Daniel Robequain (X59) une vocation territoriale

Daniel Robequain (X59) une vocation territoriale

Dossier : TrajectoiresMagazine N°806 Juin 2025
Par Philippe FLEURY (59)

Au cours d’une car­rière consa­crée aux col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, Daniel Robe­quain a su anti­ci­per et inno­ver pour répondre aux défis cli­ma­tiques et socié­taux du monde actuel. Retrai­té, il a conti­nué à appor­ter son exper­tise et son temps à cette mission.

C’est au lycée Saint-Louis, près du Col­lège de France où son père ensei­gnait la géo­gra­phie, que Daniel a pré­pa­ré les concours des grandes écoles. Il est né le 10 octobre 1939 à Rennes. À sa sor­tie de l’X, il choi­sit le corps des Ponts et Chaus­sées et enta­ma sa car­rière d’ingénieur au centre d’études tech­niques de l’équipement d’Aix-en-Provence dont il fut le chef de la divi­sion infor­ma­tique. Cette struc­ture tech­nique publique a été dis­soute en 2013, ache­vant la dis­pa­ri­tion du corps des Ponts, trois cents ans après sa création.

C’est la fin du pro­ces­sus de décen­tra­li­sa­tion. Les ingé­nieurs qui res­tent atta­chés au ser­vice des infra­struc­tures et à l’activité ter­ri­to­riale se tournent vers le ser­vice tech­nique des grandes villes. C’est le cas de Daniel Robe­quain. Après un bref pas­sage à Nantes, il rejoint Mont­pel­lier et va diri­ger les ser­vices tech­niques de la ville pen­dant plus de vingt ans, de 1984 à 2005.

Répondre à des défis majeurs

Plon­gé dans les remous de la décen­tra­li­sa­tion, Daniel a dû faire face à des défis majeurs. Rap­pe­lons pour ne plus y reve­nir que Daniel a su, en dépit d’obligations profession­nelles cap­ti­vantes, créer une belle famille avec Michelle son épouse, ren­con­trée à Mar­seille par l’intermédiaire de Jean Sal­mo­na (X56), qui devien­dra le grand ami du couple. Quatre enfants sont nés de cette union, trois gar­çons et une fille qui ont brillam­ment réussi.

Sous l’égide de Georges Frêche, grand bâtis­seur et vision­naire, Daniel a été le réa­li­sa­teur des ambi­tions d’un maire très contro­ver­sé. En se pro­me­nant dans Mont­pel­lier aujourd’hui, on ne peut que consta­ter le résul­tat d’une poli­tique déli­bé­ré­ment orien­tée vers le « propre », avec le centre de tri Démé­ter, la créa­tion d’un ser­vice de maî­trise de l’énergie en 1985 et plus lar­ge­ment la mise en place de poli­tiques d’économie d’énergie.

Pour y arri­ver Daniel a dû affron­ter de nom­breux défis. Deux sont appa­rus comme dif­fi­ciles à rele­ver, l’optimisation des res­sources et l’évolution de la socié­té où les solu­tions tech­niques des ingé­nieurs ne sont plus accep­tées d’emblée mais doivent être expli­quées et jus­ti­fiées auprès de citoyens plus infor­més – mais mal – et par­fois plus cri­tiques. Ain­si Daniel s’est révé­lé, au-delà du brillant expert tech­nique qu’il était, un ges­tion­naire, un com­mu­ni­cant et un innovateur.

Aider les populations démunies

Après ce long voyage dans l’administration ter­ri­to­riale, Daniel Robe­quain avait bien méri­té d’une retraite pai­sible. C’est oublier sa volon­té de faire pro­fi­ter de son exper­tise en matière de loge­ment des orga­nismes inves­tis auprès des popu­la­tions dému­nies. Il a ain­si été le repré­sen­tant de la Fon­da­tion Abbé Pierre (aujourd’hui Fon­da­tion pour le loge­ment des défa­vo­ri­sés) en région Pro­vence-Alpes-Côte d’Azur. Il s’est de la sorte employé, ne ména­geant ni son temps ni sa peine, à créer une socié­té plus juste.

À la fin de sa vie, il s’est encore inté­res­sé à un pro­blème dif­fi­cile, la ges­tion des res­sources en eau. Il s’est deman­dé pour­quoi, à l’instar de ce qui avait été réa­li­sé dans la région grâce au canal d’irrigation du Bas-Rhône Lan­gue­doc, un sché­ma direc­teur d’irrigation ne pou­vait être mis en place notam­ment dans la région Ouest, où le thème des bas­sines lui était appa­ru comme un gâchis de l’eau potable des nappes.

Voi­là pour l’ingénieur et le grand direc­teur ! Il reste der­rière cette grande figure un homme pro­fon­dé­ment enga­gé dans la vie sociale et tou­jours prêt à don­ner un coup de main à son pro­chain en dif­fi­cul­té. La jeune pas­teure qui a diri­gé la céré­mo­nie des obsèques le 28 février 2025 a fait son homé­lie sur la para­bole du bon Sama­ri­tain. C’est vrai ! Daniel était un bon Samaritain.

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