espérance banlieue

Notre expérience chez Espérance banlieues

Dossier : ExpressionsMagazine N°763 Mars 2021
Par Luc PASSEMARD (2020)
Par Pierre LÉPINOY (70)

Cinquante promotions d’écart et un même objectif : grandir et faire grandir

Luc Pas­se­mard (2020) achève son stage FHM au cours Éric-Tabar­ly à Tou­lon, l’un des éta­blis­se­ments de l’association Espé­rance ban­lieues qui a ouvert des écoles dans des quar­tiers dif­fi­ciles. Au cours de son stage riche d’expériences humaines, Luc a retrou­vé un cama­rade aîné, Pierre Lépi­noy (70), béné­vole très actif dans cette asso­cia­tion consa­crée à l’éducation.

Luc : Élève de la jeune pro­mo­tion 2020, je réa­lise actuel­le­ment mon stage de for­ma­tion ini­tiale avec Espé­rance ban­lieues. Cette asso­cia­tion a pour objec­tif de lut­ter contre le décro­chage sco­laire dans les quar­tiers défa­vo­ri­sés, notam­ment dans des écoles pri­maires. Un bel objec­tif, qui ne serait que de jolis mots sans les moyens mis en œuvre par les éta­blis­se­ments pour accom­pa­gner les élèves. Ces moyens ? De petits effec­tifs, de nom­breux béné­voles et des pro­fes­seurs moti­vés et com­pé­tents, le tout dans une dyna­mique visant à res­tau­rer le tri­angle édu­ca­tif (enfant-parent-pro­fes­seur). Mais plus encore, c’est le cadre tout par­ti­cu­lier, pro­pice à l’entraide et au dépas­se­ment per­son­nel, que les élèves appré­cient le plus et qui leur per­mettent de grandir !

Sweat-shirt, hymne national et culture française

Je suis affec­té à l’école pri­maire Cours Éric-Tabar­ly à Tou­lon. Ici, les élèves portent un polo et un sweat-shirt com­muns à tous, qui font office d’uniforme. Ils se réunissent tous les matins, où ils écoutent les mots du direc­teur Charles Dard, ancien capi­taine de vais­seau de la Marine natio­nale, et chantent ensemble l’hymne de l’école, certes chan­té plus ou moins juste, mais avec pas­sion ! Ils sont aus­si hono­rés (ou non) chaque semaine pour leurs actions, par des « flammes » pou­vant récom­pen­ser le tra­vail et le res­pect des valeurs d’engagement, de res­pon­sa­bi­li­té et de soli­da­ri­té. Chaque ven­dre­di, des sor­ties sont orga­ni­sées afin d’ouvrir les enfants à la culture de notre pays, fac­teur clé pour leur inté­gra­tion sociale. Les enfants gran­dissent ain­si dans un cadre pri­vi­lé­gié, bien­veillant et for­ma­teur, amé­lio­rant ain­si leurs chances de réus­site dans la vie mal­gré leurs dif­fi­cul­tés fami­liales ou scolaires.

Assem­blée du matin © AGGSIT cours Éric Tabarly.


Espérance banlieues

L’association est fon­dée en 2012 par Éric Mes­tral­let et ouvre le cours Alexandre-Dumas dans la ville de Mont­fer­meil (93) dont le maire avait sol­li­ci­té une expé­rience édu­ca­tive alter­na­tive, face à la mon­tée de l’injustice et de la vio­lence dans les banlieues.

Aujourd’hui, l’Association Réseau Espé­rance ban­lieues compte :

  • 17 écoles (Mar­seille, Rou­baix, Asnières, Mantes-la-Jolie, Pierre-Bénite, Saint-Étienne, Sar­trou­ville, Angers, Angou­lême, Argen­teuil, Com­piègne, Orléans, Reims, Tou­louse, Tou­lon et Le Mans)
  • 800 élèves
  • 75 classes
  • 115 ensei­gnants

Depuis 2019, Espé­rance ban­lieues a rejoint la Fon­da­tion de France, fon­da­tion recon­nue d’utilité publique depuis 1969.


Des rencontres dont on se souvient

Per­son­nel­le­ment, c’est par les ren­contres que ce stage me fait gran­dir. Évi­dem­ment, les élèves sont une source per­ma­nente de remise en ques­tion. Per­sonne ne reste indif­fé­rent à un enfant qui vous explique qu’il pleure car il ne peut pas aller voir son père en pri­son, faute de por­ter le même nom que lui. Mais ce sont aus­si les béné­voles de l’association qui m’intriguent et me font me poser des ques­tions. Le pro­jet doit en valoir la peine pour que l’ancien ami­ral Roy donne de son temps chaque matin pour ame­ner les élèves à bon port. Et ain­si, de ren­contre en ren­contre, j’ai pu faire la connais­sance d’un ancien élève de la pro­mo­tion 1970 et actuel béné­vole de l’association, Pierre Lépi­noy. Cin­quante pro­mo­tions nous séparent, et pour­tant, nous nous retrou­vons aujourd’hui au sein d’une même asso­cia­tion pour ser­vir une cause commune.

Une éducation adaptée à chaque élève

Pierre : 50 ans, déjà ! … Après une car­rière dans l’énergie (Engie) et la finance (Pari­bas puis BNP Pari­bas), mon che­min a croi­sé celui des fon­da­teurs du cours Éric-Tabar­ly et je ne les ai pas quit­tés. Au-delà de ma sym­pa­thie et de mon admi­ra­tion pour leurs remar­quables par­cours voca­tion­nels, je suis per­sua­dé que cette école est la réponse indis­pen­sable aux défis que posent l’échec sco­laire, le com­mu­nau­ta­risme et la vio­lence dans les quar­tiers deve­nus des ghettos. 

“L’apprentissage de la culture et des valeurs citoyennes françaises donnent aux enfants
des repères et des clés pour regagner l’estime d’eux-mêmes.”

L’esprit entre­pre­nant du corps ensei­gnant, allié au sta­tut hors contrat de l’école, per­met une édu­ca­tion adap­tée à chaque élève, fon­dée sur les meilleures méthodes péda­go­giques ayant fait leurs preuves à tra­vers le monde (méthodes de Sin­ga­pour, Mon­tes­so­ri, etc.). Par ailleurs l’apprentissage de la culture et des valeurs citoyennes fran­çaises donne aux enfants des repères et des clés pour rega­gner l’estime d’eux-mêmes et mieux trou­ver leur place dans notre socié­té. Et les résul­tats sont au ren­dez-vous, les élèves réus­sis­sant tous les tests de l’Éducation natio­nale pour leur entrée en sixième, même après une seule année pas­sée dans l’établissement.

Un investissement prometteur

Je suis res­pon­sable de la levée des fonds pour l’école et anime un groupe de béné­voles dont le rôle est de sus­ci­ter des dons auprès des par­ti­cu­liers, des entre­prises et des ins­ti­tu­tions publiques et pri­vées. Pen­dant toute ma vie pro­fes­sion­nelle j’ai œuvré à allouer le capi­tal là où il est le plus pro­duc­tif. Aujourd’hui, je pour­suis le même objec­tif par d’autres moyens, consi­dé­rant que les dons alloués à l’école sont l’investissement le plus pro­met­teur à moyen terme pour l’avenir de notre pays et sa cohé­sion sociale. Et le sen­ti­ment d’accomplissement per­son­nel que j’en retire est incomparable !

Servir l’intérêt général

Luc et Pierre : Même si nos années d’études à Poly­tech­nique dif­fèrent en de nom­breux points, nous nous retrou­vons tous les deux dans les valeurs d’Espérance ban­lieues, notam­ment sur le sens de l’intérêt géné­ral au ser­vice de notre pays. Mais la col­la­bo­ra­tion n’aurait pas été aus­si facile et évi­dente sans ce qu’il est conve­nu d’appeler la cama­ra­de­rie poly­tech­ni­cienne à tra­vers les générations. 

L’école aime­rait gran­dir afin d’aider plus d’élèves : ouver­ture d’une troi­sième classe pri­maire et d’un col­lège, pour un effec­tif d’environ 50 élèves (contre 21 aujourd’hui). L’école étant hors contrat, son finan­ce­ment est assu­ré à 100 % par des dons. Leur recherche et la fidé­li­sa­tion de dona­teurs sont donc essen­tielles pour la péren­ni­té de l’école, et donc la sco­la­ri­té des enfants. C’est pour­quoi nous œuvrons ensemble aujourd’hui. Nous mon­tons des dos­siers de demande de dons auprès d’entreprises, de fon­da­tions ou de par­ti­cu­liers. C’est un tra­vail de com­mu­ni­ca­tion et de contact, que nous assu­rons avec l’aide pré­cieuse des béné­voles de l’école. Par votre action, vous pou­vez aider à la sco­la­ri­té de ces enfants en difficulté.


Pour en savoir plus, devenir mécène ou nous soutenir, Contactez-nous :

Luc Pas­se­mard : 06 20 57 53 64 – luc.passemard@polytechnique.edu

Pierre Lépi­noy : 07 69 58 04 90 – pierre.lepinoy@m4x.org

Visi­tez le site : https://courserictabarly.esperancebanlieues.org/

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