De l’Afrique toujours il sort du nouveau

Dossier : L'AfriqueMagazine N°716 Juin/Juillet 2016
Par Alain HENRY (73)

Le conti­nent sus­cite un regain d’espoirs pour ses res­sources natu­relles. Mais des besoins humains consi­dé­rables sont à satis­faire et de jeunes entre­pre­neurs afri­cains prennent les rênes de ce déve­lop­pe­ment. Pour atti­rer les inves­tis­seurs les ins­ti­tu­tions doivent ins­pi­rer la confiance. 

Ex Afri­ca sem­per ali­quid novi, disait Pline l’Ancien. La for­mule semble à nou­veau d’actualité. Le conti­nent sus­cite un regain d’espoirs, du fait du rebond éco­no­mique de plu­sieurs pays subsahariens. 

Depuis quinze ans, leur crois­sance approche celle des pays asia­tiques. Ils attirent une vague d’investissements étran­gers sans pré­cé­dent. La pau­vre­té y est en net recul. 

On songe alors au poten­tiel que recèle le conti­nent, non pas seule­ment pour ses res­sources natu­relles, mais en rai­son des besoins humains consi­dé­rables à satis­faire, et des com­pé­tences nou­velles qui en émergent. 

“ L’enjeu de gouvernance institutionnelle est majeur ”

De jeunes entre­pre­neurs afri­cains en sont les cou­ra­geux défricheurs. 

Simul­ta­né­ment des fra­gi­li­tés demeurent. Le Sahel est pro­fon­dé­ment désta­bi­li­sé. De vastes régions res­tent pri­vées des ser­vices de base (édu­ca­tion, san­té, éner­gie, etc.). Les ins­ti­tu­tions sont incer­taines, et les démo­cra­ties pas si évidentes. 

La crise Ebo­la est révé­la­trice sur­tout d’un double défi­cit d’infrastructures et de gou­ver­nance. On s’interroge sur les déter­mi­nants de la crois­sance pour en com­prendre la solidité. 

Les Afriques diverses, devrait-on dire. Suc­cès et han­di­caps se côtoient. Tel est le point de départ de ce dos­sier. Les articles, for­cé­ment trop courts, dégagent quelques belles vues pers­pec­tives sur les poten­tiels et sur les dif­fi­cul­tés à sur­mon­ter. Je ne ten­te­rai pas de les résumer. 

Leurs regards sont contras­tés. Ils pointent des déter­mi­nants majeurs : la tran­si­tion démo­gra­phique, le par­tage du fon­cier, la moder­ni­sa­tion agri­cole, la gou­ver­nance urbaine, l’énergie pour tous, le pou­voir du numérique. 

Et la gou­ver­nance, dont le prin­ci­pal objet est la confiance. En juillet 2014, la très popu­laire ministre des Finances nigé­riane, Mme Ngo­zi Okon­jo-Iwea­la, décla­rait à des chefs d’entreprise fran­çais que le bateau des inves­tis­se­ments en Afrique n’avait pas encore quit­té le port, mais qu’il avait lar­gué les amarres et que ceux qui n’avaient pas embar­qué n’auraient pas part au voyage. 

Ce dis­cours – mêlant séduc­tion et menace – fait repo­ser la confiance sur un prin­cipe de loyau­té, plu­tôt que sur la force des règles (le bateau est-il bien gou­ver­né ?). Cela paraît fragile. 

Plus récem­ment, le gou­ver­neur de la Banque cen­trale du Kenya a recon­nu avoir pla­cé une banque sous tutelle, à cause notam­ment d’un tweet « mal­veillant » évo­quant une fraude. 

Tant que la rumeur peut consti­tuer un fait de ges­tion offi­ciel, la méfiance peut l’emporter.

Il s’agit aus­si de bâtir des ins­ti­tu­tions, appro­priées à ces contextes cultu­rels, de façon à réduire peu à peu le risque de méfiance. L’enjeu de gou­ver­nance ins­ti­tu­tion­nelle est majeur. 

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