Charles Kœchlin (X1887) Portraits musicaux (1909-1949)

Charles Kœchlin (X1887), Portraits musicaux (1909−1949)

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°806 Juin 2025Par : Textes rassemblés, présentés et annotés par Liouba BouscantRédacteur : Pierre Séguin (X73)Editeur : Vrin, février 2025

Le pré­sent recueil d’articles et de confé­rences (dont radio­dif­fu­sées) de Charles Kœchlin (1867−1950), X1887, musi­cien, com­po­si­teur, péda­gogue, cri­tique, musi­co­graphe, grand intel­lec­tuel, huma­niste, s’inscrit dans la suite de deux volumes publiés en 2006 et 2009 avec l’ambition de four­nir au public éclai­ré un flo­ri­lège sub­stan­tiel des nom­breux écrits du plus célèbre des com­po­si­teurs poly­tech­ni­ciens avec Pierre Schaef­fer (X1929).

Il en résulte un volume de près de 400 grandes pages, doté de très utiles notes de bas de page et de listes de variantes signi­fi­ca­tives, et éclai­ré par une savante et forte intro­duc­tion. Ce remar­quable tra­vail édi­to­rial a choi­si pour sa part de se cen­trer sur le sujet des musi­ciens fran­çais, col­lègues plus ou moins proches de l’auteur des articles, sur les­quels il apporte son témoi­gnage, ses ana­lyses musi­co­lo­giques, sa défense contre les cri­tiques mal­veillantes, igno­rantes ou sno­bi­nardes – dont il a lui-même souf­fert. Je suis tou­jours impres­sion­né et admi­ra­tif devant une telle entre­prise intel­lec­tuelle, qui sup­pose un inves­tis­se­ment colos­sal, une culture excep­tion­nelle et pour tout dire un amour de son sujet. 

Charles Kœchlin a beau­coup com­po­sé dans de nom­breux genres musi­caux, il a été une grande figure du monde musi­cal fran­çais, mais il est à pré­sent peu joué et pas beau­coup enre­gis­tré ; il méri­te­rait un retour d’intérêt, et pas seule­ment que son nom « dise quelque chose » à l’honnête homme… Il appa­raît en tout cas dans ces textes comme doué d’une extra­or­di­naire ouver­ture d’esprit, s’intéressant posi­ti­ve­ment à des com­po­si­teurs éloi­gnés de son esthé­tique (comme Satie, Stra­vins­ki ou Schoen­berg), ayant une connais­sance qua­si ency­clo­pé­dique de la musique de son temps (alors que le disque n’existait pas vrai­ment), sou­te­nant ses jeunes col­lègues dans leur diver­si­té, sans exclu­sive. Et tout cela avec en géné­ral une pon­dé­ra­tion que tous ne savaient pas conser­ver dans les que­relles de clocher… 

Certes il a des mots un peu datés sur les musi­ciens ger­ma­niques, bien que par ailleurs pas « natio­na­liste » – Alsa­cien, c’était un patriote ! Je note­rai l’importance éton­nante qu’il don­nait au groupe des Cinq, sur­tout à Mous­sorg­ski, dans l’influence sur les Fran­çais. La pré­sente recen­sion tombe bien dans le numé­ro consa­cré aux X et la musique ! et elle amène à se repor­ter à l’article de Cécile Leblanc consa­cré à Kœchlin dans notre numé­ro 785 de mai 2023, sur Proust et les X, avec sa biblio­gra­phie atta­chée.

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