De la musique avant toute chose

« De la musique avant toute chose, »

Dossier : Le mot du présidentMagazine N°806 Juin 2025
Par Loïc ROCARD (X91)

L’année se ter­mine, c’est l’heure de la pause esti­vale pour La Jaune et la Rouge et le point d’orgue de la sai­son sera ce dos­sier sur Poly­tech­nique et la musique. La musique est le seul art à pou­voir se don­ner à tout ins­tant. Paul Valé­ry disait qu’elle était, « de tous les arts, le plus deman­dé, le plus mêlé à l’existence sociale ». Parce qu’elle englobe les rythmes de nos mou­ve­ments, les mou­ve­ments de nos voix, l’ensemble des bruits, et que par nature elle envi­ronne, qu’elle (nous) baigne. La ques­tion qui titille d’emblée est de savoir de quoi on parle quand on dit musique ; quel pay­sage de sons l’on entend par­mi les nom­breux qui colorent les uni­vers men­taux d’à peu près toute l’humanité depuis que le monde est monde.

En l’occurrence c’est de musique dite clas­sique qu’il est ques­tion sous les plumes éclai­rées des auteurs ici ras­sem­blés. L’ensemble que les anciens nom­maient « grande musique », qui ne repré­sente qu’une part infime de la consom­ma­tion de ce qui s’appelle musique, aurait-il vrai­ment des zones de recou­vre­ment avec celui des poly­tech­ni­ciens ? Davan­tage que quelques com­po­si­teurs et autant d’interprètes qui sont pas­sés par le Pla­teau ou la Mon­tagne, excep­tions – dont vous ver­rez appa­raître au fil de votre lec­ture cer­tains repré­sen­tants dis­tin­gués voire illustres – qui confirment le constat que les pour­voyeurs de chefs‑d’œuvre artis­tiques ou lit­té­raires ne sont pas pas­sés par Poly­tech­nique, ce qui rap­proche l’image de l’X de cette musique de filia­tion vient de son carac­tère aca­dé­mique, ouvra­gé, pas étran­ger au fait qu’elle soit par­fois appe­lée savante.

« La musique est le seul art à pouvoir se donner à tout instant. »

Qu’on en soit audi­teur mélo­mane ou pra­ti­cien, ama­teur ou au-delà, il s’agit d’une dis­ci­pline avant de deve­nir un plai­sir, qui passe par la for­ma­tion, l’attention, l’assiduité. Et aus­si par l’héritage tiens-tiens. En fait la musique irrigue et se nour­rit là où l’apprentissage est un axe fort et le tra­vail à la mai­son la rou­tine. Pas éton­nant qu’il y ait un grand nombre de musi­ciens pra­ti­quants dans les pro­mo­tions. Pas éton­nant non plus si les ins­tru­men­tistes sont plus sou­vent qu’à leur tour enfants de musi­ciens, de même que les X ont une cer­taine ten­dance à se repro­duire en ligne directe. Glis­sons que dans notre pays le domaine musi­cal n’est pas dépour­vu de biais de genre (aux filles la harpe et les flûtes, aux gar­çons les per­cus­sions et les pupitres de cuivre), ce serait un autre point com­mun si l’on veut avec celui des sciences.

S’il faut nom­mer un point de ren­dez-vous entre la Com­mu­nau­té X et la musique, c’est bien le Bal. Le 16 mai c’était le 133e et que la fête fut belle ! Le corps de bal­let de l’opéra de Paris jouait Syl­via, clas­sique du genre et rémi­nis­cence loin­taine d’une double pre­mière fois : Syl­via a été créé au Palais Gar­nier lors d’une soi­rée esti­vale de 1876 qui voyait aus­si la pre­mière appa­ri­tion d’un spec­tacle de bal­let sur cette scène, à peine inau­gu­rée et pleine de pro­messes. Dif­fi­cile donc d’être plon­gé dans du plus tra­di que l’autre soir, au cœur de la beau­té tape-à‑l’œil du der­nier xixe. Mais l’œcuménisme régnait comme chaque fois ; entre la par­ti­tion de Delibes, la cho­rale des élèves, le musette, et toutes les nuances de genre et de volume d’un bon Styx, il ne man­quait aucun style musi­cal pour que la nuit fût complète.

Oyez (rou­le­ment de tam­bour) ! Le 23 juin se tien­dra notre assem­blée géné­rale à la Mai­son des X (ou sur connexion), ce sera le moment de reve­nir sur quelques évé­ne­ments de l’année pour notre asso­cia­tion qui se porte bien, de pré­sen­ter les pre­miers fruits des inno­va­tions Télé­maque et Mathé­ma­tix, et de dévoi­ler les résul­tats de l’élection au conseil d’administration de l’AX, pour laquelle vous avez été récem­ment appe­lés à voter.

Bon été à tous

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