Sciences géographiques dans l’Antiquité

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°587 Septembre 2003Par : Raymond D’HOLLANDER (38)Rédacteur : JR

Cet ouvrage consa­cré aux sciences géo­gra­phiques pré­sente la grande ori­gi­na­li­té de regrou­per l’histoire de toutes les sciences géo­gra­phiques depuis la haute Anti­qui­té (Égypte, Assy­rie) jusqu’à l’Antiquité tar­dive (période abbas­side à Bag­dad). Nous publions ci-après quelques extraits de la pré­face de Suzanne Debar­bat, astro­nome titu­laire hono­raire de l’Observatoire de Paris.

“ Il traite en pre­mier lieu de cette période, à l’origine des rudi­ments qui per­met­tront une mise en œuvre des domaines de la car­to­gra­phie et de la topographie.

… Les héri­tiers de l’Égypte des pha­raons sont sans conteste les Grecs qui ont pui­sé, dans leurs déve­lop­pe­ments pra­tiques, les élé­ments de l’épanouissement de leur science.

L’auteur décom­pose le sujet, de manière chro­no­lo­gique, dans onze cha­pitres consa­crés à la période grecque.

… La sphé­ri­ci­té de la Terre est affir­mée vers la fin du Ve siècle avant notre ère et l’on s’emploie bien­tôt à éta­blir des cartes pour la navi­ga­tion en Médi­ter­ra­née, mer qui occupe le centre des terres connues. Par­mi les navi­ga­teurs les plus célèbres figure Pythéas dont le sou­ve­nir demeure très vivant à Mar­seille. Eudoxe s’efforce de pré­ci­ser les dimen­sions du globe ter­restre tan­dis qu’Aristote et Dicéarque de Mes­sine s’emploient à l’étude des aspects géo­gra­phiques du sujet, décri­vant alors l’œcumène. Il faut attendre Éras­tos­thène et la grande époque d’Alexandrie pour par­ve­nir à des pro­grès décisifs.

… La géo­gra­phie mathé­ma­tique attein­dra son apo­gée en quatre siècles, de l’époque d’Ératosthène à celle de Pto­lé­mée, en pas­sant par Hipparque.

Le pre­mier, Éra­tos­thène, réa­lise la “mesure de la Terre” entre Syène (de nos jours Assouan) et Alexan­drie par une méthode ori­gi­nale. … Hip­parque, par obser­va­tions astro­no­miques, jette les bases de la car­to­gra­phie mathé­ma­tique. Pto­lé­mée est celui dont la “Géo­gra­phie ” mar­que­ra, pour long­temps, ce domaine.

… Dans l’ouvrage, on passe alors à la période romaine de la science géo­gra­phique à laquelle il consacre huit cha­pitres dont six détaillent pré­ci­sé­ment l’œuvre de Pto­lé­mée : déve­lop­pe­ments mathé­ma­tiques, théo­ries du Soleil, de la Lune et des pla­nètes, cata­logue d’étoiles, sys­tèmes de pro­jec­tion. Pto­lé­mée fixe l’origine des paral­lèles et sur­tout celle des méri­diens ter­restres. … L’origine des coor­don­nées pour la car­to­gra­phie, fixée en l’île de Fer, ne sera guère sup­plan­tée avant celle du Méri­dien de l’Observatoire de Paris (1667).

Pour l’avant-dernier cha­pitre de carac­tère plus tech­nique, R. D’Hollander a fait appel à deux cher­cheurs du Centre natio­nal de la recherche scien­ti­fique : Fran­çois Favo­ry et Anne Roth-Congès, spé­cia­listes de l’arpentage romain et de ses techniques.

Le der­nier cha­pitre, qui ter­mine la grande fresque car­to­gra­phique que livre R. D’Hollander dans cet ouvrage, apporte en quelque sorte une conclu­sion à la période gré­co­ro­maine des sciences géo­gra­phiques avec le déclin de la science antique. Mal­gré quelques réa­li­sa­tions pos­té­rieures, il fau­dra attendre plu­sieurs siècles avant de voir réel­le­ment renaître une science géo­gra­phique digne de ce nom. Mais pour la com­prendre, il fal­lait pou­voir en décrire les fon­de­ments. C’est ce qui est remar­qua­ble­ment fait dans cet ouvrage. ”

L’ouvrage com­porte des déve­lop­pe­ments mathé­ma­tiques à la por­tée des lec­teurs ayant le niveau d’un bac­ca­lau­réat scien­ti­fique ou qui sont fami­lia­ri­sés avec la géo­mé­trie eucli­dienne et les for­mules de tri­go­no­mé­trie. Tou­te­fois les lec­teurs ayant reçu une for­ma­tion lit­té­raire pour­ront tirer pro­fit du conte­nu en fai­sant l’impasse sur cer­tains passages.

Pour une lec­ture fruc­tueuse, il faut que le lec­teur connaisse la défi­ni­tion des termes uti­li­sés en géo­gra­phie géné­rale : équa­teur, tro­pique, méri­dien, pôle…, de ceux uti­li­sés en cos­mo­gra­phie, équi­noxe, sol­stice, éclip­tique, signes du zodiaque… et de ceux qui servent à iden­ti­fier ou à loca­li­ser un astre, hau­teur, dis­tance zéni­thale, décli­nai­son, ascen­sion droite, angle horaire, culmi­na­tion, pas­sage infé­rieur… Ces défi­ni­tions se trouvent dans tout bon dic­tion­naire et notam­ment dans le Lexique topo­gra­phique publié par l’Association fran­çaise de topographie.

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