La fonte des glaciers, preuve du réchauffement climatique

Décarbonner l’Europe : un programme d’avenir

Dossier : ExpressionsMagazine N°727 Septembre 2017
Par Jean-Marc JANCOVICI (81)
Par Romain GRANDJEAN

The Shift Pro­ject, think-tank de la tran­si­tion car­bone, lance le Mani­feste pour décar­bo­ner l’Europe. Il s’a­git de neuf pro­po­si­tions, dont la fai­sa­bi­li­té a été véri­fiée, et qui per­met­trait à l’Eu­rope de se relan­cer, de recou­vrer son indé­pen­dance et d’of­frir aux Euro­péens de quoi réen­chan­ter leur avenir. 

À l’heure où sont écrites ces lignes, Emma­nuel Macron vient d’être élu pré­sident de la République. 

Il ne fait aucun doute que sa tâche est immense, et que les actions entre­prises sur le plan du cli­mat et de la pré­ser­va­tion des res­sources pen­dant ce quin­quen­nat seront déci­sives – ou pas – pour l’avenir de la France et de l’Europe.

UNE CROISSANCE HISTORIQUEMENT CARBONÉE

D’abord marquée par l’exploitation du charbon (1re révolution industrielle, qui voit en outre à la fin du XIXe siècle l’émergence de l’électricité), la consommation d’énergie augmente très significativement à partir de la fin des années 1940 avec l’exploitation accélérée du pétrole et du gaz naturel (2e révolution industrielle).
Ainsi, entre 1900 et 2010, la consommation d’énergie primaire par habitant dans le monde a été multipliée par 5 ! Pendant l’année 2015, ce sont près de 13 150 Mtep d’énergie primaire qui ont été consommées dans le monde, dont 32 % de pétrole, 23 % de gaz et 30 % de charbon.

ÉNERGIE ET CROISSANCE SONT LIÉES

Une socié­té humaine peut être consi­dé­rée comme un sys­tème qui extrait, trans­forme, tra­vaille, et déplace des res­sources miné­rales ou bio­lo­giques pui­sées dans l’environnement, afin de pro­duire les biens et les ser­vices que les indi­vi­dus dési­rent consom­mer pour satis­faire leurs besoins. 

Dès lors, la décou­verte puis l’usage crois­sant d’énergie pri­maire, l’accroissement de la pro­duc­ti­vi­té du tra­vail qui en découle grâce à l’usage de machines en rem­pla­ce­ment de nos modestes muscles, puis l’augmentation de tous les flux phy­siques qui sous-tendent l’activité pro­duc­tive, ont joué un rôle de pre­mier ordre dans l’expansion éco­no­mique, sociale et démo­gra­phique des socié­tés humaines. 

“ Depuis 200 ans, nos sociétés ont dimensionné leur expansion sur le paramètre énergie ”

Aus­si, depuis près de 200 ans, nos socié­tés ont dimen­sion­né leur expan­sion sur le para­mètre « énergie ». 

L’activité indus­trielle (la métal­lur­gie, essen­tiel­le­ment) et plus récem­ment le numé­rique (l’économie dite « déma­té­ria­li­sée » est très vorace en éner­gie), l’aménagement du ter­ri­toire, le com­merce avec le rac­cour­cis­se­ment des dis­tances et du temps, l’augmentation des ren­de­ments agri­coles, mais aus­si les avan­cées sociales (confort maté­riel, pro­grès médi­caux, etc.), ne sont ni plus ni moins les consé­quences de l’abondance éner­gé­tique, essen­tiel­le­ment d’origine fos­sile : à titre d’exemple, plus de 85 % de l’énergie pri­maire consom­mée dans le monde est aujourd’hui d’origine fossile. 

La réa­li­té phy­sique qui relie déve­lop­pe­ment et volume d’énergie se tra­duit éga­le­ment très bien d’un point de vue éco­no­mique au sens pre­mier du terme. 

La rela­tion entre le volume d’énergie consom­mée et les varia­tions du PIB est assez éton­nante et illustre à quel point le fac­teur « éner­gie » – c’est-à-dire le parc de machines en acti­vi­té – joue un rôle cen­tral dans l’économie – c’est-à-dire la comp­ta­bi­li­sa­tion moné­taire de la trans­for­ma­tion opé­rée par le sys­tème productif. 

On observe une super­po­si­tion his­to­rique des périodes de forte crois­sance éco­no­mique avec les périodes de forte crois­sance « éner­gé­tique ». Il en va de même des périodes de ralentissement. 

UNE INFLUENCE SUR LE CLIMAT SUSPECTÉE DE LONGUE DATE

Depuis longtemps déjà, les conséquences de l’accroissement massif de la concentration de GES dans l’atmosphère sont connues : par « effet de serre », ces émissions alimentent le réchauffement climatique dans des proportions alarmantes.
Au-delà des découvertes d’Arrhenius qui datent de la fin du XIXe siècle, cet état de fait suscite déjà de véritables inquiétudes scientifiques dès 1953, avec le rapport Energy in the future de Palmer Cosslett Putnam, puis de larges préoccupations collectives depuis la fin des années 1960, et des quasi-certitudes depuis le sommet de Rio en 1992.

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, les deux pre­miers chocs pétro­liers, qui entraînent un ralen­tis­se­ment dans la crois­sance de l’énergie consom­mée par per­sonne, coïn­cident avec l’apparition, dans tous les pays indus­tria­li­sés et indé­pen­dam­ment du pou­voir en place, d’un ralen­tis­se­ment de la crois­sance, d’une baisse struc­tu­relle de la pro­duc­ti­vi­té et des niveaux de taux d’intérêt réels, ain­si que d’un endet­te­ment crois­sant de l’État et des ménages. 

Notons enfin qu’en paral­lèle la faible pro­gres­sion de l’efficacité éner­gé­tique de l’économie (infé­rieure à 1 % par an depuis 1960 dans le monde ; on observe même un tas­se­ment depuis le début des années 2000) ne per­met pas de com­pen­ser le ralen­tis­se­ment de la consom­ma­tion d’énergie.

Nos socié­tés sont donc très dépen­dantes de la quan­ti­té d’énergie dont elles dis­posent, et plus par­ti­cu­liè­re­ment des sources hydro­car­bo­nées d’énergie, dont la part dans la consom­ma­tion d’énergie pri­maire est très éle­vée pour la plu­part des pays. 

Il faut tirer de ce qui pré­cède deux consé­quences fon­da­men­tales que notre nou­veau Pré­sident doit avoir à l’esprit parce qu’elles engagent plus que toute autre chose l’avenir de la France et de l’Europe.

NOTRE CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE INFLUE SUR LE CLIMAT

L’usage (prin­ci­pa­le­ment par com­bus­tion) de telles quan­ti­tés d’hydrocarbures engendre l’émission de quan­ti­tés consi­dé­rables de CO2 dans l’atmosphère (35 GtCO2 de CO2 en 2013, hors UTCF). 


Les indices qui témoignent d’un réchauf­fe­ment sont plé­tho­riques et de plus en plus sen­sibles. © SERG_DID / FOTOLIA.COM

Les indices qui témoignent de ce réchauf­fe­ment sont plé­tho­riques et de plus en plus sen­sibles (records de tem­pé­ra­ture, périodes de séche­resse excep­tion­nelles, accé­lé­ra­tion de l’élévation du niveau des océans, recul des glaciers). 

Qu’on le veuille ou non, il affec­te­ra signi­fi­ca­ti­ve­ment nos socié­tés ain­si que notre envi­ron­ne­ment et s’accompagnera de troubles qui par ailleurs ont déjà com­men­cé. Sous peine de subir les consé­quences impré­vi­sibles et très pro­ba­ble­ment dra­ma­tiques aux­quelles l’inaction nous condam­ne­rait, nous devons réduire mas­si­ve­ment nos émis­sions de GES afin de limi­ter au maxi­mum le réchauf­fe­ment cli­ma­tique (par rap­port à la période préindustrielle). 

L’objectif des 2 °C rete­nu par l’Accord de Paris est, semble-t-il, une cible accep­table et attei­gnable. Pour ce faire, les experts du GIEC consi­dèrent que nous pou­vons encore émettre de l’ordre de 1 000 mil­liards de tonnes de CO2 au total. 

En sui­vant une décrois­sance « douce », cela signi­fie que les émis­sions pla­né­taires doivent être divi­sées par 3 d’ici à 2050, soit en gros d’ici à ce que nos enfants aient notre âge. Elles doivent éga­le­ment deve­nir nulles avant 2100. 

“ Une baisse continue de notre consommation d’énergies fossiles est inévitable ”

Pour y par­ve­nir, le déclen­che­ment immé­diat d’une baisse conti­nue de notre consom­ma­tion d’énergies hydro­car­bo­nées est inévitable. 

Les Euro­péens ont, comme les autres pays du monde, le devoir de prendre leurs res­pon­sa­bi­li­tés. Avec près de 4 mil­liards de tonnes équi­valent car­bone en 2014 (soit 8 % des émis­sions mon­diales) essen­tiel­le­ment liées à l’utilisation d’énergies fos­siles (77,6 %), essen­tiel­le­ment car­bo­nées, l’Europe demeure un gros émet­teur. Comme toutes les régions du monde, elle subi­ra d’autant plus les consé­quences du réchauf­fe­ment cli­ma­tique que l’action sera tar­dive et inadaptée. 

LA RESSOURCE ÉNERGÉTIQUE S’ÉPUISE

Face à cet enjeu, l’Europe est très vul­né­rable. Cela tient notam­ment à la fois à son mix d’énergie pri­maire très car­bo­né – même en France – et de la forte dépen­dance des pays membres en matière d’approvisionnement éner­gé­tique (à l’égard de la Rus­sie, et des pays du Golfe notamment). 

Tan­dis que près de 75 % de l’énergie pri­maire consom­mée en Europe est d’origine fos­sile, le taux de dépen­dance éner­gé­tique vis-à-vis du pétrole, du gaz et du char­bon est éga­le­ment très éle­vé (res­pec­ti­ve­ment de 75 %, 39 % et 45,6 % en 2014). 

LE GAZ RUSSE N’EST PAS LA SOLUTION

La Russie exporte 20 % du gaz qu’elle produit, ce qui représente 60 % des exportations russes (près de 190 Mtep en 2015) et 50 % des importations de gaz de l’UE28 et de la Norvège.
Pour compenser un déclin observé de 12 % par an du niveau de la ressource en gaz de la mer du Nord, il faudrait tripler les livraisons russes (représentant 50 % de la production du pays). Par ailleurs, la production russe est relativement stable depuis vingt ans (+0,3 % en moyenne).
Il y a donc peu de chances que la solution se trouve du côté russe.

En matière de dis­po­ni­bi­li­té de l’énergie, notam­ment fos­sile, la situa­tion va-t-elle s’améliorer à l’avenir ?

En ce qui concerne le pétrole, les indi­ca­teurs ne sont pas très encou­ra­geants. Pour com­men­cer, le pétrole est une éner­gie de stock et sa pro­duc­tion connaî­tra inévi­ta­ble­ment un pic. Cette pro­duc­tion – toutes caté­go­ries confon­dues – est en légère crois­sance (+1,2 % par an depuis 2000) au niveau mon­dial. Cepen­dant, la pro­duc­tion de pétrole dit « conven­tion­nel » (incluant l’offshore pro­fond) semble déjà avoir atteint un pla­teau, et l’accroissement de la pro­duc­tion est essen­tiel­le­ment lié à l’exploitation des sables bitu­mi­neux cana­diens, des pétroles de roche-mère amé­ri­cains et des conden­sats issus du gaz (GNL).

Avec toutes les pré­cau­tions requises, force est de consta­ter que les décou­vertes récentes, notam­ment au Bré­sil ou en Ango­la (envi­ron 50 mil­liards de barils), ou encore les pétroles de roche-mère (420 mil­liards de barils) paraissent faibles au regard des 40 mil­liards de barils par an décou­verts depuis qua­rante ans. 

Or, si la pro­duc­tion est rela­ti­ve­ment stable et que par ailleurs la popu­la­tion mon­diale aug­mente, cela conduit méca­ni­que­ment à la baisse de la consom­ma­tion pos­sible par per­sonne. Plus pré­ci­sé­ment, les pays émer­gents et les pays pro­duc­teurs, qui sont par­fois les mêmes, aug­mentent leur consom­ma­tion par per­sonne, ce qui dimi­nue la quan­ti­té de pétrole dis­po­nible pour les impor­ta­teurs his­to­riques, notam­ment européens. 

LE GAZ NE POURRA PAS SE SUBSTITUER AU CHARBON ET AU PÉTROLE

En ce qui concerne le gaz, la situa­tion n’est pas beau­coup plus favo­rable. L’Europe consomme envi­ron 360 Mtep/an de gaz dont près de 60 % sont pro­duites à par­tir des champs de la mer du Nord. Cette pro­duc­tion est en déclin et devrait décroître encore de 5 à 10 % par an (soit 12 à 25 Mtep/an).

À la dif­fé­rence du pétrole, le gaz est une res­source éner­gé­tique dont le trans­port sur de longues dis­tances est dif­fi­cile (5 à 10 fois plus cher par kilo­watt­heure trans­por­té que le pétrole). En 2015, seule­ment 30 % du gaz pro­duit passe une fron­tière contre 65 % pour le pétrole. Le GNL ne repré­sente, quant à lui, que 10 % de la consom­ma­tion mon­diale, dont près d’un tiers est le seul fait du Japon. 

“ Près de 75 % de l’énergie primaire consommée en Europe est d’origine fossile ”

Ces élé­ments limitent le poten­tiel d’augmentation de l’approvisionnement en pro­ve­nance des pays du Golfe ou d’Asie mineure notamment. 

Qu’en est-il des gaz « non conven­tion­nels » (gaz de roche-mère, gaz de veine de char­bon et gaz de réser­voir com­pact) ? L’exploitation spec­ta­cu­laire de ces réserves de gaz aux États-Unis a sus­ci­té beau­coup d’attention. L’ampleur des res­sources euro­péennes est sujette à de nom­breuses spé­cu­la­tions, mais les élé­ments publics sur les­quels s’appuyer de manière solide sont peu nombreux. 

Et, en tout état de cause, l’exploitation de tels gaz implique des pro­ces­sus de pro­duc­tion par­ti­cu­liers, qui ne peuvent émer­ger que dans cer­taines condi­tions réunies aux États-Unis : envi­ron­ne­ment légis­la­tif et finan­cier favo­rable, tis­su indus­triel dense (com­pa­gnies de forage et de ser­vices pétro­liers), infra­struc­tures de trans­port (par pipe­line ou camion) très développées. 

Force est de consta­ter que le contexte est dif­fé­rent en Europe. Si cette exploi­ta­tion est pos­sible, il est très pro­bable qu’elle ne fera que limi­ter la vitesse de déclin de la pro­duc­tion conventionnelle. 

Ain­si, si rien n’est entre­pris pour rompre notre dépen­dance aux hydro­car­bures, l’approvisionnement éner­gé­tique de l’Europe bais­se­ra struc­tu­rel­le­ment, et avec lui le PIB, ce qui pren­dra au dépour­vu des éco­no­mistes et une classe poli­tique qui aiment à pen­ser que l’infini est de ce monde. 

UN MANIFESTE POUR DÉCARBONER L’EUROPE

La tran­si­tion vers une socié­té décar­bo­née, en France et en Europe est donc une prio­ri­té de tout pre­mier ordre. 

Un pays décarbonné
Pro­po­ser une feuille de route pour réus­sir la tran­si­tion énergétique.
© JOACHIM BEAUVILAIN / FOTOLIA.COM

Décar­bo­ner l’Europe, cela signi­fie déjà oppo­ser une réponse forte et glo­bale aux risques éner­gé­tiques et climatiques. 

Décar­bo­ner l’Europe, c’est ensuite conduire un pro­jet de socié­té cohé­rent et trans­verse qui pour­rait redon­ner sens et corps au pro­jet euro­péen, en panne depuis plu­sieurs années. 

Décar­bo­ner l’Europe, c’est aus­si recou­vrer l’indépendance qui per­met de peser dans les affaires du monde. 

Décar­bo­ner l’Europe, c’est sur­tout offrir aux Euro­péens de quoi réen­chan­ter l’avenir, déga­ger un hori­zon d’espoir, fixer un but sur lequel se concentrer. 

C’est là tout l’esprit du Mani­feste pour décar­bo­ner l’Europe ini­tié par The Shift Pro­ject, le think-tank de la tran­si­tion carbone. 

Alors que l’année 2017 est cru­ciale pour l’avenir de l’UE compte tenu des élec­tions en France, en Alle­magne, et aux Pays-Bas, il importe que ces sujets ne soient pas oubliés dans les débats. Cet appel vise donc à mobi­li­ser les acteurs de l’Europe – citoyens, socié­té civile, entre­prises, pou­voirs publics – à entre­prendre au plus vite les actions cohé­rentes et concrètes à la mesure du défi cli­ma­tique et énergétique. 

Depuis le lan­ce­ment du Mani­feste en mars 2017, nous avons recueilli près de 3 000 signa­tures dont celles de 80 diri­geants de grandes entre­prises (par­mi les­quels Gau­thier Louette (SPIE), Jean-Ber­nard Lévy (EDF), Guillaume Pepy (SNCF), Xavier Huillard (Vin­ci), Mar­tin Bouygues (Bouygues), Sté­phane Richard (Orange), Jean-Domi­nique Senard (Miche­lin), et bien d’autres…), mais aus­si celles de repré­sen­tants d’organisations pro­fes­sion­nelles ain­si que de nom­breuses per­son­na­li­tés du monde aca­dé­mique fran­çais, tra­dui­sant la prise de conscience du monde économique. 

Neuf des onze can­di­dats à la pré­si­den­tielle, dont les deux fina­listes, s’étaient éga­le­ment enga­gés à l’action auprès du Shift Pro­ject. Un mou­ve­ment se lève, il appar­tient main­te­nant au nou­veau Pré­sident et à sa majo­ri­té de le porter. 

NEUF PROPOSITIONS POUR QUE L’EUROPE CHANGE D’ÈRE

Si décar­bo­ner l’Europe est un défi immense, ce doit aus­si être un pro­jet réa­li­sable à l’aide des tech­no­lo­gies exis­tantes, com­pa­tible avec les capa­ci­tés euro­péennes d’investissement, et dont les échéances per­mettent une réorien­ta­tion pro­gres­sive des emplois. 

Dans cet esprit, The Shift Pro­ject s’est éga­le­ment livré à un exer­cice de pro­jec­tion sur ce que pour­rait être une stra­té­gie ambi­tieuse en la matière. 

“ Libérer nos économies de leur dépendance à l’égard du carbone est un défi immense ”

Fruit d’un an de tra­vail, sous la direc­tion de Zey­nep Kah­ra­man (direc­trice des Pro­jets du Shift) et d’André-Jean Gué­rin (X 69, admi­nis­tra­teur du Shift), les « 9 pro­po­si­tions pour que l’Europe change d’ère » regroupent les prin­ci­pales actions incon­tour­nables pour réduire signi­fi­ca­ti­ve­ment les émis­sions de GES de l’Europe.

Elles se foca­lisent sur cinq chan­tiers : la pro­duc­tion d’électricité, la mobi­li­té des indi­vi­dus, la façon dont les bâti­ments sont chauf­fés, iso­lés et construits, l’industrie et l’alimentation.

Cha­cune de ces actions est concrète, réa­liste et chif­frée, tant en matière de poten­tiel de réduc­tion de GES que d’investissements. Les béné­fices poten­tiels pour l’emploi et la vita­li­té de l’économie, mais éga­le­ment pour l’environnement, la san­té et le bien-être géné­ral y sont détaillés. 

Natu­rel­le­ment, ces pro­po­si­tions ne sont ni suf­fi­santes, ni exhaus­tives, et ont voca­tion à être dis­cu­tées. Déli­bé­ré­ment, nous n’avons pas fon­dé ici notre démarche sur des pro­po­si­tions trans­ver­sales, qui n’en demeurent pas moins indis­pen­sables et que The Shift Pro­ject porte éga­le­ment, telles que l’instauration de prix du car­bone suf­fi­sam­ment éle­vés (notam­ment à tra­vers la réforme du sys­tème euro­péen des quo­tas d’émission de CO2 ), ou encore l’accès à des cré­dits de très long terme et à taux bas afin de finan­cer les inves­tis­se­ments cruciaux. 

Il s’agit de pro­po­ser une feuille de route pour réus­sir la tran­si­tion éner­gé­tique et de lan­cer un appel à appro­fon­dir et à pré­ci­ser les enjeux, mesu­rer les impacts, et éla­bo­rer les plans d’action qui per­met­tront de mener une tran­si­tion contrô­lée et fruc­tueuse : ain­si, il n’est pas ima­gi­nable de pro­po­ser par exemple la fer­me­ture de la filière de géné­ra­tion élec­trique à par­tir du char­bon en Europe sans négo­cier un agen­da détaillé sur l’évolution des cen­taines de mil­liers d’emplois de cette filière. 

Libé­rer nos éco­no­mies de leur dépen­dance à l’égard du car­bone est un défi immense. Le rele­ver n’en est pas moins incon­tour­nable, et est l’une des rares façons de faire retrou­ver à la France sa gran­deur en Europe, et à l’Europe sa place d’inspirateur du monde moderne. 

avec la participation de Sylvain de FORGES (74)

Pour consul­ter les 9 pro­po­si­tions et sou­te­nir le Manifeste

Commentaire

Ajouter un commentaire

Peter Burépondre
29 décembre 2017 à 18 h 57 min

Notre civi­li­sa­tion de croa, croa, croassance

For­mi­dable que même nos diri­geants se mettent à lire ce que les éco­lo­gistes écrivent depuis un demi-siècle au moins. Sans doute pour éco­no­mi­ser leur temps, The Shift Pro­ject (mani­feste fran­çais, mal­gré les appa­rences…) le résume d’une manière très suc­cincte… et, pru­dem­ment, ne s’ex­prime pas sur la néces­si­té d’a­ban­don­ner notre civi­li­sa­tion de croa, croa, croas­sance. Pour l’en­vi­sa­ger, fau­dra-t-il attendre encore 50 ans ?

Répondre