Environnement et responsabilité

Dossier : Environnement et FiscalitéMagazine N°534 Avril 1998
Par André-Jean GUÉRIN (69)

Les anciens élèves de l’X exer­cent leurs tal­ents dans des lieux et des métiers très divers . Cer­tains s’at­tachent â main­tenir un lien mal­gré la dis­tance et la var­iété des préoc­cu­pa­tions. L’A.X. leur en four­nit le cadre et la légitim­ité. Une cinquan­taine de groupes sont créés en son sein. Plaisir d’échang­er entre amis, les plus nom­breux des groupes sont régionaux ou par pays. Volon­té d’ef­fi­cac­ité col­lec­tive, les sec­onds sont pro­fes­sion­nels. Les” Autres groupes” sont les plus rares. Sont-ils qual­i­fi­ables ? “X‑Action” précède ” Arplas­tix”. “X‑Golf” est encadre par ” X‑Europe” et “X‑Histoire et Arche­olo­gie “. “X‑Environnement” est par­mi ce “non-ensem­ble”.

Paysage
© Sylvie PIERRE/ADEME

Dès le départ, Jean Brugi­dou et les pro­mo­teurs de ce groupe ont voulu créer un forum trans­ver­sal , entre métiers, entre secteurs pub­lic, indus­triel et asso­ci­atif (la “société civile ”). Per­me­t­tre à des con­struc­teurs de voies fer­rées de débat­tre avec des élus locaux. Des pro­duc­teurs de normes et de règles juridiques avec des épidémi­ol­o­gistes, des indus­triels ou des assureurs. Des sci­en­tifiques, sou­vent poly­tech­ni­ciens, avec des femmes et des hommes mani­ant d’autres disciplines.

Nos réu­nions sont des moments de débat ouvert. Ce sot aus­si des moments pour une infor­ma­tion détail­lée et des pro­pos nuancés car, dans l’as­sis­tance, com­posée pour l’essen­tiel de non-spé­cial­istes, des con­nais­seurs repren­nent les inter­venants et appor­tent leur témoignage.

Nous nous efforçons de faire partager ensuite la pré­ci­sion des inter­ven­tions et la richesse du débat à tra­vers des comptes ren­dus et des arti­cles que vous lisez régulière­ment dans ces colonnes.

Pour la qua­trième année con­séc­u­tive, X‑Environnement présente un dossier spé­cial dans notre revue. Celui-ci signe un pas sup­plé­men­taire dans notre fonc­tion­nement et notre activité.

Les pre­mières années nous avons abor­dé les sujets les plus divers dans des réu­nions fréquentes où les qual­ités des inter­venants et leur niveau de respon­s­abil­ité étaient le gage d’in­térêt et d’ac­cès à une infor­ma­tion ” à la source” pour de nom­breux camarades.

Les dossiers dans La Jaune et la Rouge con­stituent une con­struc­tion col­lec­tive plus élaborée. lls per­me­t­tent de focalis­er l’attention.

En 1996, le groupe a jugé néces­saire de s’ap­puy­er sur la déc­la­ra­tion de Jean-René Four­tou au nom d’En­tre­pris­es pour l’En­vi­ron­nement. Un col­loque au Sénat en est résulté sur le thème : ” Mieux gér­er l’en­vi­ron­nement ; de l’ex­per­tise à la for­ma­tion des hommes ” (dont les actes sont tou­jours disponibles).

Depuis deux ans égale­ment, cer­taines voix nous poussent dans le groupe il une action plus per­sévérante et à un tra­vail plus appro­fon­di sur quelques sujets essen­tiels avec pro­duc­tion de doc­u­ments écrits et cycles de réu­nions. Dans la même péri­ode nous nous sommes rap­prochés de groupes issus d’autres for­ma­tions d’ingénieurs mais égale­ment des sci­ences poli­tiques et nous met­tons en com­mun cer­taines activités.

Typ­ique­ment le présent dossier sur la fis­cal­ité est l’aboutisse­ment d’une telle démarche. A l’heure où le gou­verne­ment se penche sur cette ques­tion, les poly­tech­ni­ciens auront un solide doc­u­ment entre les mains. Michel Cohen de Lara en a été le moteur. Je tiens il lui témoign­er toute notre reconnaissance.

En pro­lon­ga­tion du dossier sur la fis­cal­ité de ce numéro, le groupe X‑Environnement tient à la dis­po­si­tion de ses mem­bres intéressés le compte ren­du des trois soirées débats qui se sont déroulées à l’au­tomne sur ce thème. Par ailleurs, si la demande lui était faite par un nom­bre suff­isant, il pour­rait accepter d’or­gan­is­er une soirée de synthèse.

Et à tous nos cama­rades sen­si­bles à notre envi­ron­nement. Rejoignez-nous. Venez débat­tre avec les acteurs inter­venants au cours des soirées organ­isées. Entre­prenez des travaux sur de nou­veaux sujets. Dis­posez de doc­u­ments de référence. Adressez votre adhé­sion à X‑Environnement avec votre coti­sa­tion de 100 F.

Prési­dent : André-Jean GUÉRIN (69),
Fon­da­tion Nico­las Hulot pour la Nature et l’Homme
52, bd Malesherbes, 75008 PARIS.
Tél.: 01.44.90.83.04.
Fax : 01.44.90.83.19.

Secré­taire : Pierre-Yves SAINT (78),
INERIS — Parc Ala­ta, 60550 Verneuil-en-Halatte.
Tél. : 03.44.55.63.82.
Fax : 03.44.55.66.99.

Tré­sori­er : Paul WORBE (51),
11, rue Alexan­dre Cou­tureau, 92210 Saint-Cloud.
Tél. : 01.46.02.17.49

D’autres cama­rades con­sacrent de l’én­ergie à d’autres sujets tels ” Con­cepts de la pro­tec­tion de la nature”, “Jus­tice et envi­ron­nement” avec nos amis de Sci­ence-Po, OGM (Organ­ismes géné­tique­ment mod­i­fiés) et san­té. Un tel tra­vail demande un fort engage­ment de quelques-uns et la par­tic­i­pa­tion, par­fois la mobil­i­sa­tion, du plus grand nom­bre. Mon pro­pos a donc aus­si valeur d’ap­pel. Appel à un sou­tien . d’ad­hé­sion bien sûr. Mais aus­si appel il par­ticiper aux activ­ités. Appel à la prise en charge de cer­tains sujets ou travaux. Appel à l’an­i­ma­tion et la respon­s­abil­ité dans la vie du groupe. Les jeunes éner­gies et les apports var­iés doivent régulière­ment renou­vel­er les forces et les imaginations.

Ils devraient ne pas man­quer car les poly­tech­ni­ciens sont sen­si­bles à titre per­son­nel aux fac­teurs de sécu­rité et de qual­ité de la vie. Leurs respon­s­abil­ités les amè­nent sou­vent à y pren­dre une pan active. Mais beau­coup sont gênés par le manque de rigueur avec lequel les ques­tions sont abor­dées. L’en­vi­ron­nement appa­raît trop sou­vent comme un cheval de Troie per­me­t­tant les intru­sions les plus divers­es. Et il faut recon­naître que c’est une notion bien floue, une enveloppe fourre-tout. Notre groupe n’ig­nore pas la poly­sémie du terme, et nous craignons la dilu­tion des con­cepts sur les plans sci­en­tifiques, tech­niques et juridiques. Mal­gré tout, les débats qui se nouent autour du thème de l’en­vi­ron­nement mobilisent forte­ment l’opin­ion, touchent des sujets par­ti­c­ulière­ment sen­si­bles, et atteignent aux fonde­ments de l’ex­er­ci­ce de nos com­pé­tences sci­en­tifiques. Il y aurait un risque bien plus grand à les ignor­er au motif d’une apparence de pro­liféra­tion anarchique.

Après tout la vision du pro­grès et de son out­il tech­ni­co-sci­en­tifique est en jeu à tra­vers les débats sur l’en­vi­ron­nement. Pierre Thuiller pose le prob­lème en des ter­mes sans ambiguïté dans son ouvrage La grande implo­sion. En défini­tive l’un des enjeux de l’époque est bien de recon­stru­ire en par­tie l’hu­man­isme. Luc Fer­ry ne s’y trompe pas qui, dans son ouvrage L’Homme-Dieu, donne le dernier mot à Hans Jonas dans son appel à un ” principe de respon­s­abil­ité ” selon lequel il nous reviendrait de préserv­er à tout prix les con­di­tions d’une exis­tence digne de ce nom pour les généra­tions futures.

Les sci­en­tifiques et les cadres tech­niques ont une respon­s­abil­ité par­ti­c­ulière à faciliter une appro­pri­a­tion des débats envi­ron­nemen­taux par le pub­lic et à per­me­t­tre une effi­cac­ité de la démoc­ra­tie y com­pris dans ces domaines dif­fi­ciles et com­plex­es. Notre groupe et ceux de nos cama­rades issus d’autres for­ma­tions sont de bons out­ils pour aider à exercer cette respon­s­abil­ité dans le même esprit que la récente col­lec­tion de la revue des Annales des Mines dont j’ai inver­sé les ter­mes pour titr­er cet article.

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