Diagnostic précoce des troubles neurologiques : SuriCog à l’avant-garde

Diagnostic précoce des troubles neurologiques : SuriCog à l’avant-garde

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Marc MASSONNEAU

La san­té men­tale manque de solu­tions médi­cales satis­fai­santes. Face à la com­plexi­té du cer­veau et la rare­té des mar­queurs quan­ti­ta­tifs, le diag­nos­tic pré­coce et pré­cis de ces troubles est un défi de taille. C’est ici que la tech­no­lo­gie de sui­vi ocu­laire de Suri­Cog, avec Eye­Brain NEO, apporte une révo­lu­tion pro­met­teuse. Marc Mas­son­neau, fon­da­teur et CEO de l’entreprise, nous en explique davan­tage.

Comment la technologie de suivi oculaire de SuriCog révolutionne-t-elle le diagnostic précoce des troubles neurologiques et psychiatriques ?

Il est cru­cial de par­tir d’un besoin médi­cal pro­fond. Le pre­mier besoin médi­cal non satis­fait (et le plus coû­teux) est la san­té men­tale au sens large, englo­bant à la fois la neu­ro­lo­gie, la psy­chia­trie et les troubles du neu­ro­dé­ve­lop­pe­ment (TND) chez l’enfant. En rai­son de la com­plexi­té du cer­veau, il est dif­fi­cile de quan­ti­fier ses pos­sibles dys­fonc­tions de manière pré­cise. Les mar­queurs quan­ti­ta­tifs sont rares dans le domaine de la san­té mentale.

L’oculométrie pro­pose jus­te­ment une solu­tion par rap­port à d’autres tech­no­lo­gies moins acces­sibles ou plus coû­teuses comme l’IRM. Elle offre une série de mar­queurs digi­taux quan­ti­ta­tifs de haute qua­li­té, repro­duc­tibles et fins, capables de détec­ter des ano­ma­lies pré­coces et de faire des sui­vis pré­cis dans le temps. Cette tech­no­lo­gie per­met d’interroger le cer­veau, qui va répondre de manière très rapide et spé­ci­fique. En mesu­rant la manière dont il réagit, on peut détec­ter ain­si de poten­tiels retards de quelques mil­li­se­condes, qui révé­le­ront alors des alté­ra­tions dans des réseaux neu­ro­naux dédiés.

“L’oculométrie offre des marqueurs digitaux quantitatifs capables de détecter des anomalies précoces et de faire des suivis précis dans le temps.”

Le pro­cé­dé est basé sur une bat­te­rie de sti­mu­li visuels très simples et bien éta­blis sur le plan scien­ti­fique, tels que des points en mou­ve­ment, des visages ou des pay­sages, qui sont pré­sen­tés suc­ces­si­ve­ment sur un écran devant lequel le patient est assis. Et pen­dant la dizaine de minutes que repré­sente une séance, on va pré­ci­sé­ment mesu­rer les mou­ve­ments ocu­laires grâce à des cap­teurs très per­for­mants. Uti­li­ser ce sys­tème pour inter­ro­ger et quan­ti­fier les fonc­tions céré­brales est une voie facile, robuste, peu contrai­gnante pour le patient et peu coû­teuse. Elle rentre ain­si natu­rel­le­ment dans la pra­tique cou­rante des pra­ti­ciens, notam­ment en termes de pré­ven­tion, et peut être déployée faci­le­ment, notam­ment dans les déserts médicaux.

Quel impact les dispositifs comme EyeBrain NEO auront-ils sur la détection précoce des TND dans les écoles et sur la société en général ?

Lorsqu’on parle de TND, cela concerne prin­ci­pa­le­ment les enfants, bien que des consé­quences puissent se mani­fes­ter à l’âge adulte. Ces troubles incluent, par exemple, la dys­lexie, le trouble de l’attention avec ou sans hyper­ac­ti­vi­té (TDAH) et le trouble du spectre autis­tique (TSA). Si le risque de déve­lop­per ces troubles est détec­té pré­co­ce­ment, une meilleure prise en charge peut être mise en place. En effet, une détec­tion pré­coce per­met de mieux carac­té­ri­ser ces troubles com­plexes, sou­vent inter­con­nec­tés, et d’apporter un accom­pa­gne­ment thé­ra­peu­tique et un sui­vi beau­coup plus efficace.

“Une détection précoce permet de mieux caractériser ces troubles complexes et d’apporter un accompagnement thérapeutique plus efficace.”

Il est pos­sible ain­si de détec­ter des ano­ma­lies avant même l’apparition des signes cli­niques. Et même si ce dis­po­si­tif est uti­li­sable chez l’adulte, il est impor­tant de tou­jours inter­ve­nir au plus tôt, ne serait-ce que pour dimi­nuer l’errance diag­nos­tique et l’échec sco­laire à un moment clé dans l’évolution de l’enfant et sou­la­ger ain­si des familles trop sou­vent en souf­france. Plus encore, une réédu­ca­tion sera d’autant plus impac­tante chez le sujet jeune du fait, notam­ment, d’une neu­ro­plas­ti­ci­té encore impor­tante. Par exemple, détec­ter une dys­lexie chez un enfant de 6 ans plu­tôt que chez un enfant de 12 ans per­met de meilleurs résul­tats plus rapidement.

Quels sont les principaux défis rencontrés lors du développement de vos technologies médicales ?

Le grand défi réside dans le fait que, lorsqu’une inno­va­tion médi­cale majeure est intro­duite, elle fait face à un pro­ces­sus lourd et com­plexe de vali­da­tion avant mise sur le mar­ché. Ces pro­cess, légi­times et néces­saires, vont durer des années et impliquent des études cli­niques rigou­reuses, un sys­tème de qua­li­té très strict, ain­si qu’une preuve d’intérêt médi­co-éco­no­mique convain­cante. Cela est struc­tu­rant et ras­su­rant pour tous, car un patient uti­li­sant un dis­po­si­tif médi­cal régle­men­té sait que les risques sont gérés de manière adé­quate, qu’il a fait preuve de son effi­ca­ci­té, et de plus cela ouvre dans la plu­part des cas à un remboursement.

Dans ce cadre, les études cli­niques, menées en par­te­na­riat avec de grandes équipes en France et dans le monde, ont mon­tré, à tra­vers plus d’une cen­taine de publi­ca­tions scien­ti­fiques, l’intérêt de notre sys­tème pour les TND chez l’enfant, mais éga­le­ment pour les troubles de neu­ro­dé­gé­né­res­cence chez les seniors, ain­si que pour diverses patho­lo­gies en psy­chia­trie. Nous avons ain­si prou­vé que notre dis­po­si­tif pré­sente un véri­table inté­rêt dans le domaine de la san­té men­tale, à la pointe de la méde­cine dite de « pré­ci­sion », et faci­li­té par le fait qu’il est tota­le­ment « non inva­sif », donc à risque très réduit, à uti­li­sa­bi­li­té large.

SuriCog collabore avec plus de 50 équipes cliniques à travers le monde…

Il est abso­lu­ment essen­tiel d’avoir, pour ain­si dire, les pieds dans la réa­li­té médi­cale, et de savoir ce qu’est l’attente d’un patient et une bonne idée de son par­cours. Ma prin­ci­pale moti­va­tion, en tant que méde­cin entre­pre­neur, est d’apporter des solu­tions inno­vantes effi­caces qui servent l’intérêt pro­fond du patient tout en par­ti­ci­pant à la ratio­na­li­sa­tion des coûts de san­té. J’ai déjà créé plu­sieurs entre­prises dans le domaine des dis­po­si­tifs médi­caux, et Suri­cog est la qua­trième. Et chaque fois, l’innovation ne se crée ni ne se valide jamais seule. Nous avons la chance d’interagir avec beau­coup d’acteurs com­plé­men­taires du monde médi­cal, aus­si bien des équipes de recherche de haut niveau à l’international, que des asso­cia­tions de patients, tout pro­fes­sion­nel de san­té concer­né comme les orthop­tistes, ou encore les ins­ti­tu­tions. L’essentiel des centres cli­niques avec qui l’on tra­vaille l’utilisent en cli­nique cou­rante, tous les jours, notam­ment dans le cadre de bilan neuro-visuel.


Témoignage de Bernard Esambert (X54), Grand-croix de la Légion d’honneur et président de l’École polytechnique de 1985 à 1993.

J’ai eu le plai­sir de ren­con­trer Marc aux débuts de son aven­ture entre­pre­neu­riale et de suivre avec grand inté­rêt l’évolution de Suri­Cog. Dès le départ, j’ai été convain­cu du poten­tiel extra­or­di­naire de la tech­no­lo­gie déve­lop­pée par Marc et son équipe : l’oculométrie appli­quée aux troubles men­taux et neu­ro­lo­giques repré­sente une avan­cée majeure en tant qu’outil de diag­nos­tic pré­coce et sur­tout de pré­ven­tion. J’invite tous les anciens de l’X inté­res­sés par cette inno­va­tion de rup­ture à prendre contact avec Marc pour sou­te­nir le déploie­ment de cette tech­no­lo­gie prometteuse. 


Comment SuriCog assure-t-elle la confidentialité et l’éthique dans la gestion des données des patients ?

La ges­tion des don­nées patients est au cœur d’une acti­vi­té comme la nôtre, qui génère des mar­queurs digi­taux quan­ti­ta­tifs pour carac­té­ri­ser d’éventuelles dys­fonc­tions chez celui-ci, et donc apporte une valeur ajou­tée essen­tielle dans le cadre de sa prise en charge. Ces don­nées ali­mentent donc son par­cours patient tout au long de celle-ci, et cela exige une confor­mi­té dans le temps et à plu­sieurs étages pour garan­tir la fia­bi­li­té de la pro­tec­tion des don­nées per­son­nelles et « sen­sibles » et incluant son volet éthique en termes d’utilisation.

Chez Suri­Cog, étant don­né son impor­tance en Europe et à l’international, nous avons anti­ci­pé et surin­ves­ti ce sujet, notam­ment dans la mise en place d’une équipe interne dédiée, aidée par des consul­tants de renom. Nous avons ain­si une res­pon­sable Qua­li­té et Régle­men­ta­tion, ain­si qu’une Délé­guée à la Pro­tec­tion des Don­nées (DPO) qui veillent, véri­fient et contrôlent tous nos pro­ces­sus, pour garan­tir la bonne confor­mi­té aux dif­fé­rentes régle­men­ta­tions impli­quées et aider au bon dérou­le­ment des dif­fé­rents audits asso­ciés. L’intérêt est que l’Europe a émis les plus fortes exi­gences, ce qui nous posi­tionne favo­ra­ble­ment dans l’approche des autres marchés.

Quels sont les prochains projets sur lesquels SuriCog travaille ?

Actuel­le­ment, nous tra­vaillons à la vali­da­tion de notre module de dépis­tage des­ti­né aux enfants pré­sen­tant un risque de déve­lop­per un TND. Notre objec­tif est d’appliquer ce sys­tème de manière sys­té­ma­tique à tous les enfants, qu’ils soient signa­lés ou en dépis­tage dans les écoles, afin qu’aucun enfant à risque ne soit oublié dans la prise en charge. Il s’agit d’un pro­jet prio­ri­taire. Nous avons éga­le­ment d’autres pro­jets en cours, répon­dant tous à de grands défis de san­té men­tale. Cette dyna­mique de déve­lop­pe­ment exige que l’on étoffe nos équipes, notam­ment sur les plans com­mer­ciaux, cli­niques et mana­gé­riaux, mais aus­si en conso­li­dant nos par­te­na­riats finan­ciers et industriels. 

www.suricog.com

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