CEPTON renforce son expertise et s’étend à l’international

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Marc-Olivier BÉVIERRE (X85)

Grâce à une expan­sion stra­té­gique, CEPTON, cabi­net fran­çais de conseil en stra­té­gie spé­cia­li­sé dans la san­té, béné­fi­cie désor­mais d’une pré­sence accrue en Europe, qui lui per­met de répondre plus effi­ca­ce­ment aux besoins de ses clients, en inté­grant des com­pé­tences spé­cia­li­sées et des inno­va­tions tech­no­lo­giques telles que l’intelligence artificielle.

Inter­view de Marc-Oli­vier Bévierre (X85), asso­cié cofon­da­teur de CEPTON.

CEPTON devient un cabinet européen, basé dans quatre pays : un tournant stratégique pour votre cabinet ?

Notre rap­pro­che­ment avec Vin­tu­ra s’inscrit en effet dans une stra­té­gie de déve­lop­pe­ment multi-dimensionnelle.

Pre­miè­re­ment, cette opé­ra­tion répond à notre objec­tif d’expansion inter­na­tio­nale. Nous béné­fi­cions main­te­nant d’une pré­sence pan-euro­péenne signi­fi­ca­tive à tra­vers quatre hubs stra­té­giques : Paris, Utrecht, Londres et Munich.

Deuxiè­me­ment, cette alliance nous donne accès à un pool d’expertises élar­gi, par­ti­cu­liè­re­ment pré­cieux dans le conseil en stra­té­gie Life Sciences. Nous pou­vons désor­mais mobi­li­ser rapi­de­ment des experts dans de nom­breux métiers de l’industrie, comme le déve­lop­pe­ment cli­nique, les affaires régle­men­taires ou l’économie de san­té par exemple, via notre lien au groupe Cen­co­ra, action­naire de Vintura.

Troi­siè­me­ment, ce maillage inter­na­tio­nal ren­force consi­dé­ra­ble­ment notre posi­tion­ne­ment auprès des grands groupes bio­phar­ma­ceu­tiques mul­ti­na­tio­naux. Ces acteurs majeurs pri­vi­lé­gient sys­té­ma­ti­que­ment les cabi­nets dis­po­sant d’une pré­sence mul­ti-pays, capables de déployer des équipes internationales.

Quels sont les impacts tangibles de cette expansion géographique sur votre proposition de valeur ?

Cette dimen­sion inter­na­tio­nale a signi­fi­ca­ti­ve­ment ren­for­cé notre cré­di­bi­li­té lors des appels d’offres, amé­lio­rant notre taux de conver­sion. L’accès à un réseau d’experts spé­cia­li­sés conso­lide éga­le­ment notre avan­tage com­pé­ti­tif face aux autres cabi­nets de conseil. Les résul­tats sont déjà mesu­rables aujourd’hui.

Comment répondez-vous à la complexification croissante du marché du conseil en santé ?

Le sec­teur exige aujourd’hui un niveau d’expertise sans pré­cé­dent. Notre lien au groupe Cen­co­ra, qui dis­pose de plus de 3 000 experts dans le monde, nous per­met de consti­tuer des équipes hybrides, en mobi­li­sant des experts selon les besoins spé­ci­fiques de chaque mis­sion. Par ailleurs, nous inves­tis­sons dans les domaines émer­gents, notam­ment l’intelligence arti­fi­cielle appli­quée à la san­té. Nous déve­lop­pons ces exper­tises en interne tout en éta­blis­sant des par­te­na­riats stra­té­giques avec des cabi­nets spé­cia­li­sés en IA, per­met­tant ain­si une approche sec­to­rielle pointue.

Pouvez-vous détailler votre offre de services ?

Notre acti­vi­té s’articule autour de deux seg­ments prin­ci­paux de clients.

D’une part, nous accom­pa­gnons les acteurs de l’industrie des Sciences de la Vie, des labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques comme Sano­fi ou Ipsen par exemple, aux ETI/PME spé­cia­li­sées dans les dis­po­si­tifs médi­caux, les ser­vices de san­té, la san­té numé­rique ou le diag­nos­tic molé­cu­laire. Nos inter­ven­tions couvrent les stra­té­gies de crois­sance externe (M&A, expan­sion géo­gra­phique) et orga­nique (opti­mi­sa­tion des res­sources et des com­pé­tences), les restruc­tu­ra­tions, ain­si que les levées de fonds avec l’élaboration de busi­ness plans des­ti­nés aux investisseurs.

D’autre part, nous conseillons les fonds de Pri­vate Equi­ty dans leurs opé­ra­tions d’investissement sur des socié­tés per­for­mantes à fort poten­tiel. Ces fonds apportent les res­sources finan­cières néces­saires pour accé­lé­rer la crois­sance, réa­li­ser des acqui­si­tions ou sou­te­nir l’expansion inter­na­tio­nale. Notre exper­tise sec­to­rielle nous per­met de conduire des dues dili­gences stra­té­giques dans des délais contraints, typi­que­ment cinq semaines, pour éva­luer la posi­tion concur­ren­tielle, la tra­jec­toire de crois­sance et la ren­ta­bi­li­té des cibles. Nous réa­li­sons éga­le­ment des « Ven­dor due dili­gence » pour opti­mi­ser la valo­ri­sa­tion des actifs mis en vente et sécu­ri­ser des busi­ness plans robustes pour les acqué­reurs potentiels.

Comment intégrez-vous les innovations technologiques dans vos stratégies de conseil ?

Nous sommes natu­rel­le­ment posi­tion­nés sur les sujets d’innovation, car c’est cela qui inté­resse nos clients. Deux exemples : le diag­nos­tic molé­cu­laire et la thé­ra­pie génique. Cette der­nière décen­nie a vu l’essor d’une véri­table indus­trie du diag­nos­tic molé­cu­laire, four­nis­sant aux cli­ni­ciens des don­nées essen­tielles pour prendre les bonnes déci­sions thé­ra­peu­tiques, par­ti­cu­liè­re­ment dans le domaine de l’oncologie. Dans la thé­ra­pie génique, qui offre des pers­pec­tives de gué­ri­son com­plètes pour de nom­breuses mala­dies aujourd’hui sans trai­te­ment, les défis tech­no­lo­giques, finan­ciers et orga­ni­sa­tion­nels sont immenses. Notre cabi­net accom­pagne acti­ve­ment ces acteurs émer­gents qui prennent une place stra­té­gique dans le pay­sage des sciences de la vie.

“L’intelligence artificielle accélère le développement des médicaments en découvrant de nouvelles molécules plus rapidement et en réduisant les coûts.”

L’intelligence arti­fi­cielle et les tech­no­lo­gies numé­riques trans­forment éga­le­ment pro­fon­dé­ment la R&D bio­phar­ma­ceu­tique. Les approches in sili­co per­mettent désor­mais d’évaluer les can­di­dats médi­ca­ments de manière vir­tuelle, rédui­sant signi­fi­ca­ti­ve­ment le recours aux études pré­cli­niques et cli­niques conven­tion­nelles. Cette opti­mi­sa­tion des phases amont du déve­lop­pe­ment, por­tée par des start-up deep­tech spé­cia­li­sées en IA, accé­lère consi­dé­ra­ble­ment le pro­ces­sus de drug dis­co­ve­ry. Même chose dans le déve­lop­pe­ment cli­nique : il devient désor­mais pos­sible de consti­tuer des « cohortes vir­tuelles » de patients dans les essais cli­niques, d’automatiser la rédac­tion de comptes ren­dus cli­niques, ce qui réduit consi­dé­ra­ble­ment les coûts de déve­lop­pe­ment. Nous inté­grons sys­té­ma­ti­que­ment ces inno­va­tions dans nos mis­sions de conseil en R&D pharmaceutique.

L’impact de l’IA sur le cycle de déve­lop­pe­ment des médi­ca­ments est majeur, tant en termes d’efficacité que de réduc­tion des coûts. Les échecs sont détec­tés plus tôt, le « time to mar­ket » est réduit. Bien que ces métho­do­lo­gies inno­vantes pré­sentent encore cer­taines limi­ta­tions, elles offrent des oppor­tu­ni­tés de trans­for­ma­tion majeures pour l’industrie.

Quelle est votre vision de l’évolution du secteur Health Tech ?

L’industrie phar­ma­ceu­tique a connu plu­sieurs cycles. Après une forte crois­sance dans les années 1990–2000, le sec­teur a tra­ver­sé une période plus dif­fi­cile à la fin des années 2000 avec la « patent cliff », mar­quée par une vague mas­sive d’expiration de bre­vets, qui a impac­té les reve­nus et l’innovation. Depuis 2014–2015, nous assis­tons à un nou­veau cycle d’innovation por­té par la conver­gence de plu­sieurs rup­tures technologiques.

La bio­lo­gie molé­cu­laire, socle des avan­cées majeures des décen­nies 1980–2000, conti­nue de pro­gres­ser en béné­fi­ciant des pro­grès en puis­sance com­pu­ta­tion­nelle, qui ont révo­lu­tion­né le séquen­çage du génome et l’imagerie médi­cale (IRM, radio­lo­gie, patho­lo­gie). Les tech­no­lo­gies de biop­sie liquide per­mettent aujourd’hui la détec­tion pré­coce des can­cers par simple prise de sang. La robo­ti­sa­tion et l’IA auto­ma­tisent les tâches répé­ti­tives, géné­rant des gains sub­stan­tiels en temps et en res­sources. La minia­tu­ri­sa­tion per­met éga­le­ment de conce­voir des dis­po­si­tifs médi­caux plus pré­cis et plus puis­sants. Cette dyna­mique d’innovation devrait se pour­suivre de manière expo­nen­tielle, la seule vraie contrainte étant la capa­ci­té des sys­tèmes de san­té à finan­cer ces innovations.

« La miniaturisation permet de concevoir des dispositifs médicaux plus précis et plus puissants. »

La dimen­sion géo­po­li­tique devient éga­le­ment cri­tique. Le mar­ché chi­nois reste rela­ti­ve­ment fer­mé avec une pré­fé­rence mar­quée pour les solu­tions domes­tiques. Les ten­sions sino-amé­ri­caines impactent les stra­té­gies com­mer­ciales. Le dif­fé­ren­tiel de prix des inno­va­tions thé­ra­peu­tiques entre les États-Unis et l’Europe s’accentue, ques­tion­nant l’accessibilité des inno­va­tions amé­ri­caines pour les sys­tèmes de san­té européens.

Le mar­ché amé­ri­cain demeure incon­tour­nable pour la R&D et la com­mer­cia­li­sa­tion, grâce à ses res­sources et sa poli­tique de prix pre­mium. En Europe, les contraintes tari­faires et la com­plexi­té des négo­cia­tions avec les auto­ri­tés peuvent retar­der l’accès aux inno­va­tions. Cette pro­blé­ma­tique d’accès risque de s’amplifier.

Quelle est la valeur ajoutée d’une expérience en conseil stratégique pour une carrière dans le secteur de la santé ?

Le conseil en stra­té­gie consti­tue un excellent trem­plin pour les jeunes talents atti­rés par le sec­teur de la san­té. La com­plexi­té de cet éco­sys­tème offre une mul­ti­pli­ci­té d’opportunités pro­fes­sion­nelles, des bio­techs aux grands groupes phar­ma­ceu­tiques, mais il est dif­fi­cile d’y voir clair pour un jeune qui démarre. L’expérience en conseil per­met d’appréhender l’ensemble des acteurs et d’aborder un large spectre de pro­blé­ma­tiques busi­ness, scien­ti­fiques et orga­ni­sa­tion­nelles. En 3–4 ans, un consul­tant peut par­ti­ci­per à une tren­taine de mis­sions, acqué­rant ain­si une vision holis­tique du sec­teur avant de pour­suivre sa car­rière soit dans le conseil, soit au sein de l’industrie.

www.ceptonstrategies.com

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