Charles Marville 1813-1879, Du pinceau à la chambre noire

Charles Marville 1813-1879, Du pinceau à la chambre noire

Dossier : Arts, lettres et sciences | Magazine N°807 Septembre 2025Par : Bertrand Lemoine (X71)Rédacteur : Pierre Séguin (X73)Editeur : Chez Presses des Ponts, janvier 2024

Magnifique objet que ce gros livre d’art et d’histoire, 656 grandes pages, quelques kilos de papier, des centaines de documents reproduits avec soin, en premier lieu les photographies de Marville, un texte tout de science et d’érudition, des notes de bas de page auxquelles on se réfère avec gourmandise tant on a envie d’en savoir encore plus, sans se lasser – et à la fin l’impression d’y avoir vécu, dans ce XIXe siècle si dynamique où Paris devenait ce que nous connaissons et aimons aujourd’hui !

Charles Marville (1813-1879) est l’un de ces « primitifs » de la photo, comme on les a nommés, qui ont plus ou moins consciemment inventé l’usage de cette technique alors nouvelle comme un art. Plus particulièrement, bien qu’il n’ait pas été le seul à photographier le Paris en transformation du IIe Empire et de la IIIe République, il est avec Atget qui aurait pu être son fils celui dont le nom incarne aux yeux du public les photos du « vieux » et du « nouveau » Paris. Tout le monde connaît ses photos, souvent sans le savoir, car on les a vues partout et on les a adorées d’emblée. Mais sa biographie restait à écrire, ou plutôt à préciser car ce n’est que récemment qu’on a découvert des archives éclairant une vie dont il ne restait quasi aucune trace sinon son œuvre (ah ! l’incendie de l’Hôtel de Ville ! quelle perte…).

Notre camarade Bertrand Lemoine, architecte, historien, ancien président de l’Académie d’architecture, prolixe auteur d’une quarantaine d’ouvrages de référence sur Paris et ses travaux, a relevé le défi et on ne peut qu’être admiratif et reconnaissant devant le résultat. On notera l’intérêt particulier de la première partie de l’ouvrage, sur la jeunesse et la carrière de graveur sur bois à fin d’illustration de l’artiste, obligé de se reconvertir dans sa maturité en raison du retournement du marché à ce moment-là. Il ne s’en proclamera pas moins peintre jusqu’à la fin de sa vie… sans qu’on possède un seul tableau de lui ! ça en dit long sur les détours de la conscience. Un peintre raté qui a été un photographe parmi les plus grands. 

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