ing”, dont la direc­tion et l’essen­tiel des moyens sont à Paris, est en charge du marché des titres (actions, war­rants, track­ers…) et de la ges­tion de la cote (rela­tion avec les émet­teurs, admis­sions en Bourse…). Le sys­tème infor­ma­tique de négo­ci­a­tion, iden­tique sur l’ensem­ble des places cou­vertes, est le sys­tème NSC, dévelop­pé à Paris à la fin des années quatre-vingt-dix ;
  • la SBU “Deriv­a­tives”, dont la direc­tion est con­fiée au Liffe (Lon­dres), est en charge des marchés de pro­duits dérivés, qu’ils soient de taux, d’ac­tions ou de com­modi­ties. Déjà déployé à Lon­dres, Paris et Brux­elles, le sys­tème de négo­ci­a­tion “Con­nect”, dévelop­pé par le Liffe, sera général­isé à l’ensem­ble des implan­ta­tions du Groupe en 2004 ;
  • la SBU “Clear­ing”, dont l’essen­tiel des moyens et la direc­tion sont à Paris, assure la com­pen­sa­tion des négo­ci­a­tions sur titres et pro­duits dérivés des places de Paris, Brux­elles, Ams­ter­dam, et prochaine­ment de Por­to et Lis­bonne. Elle utilise la plate-forme infor­ma­tique “C21” mise en place par la cham­bre de com­pen­sa­tion parisi­enne Clear­net depuis quelques années. Les opéra­tions traitées par le Liffe sur la place de Lon­dres sont, quant à elles, com­pen­sées par la Lon­don Clear­ing House (LCH), donc à l’ex­térieur du groupe Euronext.


La cham­bre de com­pen­sa­tion a deux fonc­tions : par la sim­ple com­pen­sa­tion des opéra­tions réal­isées entre les mem­bres des marchés, elle réduit mécanique­ment le nom­bre de flux financiers à traiter, donc les coûts cor­re­spon­dants. En s’in­ter­posant en con­trepar­tie cen­trale entre les mem­bres auprès desquels elle cou­vre son risque, quo­ti­di­en­nement ou même en intra-day en cas de vari­a­tion bru­tale des marchés, elle se posi­tionne en coupe-cir­cuit en cas de défail­lance d’un inter­venant. Elle assure ain­si une fonc­tion de sécu­rité, lim­i­tant les risques d’ef­fet domi­no, et par con­séquent le risque systémique.

En sor­tie de la cham­bre de com­pen­sa­tion, les règle­ments et livraisons résul­tant de négo­ci­a­tions sur les titres peu­vent être réal­isés soit chez les déposi­taires cen­traux nationaux (Euro­clear France, ex-Sico­v­am, pour la France, Necigef pour les Pays-Bas, CIK pour la Bel­gique), soit chez Euro­clear Bank.

Ain­si, lorsque les con­ver­gences déjà large­ment engagées seront achevées, le marché paneu­ropéen des titres et des pro­duits dérivés aura une réal­ité : étant réal­isées dans un univers européen devenu domes­tique, les trans­ac­tions jusqu’à présent trans-frontal­ières s’ef­fectueront au meilleur coût et avec le max­i­mum de sécu­rité. Elles béné­ficieront d’une liq­uid­ité accrue par le seul fait de l’élar­gisse­ment du marché. Au bout du compte, ce sont bien les entre­pris­es émet­tri­ces et les épargnants qui en sor­tiront gagnants.

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