Encourager la création d’entreprise

Dossier : ExpressionsMagazine N°666 Juin/Juillet 2011
Par Hubert JACQUET (64)

Le Groupe Zodi­ac Aero­space a décidé de soutenir les actions menées par l’É­cole poly­tech­nique en faveur de l’In­no­va­tion et de l’En­tre­pre­nar­i­at, et en par­ti­c­uli­er pour faciliter les ini­tia­tives des élèves pour la créa­tion d’en­tre­pris­es dans des domaines à forte com­posante technologique.

De tels pro­jets cor­re­spon­dent non seule­ment aux aspi­ra­tions d’élèves de plus en plus nom­breux, mais sont aus­si sus­cep­ti­bles de con­tribuer au ray­on­nement de la France et de son enseigne­ment sci­en­tifique supérieur dans un envi­ron­nement glob­al très concurrentiel.

Zodi­ac Aerospace
Le Groupe Zodi­ac Aero­space a bâti sa stratégie sur des valeurs d’en­tre­pre­nar­i­at et d’in­no­va­tion. Sous la direc­tion de Jean-Louis Geron­deau, son ancien prési­dent, le Groupe est devenu en un quart de siè­cle l’un des prin­ci­paux équipemen­tiers aéro­nau­tiques mon­di­aux, comp­tant plus de 20 000 salariés sur les cinq con­ti­nents, et occu­pant des posi­tions de leader mon­di­al sur la plu­part de ses métiers. C’est pour hon­or­er sa mémoire et pour soutenir les ini­tia­tives de l’ensem­ble des élèves ou jeunes anciens élèves, que Zodi­ac Aero­space et la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique ont con­venu de la créa­tion du ” Prix d’En­tre­pre­nar­i­at Jean-Louis Geron­deau — Zodi­ac Aerospace”.

Réduire le risque

Les lau­réats devront pren­dre l’en­gage­ment de pouss­er leurs pro­jets jusqu’à l’é­tape de déci­sion de créa­tion d’entreprise

Un pro­jet de créa­tion d’en­tre­prise est syn­onyme de besoins de finance­ment, notam­ment pen­dant la phase de val­i­da­tion des tech­nolo­gies ou du mod­èle économique du pro­jet, avant de pou­voir accéder aux ressources apportées par des investis­seurs institutionnels.

Le prix Jean- Louis Geron­deau — Zodi­ac Aero­space vise à récom­penser une à deux per­son­nes par pro­jet afin de leur don­ner la pos­si­bil­ité de réduire le risque avant de se lancer dans l’aven­ture entre­pre­neuri­ale. Les lau­réats devront pren­dre l’en­gage­ment de pouss­er leurs pro­jets jusqu’à l’é­tape de déci­sion de créa­tion d’entreprise.

Aucune véri­fi­ca­tion ne sera faite et aucun jus­ti­fi­catif ne leur sera demandé. Il leur sera seule­ment demandé de s’en­gager de bonne foi à con­sacr­er tous leurs efforts à la con­créti­sa­tion de leur pro­jet de créa­tion d’entreprise.

Soixante mille euros

Le Prix est doté d’un mon­tant de 60 000 euros, pou­vant récom­penser jusqu’à trois pro­jets par an, et sera recon­duit chaque année. Il est ouvert à l’ensem­ble des élèves ou jeunes anciens élèves de l’É­cole poly­tech­nique, doc­tor­ants, ou jeunes doc­teurs, ou étu­di­ants de l’É­cole doc­tor­ale. La Con­ven­tion instau­rant ce Prix a été signée en novem­bre 2010, dans le cadre du Forum des métiers organ­isé chaque année à Palaiseau par les élèves, entre Jean-Bernard Lar­tigue, délégué général de la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, et Olivi­er Zarrouati (77), prési­dent du direc­toire de Zodi­ac Aerospace.

Études d’équipements aéronautiques.

Pour cette pre­mière édi­tion, la date de remise des can­di­da­tures était fixée au 17 juin 2011. Un jury com­posé de représen­tants de Zodi­ac Aero­space, de la Fon­da­tion de l’É­cole poly­tech­nique, de l’É­cole poly­tech­nique et de la famille de Jean-Louis Geron­deau exam­in­era les dossiers pour désign­er jusqu’à trois pro­jets lauréats.

Jean-Louis Geron­deau (62)

Pen­dant plus de trente-cinq ans, Jean-Louis Geron­deau a dirigé le Groupe Zodi­ac. La petite PME française qu’il rejoint en 1974 est dev­enue aujour­d’hui un groupe inter­na­tion­al, affichant de nom­breuses posi­tions de numéro un mon­di­al sur ses marchés.

Il était mem­bre d’une famille de longue tra­di­tion poly­tech­ni­ci­enne. Il serait pour­tant faux d’en déduire qu’il avait alors une idée pré­cise de la car­rière qu’il allait men­er. Comme la plu­part des jeunes qui se présen­tent au con­cours d’en­trée à l’une des plus pres­tigieuses de nos écoles, il n’avait guère réfléchi au par­cours qui serait ensuite le sien. Son grand-père, Gabriel Bleynie, apparte­nait à la pro­mo­tion 1876. Ingénieur des Ponts et Chaussées, il fit car­rière dans les chemins de fer et con­stru­isit notam­ment l’un des plus grands via­ducs de France sur le ter­ri­toire de la com­mune de Le Blanc dans l’In­dre, dont il est tou­jours le mon­u­ment le plus spec­tac­u­laire. Son grand-père mater­nel, Louis Cam­bournac, qu’il a con­nu dans sa jeunesse, était égale­ment poly­tech­ni­cien (1905) et con­nut une car­rière par­ti­c­ulière­ment bril­lante qui le con­duisit à la tête des chemins de fer du Nord. Bel exem­ple de pro­mo­tion sociale, son père, Jean Geron­deau, orphe­lin de nais­sance, fut reçu à l’É­cole poly­tech­nique en 1924 avant de faire car­rière dans le corps des ingénieurs des Tabacs, aujour­d’hui disparu.

On peut enfin men­tion­ner que son frère aîné Chris­t­ian Geron­deau (57), actuel prési­dent de l’As­so­ci­a­tion des anciens élèves et diplômés de l’É­cole poly­tech­nique (AX), l’avait précédé de peu à l’É­cole polytechnique.

Jean-Louis a débuté sa car­rière au Ser­vice des Affaires économiques et inter­na­tionales du min­istère de l’Équipement, après avoir obtenu son diplôme de l’É­cole nationale de la sta­tis­tique et de l’ad­min­is­tra­tion économique (ENSAE). Puis il rejoignit la Har­vard Grad­u­ate School of Busi­ness. En 1970, il inté­gra la société Mac Kin­sey avant de rejoin­dre la société Zodi­ac en 1974, au sein de laque­lle il exerça les fonc­tions de directeur général puis de prési­dent du directoire.

À son arrivée chez Zodi­ac en 1974, la société était alors en dif­fi­culté. Le plan de redresse­ment mis en oeu­vre per­mit un retour rapi­de à l’équili­bre des comptes, et créa la con­di­tion d’un refi­nance­ment. Une fois la sit­u­a­tion assainie, il définit une stratégie de développe­ment s’ap­puyant tant sur la crois­sance interne, qu’à par­tir de 1978, sur la crois­sance externe. Cette stratégie, vision­naire à l’époque, mais aujour­d’hui sujet d’é­tudes de cas dans les écoles de man­age­ment, con­siste à domin­er des marchés de niche, par crois­sance interne et externe, avant de pénétr­er d’autres marchés con­nex­es. L’ap­pli­ca­tion sans faille de cette stratégie a per­mis au Groupe Zodi­ac de devenir l’un des lead­ers mon­di­aux des équipemen­tiers aéro­nau­tiques et des pro­duits nau­tiques. Tous les avions des grands con­struc­teurs mon­di­aux (Air­bus, Boe­ing, etc.) com­pren­nent de nom­breux équipements en prove­nance du Groupe Zodi­ac. Les activ­ités de marine furent cédées en 2007, per­me­t­tant la pour­suite du développe­ment, par crois­sance externe, de l’aéronautique.

Ce développe­ment s’est fait avec le sou­tien et l’ad­hé­sion de l’ensem­ble des per­son­nels passés et présents du Groupe et bien enten­du de ses action­naires. Jean-Louis a su insuf­fler au Groupe des valeurs, partagées par l’ensem­ble des col­lab­o­ra­teurs, qui assurent sa cohé­sion et les con­di­tions de son développe­ment. Ces valeurs d’hu­mil­ité, de respect, d’e­sprit d’en­tre­pren­dre, d’in­no­va­tion restent aujour­d’hui d’ac­tu­al­ité dans un Groupe français qui emploie plus de 20000 per­son­nes dans le monde, présente un chiffre d’af­faires de 2,2 mil­liards d’eu­ros, et envis­age avec con­fi­ance la pour­suite de son développement.

Il nous a quit­tés en novem­bre 2009.

Par Hubert Jacquet (64)

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