L'étymologie de la musique nous fait remonter aux muses de la mythologie grecque

Étymologie :
À propos de la musique

Dossier : Les X et la musiqueMagazine N°806 Juin 2025
Par Pierre AVENAS (X65)

Le nom de la musique remonte à celui des Muses de la mytho­lo­gie grecque qui, selon la légende la plus répan­due, étaient les neuf filles de Zeus et de Mné­mo­syne, déesse de la Mémoire (du grec mnê­mê), elle-même fille du Ciel (Oura­nos) et de la Terre (Gaïa). La musique n’était pour­tant l’attribut que d’une seule des Muses, mais toutes avaient un rap­port étroit avec la musique.

Les attributs des neuf Muses et la musique

Les Muses pré­si­daient à divers domaines des arts et de la connais­sance. Elles dan­saient et jouaient de la lyre pour les dieux de l’Olympe. Clio (du grec klein « célé­brer ») chan­tait l’histoire, Tha­lie (du grec thal­lein « être heu­reux ») encou­ra­geait la comé­die et Mel­po­mène (du grec mel­pein « chan­ter ») pré­si­dait à la tra­gé­die, Terp­si­chore (du grec ter­pein « réjouir » et kho­ros « danse ») dan­sait sur la musique, Éra­to (du grec eran « aimer ») chan­tait la poé­sie lyrique ins­pi­rée par Éros, Polym­nie (du grec polu- « mul­tiple » et hum­nos « hymne ») ins­pi­rait les poètes, Cal­liope (du grec kal­li- « belle » et ops « voix ») chan­tait la poé­sie épique, et la musique elle-même était la voca­tion de la joueuse de flûte Euterpe (du grec eu- « bien » et ter­pein « réjouir »). 

Quant à Ura­nie (du nom de son grand-père mater­nel), c’était la Muse de l’astronomie, sœur de la musique selon les pytha­go­ri­ciens. Ceux-ci jus­ti­fiaient par exemple les sept notes de musique par une cor­res­pon­dance avec les sept astres errants (pla­nêtes). À ce pro­pos, la musique fai­sait par­tie des mathé­ma­tiques chez les Anciens, avec l’arithmétique, la géo­mé­trie et l’astronomie, et c’était encore le cas pour l’Académie fran­çaise jusqu’à la 5e édi­tion de son dic­tion­naire en 1798 (cf. Éty­mo­lo­giX de fév. 2023).

Le nom des Muses vient, par le latin Musae, du grec Mou­sa, au plu­riel Mou­sai « les Muses », d’où dérive l’adjectif mou­si­kos, au pre­mier sens « rela­tif aux Muses », puis « musi­cien » en réfé­rence à l’importance de la musique pour les Muses. Ce der­nier sens l’a empor­té, d’où le nom de la musique en grec, mou­si­kê (res­té en grec moderne), en latin, musi­ca, puis en fran­çais, musique et l’équivalent dans les langues d’Europe.

Les Muses, le musée et la mosaïque

Du grec Mou­sa dérive aus­si mou­seion, dési­gnant d’abord un lieu de rési­dence des Muses et de là une aca­dé­mie où s’exercent les acti­vi­tés cultu­relles, un peu comme dans l’Académie de Pla­ton ou le Lycée d’Aristote à Athènes. La pre­mière de ces aca­dé­mies fut celle d’Alexandrie, com­pre­nant la célèbre biblio­thèque, créée sous le règne de Pto­lé­mée Ier. Du grec mou­seion (grec moderne, mou­seio) vient en latin museum, emprun­té tel quel dans les langues ger­ma­niques ou adap­té dans les autres langues. Ain­si en fran­çais, musée ne s’est impo­sé par rap­port à museum qu’à la fin du xviiie siècle, sauf dans les sciences natu­relles où l’on conserve le nom muséum.

Le grec mou­seion dési­gnait aus­si toute réa­li­sa­tion artis­tique, telle qu’un chant poé­tique, ou encore, en grec byzan­tin, l’une de ces réa­li­sa­tions typiques de l’art byzan­tin, une mosaïque, nom­mée en latin musi­vum et en bas latin musai­cum, emprun­té en ita­lien musai­co, puis mosai­co sans doute sous l’influence de mosai­co « mosaïque, rela­tif à Moïse, Mosè en ita­lien ». L’italien est emprun­té par la plu­part des langues d’Europe : mosaïque en fran­çais, mosaic en anglais… et même môsai­ko en grec moderne, où cepen­dant on emploie un autre mot, psê­phi­dô­to, du grec psê­phis « petite pierre », s’il s’agit de mosaïque antique. 

Épilogue

Au musée de Tar­ra­gone, une magni­fique mosaïque repré­sente Euterpe, la Muse de la musique. C’est cohérent.

Mosaïque représentant Euterme, muse de la musique au musée de Tarragone.
Mosaïque repré­sen­tant Euterpe, Muse de la musique au musée de Tarragone.


En cou­ver­ture : Minerve par­mi les Muses, Hen­drick van Balen et Lucas van Uden, 1620, huile sur bois, Musée du Palais du roi Jan III, Varsovie.

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