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Du Big Data au Smart Data

Dossier : TrajectoiresMagazine N°717 Septembre 2016
Par Maurice N'DIAYE (05)
Par Hervé KABLA (84)

Notre cama­rade a rejoint cette socié­té de conseil au moment ou elle se lan­çait dans l’é­di­tion de logi­ciels pour com­plé­ter son offre de trai­te­ment auto­ma­tique du lan­gage. Il ne s’a­git plus de sim­ple­ment de col­lec­ter les don­nées, mais d’en faire l’analyse spé­cia­le­ment dans le cas de textes non struc­tu­rés. L’en­tre­prise est codi­ri­gée par cinq per­sonnes, cha­cune ayant son domaine et cela donne une grande force de contrôle. 

Quel est le métier de Synomia ?

Issue du CNRS, Syno­mia est spé­cia­li­sée dans le trai­te­ment auto­ma­tique du lan­gage, avec une double acti­vi­té d’édition de logi­ciels et de conseil, sur la base d’une tech­no­lo­gie bre­ve­tée d’analyse syntaxique. 

La socié­té répond aux pro­blé­ma­tiques quo­ti­diennes d’une direc­tion de la com­mu­ni­ca­tion, du mar­ke­ting, du digi­tal, en s’appuyant sur l’analyse sys­té­ma­tique de don­nées tex­tuelles : cour­riels, ver­ba­tim d’enquête, don­nées des réseaux sociaux, pages Web, bases de don­nées d’articles, de bre­vets, etc. 

Alors qu’on parle souvent de Big Data, tu parles de Smart Data. Pourquoi ?

La col­lecte de don­nées est fon­da­men­tale pour appor­ter des élé­ments de com­pré­hen­sion et d’aide à la déci­sion. La plu­part des entre­prises sont équi­pées de solu­tions d’écoute du Web, inter­rogent leurs clients régu­liè­re­ment en maga­sin ou en ligne, col­lectent des cour­riels, des chats, des appels téléphoniques. 

“ Il devient impératif de savoir interpréter la donnée ”

Ces flux d’informations conduisent rapi­de­ment à une sur­charge cog­ni­tive, qui crée de la com­plexi­té au lieu de faci­li­ter la prise de déci­sion. Il devient impé­ra­tif de savoir inter­pré­ter la donnée. 

Si cet obs­tacle est aujourd’hui lar­ge­ment fran­chi concer­nant la don­née struc­tu­rée, il l’est beau­coup moins pour celle qui ne l’est pas. 

Qu’est-ce qui t’a amené à lancer Synomia ?

J’ai rejoint Syno­mia en tant qu’associé au moment où l’entreprise se repo­si­tion­nait pour pas­ser de la recherche docu­men­taire à l’analyse de don­nées. Le mar­ché du trai­te­ment de la don­née non struc­tu­rée était nais­sant, et l’enjeu était la col­lecte plu­tôt que l’analyse.

C’était un défi pas­sion­nant que de rejoindre une entre­prise avec une com­po­sante tech­no­lo­gique forte et dif­fé­ren­ciante, et en même temps un enjeu mar­ke­ting majeur de défi­ni­tion d’une offre à forte valeur ajou­tée dans un mar­ché en construction. 

Nous sommes aujourd’hui encore au cœur de ces pro­blé­ma­tiques, dans un mar­ché tou­jours plus dyna­mique et exi­geant dans lequel les enjeux sont nombreux. 

La codirection est-elle un atout pour une start-up ?

Nous diri­geons Syno­mia à cinq, avec des pro­fils com­plé­men­taires : tech­no­lo­gique, busi­ness, mar­ke­ting et com­mu­ni­ca­tion, admi­nis­tra­tif et finan­cier, RH. C’est une force, cela nous per­met d’agir avec une vision à 360 degrés des pro­blé­ma­tiques de l’entreprise et de leur manière d’interagir.

L’ensemble de notre chaîne de valeur est maî­tri­sé, pour ne jamais être en rup­ture avec la réa­li­té de notre mar­ché et de nos capa­ci­tés de pro­duc­tion, les objec­tifs de déve­lop­pe­ment et les plans de recrutement. 

Nous nous réunis­sons régu­liè­re­ment et échan­geons quo­ti­dien­ne­ment pour garan­tir la flui­di­té du déve­lop­pe­ment, ain­si que l’agilité et la réac­ti­vi­té dans la ges­tion des dif­fé­rents aspects de la vie de l’entreprise. Nous sommes à l’opposé d’un fonc­tion­ne­ment en silos. 

Comment passe-t-on d’une activité de service à celle d’un éditeur ?


Écou­ter les infor­ma­tions et rumeurs issues du Web. © BILLIONPHOTOS.COM

Lors de notre repo­si­tion­ne­ment, le mar­ché com­men­çait à s’é­veiller et à se struc­tu­rer autour des usages et des enjeux asso­ciés. Nous étions convain­cus de la per­ti­nence et de l’as­pect fon­da­men­tal du trai­te­ment de la don­née non struc­tu­rée dans le quo­ti­dien d’une direc­tion géné­rale, mar­ke­ting, com­mu­ni­ca­tion, digi­tal ou RH. 

Mais ce mar­ché n’é­tait expli­cite que par frag­ments, sur des ver­ti­cales comme la ges­tion de la rela­tion client ou la recherche d’insights mar­ke­ting. Il a fal­lu opé­rer nous-mêmes notre tech­no­lo­gie pour accom­pa­gner la mon­tée en com­pé­tence de nos clients et de leurs prestataires. 

Après quatre ans d’ac­ti­vi­té de conseil, nous avons per­çu une vraie prise de conscience en 2015, par les entre­prises et leurs pres­ta­taires, autour de l’en­jeu tech­no­lo­gique de l’a­na­lyse de textes. 

La plu­part des acteurs ont concen­tré leurs efforts sur la col­lecte d’in­for­ma­tions la plus exhaus­tive pos­sible au début des années 2010, mais c’est désor­mais l’a­na­lyse et la com­pré­hen­sion fine de la don­née qui deviennent prioritaires. 

N’est-il pas trop difficile de gérer une croissance aussi forte ?

C’est un enjeu majeur. En par­ti­cu­lier parce que nous sommes indé­pen­dants, ce qui nous laisse libres de nos choix stra­té­giques, mais nous impose une ges­tion par­faite de nos res­sources et une marge de manœuvre limi­tée dans nos inves­tis­se­ments. Nous avons orga­ni­sé notre déve­lop­pe­ment en struc­tu­rant très tôt nos dif­fé­rents pôles : com­mer­cial, conseil, mar­ke­ting, com­mu­ni­ca­tion et R & D. 

Sans perdre en agilité(indispensable pour cor­ri­ger le tir et sai­sir les oppor­tu­ni­tés du mar­ché), nous nous appuyons sur des outils de pilo­tage adap­tés et des pro­ces­sus qua­si indus­triels pour un pas­sage facile à l’é­chelle : CRM, logi­ciel de ges­tion de pro­jet, solu­tions de mar­ke­ting automation. 

De la pros­pec­tion et l’inbound mar­ke­ting au sui­vi client en pas­sant par la ges­tion des phases de pro­duc­tion et le recru­te­ment, nous avons opti­mi­sé nos actions en rédui­sant le nombre d’é­tapes et d’in­ter­ve­nants, en capi­ta­li­sant sur la mutua­li­sa­tion des connais­sances acquises et en stan­dar­di­sant au maxi­mum ce qui peut l’être. 

Analyse systématique de données
Syno­mia s’appuie sur l’analyse sys­té­ma­tique de don­nées tex­tuelles : cour­riels, ver­ba­tim d’enquête, don­nées des réseaux sociaux, pages Web, bases de don­nées d’articles, de bre­vets, etc.

Quelle a été votre stratégie de développement ?

L’en­jeu sou­le­vé par une adhé­sion forte du mar­ché sur plu­sieurs dimen­sions reste celui du focus et de la prio­ri­sa­tion des actions. Il faut savoir pro­gres­si­ve­ment recen­trer ses efforts pour conso­li­der les acquis et ne pas se dis­per­ser dans l’u­ni­vers des possibles. 

C’est indis­pen­sable pour péren­ni­ser et sécu­ri­ser cette crois­sance, même si c’est par­fois frustrant. 

Du coup, vous devez intéresser quelques grands éditeurs ?

Du fait du grand nombre d’ap­pli­ca­tions pos­sibles de notre tech­no­lo­gie (études mar­ke­ting, stra­té­gie digi­tale, pro­duc­tion de conte­nu, trai­te­ment de ver­ba­tim, rela­tion client, etc.), nous tra­vaillons avec de nom­breux types d’acteurs. 

Des ins­ti­tuts de son­dage, qui admi­nistrent des enquêtes de satis­fac­tion, des baro­mètres internes, ou des études ; des cabi­nets de conseil en stra­té­gie, qui accom­pagnent leurs clients dans l’in­no­va­tion mar­ke­ting et la ges­tion de la rela­tion client ; des agences de com­mu­ni­ca­tion qui tra­vaillent sur la marque, la stra­té­gie digi­tale, le brand content, etc.

Les agences médias doivent-elles développer leurs compétences techniques ?

Tous ces acteurs voient leurs métiers bou­le­ver­sés par des tech­no­lo­gies qui per­mettent d’ap­por­ter une meilleure effi­ca­ci­té opé­ra­tion­nelle et de mieux défi­nir les orien­ta­tions stra­té­giques. Les fron­tières entre les ter­ri­toires de cha­cun s’es­tompent, les uns et les autres animent désor­mais un éco­sys­tème de par­te­naires tech­no­lo­giques, avec des liens com­mer­ciaux (par­te­na­riat McKin­sey et Sales­force) et par­fois capi­ta­lis­tiques (Publi­cis qui rachète Sapient ou ETO). 

“ Consolider les acquis et ne pas se disperser dans l’univers des possibles ”

Dans ce contexte, les grands édi­teurs se retrouvent au cÏur de l’ac­tion, mais une tech­no­lo­gie comme la nôtre peut trou­ver des syner­gies avec bien des types d’en­tre­prises de conseil, voire de très grands groupes, comme des assu­reurs ou des opé­ra­teurs de télé­com­mu­ni­ca­tions qui, dans leur quo­ti­dien, ont besoin de trai­ter de l’in­for­ma­tion non structurée. 

Le mar­ché est encore assez frag­men­té et en construc­tion, mais il faut s’at­tendre à une conso­li­da­tion à court ou moyen terme. L’a­ve­nir nous dira quel sera l’ef­fet sur notre activité. 

Tu pratiques les arts martiaux : y vois-tu des points communs avec ton métier ?

Concen­tra­tion et détermination.

Commentaire

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cathe­rine jeanrépondre
19 février 2019 à 16 h 01 min

Une simple ques­tion : Com­ment est véri­fiée l’exac­ti­tude des sources ?

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