Un tag à l'Ecole polytechnique

Des X et des fresques

Dossier : ExpressionsMagazine N°685 Mai 2013
Par Serge DELWASSE (X86)

Le mariage entre la Zan­zi et la cam­pagne Kès est une très ancienne tradition

Après avoir gra­vi le « Sen­tier de la gloire » (le rai­dillon qui monte de la gare de Lozère), le visi­teur qui débouche sur le Pla­tâl ne peut man­quer les fresques. Je me sou­viens, lors de ma pre­mière visite pour pas­ser les oraux, d’avoir été fas­ci­né par la fresque Sea, Kès & Sun.

Cette tra­di­tion de peindre sur les murs à l’occasion des cam­pagnes Kès est suf­fi­sam­ment entrée dans les mœurs pour que, de nos jours, le règle­ment de la cam­pagne Kès impose – sous peine de perte de la sub­ven­tion – la réa­li­sa­tion d’une fresque.

La Kès Color

Glos­saire
Bata­clan : à l’origine, le « bâti­ment des acti­vi­tés libres », prin­ci­pal lieu de vie des élèves.
Liste Kès pipeau : liste qui n’a pas l’intention d’être élue.
Pla­tâl (de Pla­teau) : l’École à Palaiseau.
Zan­zi : pein­ture (ancien­ne­ment).

L’idée remonte à la pro­mo­tion 78. Une liste Kès pipeau, la Kès Color – pour les plus jeunes, je rap­pelle que la socié­té Kis ven­dait à cette époque des « clés minute cou­leurs » – trou­va pra­tique d’utiliser les petites briques du Bata­clan pour pro­mou­voir son thème de campagne.

Les fresques étaient nées. Rapi­de­ment, elles « sor­tirent » du Bata­clan, tou­jours sur les murs de briques – c’est pra­tique de comp­ter les car­reaux pour faire des des­sins – puis, grâce à l’apparition du rétro­pro­jec­teur, se dépla­cèrent vers les caserts et leurs murs blancs.

Quand les X inventaient le tag

Ce qui est inté­res­sant, c’est que le mariage entre la Zan­zi et la cam­pagne Kès, géné­ra­tion spon­ta­née sur le Pla­tâl, est en réa­li­té une très ancienne tradition.

Jusque dans les années 1960, les tan­dems Kès s’affrontaient en jône ou en rouje selon les années.

Ain­si, on pou­vait voir des bâti­ments de l’École, ou même du quar­tier, entiè­re­ment bar­bouillés, sans que la Strasse puisse réel­le­ment y remé­dier. Les X avaient inven­té le tag, et ces tags étaient du reste bien visibles de l’extérieur de l’École sans que per­sonne semble y trou­ver à redire.

Un talent certain qui résiste au temps

Com­ment expli­quer cette (re)génération spon­ta­née en 1979 ? Par l’existence du gène du des­sin chez les X ?

En tout état de cause, l’illustration qui accom­pagne cet article montre que les élèves ont fait énor­mé­ment de pro­grès dans la qua­li­té de leur des­sin. Ils s’adaptent, et leurs fresques ne résistent que parce qu’elles sont objec­ti­ve­ment plu­tôt réussies.

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