Lendosphere

Démocratiser le financement participatif de la transition énergétique

Dossier : Supplément : Fintech & croissanceMagazine N°785 Mai 2023
Par Laure VERHAEGHE

Pour rele­ver les défis que posent la décar­bo­na­tion de nos éco­no­mies, la sou­ve­rai­ne­té éner­gé­tique et la lutte contre le dérè­gle­ment cli­ma­tique, le finan­ce­ment de la tran­si­tion éner­gé­tique joue un rôle stra­té­gique. Au tra­vers de Len­dos­phere, Laure Verhae­ghe, Cofon­da­trice et Pré­si­dente de cette pla­te­forme de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif de pro­jets d’énergies renou­ve­lables, per­met aux inves­tis­seurs pri­vés et aux por­teurs de pro­jets de contri­buer de manière concrète à ces enjeux. Elle nous en dit plus dans cet interview.

Comment la plateforme Lendosphere a‑t-elle vu le jour ?

Len­dos­phere a vu le jour fin 2014, à l’époque où le cadre régle­men­taire sur le finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif se met­tait en place. Nous avons créé notre pla­te­forme autour d’une ambi­tion : mettre le finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif au ser­vice de la tran­si­tion éner­gé­tique. Notre objec­tif est de per­mettre au grand public et aux pro­fes­sion­nels de finan­cer des pro­jets d’énergies renou­ve­lables, afin de favo­ri­ser leur ancrage local au cœur des ter­ri­toires, mais aus­si pour que les inves­tis­seurs béné­fi­cient des retom­bées finan­cières de ces pro­jets via la plateforme.

Dans le monde du financement, comment vous positionnez-vous ?

Len­dos­phere est un acteur dédié à la tran­si­tion éner­gé­tique. Notre pla­te­forme 100 % digi­tale contri­bue à démo­cra­ti­ser l’investissement dans les éner­gies renou­ve­lables et donne éga­le­ment la pos­si­bi­li­té aux inves­tis­seurs par­ti­cu­liers de décar­bo­ner leurs investissements.

Concrè­te­ment, nos inves­tis­seurs peuvent choi­sir les pro­jets dans les­quels ils sou­haitent inves­tir : ils s’assurent que leur inves­tis­se­ment finance bien des infra­struc­tures d’énergies renou­ve­lables tout en béné­fi­ciant d’un couple ren­de­ment risque favo­rable, avec des taux de l’ordre de 7 % et une absence de défaut (chiffre 2023).

Pour les por­teurs de pro­jets dans les éner­gies renou­ve­lables, c’est la pos­si­bi­li­té d’avoir accès à un finan­ce­ment réac­tif et com­pé­ti­tif tout en appor­tant un volet extra-finan­cier impor­tant. Côté finan­ce­ment, nous cou­vrons des besoins prin­ci­pa­le­ment en dette, allant jusqu’à 8 mil­lions d’euros (notre maxi­mum régle­men­taire) pour accom­pa­gner la crois­sance des entre­prises ou accé­lé­rer la construc­tion des infra­struc­tures d’énergie renou­ve­lable qu’elles déve­loppent. Le fait que ces pro­jets soient finan­cés par le grand public contri­bue à leur appro­pria­tion sur le ter­rain. C’est alors un vec­teur de péda­go­gie et d’implication des inves­tis­seurs qui ont la pos­si­bi­li­té de flé­cher leurs inves­tis­se­ments vers le pro­jet de leur territoire.

Depuis sa créa­tion, Len­dos­phere a contri­bué à lever plus de 200 mil­lions d’euros. Plus de 450 pro­jets d’énergies renou­ve­lables dans le solaire, l’éolien, les réseaux de cha­leur, la bio­masse ou encore la métha­ni­sa­tion ont ain­si béné­fi­cié de ces fonds. Len­dos­phere s’appuie sur une base de plus de 25 000 inves­tis­seurs qui aug­mente chaque année de près de 40 % en moyenne. Enfin, Len­dos­phere fait par­tie de la socié­té de ges­tion 123 IM, acteur his­to­rique de l’investissement pri­vé dans l’économie réelle, et qui inves­tit via le fonds 123 Tran­si­tion Ener­gé­tique aux côtés des par­ti­cu­liers dans cer­tains pro­jets mis en ligne.

Concrètement, comment fonctionne Lendosphere ?

Les inves­tis­seurs par­ti­cu­liers peuvent pla­cer leur épargne à par­tir de 50 euros sans frais dans les pro­jets d’énergies renou­ve­lables qu’ils choi­sissent en ligne sur le site, et dont le finan­ce­ment a été ana­ly­sé et struc­tu­ré par nos équipes. Il faut au préa­lable s’inscrire, en quelques clics, et four­nir trois docu­ments (jus­ti­fi­ca­tifs d’identité, de domi­cile et RIB). Le cré­dit du compte Len­dos­phere se fait par carte ou vire­ment, puis les rem­bour­se­ments sont per­çus direc­te­ment sur ce compte et peuvent être réin­ves­tis ou récu­pé­rés vers son compte ban­caire. En termes de fis­ca­li­té, c’est le pré­lè­ve­ment for­fai­taire unique qui s’applique, et Len­dos­phere four­nit chaque année leur impri­mé fis­cal unique aux inves­tis­seurs. Plus de 75 % des inves­tis­seurs sont récur­rents (ils ont inves­ti dans plu­sieurs pro­jets) et le ticket moyen inves­ti s’élève à 1 700 euros.

Sur quels critères sélectionnez-vous les projets financés via Lendosphere ?

Nous accom­pa­gnons uni­que­ment des pro­jets por­tés par de belles PME / ETI ou des filiales de grands groupes fran­çais. Nous les sélec­tion­nons pour leur soli­di­té, leur expé­rience et la struc­tu­ra­tion finan­cière des pro­jets qui font l’objet d’analyses tech­niques, finan­cières et juri­diques pous­sées. Au-delà, nous nous inté­res­sons en prio­ri­té à des tech­no­lo­gies matures, notam­ment l’éolien et le solaire, qui offrent une bonne visi­bi­li­té sur leur ren­ta­bi­li­té et via­bi­li­té. À date, nous n’avons aucun défaut sur l’ensemble des pro­jets que nous avons accom­pa­gnés et avons rem­bour­sé 75 mil­lions d’euros de capi­tal et ver­sé 12 mil­lions d’euros d’intérêt.

En quoi le modèle et l’approche de Lendosphere sont-ils différenciants aussi bien pour les investisseurs que les porteurs de projets ?

Le pre­mier vec­teur de dif­fé­ren­cia­tion de Len­dos­phere est son posi­tion­ne­ment exclu­sif sur le finan­ce­ment de la tran­si­tion éner­gé­tique. Côté inves­tis­seur, notre prin­ci­pale dif­fé­rence réside dans le fait que nous leur don­nons la pos­si­bi­li­té d’investir direc­te­ment dans des actifs réels et tan­gibles : les éner­gies renouvelables.

Les inves­tis­seurs béné­fi­cient ain­si d’une mesure pré­cise de l’impact de leurs pla­ce­ments, tant en termes de puis­sance ins­tal­lée (MW), de pro­duc­tion renou­ve­lable réa­li­sée (MWh) et de tonnes de CO2 évi­tées – ce qui répond à une attente crois­sante de trans­pa­rence et de clar­té sur les pla­ce­ments « verts ». Nous accor­dons aus­si une atten­tion par­ti­cu­lière à l’ancrage local des pro­jets que nous finan­çons. Une par­tie des cam­pagnes de finan­ce­ment est réser­vée « géo­gra­phi­que­ment » afin de per­mettre aux rive­rains des pro­jets d’investir en prio­ri­té et de deve­nir des finan­ceurs de la tran­si­tion éner­gé­tique de leur territoire.

Pour les por­teurs de pro­jets, c’est la pos­si­bi­li­té de mobi­li­ser de façon réac­tive des finan­ce­ments de 100 000 à 8 mil­lions d’euros, cou­vrant un éven­tail assez large de besoins qui cor­res­pondent à la forte crois­sance du sec­teur (finan­ce­ment bridge, cor­po­rate, mez­za­nine notamment).

Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché en très forte croissance ?

Le finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif des éner­gies renou­ve­lables est un mar­ché qui a repré­sen­té plus de 300 mil­lions d’euros en 2022, soit une crois­sance de 57 % en un an. Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, Len­dos­phere a levé plus de 200 mil­lions depuis sa créa­tion en 2014, dont un tiers en 2022 ! Depuis le début de l’année 2023, la col­lecte sur Len­dos­phere est déjà deux fois supé­rieure à la col­lecte réa­li­sée l’an der­nier sur la même période.

Cette crois­sance s’explique notam­ment par le fait que le finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif répond avec per­ti­nence aux attentes des inves­tis­seurs en matière de décar­bo­na­tion de leur por­te­feuille, et des por­teurs de pro­jet pour les­quels c’est un levier de finan­ce­ment éprou­vé dans un contexte lar­ge­ment favo­rable à l’investissement dans des actifs réels verts. En effet, le cadre régle­men­taire, l’accélération de la lutte contre le dérè­gle­ment cli­ma­tique, la ques­tion stra­té­gique de la sou­ve­rai­ne­té éner­gé­tique ont don­né un nou­vel élan à ce sec­teur des éner­gies renou­ve­lables – sec­teur très capi­ta­lis­tique auquel le finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif apporte une brique intéressante.

Alors que ce mar­ché va pour­suivre sa très forte crois­sance afin que notre pays puisse atteindre les objec­tifs fixés en matière de décar­bo­na­tion de l’économie et, in fine, de neu­tra­li­té car­bone, nous visons une crois­sance annuelle moyenne com­pris entre 50 et 100 %. En 2022, nous avons créé un pre­mier fonds dédié à la tran­si­tion éner­gé­tique avec 123 M et, cette année, nous en lan­çons un second pour pour­suivre notre mon­tée en puissance.

Dans cette démarche, quels sont vos enjeux ?

Au cœur de nos enjeux se retrouvent la ques­tion de la démo­cra­ti­sa­tion du finan­ce­ment pri­vé des éner­gies renou­ve­lables ain­si que celle de l’investissement dit « à impact ». Nous enre­gis­trons aujourd’hui une base de plus de 25 000 inves­tis­seurs, une « goutte d’eau » dans le mar­ché colos­sal de l’épargne fran­çaise. Notre prio­ri­té est de faire connaître de manière plus large notre solu­tion de finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif, qui est acces­sible à des pro­fils très diver­si­fiés d’investisseurs, tant par­ti­cu­liers que pro­fes­sion­nels, tout en étant un vec­teur de péda­go­gie sur les enjeux de la tran­si­tion énergétique.

Les enjeux de finance verte sont aujourd’hui essen­tiels, tant pour les inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels – pour les­quels ce sujet est deve­nu cen­tral dans toute logique d’investissement, avec de vrais leviers mis en place pour encou­ra­ger les ges­tion­naires de fonds dans leur démarche RSE – que pour les inves­tis­seurs par­ti­cu­liers, qui demandent éga­le­ment un sui­vi pré­cis de l’impact de leurs pla­ce­ments. Dans cet uni­vers, nous struc­tu­rons des outils de mesure et des poli­tiques d’investissement qui répondent à ces enjeux cru­ciaux pour une finance réel­le­ment au ser­vice de la tran­si­tion énergétique.

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