Concert de la Saint-Sylvestre 2019 : Bernstein, Gershwin...

Concert de la Saint-Sylvestre 2019 : Bernstein, Gershwin…

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°764 Avril 2021
Par Marc DARMON (83)

Le tra­di­tion­nel con­cert de la Saint-Sylvestre à Berlin est le feu d’artifice qui précède la soirée de réveil­lon. Chaque année, le chef choisit un thème qui est un pré­texte à un pro­gramme de musique pop­u­laire et acces­si­ble. Pour son pre­mier con­cert de la Saint-Sylvestre, à la veille d’une année qui allait être sans précé­dent, le nou­veau chef du Phil­har­monique de Berlin, Kir­ill Petrenko, avait choisi le thème de Broad­way. Il a choisi le thème de l’Espagne (Fal­la, Rodri­go, Vil­la-Lobos…) pour le con­cert fin 2020, sans pub­lic unique­ment en dig­i­tal et sur Arte. Kir­ill Petrenko est un chef phénomé­nal. Nom­mé à 43 ans à la tête du plus bel orchestre du monde, suc­cé­dant à Furtwän­gler, Kara­jan, Abba­do et Rat­tle, il est adoré par les musiciens.

Naturelle­ment, enten­dre un des meilleurs orchestres clas­siques inter­préter ces musiques de Broad­way générale­ment jouées par un orchestre de jazz, bien moins fourni, est en soit une expéri­ence. Mais ici l’expérience est poussée à l’extrême et donne un résul­tat très orig­i­nal. En effet le chef arrive à com­bin­er un son mag­nifique avec le swing indis­pens­able à cette musique. 

On prof­ite du velours et du soyeux des cordes, de la beauté des tim­bres des bois et des instru­men­tistes solos mag­nifiques, vio­lon, alto, flûtiste, clar­inette. Et on s’amuse à voir les musi­ciens garants de la plus haute tra­di­tion de la musique sym­phonique alle­mande claquant des doigts à l’entrée de West Side Sto­ry ou cri­ant Mam­bo à l’unisson. Et la sopra­no alle­mande Diana Dam­rau, qui change de robe pour chaque appari­tion, est elle aus­si très à son aise pour mêler son tim­bre chaud de diva d’opéra à la Dorothy du Magi­cien d’Oz ou de I feel pret­ty. Le chef lui-même, avec son sourire mutin et son regard espiè­gle, pro­duit un déhanché dont on ne le pen­sait pas capable. 

En présence d’Angela Merkel, le pro­gramme com­mence par l’ouverture du musi­cal Girl Crazy des frères Gersh­win. Véri­ta­ble suite de tubes (dont I got rythm) qui donne le ton de cette soirée. Le reste du pro­gramme est un feu d’artifice. Un améri­cain à Paris de Gersh­win et les dans­es sym­phoniques de West Side Sto­ry de Bern­stein. La longue suite (1949) que Kurt Weill a tirée de son musi­cal Lady in the Dark, écrit avec Ira Gersh­win en 1941, immor­tal­isé par Gin­ger Rogers. Puis les tubes du Magi­cien d’Oz et de My Fair Lady, immor­tal­isés par Judy Gar­land, Bar­bara Streisand et Frank Sina­tra, mais ici accom­pa­g­nés lux­ueuse­ment par l’orchestre de Berlin et ses solistes merveilleux.

Un moment rare, une heure et demie de bon­bon sucré dans un écrin de velours de qualité. 


Diana Dam­rau, Phil­har­monique de Berlin, dir. Kir­ill Petrenko

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