Jean Ashton (X11) et Arnaud Albalat (X11).

« En services IT, les besoins sont partout, de la start-up au grand groupe », Arnaud Albalat (X11), cofondateur de Galadrim

Dossier : Trajectoires | Magazine N°808 Octobre 2025
Par Sarah LE NET (X10)

En 2017, Arnaud Albalat (X11) a cofondé Galadrim, dont l’équipe, issue du top 1 % des profils tech, conçoit et fait évoluer les applications des entreprises à des coûts compétitifs, sans inter­médiaire, pour accélérer leur activité.

Quelle est l’activité de Galadrim ?

Galadrim est une entreprise de services qui conçoit et développe des produits numériques. Nous avons trois expertises principales : le web, le mobile et l’IA. Notre équipe compte une centaine d’ingénieurs, designers et product managers, qui associent leurs compétences pour livrer des projets. Nos clients viennent généralement nous voir car ils ont une idée de projet en tête, mais n’ont pas l’expertise pour la réaliser. Nous travaillons aussi avec certains clients sur un mode de « renfort d’équipe », dans lequel nos équipes collaborent avec celles du client pour les aider à accélérer sur leur roadmap. Nos clients vont de la start-up au grand groupe. On a par exemple travaillé avec Shine, Datadog, Leadersanté, Hermès ou Dassault Systèmes.

Quel est votre parcours ?

J’ai fait l’X (promotion 2011), où j’ai rencontré Jean Ashton (X11). Nous avons rapidement voulu entreprendre ensemble. Nous avons d’abord créé une première entreprise, dont l’objectif était de permettre aux exploitants de cinéma d’optimiser leurs grilles de programmation. Même si l’aventure a été relativement courte – nous avons revendu cette entreprise après environ un an –, elle nous a servi de tremplin pour la suite. Nous y avons énormément appris, aussi bien sur la recherche de clients, sur la définition d’un produit, que sur le recrutement d’une équipe. C’est sur cette lancée que nous avons créé Galadrim.

Comment vous est venue l’idée ?

Au départ, l’idée était de nous immerger dans différents secteurs en proposant des prestations de développement. Nous pensions que c’était le meilleur moyen de repérer une opportunité de produit à construire. Nous avons travaillé sur des projets variés – dans la fintech, la healthtech, l’e-commerce, l’IoT, etc. – et nous avons finalement pris goût à cela. La demande du marché nous a aussi portés. La tech est une brique essentielle au fonctionnement d’une grande partie des entreprises. Cela se traduit dans la taille du marché des services IT, estimée à plus de 1 000 milliards d’euros dans le monde. Les besoins sont partout, de la start-up qui lance son produit, à la PME qui veut gagner en efficacité, jusqu’au grand groupe qui veut innover. On a donc poursuivi dans cette voie pour bâtir une structure pérenne et développer notre propre savoir-faire.

Quels sont vos concurrents ?

Le marché du développement de produits numériques est extrêmement vaste : on trouve autant de petites agences de cinq personnes, parfois très spécialisées, que de grands groupes internationaux comme Capgemini qui couvrent toute la chaîne de valeur IT. En pratique, nous nous retrouvons plus souvent en compétition avec des entreprises de taille équivalente à la nôtre. Ce sont généralement des agences ou des ESN (entreprises de services du numérique) comptant entre 30 et 300 collaborateurs, capables de proposer une offre complète incluant développement, UX-UI, conseil en architecture et souvent un peu de data. Nous nous distinguons, à mon sens, par notre capacité à marier la rigueur technique d’un grand cabinet de conseil et l’agilité d’une jeune agence.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?

Nous avons commencé Galadrim en 2017. Depuis notre création, nous avons crû de 50 % par an et nous avons accompagné plus de 600 clients. Chaque année a fait apparaître de nouveaux défis sur la structuration de l’entreprise pour faire face à la croissance et nous préparer à la suite. Nous avons petit à petit mis en place des couches de management intermédiaire, nous avons automatisé tous les processus répétitifs et nous avons recruté sur des postes de soutien comme les RH ou les finances. L’an dernier, nous avons réalisé notre première acquisition externe ! C’est une étape importante car les grandes entreprises de services se construisent notamment par une série d’acquisitions externes.

Est-ce qu’il y a des missions clés qui ont donné un nouvel élan pour une nouvelle manière de travailler, ou alors comme marqueur d’une mutation du travail, dans ces dernières années ?

En 2020 et pendant les quelques années qui ont suivi, la montée en puissance du télétravail dans la société nous a été bénéfique. D’abord commercialement : nous avons été aidés car ce mode de fonctionnement a fait augmenter la demande en produits numériques et notre équipe de commerciaux, plutôt jeunes, était rodée à la vente en visioconférence. Sur le recrutement, le télétravail nous a permis d’élargir nos horizons et de recruter même dans des villes où nous n’avions pas de locaux. Depuis lors, nous sommes cependant revenus à un fonctionnement plus classique, avec 20 % du temps qui peut être passé en télétravail.

Équipe de Galadrim

Au vu des clients que vous avez eus, si cela est correct, beaucoup de petites boîtes et quelques grandes enseignes, est-ce que vous bénéficiez beaucoup du bouche à oreille ou est-ce que vous avez une grande part de communication dans votre budget ?

Nous acquérons environ la moitié de nos clients par du bouche à oreille et la moitié par notre force Sales & Marketing. Cela montre l’importance de toutes les équipes dans la croissance.

Quel est l’avenir de l’entreprise, qu’est-ce que vous visez pour le futur et de quoi avez-vous besoin pour l’obtenir ?

Depuis la sortie de ChatGPT fin 2022, la demande en projets d’IA est en plein essor. Que ce soit pour optimiser les coûts, automatiser certaines tâches ou créer de nouveaux services, les entreprises – grandes ou petites – cherchent à incorporer l’intelligence artificielle dans leurs processus. Nous voyons là une opportunité majeure et souhaitons continuer à nous positionner comme un acteur incontournable sur ces technologies émergentes.

Nous avons aujourd’hui constitué un pôle d’ingénieurs IA qui compte une quinzaine de personnes. Ce pôle travaille sur des mises en application concrètes des avancées de la recherche en IA. Nous avons par exemple créé, pour le groupe Showroomprivé, un générateur de description de fiches produit. Ce générateur analyse les métadonnées qui sont à disposition sur les produits, ainsi que la photo du produit, pour générer sa description à l’aide d’un LLM. Il permet aujourd’hui de générer 400 000 descriptions par an et a multiplié par 5 la productivité de l’équipe chargée de cette tâche.

« Depuis la sortie de ChatGPT fin 2022, la demande en projets d’IA est en plein essor. »

Pour accélérer le développement de notre service IA, nous avons besoin de renforcer nos équipes avec des profils spécialisés : data scientists, experts en machine learning, mais aussi des développeurs maîtrisant les nouvelles approches liées au traitement du langage naturel et aux modèles prédictifs. Nous prévoyons de multiplier les partenariats avec les écoles et de participer activement à des événements tech afin de repérer et d’attirer ces talents.

Avec l’ascension des écoles de code, comment recrutez-vous vos meilleurs éléments et comment vous insérez-vous dans ce paysage ?

Nous avons 8 X dans l’équipe. Nous recrutons principalement dans les écoles d’ingénieur et à 42, mais les meilleurs éléments peuvent venir de partout, donc nous ne faisons pas de tri fondé sur le CV. Par ailleurs, nous sommes, par ailleurs, régu­lièrement en contact avec les écoles de code et nous organisons régulièrement des compétitions (des Coding Challenges) dans nos locaux, au cours desquelles des équipes d’étudiants s’affrontent pour remporter des lots. Ces compétitions nous donnent de la visibilité dans les écoles et sont un moment sympathique auquel peuvent aussi participer nos salariés.

Est-ce que les débuts vous manquent, est-ce qu’on pourrait imaginer de garder la rigueur nécessaire pour le travail que vous effectuez sans la lourdeur des process d’une boîte qui grandit à grands pas ?

Les débuts ne me manquent pas, nous aimons la nouveauté et le fait que le contexte change régulièrement ! Pour continuer à grandir sans avoir trop de process, je pense qu’une des clés est d’être très exigeants sur le recrutement. C’est un peu le thème du livre No Rules Rules, qui raconte l’histoire de Netflix. Leur culture d’excellence est fondée sur la confiance et l’autonomie accordées à des collaborateurs triés sur le volet. Nous tentons de nous en inspirer pour grandir sans perdre en agilité et en flexibilité. 

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