« De la musique avant toute chose, »

L’année se termine, c’est l’heure de la pause estivale pour La Jaune et la Rouge et le point d’orgue de la saison sera ce dossier sur Polytechnique et la musique. La musique est le seul art à pouvoir se donner à tout instant. Paul Valéry disait qu’elle était, « de tous les arts, le plus demandé, le plus mêlé à l’existence sociale ». Parce qu’elle englobe les rythmes de nos mouvements, les mouvements de nos voix, l’ensemble des bruits, et que par nature elle environne, qu’elle (nous) baigne. La question qui titille d’emblée est de savoir de quoi on parle quand on dit musique ; quel paysage de sons l’on entend parmi les nombreux qui colorent les univers mentaux d’à peu près toute l’humanité depuis que le monde est monde.
En l’occurrence c’est de musique dite classique qu’il est question sous les plumes éclairées des auteurs ici rassemblés. L’ensemble que les anciens nommaient « grande musique », qui ne représente qu’une part infime de la consommation de ce qui s’appelle musique, aurait-il vraiment des zones de recouvrement avec celui des polytechniciens ? Davantage que quelques compositeurs et autant d’interprètes qui sont passés par le Plateau ou la Montagne, exceptions – dont vous verrez apparaître au fil de votre lecture certains représentants distingués voire illustres – qui confirment le constat que les pourvoyeurs de chefs‑d’œuvre artistiques ou littéraires ne sont pas passés par Polytechnique, ce qui rapproche l’image de l’X de cette musique de filiation vient de son caractère académique, ouvragé, pas étranger au fait qu’elle soit parfois appelée savante.
« La musique est le seul art à pouvoir se donner à tout instant. »
Qu’on en soit auditeur mélomane ou praticien, amateur ou au-delà, il s’agit d’une discipline avant de devenir un plaisir, qui passe par la formation, l’attention, l’assiduité. Et aussi par l’héritage tiens-tiens. En fait la musique irrigue et se nourrit là où l’apprentissage est un axe fort et le travail à la maison la routine. Pas étonnant qu’il y ait un grand nombre de musiciens pratiquants dans les promotions. Pas étonnant non plus si les instrumentistes sont plus souvent qu’à leur tour enfants de musiciens, de même que les X ont une certaine tendance à se reproduire en ligne directe. Glissons que dans notre pays le domaine musical n’est pas dépourvu de biais de genre (aux filles la harpe et les flûtes, aux garçons les percussions et les pupitres de cuivre), ce serait un autre point commun si l’on veut avec celui des sciences.
S’il faut nommer un point de rendez-vous entre la Communauté X et la musique, c’est bien le Bal. Le 16 mai c’était le 133e et que la fête fut belle ! Le corps de ballet de l’opéra de Paris jouait Sylvia, classique du genre et réminiscence lointaine d’une double première fois : Sylvia a été créé au Palais Garnier lors d’une soirée estivale de 1876 qui voyait aussi la première apparition d’un spectacle de ballet sur cette scène, à peine inaugurée et pleine de promesses. Difficile donc d’être plongé dans du plus tradi que l’autre soir, au cœur de la beauté tape-à‑l’œil du dernier xixe. Mais l’œcuménisme régnait comme chaque fois ; entre la partition de Delibes, la chorale des élèves, le musette, et toutes les nuances de genre et de volume d’un bon Styx, il ne manquait aucun style musical pour que la nuit fût complète.
Oyez (roulement de tambour) ! Le 23 juin se tiendra notre assemblée générale à la Maison des X (ou sur connexion), ce sera le moment de revenir sur quelques événements de l’année pour notre association qui se porte bien, de présenter les premiers fruits des innovations Télémaque et Mathématix, et de dévoiler les résultats de l’élection au conseil d’administration de l’AX, pour laquelle vous avez été récemment appelés à voter.
Bon été à tous