Énergie et Géosciences

Dossier : Dossier FFEMagazine N°697 Septembre 2014
Par Vincent LAFLÈCHE (81)

Quelles sont les missions du BRGM ?

Le Bureau de Recherches Géo­lo­giques et Minières est un éta­blis­se­ment public avec une longue his­toire liée à l’industrie minière et géo­lo­gique. Aujourd’hui, il regroupe un peu plus de 1 000 col­la­bo­ra­teurs tra­vaillant sur la recherche et le déve­lop­pe­ment, l’expertise et le conseil dans l’ensemble du domaine des géosciences.

Notre voca­tion « Géos­ciences pour une Terre durable » illustre par­fai­te­ment le sens que nous don­nons à nos acti­vi­tés : une exploi­ta­tion durable de l’ensemble des res­sources du sol et du sous-sol tout en maî­tri­sant les risques associés.

Les métiers du BRGM recouvrent les connais­sances géo­lo­giques de la Terre, l’exploration minière et les tech­no­lo­gies per­met­tant une exploi­ta­tion durable de cette acti­vi­té, ain­si que l’identification et la bonne ges­tion des res­sources souterraines.

Du côté éner­gie, le BRGM s’intéresse à la géo­ther­mie, et aux tech­no­lo­gies utiles dans le déve­lop­pe­ment de l’énergie propre, comme le sto­ckage du CO2.

Le BRGM inter­vient dans le domaine de pré­ven­tion des risques natu­rels, mais éga­le­ment pour la sécu­ri­sa­tion et la bonne ges­tion de l’Après-mine en France.

De plus, le BRGM mène une acti­vi­té sub­stan­tielle dans le domaine de la métro­lo­gie et aus­si dans les sys­tèmes d’information, puisque nos mis­sions incluent la mise à dis­po­si­tion de l’ensemble de ces connais­sances pour les pro­fes­sion­nels ain­si que pour le grand public.

Par ailleurs, nous tra­vaillons beau­coup avec des entre­prises et conser­vons une acti­vi­té impor­tante à l’international.

La carte géo­lo­gique entre dans la troi­sième dimension.
Vue 3D de la plaine d’Alsace et du mas­sif des Vosges.

Quelles activités menez-vous autour de la géologie ?

Le BRGM est un acteur impor­tant de la recherche en France, et est membre de l’Alliance natio­nale de coor­di­na­tion de la recherche pour l’énergie (ANCRE). Sa feuille de route iden­ti­fie les res­sources miné­rales comme un élé­ment-cœur de la stra­té­gie de déve­lop­pe­ment des nou­velles sources d’énergie.

Par exemple, il faut envi­ron 400 kilos de métaux, dits stra­té­giques, pour un moteur d’éolienne. Cela impose donc le fait d’avoir accès à ces minerais.

Ain­si, le déve­lop­pe­ment des connais­sances dans le domaine de la géo­lo­gie est-il fort utile pour accom­pa­gner les défis tech­no­lo­giques à rele­ver au niveaude l’énergie. C’est typi­que­ment le cas pour le sto­ckage du CO2, notam­ment dans l’identification des zones adap­tées pour de tels sto­ckages et la capa­ci­té de suivre une telle ins­tal­la­tion dans la durée, en maî­tri­sant toutes les com­pé­tences pour s’assurer que ce sto­ckage répond aux exi­gences éle­vées de sécu­ri­té et de pro­tec­tion de l’environnement.

Le sto­ckage de l’énergie repré­sente un autre défi : bon nombre d’énergies renou­ve­lables (solaire, éolienne…) sont inter­mit­tentes ; la capa­ci­té à les sto­cker est indis­so­ciable de leur déve­lop­pe­ment. Dans ce sens, le sto­ckage en sous-sol est un domaine de recherche primordial.

Pour ce faire, le BRGM tra­vaille en par­te­na­riat, notam­ment à tra­vers le pro­jet Géo­d­éner­gies regrou­pant indus­triels et acteurs publics afin d’impulser les pro­jets R&D dans le domaine de l’énergie (sto­ckage du CO2, sto­ckage de l’énergie et géothermie).

Justement, qu’en est-il de la géothermie au BRGM ?

Le BRGM tant au niveau de l’établissement que de ses filiales, joue de longue date un rôle clé dans le déve­lop­pe­ment de la géo­ther­mie en France. Trois types de géo­ther­mie sont à distinguer :

  • Haute tem­pé­ra­ture, > 150°C dans les nappes sou­ter­raines, qui peut ser­vir à pro­duire de l’électricité : à tra­vers sa filiale Géo­ther­mie Bouillante à la Gua­de­loupe, depuis la fin 90, le BRGM exploite une cen­trale géo­ther­mique, qui repré­sente 7–8 % de l’électricité sur l’île. Des pro­jets sont à l’étude pour ren­for­cer cette capa­ci­té de production.
  • Moyenne tem­pé­ra­ture < 150°C : le BRGM fut pré­cur­seur de pro­jets de géo­ther­mie pro­fonde réa­li­sés notam­ment dans le Bas­sin pari­sien, dans les années 70. Aujourd’hui, il y existe de nom­breux réseaux de cha­leur, sources d’énergie renou­ve­lable appré­ciables en île-de-France. La filiale spé­cia­li­sée – CFG Ser­vices – du BRGM assure l’ingénierie, la maî­trise d’oeuvre et la main­te­nance de ces projets.
  • Tem­pé­ra­ture < 50°C, on parle de source à cha­leur. Sans être opé­ra­teur, le BRGM mène des acti­vi­tés de recherche en sou­tien à cette filière.

Après un an à votre poste, quel est votre sentiment sur ce métier de scientifique en géosciences ?

Les métiers dans le domaine des géos­ciences sont for­mi­dables. Tout d’abord, par leur fina­li­té axée vers le déve­lop­pe­ment durable, ils sont por­teurs de sens. Ensuite, chaque situa­tion est par­ti­cu­lière et néces­site le déve­lop­pe­ment de connaissances.

Chaque pro­jet est un pro­jet de recherche ou a mini­ma néces­site des déve­lop­pe­ments de connais­sances : il n’y a pas de fron­tière entre recherche et acti­vi­tés d’ingénieur ou de chef de projet.

Le deuxième point, c’est la noto­rié­té for­mi­dable du BRGM à l’international ; une véri­table fier­té pour l’ensemble de ses collaborateurs.

Enfin, le BRGM est posi­tion­né sur ce qui est une très grande force du ter­ri­toire fran­çais, en métro­pole et dans les DROM : l’importance de son sol et de ses res­sources impor­tantes qu’il fau­dra savoir uti­li­ser avec par­ci­mo­nie. Une antenne va d’ailleurs être rou­verte en Polynésie.

A moyen terme, quels axes stratégiques va suivre le BRGM ?

Par rap­port au défi du déve­lop­pe­ment éner­gé­tique, il s’agit d’accompagner davan­tage les indus­triels dans la R&D, en ren­for­çant notre col­la­bo­ra­tion sur les connais­sances géo­lo­giques et pour le déve­lop­pe­ment de nou­velles tech­no­lo­gies (éco­no­mie cir­cu­laire, sto­ckage du CO2, de l’énergie et géothermie).

Concer­nant l’accès aux mine­rais stra­té­giques, le ministre de l’Économie a annon­cé en février la créa­tion de la Com­pa­gnie des mines de France dont le BRGM serait un action­naire, et qui aurait pour objec­tif de réa­li­ser les inves­tis­se­ments néces­saires pour garan­tir dans la durée l’approvisionnement de la France en métaux stratégiques.

Un troi­sième axe englobe la pré­ven­tion des risques comme l’érosion côtière et l’adaptation au chan­ge­ment climatique.

Tous ces domaines sont prio­ri­taires et confortent le BRGM dans sa connais­sance du sol et du sous-sol, appro­fon­die par un ensemble de ser­vices géo­lo­giques avec notam­ment la carte géo­lo­gique de la France en 3D, dans un pro­gramme plu­ri­an­nuel ras­sem­blant l’ensemble des acteurs.

Cela montre que ces géos­ciences se déve­loppent en lien avec les tech­no­lo­gies de l’information.

Par ailleurs, notre acti­vi­té s’intègre dans des par­te­na­riats qui se pro­longent à l’international. Pour exemple, le BRGM est un des membres fon­da­teurs du réseau euro­péen EuroGeoSurveys.

EN BREF

  • 164 millions de recettes en 2013, la recherche scientifique représentant un peu plus de 25% de son activité.
  • Plus de 1000 collaborateurs avec plus de 700 chercheurs et ingénieurs : géologues, géotechniciens, hydrogéologues, géochimistes, modélisateurs, géophysiciens, informaticiens, etc.
  • 32 implantations en France métropolitaine et en Outre-mer.
  • Ses équipes interviennent dans plus de 40 pays.

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