De nouvelles perspectives pour l’industrie spatiale

Dossier : Vie des EntreprisesMagazine N°736 Juin 2018
Par Lionel SUCHET (84)

Vous avez rejoint le CNES dès votre sortie de l’École.
Dites-nous-en plus.

Je suis entré au CNES en 1989 pour tra­vailler sur les vols spa­ti­aux habités en tant que respon­s­able sécu­rité puis Chef de Pro­jet avec notam­ment la créa­tion du CADMOS , cen­tre opéra­tionnel de pré­pa­ra­tion et suivi des vols situé à Toulouse. 

J’ai ensuite été en charge de l’ensemble des pro­jets sci­en­tifiques avant de pren­dre la respon­s­abil­ité de tous les pro­jets de satel­lites du CNES. J’ai ensuite pris la direc­tion adjointe du Cen­tre de Toulouse. 

En 2015, on m’a demandé de met­tre en place une nou­velle direc­tion au CNES : la Direc­tion de l’Innovation des Appli­ca­tions et de la sci­ence et depuis mi 2017 , je suis Directeur Général Délégué. 

Le monde spatial vit une véritable révolution.
Qu’en est-il?

Le domaine spa­tial s’est dévelop­pé autour de 2 piliers stratégiques : la sci­ence et la défense. D’ailleurs, nos min­istères de tutelle sont le Min­istère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation et le Min­istère des Armées. 

Aujourd’hui, l’observation de la Terre et la nav­i­ga­tion per­me­t­tent de plus en plus d’applications et ne con­cer­nent plus unique­ment ces deux sujets. Nous dévelop­pons des mis­sions de plus en plus divers­es qui répon­dent à des enjeux socié­taux et appor­tent des solu­tions dans des domaines très var­iés ; agri­cul­ture, amé­nage­ment du ter­ri­toire, sécu­rité, trans­port, san­té, tourisme… 

Cette évo­lu­tion de nos activ­ités expose le domaine à la con­cur­rence inter­na­tionale donc aux impérat­ifs de com­péti­tiv­ité et de réduc­tion des coûts. En une quin­zaine d’années, nous sommes passés de 4 à 5 puis­sances spa­tiales à plusieurs dizaines de pays qui se posi­tion­nement sur ce secteur. 

Comment cela vous impacte-t-il?

L’évolution du con­texte nous pousse à nous remet­tre en ques­tion : com­ment posi­tion­ner une agence et un cen­tre tech­nique comme le CNES dans ce nou­veau panora­ma ? Com­ment con­tin­uer à apporter de la valeur ajoutée dans ce nou­veau sys­tème ? Com­ment s’interfacer avec des acteurs et des util­isa­teurs de plus en plus variés ? 

Dans un écosys­tème com­plète­ment ouvert, nous sommes face à des enjeux forts de com­péti­tiv­ité, de réac­tiv­ité, d’industrialisation de la tech­nolo­gie et de change­ment d’échelle. En par­al­lèle, nos domaines his­toriques, notam­ment la défense, vont pou­voir tir­er prof­it de cette nou­velle dynamique. 

Et en sci­ences, nous sommes posi­tion­nés sur des mis­sions de plus en plus ambitieuses. Nous réal­isons de nom­breuses mis­sions dans le cadre de l’Agence Spa­tiale Européenne ou en coopéra­tion bilatérale avec la NASA notam­ment pour l’exploration ou l’océanographie opéra­tionnelle mais nous coopérons aus­si avec des dizaines de pays très différents. 

Cette explo­sion des pos­si­bles pose la ques­tion de la ges­tion de nos ressources. En tant qu’agence nationale, nous nous devons de répon­dre à tous ces enjeux et cela néces­site une évo­lu­tion de nos métiers, de nos proces­sus et de nos modes d’intervention.

Quels sont les sujets qui vous mobilisent à l’heure actuelle?

Nous tra­vail­lons beau­coup sur Ari­ane 6 qui est en cours de développe­ment avec pour ambi­tion de nous posi­tion­ner dès main­tenant sur les lanceurs de demain. 

Nous sommes aus­si très mobil­isés autour du change­ment cli­ma­tique avec un axe autour des océans, la mesure des gaz à effet de serre, la ges­tion de l’eau, des prévi­sions météo… 

Nous dévelop­pons avec nos parte­naires des satel­lites pour pou­voir sur­veiller tous ces phénomènes, mais aus­si des solu­tions pour opti­miser le traite­ment et le partage des don­nées collectées. 

Nous util­isons cette con­nais­sance de la don­née spa­tiale afin de pro­pos­er des solu­tions dans d’autres domaines aus­si divers que le B T P ou encore l’agriculture de pré­ci­sion. 67

Poster un commentaire