Cybersécurité et réglementation : un défi incontournable pour les entreprises

Cybersécurité et réglementation : un défi incontournable pour les entreprises

Dossier : Vie des entreprises - Transformation numérique et intelligence artificielleMagazine N°805 Mai 2025
Par Roland ATOUI

Les entre­prises euro­péennes et inter­na­tio­nales font face à une régle­men­ta­tion cybersécurité de plus en plus com­plexe. Son non-res­pect peut entraî­ner d’importantes sanc­tions finan­cières et por­ter gra­ve­ment atteinte à la répu­ta­tion des entre­prises. Il existe des solu­tions, telles que Cyber­Pass. Entre­tien avec Roland Atoui, direc­teur géné­ral et fon­da­teur de Red Alert Labs.

Les réglementations européennes, quel est leur impact ?

La régle­men­ta­tion concerne toute l’industrie fran­çaise et euro­péenne. Ces régle­men­ta­tions vont impac­ter chaque fabri­cant, chaque impor­ta­teur et chaque dis­tri­bu­teur de pro­duits connec­tés. C’est-à-dire tous les objets qui uti­lisent direc­te­ment ou indi­rec­te­ment une connexion à inter­net. La direc­tive Red (Radio Equip­ment Direc­tive), effec­tive en août 2025 va concer­ner les fabri­cants des pro­duits uti­li­sant un équi­pe­ment radio : Blue­tooth, wifi… Le Cyber Resi­lience Act (CRA), appli­cable en août 2027, aura quant à lui un impact sur chaque pro­duit numé­rique. Un cadre géné­ral de cer­ti­fi­ca­tion sera impo­sé par le Cyber­se­cu­ri­ty Act (CSA).

Dans quelle mesure ce cadre sera-t-il contraignant ?

Grâce à ces textes majeurs, on ne pour­ra plus mettre sur le mar­ché un pro­duit qui ne répond pas à ces exi­gences. Par exemple, un fabri­cant de camé­ras de sur­veillance connec­tées devra désor­mais prou­ver que son pro­duit res­pecte les exi­gences de cyber­sé­cu­ri­té défi­nies par le CRA, sous peine de ne plus pou­voir le com­mer­cia­li­ser en Europe. Une entre­prise déve­lop­pant un cap­teur Blue­tooth pour objets connec­tés devra s’assurer qu’il répond aux nou­velles exi­gences de la direc­tive RED. En cas de non-res­pect la sanc­tion sera la même : pas de vente pos­sible dans l’Union européenne.

Jusqu’alors, il n’y avait pas grand-chose d’harmonisé. On a des normes de per­for­mance, de qua­li­té… le fameux label « CE ». L’Union euro­péenne a ren­for­cé son cadre régle­men­taire en intro­dui­sant des exi­gences contrai­gnantes en cyber­sé­cu­ri­té. Cela va impac­ter le mar­ché dans sa glo­ba­li­té. N’oublions pas que nous sommes en pré­sence d’un objet connec­té une ving­taine de fois par jour : de votre télé­phone à votre voi­ture, en pas­sant par la télé­vi­sion ou la tablette de vos enfants.

Cela impose un contrôle de toute la chaîne d’approvisionnement…

Un objet connec­té fabri­qué en Europe peut res­pec­ter les normes locales, mais ses com­po­sants impor­tés doivent éga­le­ment être conformes aux régle­men­ta­tions euro­péennes pour garan­tir une sécu­ri­té opti­male. Un fabri­cant devra garan­tir que ses four­nis­seurs eux aus­si appliquent la norme en matière de cyber­sé­cu­ri­té. Aujourd’hui, on tra­vaille sur la confiance. Demain elle ne sera plus suf­fi­sante mais devra être certifiée.

La confiance, c’est justement un pilier de Red Alert Labs ?

Chaque jour appa­raît un nou­veau stan­dard régle­men­taire, une nou­velle obli­ga­tion. « Qu’est-ce qui s’applique à nous ? », « Com­ment on doit faire ? », « Com­ment obte­nir telle ou telle cer­ti­fi­ca­tion ? » sont des ques­tions exis­ten­tielles dans les entre­prises. C’est chro­no­phage et coû­teux, sur­tout pour les PME qui n’ont pas for­cé­ment la matu­ri­té en termes d’expertise. Il arrive régu­liè­re­ment qu’un fabri­cant se tourne vers nous, au pied du mur. Red Alert Labs, est un inter­lo­cu­teur de confiance pour épau­ler et garan­tir la confiance aux clients. La cyber­sé­cu­ri­té touche aux don­nées sen­sibles. La négli­ger, c’est s’exposer à des risques finan­ciers, mais aus­si opé­ra­tion­nels. Une entre­prise qui a négli­gé une faille de sécu­ri­té va perdre en noto­rié­té. Et il sera très dif­fi­cile de rebon­dir une fois cette confiance trahie.

Les PME ne sont pas les seules concernées ?

Nous tra­vaillons avec de grosses entre­prises, qui au fur et à mesure du temps se sont habi­tuées à pro­duire en sui­vant des pro­cess stan­dard. Quand des mesures de confor­mi­té contrai­gnantes appa­raissent, même les plus grands sont sou­vent impuis­sants et dépas­sés. Ils doivent se dire « jusqu’à pré­sent je fai­sais comme ça… mais désor­mais je dois tout repen­ser. » Ils ne sont pas sys­té­ma­ti­que­ment blo­qués, mais doivent repen­ser leur façon de faire pour pou­voir poursuivre.

En quoi des solutions comme CyberPass rendent-elles la certification plus rapide et moins coûteuse ? 

Dès 2017, lorsque nous avons pen­sé la solu­tion Cyber­Pass, nous avons anti­ci­pé en par­tant du constat qu’il ne fal­lait pas être un grand vision­naire pour ima­gi­ner que plus les années allaient pas­ser, plus cha­cun d’entre nous serait confron­té aux objets connec­tés. Et que l’harmonisation des normes pour se pro­té­ger des dérives allait se dur­cir. Cyber­Pass est une pla­te­forme qui sim­pli­fie tout le pro­cess de mise en confor­mi­té et de cer­ti­fi­ca­tion des pro­duits connec­tés. Il s’agit d’un outil col­la­bo­ra­tif, per­met­tant d’utiliser les réfé­ren­tiels recon­nus, donc les normes har­mo­ni­sées et les sché­mas de cer­ti­fi­ca­tion adop­tés par des orga­nismes pri­vés ou publics (ANSSI…) Cyber­Pass va démo­cra­ti­ser tous ces aspects, tous les pro­cess, afin de rendre la confiance à une solu­tion connectée.

“L’harmonisation des normes de cybersécurité n’est plus une option, mais une nécessité pour protéger les entreprises et les consommateurs.”

Cyber­Pass per­met aux fabri­cants d’évaluer en temps réel la confor­mi­té de leurs pro­duits aux régle­men­ta­tions en vigueur grâce à une base de don­nées actua­li­sée des normes et un moteur d’intelligence arti­fi­cielle qui génère des recom­man­da­tions per­son­na­li­sées. Il existe une appli­ca­tion uti­li­sée par beau­coup de fran­çais qui per­met de connaître le nutris­core d’un pro­duit. Nous sommes un peu la ver­sion qui révé­le­ra le degré de sécu­ri­té et de confiance de votre objet connec­té. Ain­si, le fabri­cant garan­tit son res­pect des normes tout en gagnant du temps et de l’argent, car il mini­mise la bar­rière de la durée des mul­tiples exper­tises. Le consom­ma­teur sait quant à lui à quelle marque il peut faire confiance. Grâce aux outils digi­taux et à l’intelligence arti­fi­cielle, cette pla­te­forme est mise à jour régu­liè­re­ment pour inté­grer les der­nières évo­lu­tions régle­men­taires, évi­tant ain­si tout retard de conformité.

Selon vous, comment la cybersécurité va-t-elle évoluer dans les prochaines années ?

L’IA et les outils digi­taux vont mul­ti­plier la quan­ti­té d’objets connec­tés du quo­ti­dien. Les foyers devront être davan­tage pro­té­gés contre des cybe­rat­taques. La moindre ampoule connec­tée, sys­tème d’alarme, élec­tro­mé­na­ger peut deve­nir une source de hacking. Ce com­po­sant, s’il est mal pen­sé, sera la voie royale pour atta­quer vos don­nées sen­sibles ailleurs. Selon une étude de l’ENISA, d’ici 2030, 75 % des objets connec­tés en Europe devront être cer­ti­fiés conformes aux nou­velles exi­gences de cyber­sé­cu­ri­té. Notre tra­vail est de faire en sorte que la confiance règne à tous les niveaux. Voi­là pour­quoi nous nous adres­sons d’abord aux fabri­cants, afin qu’ils ima­ginent com­ment leur objet pour­rait être détour­né et deve­nir dan­ge­reux. Chaque objet connec­té peut aujourd’hui col­lec­ter des don­nées sen­sibles, même s’il a été conçu dans un but récréatif.

Quel est le rôle de la coopération internationale ?

Si une per­sonne mal­veillante ne peut pas pas­ser par la grande porte, il contour­ne­ra en pas­sant par la fenêtre. On ne peut donc pas se conten­ter d’une France qui pro­tège très bien si ses voi­sins n’harmonisent pas leur sécu­ri­té. Nous sommes inter­con­nec­tés à l’Europe et à l’international. L’essor de l’intelligence arti­fi­cielle et des sys­tèmes d’auto-apprentissage ren­force à la fois les capa­ci­tés défen­sives et offen­sives en cyber­sé­cu­ri­té, ren­dant indis­pen­sable une approche proac­tive de la régle­men­ta­tion. Seule une coopé­ra­tion fluide et har­mo­nieuse peut nous pré­mu­nir des cybe­rat­taques. Face à la com­plexi­té gran­dis­sante des obli­ga­tions légales, adop­ter une stra­té­gie de confor­mi­té́ basée sur des stan­dards et des cer­ti­fi­ca­tions ciblées est deve­nu vital.

https://www.redalertlabs.com/

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