Edvard Grieg
Edvard Grieg (1843−1907) fait partie de ces compositeurs qui ont la malédiction de n’être connus que pour une œuvre alors qu’ils mériteraient une plus ample reconnaissance. Dans son cas il s’agit de la charmante musique de scène de Peer Gynt, œuvre phare d’Ibsen qui, elle, est assez déjantée (on se souvient de la mise en scène de Patrice Chéreau en 1981, qui a marqué). On ajoutera à cela le Concerto pour piano de 1869.
Jérôme Bastianelli, notre délicieux camarade qui a tant de cordes à son archet, qui nous a coordonné un magnifique dossier sur Proust et les X (La Jaune et la Rouge n° 785), et qui tient actuellement notre rubrique « portrait », tente de réparer cette injustice en nous livrant une courte mais complète biographie (180 pages) de ce musicien norvégien et fier de l’être (c’est la maladie infantile des musiques « nationales » de la fin du XIXe, groupe des Cinq en tête). Je soulignerai trois intérêts particuliers de ce livre.
D’abord un chapitre très pertinent sur le fameux Peer Gynt, pièce et musique, qui est lumineux d’intelligence. Ensuite un chapitre sur les relations de Grieg avec la France, qui montre un étranger dreyfusard, c’est tout à son honneur, alors que sa vie, quoique assez bourgeoisement calme, n’a par ailleurs pas toujours été totalement exemplaire sur le plan moral (ni en amitié, ni en conjugalité).
À noter que notre Debussy national à son sujet a encore une fois manqué une occasion de se taire… Enfin des éléments discographiques qui seront de bon conseil au lecteur mélomane voulant compléter sa connaissance du compositeur. Pour ma part la lecture de cette bio m’a donné l’envie de commander le coffret quasi intégral chez Brilliant, qui n’est pas récent mais se trouve encore sur internet ; c’est un bon point de départ pour rebondir sur les versions de référence, en fonction de ses inclinations à l’expérience d’écoute.