Dîner-débat : quels enjeux pour un nouvel entrant dans un comex ?

Dîner-débat : quels enjeux pour un nouvel entrant dans un comex ?

Dossier : Vie de l'associationMagazine N°805 Mai 2025
Par Isabelle TANCHOU (X80)

Après le suc­cès rem­por­té par le dîner-débat de 2024, AX Car­rières et les diplô­més de l’Executive Mas­ter de l’X ont à nou­veau convié les diplô­més de l’École poly­tech­nique et des écoles d’IP Paris à un dîner-débat le lun­di 17 mars 2025, pour explo­rer les défis qui se pré­sentent à un nou­vel entrant dans un comi­té exé­cu­tif (comex).

Cet évé­ne­ment était sus­ci­té par la ren­contre de deux demandes : une pro­po­si­tion des diplô­més de l’Executive Mas­ter ; un constat iden­ti­fié lors de l’enquête réa­li­sée par AX Car­rières pour connaître les attentes des diplô­més, qui mon­trait l’intérêt de pro­po­ser des évé­ne­ments pour les diri­geants. Pour les curieux, les résul­tats de l’enquête peuvent être consul­tés sur l’onglet « car­rières » du site de l’AX.

Un événement rencontrant une adhésion

C’est ain­si que nous avons créé le groupe X Diri­geants et pro­po­sé en 2024 une pre­mière édi­tion d’une ren­contre dédiée aux comi­tés exé­cu­tifs. Nous avons éga­le­ment expli­qué les consé­quences de la loi Rixain, rela­tive à la fémi­ni­sa­tion des ins­tances de direc­tion. Cette année, huit per­sonnes ont répon­du favo­ra­ble­ment à notre invi­ta­tion, pour venir ani­mer les débats et témoi­gner de leurs expé­riences : sept diplô­més et un diri­geant exté­rieur, avec des rôles dif­fé­rents mais tous éclai­rants. Une soi­rée intro­duite par Vincent Bech­tel (E20), entre­pre­neur, qui a expli­qué ses moti­va­tions à inté­grer l’Executive Mas­ter et les pers­pec­tives que cela lui a ouvertes.

Le constat établi lors de la table ronde

Lors de la table ronde, ani­mée par Arnaud Pichard (E20), nos cama­rades Monique Legrand-Lar­roche (X82), Didier Hol­leaux (X79) et Arnaud Bru­ne­tière (E22) ont pro­ba­ble­ment démys­ti­fié l’entrée dans un comex, en affir­mant que le fac­teur chance est pri­mor­dial. Il faut être là au bon moment et savoir sai­sir sa chance. Il ne suf­fit pas d’avoir du talent, et d’ailleurs un excellent cadre ne fait pas for­cé­ment un bon membre de comex.

“Un excellent cadre ne fait pas forcément un bon membre de comex.”

On est pré­cé­dé par sa répu­ta­tion, ce qui ne dure qu’un temps, les fameux cent jours. Il faut savoir écou­ter, ques­tion­ner, être ouvert, ins­pi­rer la confiance. Écou­ter notam­ment les signaux faibles, en ne se cou­pant pas de son réseau anté­rieur. Pour cette écoute, il peut être inté­res­sant d’avoir auprès de soi un col­la­bo­ra­teur qui fait jouer son propre réseau. Si la liber­té de ton est bien­ve­nue au sein d’un comex, notam­ment pour évi­ter d’entraîner l’entreprise dans une mau­vaise direc­tion, il est tout aus­si néces­saire d’être soli­daire de l’équipe comex et de jouer une par­ti­tion col­lec­tive. Les contro­verses en interne, la ligne unique à l’extérieur ! Un comex est une équipe, pas une somme d’individualités, aus­si brillantes soient-elles.

De gauche à droite : Arnaud Pichart (E20), Dominique Mockly (X80), Bernard Salha (X81) et Philippe Rémignon (X80).
De gauche à droite : Arnaud Pichart (E20), Domi­nique Mock­ly (X80), Ber­nard Sal­ha (X81) et Phi­lippe Rémi­gnon (X80).

Les conseils de nos VIP

Alors quels conseils pour un nou­veau membre de comex ? Les cent pre­miers jours étant déter­mi­nants comme en poli­tique, il convient de s’adapter rapi­de­ment à la fonc­tion. Néces­si­té encore plus fla­grante pour quelqu’un recru­té à l’extérieur de l’entreprise. Dans tous les cas cepen­dant, il est impor­tant, et pro­ba­ble­ment indis­pen­sable, de se faire coa­cher, pour connaître l’entreprise, ses codes, d’aller voir les autres membres, même si on les connaît déjà, et de deman­der au PDG ce que sont ses attentes. 

Le coa­ching peut être déca­pant, pous­ser le diri­geant dans ses retran­che­ments. Mais l’atteinte des objec­tifs que l’on s’est fixés pour ces fameux cent jours est d’autant plus satis­fai­sante. Même s’il s’agit de petits suc­cès, les quick wins des anglo­phones, ils per­mettent de mon­trer de façon concrète que le nou­veau membre du comex fait preuve d’efficacité. Tout aus­si indis­pen­sable est l’exemplarité, car le membre de comex repré­sente son enti­té en interne et en externe. En interne, l’exemplarité passe par exemple par la loyau­té envers les autres, en évi­tant de pro­po­ser des sujets concer­nant ses col­lègues sans leur en avoir par­lé au préa­lable. L’esprit d’équipe, toujours !

Un échange avec les participants

Bizar­re­ment, à ce stade, le mot per­for­mance n’avait pas été cité. Oubli ? Non, car la per­for­mance indi­vi­duelle est un pré­re­quis. Lorsque l’on est dans un comex, c’est la per­for­mance col­lec­tive qui est recher­chée. Tout pour­rait paraître trop beau mais il peut y avoir des lou­pés, des erreurs de recru­te­ment qu’il faut savoir recon­naître et assu­mer, mais qui sont qua­si inévi­tables. En réponse à une ques­tion, le sujet de l’intégration d’un mana­geur de tran­si­tion a été expli­ci­té : le coa­ching est encore plus néces­saire, ain­si que la proxi­mi­té avec le PDG, d’autant qu’il s’agit géné­ra­le­ment de remé­dier à une situa­tion de crise à ce moment-là. 

Alors, le membre du comex : sur­homme ou sur­femme ? Cer­tai­ne­ment pas. Un cadre (presque) comme tout le monde, qui a besoin de ména­ger son éner­gie, en pré­ser­vant des plages pour sa vie per­son­nelle, que ce soit sa famille ou ses acti­vi­tés propres. Tout en res­tant moti­vé par le sen­ti­ment de tra­vailler pour ses collaborateurs.

À l’issue de cette table ronde, l’ensemble de nos VIP ont échan­gé ami­ca­le­ment pen­dant le dîner avec les convives de leur table, à la lumière de ce qui avait été dit lors de la table ronde.

De gauche à droite : Arnaud Pichart (E20), Arnaud Brunetière (E22), Didier Holleaux (X79) et Monique Legrand-Larroche (X82).
De gauche à droite : Arnaud Pichart (E20), Arnaud Bru­ne­tière (E22), Didier Hol­leaux (X79) et Monique Legrand-Lar­roche (X82).

Une conclusion sur un plateau

À l’issue, nos trois cama­rades Domi­nique Mock­ly (X80), Phi­lippe Rémi­gnon (X80) et Ber­nard Sal­ha (X81) nous ont fait part de leur propre lec­ture de la soi­rée. Être dans un comex, c’est avant tout en avoir envie, vou­loir coopé­rer, tra­vailler à un pro­jet, s’engager, impul­ser, vou­loir appor­ter quelque chose de dif­fé­rent, faire tra­vailler des per­son­na­li­tés dif­fé­rentes. C’est tra­vailler en équipe, faire confiance, écou­ter, faire atten­tion aux autres, cana­li­ser les éner­gies pour viser plus haut, tout en res­tant modeste. Tout un pro­gramme qui a don­né envie à bon nombre de participants !


  • Monique Legrand-Lar­roche (X82) est ingé­nieur géné­ral de l’armement de classe excep­tion­nelle. Sa brillante car­rière à la direc­tion géné­rale de l’armement (DGA) l’a conduite à entrer au comex comme direc­trice des opé­ra­tions. Elle est à pré­sent ins­pec­trice géné­rale des armées – arme­ment et est la pre­mière femme du corps de l’Armement à avoir atteint cet emploi à cinq étoiles.
  • Didier Hol­leaux (X79) a inté­gré le corps des Mines. Après un début de car­rière dans l’administration, notam­ment comme direc­teur de cabi­net du ministre de l’Énergie, il a inté­gré Gaz de France, puis natu­rel­le­ment Engie. Comme direc­teur géné­ral adjoint de ce groupe, il a fait par­tie du comex et il est aujourd’hui dans un rôle de senior advi­sor.
  • Arnaud Bru­ne­tière (E22) a tra­vaillé de nom­breuses années dans l’industrie en France comme à l’étranger. Il est entré chez Lin­xens comme direc­teur des opé­ra­tions (spé­cia­li­sée en micro­con­nec­teurs pour les cartes à puce) en 2012 et a été nom­mé PDG fin 2024.
  • Domi­nique Mock­ly (X80) est entré dans le corps de l’armement. Après un début de car­rière à la direc­tion des construc­tions navales (DCN) de la DGA, il a embras­sé une car­rière dans le sec­teur pri­vé et est actuel­le­ment PDG de Terega.
  • Phi­lippe Rémi­gnon (X80) a com­men­cé sa car­rière chez Matra. Après plu­sieurs postes dans dif­fé­rentes socié­tés, il pré­side actuel­le­ment le direc­toire du groupe Vilo­gia, spé­cia­li­sé dans l’habitat social.
  • Ber­nard Sal­ha (X81) a inté­gré le corps des Ponts (actuel­le­ment : ingé­nieurs des Ponts, Eaux et Forêts, IPEF). Après un début au minis­tère des Armées, il a rejoint EDF et est actuel­le­ment direc­teur tech­nique groupe et direc­teur de la recherche et du développement.
  • Yves Demay (X77) est ingé­nieur géné­ral de l’armement hors classe (2e S.). Après une car­rière à la DGA et après avoir été suc­ces­si­ve­ment direc­teur de l’Ensta Paris­Tech, puis direc­teur géné­ral de l’École poly­tech­nique, il est actuel­le­ment délé­gué géné­ral de l’AX.
  • Thier­ry Bon­nin, notre invi­té exté­rieur, qui a eu la gen­tillesse de répondre posi­ti­ve­ment à notre invi­ta­tion, est CEO advi­sor chez Alca­tel – Lucent Enter­prise et membre de la com­mis­sion « réforme de la sphère publique » au Medef.

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