Depixus : Une technologie de rupture pour la recherche biomédicale


Avec MAGNA One, sa technologie innovante, Depixus s’impose comme un acteur majeur de la recherche biomédicale. En offrant une précision inédite dans l’analyse des interactions moléculaires, MAGNA One offre un outil capable d’améliorer notre compréhension de la biologie, de contribuer au développement de nouveaux médicaments et, à terme, permettra de repousser les frontières de la médecine personnalisée. Entretien avec Gordon Hamilton, CEO et cofondateur et Thibault Vieille (D14), VP of Engineering.
Après presque une décennie d’investissement, votre première grande innovation a été lancée en 2024. Quelles ont été les étapes clés de ce développement ?
Gordon Hamilton : Depixus est née des travaux de recherche sur l’ADN et les enzymes, mondialement reconnus, du laboratoire de Physique Statistique de l’École normale supérieure (ENS). Avant de trouver son indépendance en dehors de l’ENS, notre petite équipe initiale s’est fortement investie dans le renforcement et l’exploitation de sa propriété industrielle ainsi que dans le développement d’une stratégie commerciale solide et convaincante. En 2016, nous avons levé nos premiers fonds pour soutenir le développement de nos premiers prototypes d’instruments et générer des données préliminaires dans des applications à forte croissance.
Plus récemment, nous avons obtenu des financements complémentaires pour accélérer le développement de notre premier instrument à usage commercial « MAGNA One ». Au cours de cette période, nous avons travaillé en étroite collaboration avec des chercheurs universitaires et le secteur biopharmaceutique afin de trouver la meilleure adéquation possible entre le produit et le marché. Fin 2024, nous avons atteint l’étape importante du lancement du produit MAGNA One, dont l’objectif principal est d’aider les chercheurs à développer de nouveaux médicaments.
Pouvez-vous expliquer en termes simples ce qu’est la Spectroscopie de Force Magnétique et pourquoi c’est une avancée importante ?
Thibault Vieille : C’est une technique qui permet d’étudier les interactions biomoléculaires en appliquant une force à des molécules via une bille micrométrique magnétique, et en observant la réaction de chacune de ces molécules en temps réel. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui analysent des signaux globaux à partir d’un échantillon, notre technologie suit donc individuellement chaque molécule et ses changements structurels. En outre, il est possible de mesurer les échanges d’énergie impliqués dans ces changements structurels. En recherche biomédicale, cette capacité peut révolutionner l’étude des interactions entre protéines, ARN, ADN et des interactions impliquées dans la perturbation de mécanismes moléculaires sous-jacents a des maladies.
“Depixus révolutionne la recherche biomédicale avec une précision inégalée dans l’analyse des interactions moléculaires grâce à MAGNA One.”
Comment votre technologie aide-t-elle à mieux comprendre certaines maladies et à développer de nouveaux médicaments ?
Gordon Hamilton : L’un des principaux défis de la recherche biomédicale est de comprendre précisément comment les molécules interagissent dans les processus biologiques. Nos outils permettent d’analyser ces interactions à l’échelle individuelle et en temps réel, ce qui offre une vision plus fine des mécanismes qui sous-tendent certaines maladies. Par exemple, en étudiant comment une protéine se lie à son récepteur dans le cas d’une maladie neurodégénérative, nous pouvons identifier, caractériser, voire révéler des anomalies et concevoir des molécules capables de corriger ces dysfonctionnements. Notre technologie apporte ainsi une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires des pathologies, ce qui accélère la découverte de nouveaux médicaments et améliore leur ciblage.
Votre technologie permet d’observer des milliers de molécules en parallèle. Pourquoi est-ce un atout majeur pour la découverte de médicaments ?
Thibault Vieille : Le développement de nouveaux médicaments candidats passe par une étape de criblage à haut débit suivie d’une sélection fine des molécules les plus prometteuses, en simulant le mécanisme moléculaire impliqué dans la maladie à l’aide de technologies de biophysique et des approches phénotypiques. Contrairement aux technologies classiques qui fournissent une mesure moyenne sur un échantillon global, notre approche analyse chaque interaction moléculaire de manière indépendante et simultanée. Cela permet de détecter des phénomènes rares, des sous-populations de molécules ayant des comportements différents, et optimise la sélection des meilleures molécules, réduisant ainsi les risques d’échec dans les phases ultérieures du développement pharmaceutique.
Travaillez-vous déjà avec des laboratoires ou des entreprises pharmaceutiques ?
Gordon Hamilton : Oui, nous avons des collaborations avec des instituts de recherche académique et des entreprises pharmaceutiques. Notre technologie suscite un grand intérêt, car elle apporte des réponses à des défis scientifiques jusqu’ici non résolus. Nous avons déjà mené des études avec plusieurs partenaires pour affiner l’identification de molécules candidates et améliorer la compréhension de certains mécanismes biologiques.
Avez-vous des projets de levée de fonds pour accélérer votre développement ?
Gordon Hamilton : Absolument. Après une phase de financement en 2020–2021 supportant le développement de notre première génération de produit, nous avons récemment lancé une levée de fonds de série B. Notre objectif est d’accélérer la commercialisation de notre technologie et de poursuivre le développement d’applications futures. Nous cherchons des investisseurs capables de soutenir cette phase cruciale et de nous accompagner vers une expansion internationale.
Comment voyez-vous l’avenir de Depixus et de votre technologie ?
Thibault Vieille : Notre ambition est de faire de Depixus un acteur clé dans la recherche biomédicale. À court terme, nous allons continuer d’améliorer notre technologie et d’élargir notre base de clients. À moyen et long terme, nous voudrons relancer le développement de nouvelles applications, que nous avons largement exploré et dérisqué au cours de nos années de recherche. Un des domaines où la technologie de spectroscopie de force magnétique pourrait être d’un grand intérêt est la médecine personnalisée, où notre capacité à analyser des interactions moléculaires rares pourrait se révéler très utile.
Votre technologie pourrait-elle un jour permettre des avancées dans d’autres domaines que celui de la santé ?
Gordon Hamilton : D’un point de vue plus « technologique » (par opposition au point de vue « produit »), il faut bien comprendre que la spectroscopie de force magnétique est avant tout une technologie de spectroscopie, et qu’on pourrait en réalité développer un grand nombre de protocoles pour installer et analyser des molécules de type très différents. Nous pensons qu’une meilleure compréhension de la manière dont les molécules individuelles interagissent peut avoir des applications qui vont bien au-delà du domaine biomédical. Nous pouvons imaginer, par exemple, que MAGNA pourrait être utilisé à l’avenir pour caractériser la façon dont les molécules interagissent avec les revêtements de surface spécialisés nécessaires à de nombreuses technologies, ou pour le développement d’enzymes améliorées impliquées dans les processus industriels.
Qu’est-ce que la Spectroscopie de Force Magnétique ?
La Spectroscopie de Force Magnétique est une technologie qui permet d’observer en temps réel comment des molécules biologiques interagissent sous l’effet d’une force magnétique. Contrairement aux techniques classiques qui mesurent un signal global, elle suit individuellement chaque molécule et en analyse les comportements dynamiques. Cette approche offre une vision plus fine et détaillée des mécanismes moléculaires.