De la logistique à la Tech, la mue stratégique de Brink’s
Brink’s, acteur mondial de la souveraineté des paiements, évolue depuis 166 ans et ce dans plus de 100 pays. À l’heure de la généralisation des paiements numériques, Brink’s s’impose comme le chef de file de la facilitation des transactions en cash. En France, la répartition des paiements – 43 % en espèces, 57 % dématérialisés – est reconnue par les acteurs privés et institutionnels comme un équilibre garantissant résilience et souveraineté dans un contexte géopolitique instable. Brink’s redéfinit son modèle en intégrant les technologies de gestion de données pour digitaliser le cash auprès des commerçants, banques et institutions.
En France, l’entreprise emploie plus de 3 400 collaborateurs et ne se limite plus au transport de fonds. Ses activités sont supervisées par le CNAPS (ministère de l’Intérieur) et l’ACPR. Brink’s infogère plus de 17 000 distributeurs automatiques via ses propres plateformes, et propose plus de 8 500 solutions de digitalisation du cash aux grandes enseignes. Aujourd’hui 50 % du chiffre d’affaires provient de services technologiques à forte valeur ajoutée et sécurisés. Directeur Général de Brink’s France depuis mai 2025, Brice Guiochon porte une vision claire : faire de Brink’s un acteur stratégique de la résilience et de la souveraineté des moyens de paiements dans un monde en pleine mutation.
Brink’s est historiquement associée au transport de fonds. Comment l’entreprise se transforme-t-elle aujourd’hui ?
Les camions Brink’s restent iconiques, mais l’entreprise évolue profondément pour devenir la CashTech de référence. Notre ambition : accompagner la réinvention des parcours de paiements en points de vente et nous adapter en miroir de la réduction progressive des réseaux bancaires. Nous voulons rendre le paiement en espèces aussi fluide que le digital.
“ Notre ambition : rendre le paiement en espèces aussi fluide que le digital et faire de Brink’s la CashTech de référence.”
Concrètement, comment cela se traduit-il pour vos clients commerçants ?
Jusqu’à récemment, les commerçants géraient manuellement les espèces : encaissement, comptage, enregistrement, transport, dépôt, attente du crédit, puis rapprochement bancaire. Un processus long et peu intégré.
Aujourd’hui, Brink’s propose une externalisation complète : automates en caisse et en arrière-boutique, logiciels de reconnaissance, sécurisation immédiate, intégration comptable et bancaire. Les comptes sont crédités selon les mêmes modalités que les paiements électroniques, grâce à l’interfaçage entre notre plateforme, le logiciel du client et le système d’information de sa banque.
Et pour vos clients bancaires, qu’en est-il ?
Nous assistons à un bouleversement complet de l’expérience bancaire. Dans les cinq prochaines années, les réseaux physiques traditionnels vont fortement se réduire, tandis que les activités bancaires en ligne continueront de croître. Ce rééquilibrage, bien que naturel, doit préserver l’universalité des moyens de paiement et garantir à chacun la capacité de payer. Cela implique le maintien d’un accès aux espèces sur l’ensemble du territoire. Au-delà des retraits, la continuité de service concerne aussi les dépôts de recettes et l’approvisionnement en billets pour les clients professionnels.
Comment Brink’s s’inscrit-elle dans ce paysage bancaire en pleine mutation ?
Brink’s a développé pour ses clients bancaires une plateforme technologique intégrée : Brink’s Process Outsourcing. Elle permet d’externaliser l’intégralité de la gestion de leurs automates, équipements et transactions, avec transmission sécurisée des données vers leurs systèmes d’information.
Cette plateforme data-driven gère chaque jour plus de 45 000 actions ou incidents, grâce à une organisation robuste combinant plus de 200 experts en IT, monétique et gestion d’automates, et 500 techniciens spécialisés. Brink’s devient un acteur stratégique de l’outsourcing bancaire, répondant à des enjeux de disponibilité, cybersécurité, conformité et rationalisation des coûts.
Brink’s ambitionne-t-elle de prendre le relais avec des réseaux indépendants ?
Oui. Depuis 2021, Brink’s a investi dans le développement de réseaux alternatifs pour garantir l’accès aux espèces partout en France. En quatre ans, nous avons installé près de 1 000 distributeurs automatiques de billets accessibles au grand public, en synergie avec les collectivités locales et la grande distribution.
Comment Brink’s se positionne face à l’émergence des Fintechs ?
En partenaire. Brink’s est déjà une CashTech, créant des passerelles technologiques avec les Paytechs. Des banques en ligne s’appuient sur notre réseau de dépôts interfacé avec Brink’s Payment Services, notre établissement de paiements. Ce réseau d’agents, agréés par l’ACPR, compte aujourd’hui plus de 2 100 buralistes. Ces Fintechs peuvent ainsi proposer une offre de dépôt d’espèces, avec crédit immédiat, jusqu’alors inaccessible, et conquérir de nouveaux segments de clientèle.
Brink’s Payment Services traite plus de 100 milliards d’euros par an. Sa capacité technologique en fait un pivot alternatif pour les transactions en point de vente, en apportant une fiabilité renforcée aux flux monétiques. Il joue également un rôle clé dans la sécurisation et l’optimisation des retraits sur automates bancaires, en s’appuyant sur une infrastructure robuste et interconnectée.
En résumé, Brink’s devient la fintech du cash ?
Absolument. Brink’s est la CashTech de référence en France. Elle combine expertise historique et technologies avancées pour créer une expérience cash augmentée. Quand les PayTechs s’occupent des paiements numériques, les CashTechs construisent les solutions technologiques liées à la circulation, sécurisation et digitalisation des flux d’espèces. Brink’s construit une infrastructure modulaire et souveraine, au service de l’inclusion et des services de proximité.
Dernière question, quels sont vos défis personnels en tant que Directeur Général de Brink’s France ?
Le secteur des paiements vit une transformation technologique et réglementaire sans précédent. Mon rôle est d’en faire une opportunité stratégique.
Mon ambition est de propulser notre CashTech dans une nouvelle ère, où l’automatisation du traitement des espèces devient un levier de performance opérationnelle. En parallèle, nos solutions digitales permettent une gestion fine des liquidités et une optimisation des trésoreries. La digitalisation de nos processus, couplée à des outils d’analyse en temps réel, nous offre une agilité nouvelle pour piloter nos activités avec précision.
Mais cette transformation ne peut réussir sans une montée en compétences de nos collaborateurs. Nous faisons évoluer les métiers vers des expertises techniques clés — maintenance logicielle, gestion de projets, datavisualisation — en valorisant les talents internes. Nous sommes à un tournant passionnant : la technologie est un catalyseur de performance, mais aussi un vecteur de transformation humaine. Mon rôle est de structurer cette transition, de l’ancrer dans une dynamique inclusive et de créer une valeur durable pour nos clients, nos équipes et la société.
