Dîner-débat : quels enjeux pour un nouvel entrant dans un comex ?

Après le succès remporté par le dîner-débat de 2024, AX Carrières et les diplômés de l’Executive Master de l’X ont à nouveau convié les diplômés de l’École polytechnique et des écoles d’IP Paris à un dîner-débat le lundi 17 mars 2025, pour explorer les défis qui se présentent à un nouvel entrant dans un comité exécutif (comex).
Cet événement était suscité par la rencontre de deux demandes : une proposition des diplômés de l’Executive Master ; un constat identifié lors de l’enquête réalisée par AX Carrières pour connaître les attentes des diplômés, qui montrait l’intérêt de proposer des événements pour les dirigeants. Pour les curieux, les résultats de l’enquête peuvent être consultés sur l’onglet « carrières » du site de l’AX.
Un événement rencontrant une adhésion
C’est ainsi que nous avons créé le groupe X Dirigeants et proposé en 2024 une première édition d’une rencontre dédiée aux comités exécutifs. Nous avons également expliqué les conséquences de la loi Rixain, relative à la féminisation des instances de direction. Cette année, huit personnes ont répondu favorablement à notre invitation, pour venir animer les débats et témoigner de leurs expériences : sept diplômés et un dirigeant extérieur, avec des rôles différents mais tous éclairants. Une soirée introduite par Vincent Bechtel (E20), entrepreneur, qui a expliqué ses motivations à intégrer l’Executive Master et les perspectives que cela lui a ouvertes.
Le constat établi lors de la table ronde
Lors de la table ronde, animée par Arnaud Pichard (E20), nos camarades Monique Legrand-Larroche (X82), Didier Holleaux (X79) et Arnaud Brunetière (E22) ont probablement démystifié l’entrée dans un comex, en affirmant que le facteur chance est primordial. Il faut être là au bon moment et savoir saisir sa chance. Il ne suffit pas d’avoir du talent, et d’ailleurs un excellent cadre ne fait pas forcément un bon membre de comex.
“Un excellent cadre ne fait pas forcément un bon membre de comex.”
On est précédé par sa réputation, ce qui ne dure qu’un temps, les fameux cent jours. Il faut savoir écouter, questionner, être ouvert, inspirer la confiance. Écouter notamment les signaux faibles, en ne se coupant pas de son réseau antérieur. Pour cette écoute, il peut être intéressant d’avoir auprès de soi un collaborateur qui fait jouer son propre réseau. Si la liberté de ton est bienvenue au sein d’un comex, notamment pour éviter d’entraîner l’entreprise dans une mauvaise direction, il est tout aussi nécessaire d’être solidaire de l’équipe comex et de jouer une partition collective. Les controverses en interne, la ligne unique à l’extérieur ! Un comex est une équipe, pas une somme d’individualités, aussi brillantes soient-elles.

Les conseils de nos VIP
Alors quels conseils pour un nouveau membre de comex ? Les cent premiers jours étant déterminants comme en politique, il convient de s’adapter rapidement à la fonction. Nécessité encore plus flagrante pour quelqu’un recruté à l’extérieur de l’entreprise. Dans tous les cas cependant, il est important, et probablement indispensable, de se faire coacher, pour connaître l’entreprise, ses codes, d’aller voir les autres membres, même si on les connaît déjà, et de demander au PDG ce que sont ses attentes.
Le coaching peut être décapant, pousser le dirigeant dans ses retranchements. Mais l’atteinte des objectifs que l’on s’est fixés pour ces fameux cent jours est d’autant plus satisfaisante. Même s’il s’agit de petits succès, les quick wins des anglophones, ils permettent de montrer de façon concrète que le nouveau membre du comex fait preuve d’efficacité. Tout aussi indispensable est l’exemplarité, car le membre de comex représente son entité en interne et en externe. En interne, l’exemplarité passe par exemple par la loyauté envers les autres, en évitant de proposer des sujets concernant ses collègues sans leur en avoir parlé au préalable. L’esprit d’équipe, toujours !
Un échange avec les participants
Bizarrement, à ce stade, le mot performance n’avait pas été cité. Oubli ? Non, car la performance individuelle est un prérequis. Lorsque l’on est dans un comex, c’est la performance collective qui est recherchée. Tout pourrait paraître trop beau mais il peut y avoir des loupés, des erreurs de recrutement qu’il faut savoir reconnaître et assumer, mais qui sont quasi inévitables. En réponse à une question, le sujet de l’intégration d’un manageur de transition a été explicité : le coaching est encore plus nécessaire, ainsi que la proximité avec le PDG, d’autant qu’il s’agit généralement de remédier à une situation de crise à ce moment-là.
Alors, le membre du comex : surhomme ou surfemme ? Certainement pas. Un cadre (presque) comme tout le monde, qui a besoin de ménager son énergie, en préservant des plages pour sa vie personnelle, que ce soit sa famille ou ses activités propres. Tout en restant motivé par le sentiment de travailler pour ses collaborateurs.
À l’issue de cette table ronde, l’ensemble de nos VIP ont échangé amicalement pendant le dîner avec les convives de leur table, à la lumière de ce qui avait été dit lors de la table ronde.

Une conclusion sur un plateau
À l’issue, nos trois camarades Dominique Mockly (X80), Philippe Rémignon (X80) et Bernard Salha (X81) nous ont fait part de leur propre lecture de la soirée. Être dans un comex, c’est avant tout en avoir envie, vouloir coopérer, travailler à un projet, s’engager, impulser, vouloir apporter quelque chose de différent, faire travailler des personnalités différentes. C’est travailler en équipe, faire confiance, écouter, faire attention aux autres, canaliser les énergies pour viser plus haut, tout en restant modeste. Tout un programme qui a donné envie à bon nombre de participants !
- Monique Legrand-Larroche (X82) est ingénieur général de l’armement de classe exceptionnelle. Sa brillante carrière à la direction générale de l’armement (DGA) l’a conduite à entrer au comex comme directrice des opérations. Elle est à présent inspectrice générale des armées – armement et est la première femme du corps de l’Armement à avoir atteint cet emploi à cinq étoiles.
- Didier Holleaux (X79) a intégré le corps des Mines. Après un début de carrière dans l’administration, notamment comme directeur de cabinet du ministre de l’Énergie, il a intégré Gaz de France, puis naturellement Engie. Comme directeur général adjoint de ce groupe, il a fait partie du comex et il est aujourd’hui dans un rôle de senior advisor.
- Arnaud Brunetière (E22) a travaillé de nombreuses années dans l’industrie en France comme à l’étranger. Il est entré chez Linxens comme directeur des opérations (spécialisée en microconnecteurs pour les cartes à puce) en 2012 et a été nommé PDG fin 2024.
- Dominique Mockly (X80) est entré dans le corps de l’armement. Après un début de carrière à la direction des constructions navales (DCN) de la DGA, il a embrassé une carrière dans le secteur privé et est actuellement PDG de Terega.
- Philippe Rémignon (X80) a commencé sa carrière chez Matra. Après plusieurs postes dans différentes sociétés, il préside actuellement le directoire du groupe Vilogia, spécialisé dans l’habitat social.
- Bernard Salha (X81) a intégré le corps des Ponts (actuellement : ingénieurs des Ponts, Eaux et Forêts, IPEF). Après un début au ministère des Armées, il a rejoint EDF et est actuellement directeur technique groupe et directeur de la recherche et du développement.
- Yves Demay (X77) est ingénieur général de l’armement hors classe (2e S.). Après une carrière à la DGA et après avoir été successivement directeur de l’Ensta ParisTech, puis directeur général de l’École polytechnique, il est actuellement délégué général de l’AX.
- Thierry Bonnin, notre invité extérieur, qui a eu la gentillesse de répondre positivement à notre invitation, est CEO advisor chez Alcatel – Lucent Enterprise et membre de la commission « réforme de la sphère publique » au Medef.