Diagnostic précoce des troubles neurologiques : SuriCog à l’avant-garde

La santé mentale manque de solutions médicales satisfaisantes. Face à la complexité du cerveau et la rareté des marqueurs quantitatifs, le diagnostic précoce et précis de ces troubles est un défi de taille. C’est ici que la technologie de suivi oculaire de SuriCog, avec EyeBrain NEO, apporte une révolution prometteuse. Marc Massonneau, fondateur et CEO de l’entreprise, nous en explique davantage.
Comment la technologie de suivi oculaire de SuriCog révolutionne-t-elle le diagnostic précoce des troubles neurologiques et psychiatriques ?
Il est crucial de partir d’un besoin médical profond. Le premier besoin médical non satisfait (et le plus coûteux) est la santé mentale au sens large, englobant à la fois la neurologie, la psychiatrie et les troubles du neurodéveloppement (TND) chez l’enfant. En raison de la complexité du cerveau, il est difficile de quantifier ses possibles dysfonctions de manière précise. Les marqueurs quantitatifs sont rares dans le domaine de la santé mentale.
L’oculométrie propose justement une solution par rapport à d’autres technologies moins accessibles ou plus coûteuses comme l’IRM. Elle offre une série de marqueurs digitaux quantitatifs de haute qualité, reproductibles et fins, capables de détecter des anomalies précoces et de faire des suivis précis dans le temps. Cette technologie permet d’interroger le cerveau, qui va répondre de manière très rapide et spécifique. En mesurant la manière dont il réagit, on peut détecter ainsi de potentiels retards de quelques millisecondes, qui révéleront alors des altérations dans des réseaux neuronaux dédiés.
“L’oculométrie offre des marqueurs digitaux quantitatifs capables de détecter des anomalies précoces et de faire des suivis précis dans le temps.”
Le procédé est basé sur une batterie de stimuli visuels très simples et bien établis sur le plan scientifique, tels que des points en mouvement, des visages ou des paysages, qui sont présentés successivement sur un écran devant lequel le patient est assis. Et pendant la dizaine de minutes que représente une séance, on va précisément mesurer les mouvements oculaires grâce à des capteurs très performants. Utiliser ce système pour interroger et quantifier les fonctions cérébrales est une voie facile, robuste, peu contraignante pour le patient et peu coûteuse. Elle rentre ainsi naturellement dans la pratique courante des praticiens, notamment en termes de prévention, et peut être déployée facilement, notamment dans les déserts médicaux.
Quel impact les dispositifs comme EyeBrain NEO auront-ils sur la détection précoce des TND dans les écoles et sur la société en général ?
Lorsqu’on parle de TND, cela concerne principalement les enfants, bien que des conséquences puissent se manifester à l’âge adulte. Ces troubles incluent, par exemple, la dyslexie, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et le trouble du spectre autistique (TSA). Si le risque de développer ces troubles est détecté précocement, une meilleure prise en charge peut être mise en place. En effet, une détection précoce permet de mieux caractériser ces troubles complexes, souvent interconnectés, et d’apporter un accompagnement thérapeutique et un suivi beaucoup plus efficace.
“Une détection précoce permet de mieux caractériser ces troubles complexes et d’apporter un accompagnement thérapeutique plus efficace.”
Il est possible ainsi de détecter des anomalies avant même l’apparition des signes cliniques. Et même si ce dispositif est utilisable chez l’adulte, il est important de toujours intervenir au plus tôt, ne serait-ce que pour diminuer l’errance diagnostique et l’échec scolaire à un moment clé dans l’évolution de l’enfant et soulager ainsi des familles trop souvent en souffrance. Plus encore, une rééducation sera d’autant plus impactante chez le sujet jeune du fait, notamment, d’une neuroplasticité encore importante. Par exemple, détecter une dyslexie chez un enfant de 6 ans plutôt que chez un enfant de 12 ans permet de meilleurs résultats plus rapidement.
Quels sont les principaux défis rencontrés lors du développement de vos technologies médicales ?
Le grand défi réside dans le fait que, lorsqu’une innovation médicale majeure est introduite, elle fait face à un processus lourd et complexe de validation avant mise sur le marché. Ces process, légitimes et nécessaires, vont durer des années et impliquent des études cliniques rigoureuses, un système de qualité très strict, ainsi qu’une preuve d’intérêt médico-économique convaincante. Cela est structurant et rassurant pour tous, car un patient utilisant un dispositif médical réglementé sait que les risques sont gérés de manière adéquate, qu’il a fait preuve de son efficacité, et de plus cela ouvre dans la plupart des cas à un remboursement.
Dans ce cadre, les études cliniques, menées en partenariat avec de grandes équipes en France et dans le monde, ont montré, à travers plus d’une centaine de publications scientifiques, l’intérêt de notre système pour les TND chez l’enfant, mais également pour les troubles de neurodégénérescence chez les seniors, ainsi que pour diverses pathologies en psychiatrie. Nous avons ainsi prouvé que notre dispositif présente un véritable intérêt dans le domaine de la santé mentale, à la pointe de la médecine dite de « précision », et facilité par le fait qu’il est totalement « non invasif », donc à risque très réduit, à utilisabilité large.
SuriCog collabore avec plus de 50 équipes cliniques à travers le monde…
Il est absolument essentiel d’avoir, pour ainsi dire, les pieds dans la réalité médicale, et de savoir ce qu’est l’attente d’un patient et une bonne idée de son parcours. Ma principale motivation, en tant que médecin entrepreneur, est d’apporter des solutions innovantes efficaces qui servent l’intérêt profond du patient tout en participant à la rationalisation des coûts de santé. J’ai déjà créé plusieurs entreprises dans le domaine des dispositifs médicaux, et Suricog est la quatrième. Et chaque fois, l’innovation ne se crée ni ne se valide jamais seule. Nous avons la chance d’interagir avec beaucoup d’acteurs complémentaires du monde médical, aussi bien des équipes de recherche de haut niveau à l’international, que des associations de patients, tout professionnel de santé concerné comme les orthoptistes, ou encore les institutions. L’essentiel des centres cliniques avec qui l’on travaille l’utilisent en clinique courante, tous les jours, notamment dans le cadre de bilan neuro-visuel.
Témoignage de Bernard Esambert (X54), Grand-croix de la Légion d’honneur et président de l’École polytechnique de 1985 à 1993.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Marc aux débuts de son aventure entrepreneuriale et de suivre avec grand intérêt l’évolution de SuriCog. Dès le départ, j’ai été convaincu du potentiel extraordinaire de la technologie développée par Marc et son équipe : l’oculométrie appliquée aux troubles mentaux et neurologiques représente une avancée majeure en tant qu’outil de diagnostic précoce et surtout de prévention. J’invite tous les anciens de l’X intéressés par cette innovation de rupture à prendre contact avec Marc pour soutenir le déploiement de cette technologie prometteuse.
Comment SuriCog assure-t-elle la confidentialité et l’éthique dans la gestion des données des patients ?
La gestion des données patients est au cœur d’une activité comme la nôtre, qui génère des marqueurs digitaux quantitatifs pour caractériser d’éventuelles dysfonctions chez celui-ci, et donc apporte une valeur ajoutée essentielle dans le cadre de sa prise en charge. Ces données alimentent donc son parcours patient tout au long de celle-ci, et cela exige une conformité dans le temps et à plusieurs étages pour garantir la fiabilité de la protection des données personnelles et « sensibles » et incluant son volet éthique en termes d’utilisation.
Chez SuriCog, étant donné son importance en Europe et à l’international, nous avons anticipé et surinvesti ce sujet, notamment dans la mise en place d’une équipe interne dédiée, aidée par des consultants de renom. Nous avons ainsi une responsable Qualité et Réglementation, ainsi qu’une Déléguée à la Protection des Données (DPO) qui veillent, vérifient et contrôlent tous nos processus, pour garantir la bonne conformité aux différentes réglementations impliquées et aider au bon déroulement des différents audits associés. L’intérêt est que l’Europe a émis les plus fortes exigences, ce qui nous positionne favorablement dans l’approche des autres marchés.
Quels sont les prochains projets sur lesquels SuriCog travaille ?
Actuellement, nous travaillons à la validation de notre module de dépistage destiné aux enfants présentant un risque de développer un TND. Notre objectif est d’appliquer ce système de manière systématique à tous les enfants, qu’ils soient signalés ou en dépistage dans les écoles, afin qu’aucun enfant à risque ne soit oublié dans la prise en charge. Il s’agit d’un projet prioritaire. Nous avons également d’autres projets en cours, répondant tous à de grands défis de santé mentale. Cette dynamique de développement exige que l’on étoffe nos équipes, notamment sur les plans commerciaux, cliniques et managériaux, mais aussi en consolidant nos partenariats financiers et industriels.