travailler dans le luxe

Être X et travailler dans le luxe

Dossier : Le luxe et ses paradoxesMagazine N°805 Mai 2025
Par Louise LAFFONT (X07)

Louise Laf­font (X07) nous fait plon­ger dans les cou­lisses de son métier chez Louis Vuit­ton. Elle nous dévoile com­ment elle conci­lie la rigueur scien­ti­fique acquise à l’École poly­tech­nique avec la créa­ti­vi­té par­fois débri­dée du monde du luxe. Louise explore la dua­li­té entre ratio­na­li­té et intui­tion, un équi­libre essen­tiel dans la créa­tion de pro­duits ico­niques qui cap­tivent l’imaginaire col­lec­tif et tra­versent le temps. Bien que peu nom­breux dans le sec­teur, les X ont pour­tant toutes les rai­sons de s’y épanouir.

Il y a cette ques­tion récur­rente, qu’on m’a posée à de mul­tiples reprises dans des dîners ou autres ren­contres : « Louise, que fais-tu exac­te­ment chez Louis Vuit­ton ? Ce n’est pas bizarre d’avoir fait Poly­tech­nique et ensuite de faire des acces­soires dans la mode ? » Non, ce n’est pas bizarre. Mais en effet nous ne sommes pas beau­coup, et c’est fort dommage.

« Éloge de la folie »

Idée reçue : les poly­tech­ni­ciens n’utilisent que leur cer­veau gauche, racine du rai­son­ne­ment logique et du ration­nel. Je ne crois pas. J’ai vu cer­tains de mes cama­rades « tau­pins », que je consi­dé­rais comme des génies, résoudre un DM en quelques minutes parce qu’ils le « sen­taient ». Quelle fron­tière entre la connais­sance de théo­rèmes et l’intuition pour résoudre un pro­blème ? La plu­part de ces génies étaient d’ailleurs aus­si des artistes (l’un d’entre eux deve­nu cher­cheur est aus­si un excellent pia­niste, et les exemples sont nom­breux). Cer­tains, nous les consi­dé­rions comme fous : com­por­te­ment étrange, pas­sions par­ti­cu­lières, une sorte de mélange curieux entre ration­nel et irra­tion­nel. J’ai, person­nellement, ado­ré cette folie, dont Érasme le sage fai­sait l’éloge.

Une folie « bien tempérée »

Cette folie, je la retrouve dans le monde du luxe. Car, ici, il faut voir grand et nou­veau sans cesse, donc tou­jours pous­ser sa vision pour créer, tou­jours créer. C’est ce qu’aucune autre indus­trie n’apporte. Pour réus­sir dans le luxe, il faut se faire peur. Accep­ter des rêves et réa­li­ser l’impossible. Mais, si on parle d’industrie, on parle aus­si de busi­ness, de compte de résul­tat, etc. Donc il faut cadrer cette folie. Voi­là, c’est ce que je fais chez Louis Vuit­ton. Atti­ser la folie, puis la cadrer. Un exemple concret ?

Le pre­mier défi­lé de Phar­rell Williams en tant que direc­teur artis­tique de la mai­son Vuit­ton. Au départ, une demande folle : 1 800 invi­tés, sur le pont le plus ancien de Paris, en pleine fashion week, com­bi­née avec un concert de Jay‑Z, un Gos­pel, l’intervention du célèbre pia­niste Lang Lang… À l’arrivée, un défi­lé légen­daire, mais plus qu’un évé­ne­ment, une col­lec­tion : inven­tive, iden­ti­taire, codée, moderne, mais très actuelle. Et très commerciale.

Le défilé Louis Vuitton SS24, premier défilé de Pharrell Williams en tant que directeur artistique de la maison Louis Vuitton.

Le défilé Louis Vuitton SS24, premier défilé de Pharrell Williams en tant que directeur artistique de la maison Louis Vuitton.
Le défi­lé Louis Vuit­ton SS24, pre­mier défi­lé de Phar­rell Williams en tant que direc­teur artis­tique de la mai­son Louis Vuitton.

« Interlude »

Petite paren­thèse : la rédac­tion de La Jaune et la Rouge m’a deman­dé d’expliciter un peu plus mon par­cours. Évi­dem­ment, il y a au départ un inté­rêt fort pour la mode, l’esthétique ou le monde créa­tif en géné­ral. Mais j’imaginais assez mal com­ment en faire mon métier, d’autant plus avec un pro­fil de « matheuse » aimant aus­si la com­plexi­té, la réflexion, la stra­té­gie. Jusqu’au jour où j’ai ren­con­tré, à l’occasion de la ren­contre avec la pro­mo X97 (dix ans d’écart avec la mienne), deux poly­tech­ni­ciens fan­tas­tiques (ou fan­tasques !) qui tra­vaillaient chez Louis Vuit­ton. L’un d’entre eux est d’ailleurs le coédi­teur de cette revue… Après ma 4A (majeure éco­no­mie et finance aux Ponts et Chaus­sées), j’ai donc vou­lu pos­tu­ler là-bas. Mais, avec mon pro­fil d’ingénieure, on m’a sur­tout diri­gée vers des postes en sup­ply chain ou industrie.

Métiers pas­sion­nants certes, et struc­tu­rels dans l’avantage com­pé­ti­tif de Louis Vuit­ton ; pour autant je redou­tais la frus­tra­tion de ne pas tra­vailler au plus proche des pro­duits. J’ai donc pré­fé­ré me tour­ner d’abord vers le conseil en stra­té­gie, for­ma­tion excel­lente et com­plète au lea­der­ship et à la ges­tion d’une entre­prise. Au BCG, après quelques années à tra­vailler dans l’automobile et la finance, je me suis rap­pro­chée des pro­duits avec les­quels j’avais le plus d’affinités : la food, puis la beau­té… Et enfin la mode : Louis Vuit­ton a com­men­cé par être mon client et j’ai décou­vert à l’occasion de ce pro­jet un monde com­plexe mais effi­cace, mêlé de beau­té, de folie, de réflexions stra­té­giques, de per­sonnes pas­sion­nantes et sen­sibles. Et le coup de cœur a été mutuel.

« Faire du produit »

« Faire du pro­duit », dans la mode, c’est donc essayer de résoudre le para­doxe entre créa­ti­vi­té et ratio­na­li­té. Plus pré­ci­sé­ment, c’est brie­fer des desi­gners (que l’on pour­rait aus­si appe­ler artistes, car on parle bien d’art dans beau­coup de cas) sur un besoin. C’est, par­fois, jus­te­ment ne pas les brie­fer, car leur vision est tel­le­ment forte qu’ils « sentent » ce dont les gens ont besoin ou, et c’est la force du luxe, qu’ils « créent » ce besoin. Ils ont une idée au départ, un des­sin, des matières, des pro­po­si­tions de cou­leurs. Nous tra­vaillons ensuite ensemble, avec les équipes indus­trielles, à déve­lop­per ces pro­duits et à résoudre pour cha­cun d’entre eux ce para­doxe impos­sible : pré­ser­ver la créa­ti­vi­té, source ultime de dif­fé­ren­cia­tion pour une mai­son, tout en s’assurant que le pro­duit sera « com­mer­cial », au bon prix, avec la bonne marge, la bonne qualité… 

Au quo­ti­dien, c’est accom­pa­gner cette équipe d’artistes en fai­sant mar­cher nos cer­veaux droits (intui­tion, sen­si­bi­li­té à la créa­tion, mais aus­si à l’émotion de nos desi­gners) et gauches (à la fin, je dois vendre ce pro­duit). C’est accep­ter, par­fois, des demandes folles, par­fois les refu­ser ou les adap­ter ; le tout en pré­ser­vant cette rela­tion direc­teur artis­tique-busi­ness, qui est par essence fra­gile et que l’on ne peut jamais tenir pour acquise.

Défilé Louis Vuitton Croisière 2018 
au musée Miho à Kyoto de l’architecte Ieoh Ming Pei.
Défi­lé Louis Vuit­ton Croi­sière 2018 au musée Miho à Kyo­to de l’architecte Ieoh Ming Pei.

Mode et architecture

La ten­sion créa­ti­vi­té-ratio­na­li­té est au cœur de notre tra­vail chez Louis Vuit­ton et s’illustre par­fai­te­ment dans le lien pro­fond qui lie notre mai­son au domaine de l’architecture. Pro­fon­dé­ment ancrée dans notre ADN (les défi­lés Croi­sière de Nico­las Ghes­quière ont lieu chaque année dans un lieu d’architecture renom­mé : le parc Güell de Gau­di à Bar­ce­lone, le musée d’art moderne de Rio d’Oscar Nie­meyer, le musée Miho à Kyo­to de l’architecte Ieoh Ming Pei…), l’architecture est sans doute l’art qui est la résul­tante la plus com­plexe et la plus pré­cise de la ratio­na­li­té (c’est aus­si d’ailleurs une science, com­bi­nant géo­mé­trie, mathé­ma­tiques, phy­siques) et l’art-la créativité.

“La tension créativité-rationalité est au cœur de notre travail.”

En remon­tant encore un peu plus loin dans le fon­de­ment de notre mai­son, Louis Vuit­ton c’est au départ une malle et donc un « conte­nant » : solide, rigide, sécu­ri­sé (Louis Vuit­ton a d’ailleurs dépo­sé de mul­tiples bre­vets de ser­rures « incro­che­tables ») ; qui pro­tège un « conte­nu » : le lieu du mys­tère, de la per­son­na­li­té, du sacré. Un autre sym­bole qui vient syn­thé­ti­ser des contraires…

Défilé Louis Vuitton Croisière 2025 
au parc Güell 
de Gaudi à Barcelone.
Défi­lé Louis Vuit­ton Croi­sière 2025 au parc Güell de Gau­di à Barcelone.

Défilé Louis Vuitton Croisière 2017 au musée d’art moderne de Rio d’Oscar Niemeyer.
Défi­lé Louis Vuit­ton Croi­sière 2017 au musée d’art moderne de Rio d’Oscar Niemeyer.

Timely vs Timeless

Une autre grande dif­fi­cul­té dans le luxe est d’être à la fois dans le Zeit­geist, l’air du temps, tout en construi­sant une iden­ti­té qui va durer. Il faut créer des pro­duits qui vont se vendre main­te­nant, mais aus­si cer­tains qui se ven­dront encore dans plu­sieurs années. Le tout en res­pec­tant ce que l’on appelle un ADN de marque, c’est-à-dire les élé­ments fon­da­teurs, qu’il faut spé­ci­fier, cla­ri­fier, qua­li­fier dans le temps. L’ADN sert de base à l’expression de l’air du temps : reprendre les codes du pas­sé, les actua­li­ser ou en créer de nou­veau. C’est extrê­me­ment dif­fi­cile car la mode est cyclique, les ten­dances vont, viennent et reviennent. On peut d’ailleurs dis­tin­guer plu­sieurs types de mai­sons ou de stra­té­gies dans le sec­teur mode et maroquinerie.

Il y a d’abord les mai­sons de mode de luxe (Miu Miu, Alaïa, Paco Rabanne, Chloé…) qui ont une sil­houette mar­quée, sou­vent liée au direc­teur artis­tique du moment. Ces mai­sons sont d’ordinaire plus petites, leur chiffre d’affaires étant essen­tiel­le­ment com­po­sé de pro­duits sai­son­niers (très peu de car­ry over ou pro­duits per­ma­nents recon­duits dans le temps) et donc dépen­dant des ten­dances. Ces mai­sons peuvent avoir des crois­sances ful­gu­rantes quand elles sont dans le Zeit­geist : Miu Miu, par exemple, a presque dou­blé ses ventes en 2024. Mais avoir une part impor­tante de sai­son­niers ou une sil­houette très mar­quée est ris­qué et, quand la ten­dance n’est plus là, la décon­ve­nue peut être violente.

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Campagnes des maisons Chloé, Miu Miu, Alaïa, qui ont « le vent en poupe » en ce moment.
Cam­pagnes des mai­sons Chloé, Miu Miu, Alaïa, qui ont « le vent en poupe » en ce moment.

Grandes maisons et maisons de luxe

Les « grandes » mai­sons de cou­ture (Dior, Cha­nel) tirent leur force d’un héri­tage puis­sant, d’une pré­sence ren­for­cée sur l’année avec au moins quatre défi­lés par an (deux prêts-à-por­ter et deux cou­tures) et d’une sil­houette ultra-fémi­nine et dési­rable qui tra­verse le temps, avec des codes forts et fémi­nins (la veste Bar de Dior, le tweed, les perles et le camé­lia pour Cha­nel). Ces mai­sons sont en géné­ral aus­si très « mode », car leur créa­tion part du prêt-à-por­ter et de la sil­houette, et peuvent subir éga­le­ment des cycles forts selon le direc­teur artis­tique et les ten­dances du moment. Elles ont une taille très signi­fi­ca­tive et en géné­ral la « dési­ra­bi­li­té » la plus forte, tirée par le fan­tasme de la couture.

Étiquette « Louis Vuitton Emballeur » à l’intérieur d’une malle courrier de 1878.
Éti­quette « Louis Vuit­ton Embal­leur » à l’intérieur d’une malle cour­rier de 1878.

Il y a enfin les mai­sons de luxe, la plu­part du temps maro­quinières à l’origine (Her­mès, Louis Vuit­ton). Ces mai­sons ont au départ, et avant tout, des pro­duits ico­niques (la malle, le Spee­dy pour Louis Vuit­ton ; le car­ré de soie, le Bir­kin et le Kel­ly pour Her­mès) qui vont tra­ver­ser le temps. Le prêt-à-por­ter est en géné­ral né bien après la créa­tion de la marque (140 ans plus tard pour Louis Vuit­ton !). Même si ces marques sont aujourd’hui aus­si des marques de mode, avec des défi­lés remar­qués, elles ont une part beau­coup plus impor­tante de pro­duits « per­ma­nents » et sont donc plus résis­tantes. Ce sont d’ailleurs les plus impor­tantes en chiffre d’affaires, et sou­vent en pro­fi­ta­bi­li­té grâce au poids de la maroquinerie.

« Les « grandes » maisons de couture (Dior, Chanel) tirent leur force d’un héritage puissant. »
Malle Courrier Lozine Louis Vuitton.
Malle Cour­rier Lozine Louis Vuitton.

Plus concrè­te­ment, c’est aus­si cela mon tra­vail et celui de nos direc­teurs artis­tiques et desi­gners : créer des pro­duits dans l’air du temps, voire créer l’air du temps. Des défi­lés qui sur­pren­dront, une créa­ti­vi­té venue de nulle part. Mais aus­si insis­ter sur des codes (en pui­sant dans l’histoire et l’héritage de la mai­son : le damier, le mono­gramme ; mais aus­si les codes de la malle, ser­rure, losine ; nos cou­leurs iden­ti­taires, mar­ron, safran…) et recherche suprême créer des « icones », soit des sacs ou acces­soires qui certes répon­dront au désir du moment mais qui, aus­si, tra­ver­se­ront le temps.


Haute couture

L’appellation « haute cou­ture » est juri­di­que­ment contrô­lée et auto­ri­sée uni­que­ment par la Fédé­ra­tion de la haute cou­ture. Il faut pour cela res­pec­ter un cer­tain nombre de cri­tères, dont : pièces uniques sur mesure (contrai­re­ment au prêt-à-por­ter pour lequel les vête­ments sont édi­tés en de mul­tiples exem­plaires), faits main, un ate­lier à Paris de vingt per­sonnes au mini­mum… Même en res­pec­tant ces indi­ca­tions, les membres doivent tout d’abord défi­ler en tant « qu’invité ». La Fashion Week Haute Cou­ture a lieu deux fois par an à Paris. 


La désirabilité

Jus­te­ment, le désir. Quand je suis arri­vée chez Louis Vuit­ton, j’ai été sur­prise de trou­ver ce mot autant écrit et répé­té : la dési­ra­bi­li­té. C’est au fond ce que recherche toute mai­son de luxe. Le désir naît sou­vent du manque : on désire ce qui est dif­fi­cile à obte­nir. Le luxe est sans doute le seul busi­ness dans le monde qui tire sa réus­site de ne pas répondre à la demande, ou en tout cas pas complètement.

Le meilleur exemple à ce jour dans la mode (on pour­rait aus­si citer celui des montres type Rolex ou Patek Phi­lippe) reste celui d’Hermès, plus pré­ci­sé­ment de leur stra­té­gie sur les sacs ico­niques Kel­ly ou Bir­kin. Ces sacs résultent d’un niveau de savoir-faire excep­tion­nel (cou­ture main, cuir high end…) et sont presque impos­sibles à ache­ter. Résul­tat, une demande, ou plu­tôt un désir insa­tis­fait qui ne fait que s’accroître, avec en consé­quence une action qui ne cesse de grim­per, beau­coup plus vite que le chiffre d’affaires de la maison.

Le Damier (1889), reprenant en trompe-l’œil l’aspect d’un tissage de natte.
Le Damier (1889), repre­nant en trompe‑l’œil l’aspect d’un tis­sage de natte.
Le Monogram, créé en 1896.
Le Mono­gram, créé en 1896.
Marque Louis Vuitton
Mono­gram Heri­tage, créé en 2024, impres­sion repre­nant la trame du damier dans le logo, ain­si qu’une ver­sion moder­ni­sée de la men­tion « Marque L. Vuit­ton déposée ».

La question du prix

Le désir est aus­si lié à un sujet fon­da­men­tal (et extrê­me­ment com­plexe) dans le luxe : le prix. Le prix d’un pro­duit de luxe est évi­dem­ment, et avant toute chose, fon­dé sur le coût de ce pro­duit, déjà éle­vé par un savoir-faire excep­tion­nel et des matières de grande valeur. Mais il com­prend aus­si quelque chose d’intangible : la valeur ou, encore une fois, la dési­ra­bi­li­té de la marque. En ache­tant un pro­duit d’une grande mai­son, on s’achète aus­si un sen­ti­ment d’appartenance, d’autant plus fort que la dési­ra­bi­li­té de la marque est élevée.

Beau­coup d’articles ont été écrits ces der­niers temps sur les aug­men­ta­tions de prix suc­ces­sives des mai­sons de luxe (par exemple l’iconique sac 2.55 de Cha­nel est pas­sé de 1 500 € en 2005 à 10 300 € aujourd’hui). Ces aug­men­ta­tions résultent certes d’une infla­tion des coûts (par­ti­cu­liè­re­ment ces der­nières années), mais aus­si d’une stra­té­gie de valo­ri­sa­tion des pro­duits avec, à la fin, la volon­té de ren­for­cer l’exclusivité des pro­duits : vendre moins, limi­ter la cir­cu­la­tion et donc la visi­bi­li­té d’une icône, pour aug­men­ter sa dési­ra­bi­li­té. Le prix de revente peut d’ailleurs être un très bon indi­ca­teur de dési­ra­bi­li­té : c’est le cas dans le sec­teur des montres ou dans l’exemple fré­quem­ment cité des sacs Kel­ly ou Birkin.

Mais le désir peut naître de beau­coup d’autres choses : créa­ti­vi­té, savoir-faire, rare­té de la matière, sto­ry­tel­ling, sur­prise… Il n’y a pas de recette, le plus impor­tant est de le cher­cher, avant tout autre objec­tif. C’est l’ultime para­doxe de l’industrie : culti­ver ce désir, tout en aug­men­tant les ventes, donc la pré­sence, et donc avec le risque d’amoindrir l’exclusivité et la dési­ra­bi­li­té. C’est fina­le­ment ça mon métier, créer de la dési­ra­bi­li­té, en gérant beau­coup de com­plexi­té, mêlée de ration­nel et d’irrationnel. Nous ne sommes pas beau­coup, mais beau­coup de cama­rades s’y épanouiraient.

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