CEPTON renforce son expertise et s’étend à l’international

Grâce à une expansion stratégique, CEPTON, cabinet français de conseil en stratégie spécialisé dans la santé, bénéficie désormais d’une présence accrue en Europe, qui lui permet de répondre plus efficacement aux besoins de ses clients, en intégrant des compétences spécialisées et des innovations technologiques telles que l’intelligence artificielle.
Interview de Marc-Olivier Bévierre (X85), associé cofondateur de CEPTON.
CEPTON devient un cabinet européen, basé dans quatre pays : un tournant stratégique pour votre cabinet ?
Notre rapprochement avec Vintura s’inscrit en effet dans une stratégie de développement multi-dimensionnelle.
Premièrement, cette opération répond à notre objectif d’expansion internationale. Nous bénéficions maintenant d’une présence pan-européenne significative à travers quatre hubs stratégiques : Paris, Utrecht, Londres et Munich.
Deuxièmement, cette alliance nous donne accès à un pool d’expertises élargi, particulièrement précieux dans le conseil en stratégie Life Sciences. Nous pouvons désormais mobiliser rapidement des experts dans de nombreux métiers de l’industrie, comme le développement clinique, les affaires réglementaires ou l’économie de santé par exemple, via notre lien au groupe Cencora, actionnaire de Vintura.
Troisièmement, ce maillage international renforce considérablement notre positionnement auprès des grands groupes biopharmaceutiques multinationaux. Ces acteurs majeurs privilégient systématiquement les cabinets disposant d’une présence multi-pays, capables de déployer des équipes internationales.
Quels sont les impacts tangibles de cette expansion géographique sur votre proposition de valeur ?
Cette dimension internationale a significativement renforcé notre crédibilité lors des appels d’offres, améliorant notre taux de conversion. L’accès à un réseau d’experts spécialisés consolide également notre avantage compétitif face aux autres cabinets de conseil. Les résultats sont déjà mesurables aujourd’hui.
Comment répondez-vous à la complexification croissante du marché du conseil en santé ?
Le secteur exige aujourd’hui un niveau d’expertise sans précédent. Notre lien au groupe Cencora, qui dispose de plus de 3 000 experts dans le monde, nous permet de constituer des équipes hybrides, en mobilisant des experts selon les besoins spécifiques de chaque mission. Par ailleurs, nous investissons dans les domaines émergents, notamment l’intelligence artificielle appliquée à la santé. Nous développons ces expertises en interne tout en établissant des partenariats stratégiques avec des cabinets spécialisés en IA, permettant ainsi une approche sectorielle pointue.
Pouvez-vous détailler votre offre de services ?
Notre activité s’articule autour de deux segments principaux de clients.
D’une part, nous accompagnons les acteurs de l’industrie des Sciences de la Vie, des laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi ou Ipsen par exemple, aux ETI/PME spécialisées dans les dispositifs médicaux, les services de santé, la santé numérique ou le diagnostic moléculaire. Nos interventions couvrent les stratégies de croissance externe (M&A, expansion géographique) et organique (optimisation des ressources et des compétences), les restructurations, ainsi que les levées de fonds avec l’élaboration de business plans destinés aux investisseurs.
D’autre part, nous conseillons les fonds de Private Equity dans leurs opérations d’investissement sur des sociétés performantes à fort potentiel. Ces fonds apportent les ressources financières nécessaires pour accélérer la croissance, réaliser des acquisitions ou soutenir l’expansion internationale. Notre expertise sectorielle nous permet de conduire des dues diligences stratégiques dans des délais contraints, typiquement cinq semaines, pour évaluer la position concurrentielle, la trajectoire de croissance et la rentabilité des cibles. Nous réalisons également des « Vendor due diligence » pour optimiser la valorisation des actifs mis en vente et sécuriser des business plans robustes pour les acquéreurs potentiels.
Comment intégrez-vous les innovations technologiques dans vos stratégies de conseil ?
Nous sommes naturellement positionnés sur les sujets d’innovation, car c’est cela qui intéresse nos clients. Deux exemples : le diagnostic moléculaire et la thérapie génique. Cette dernière décennie a vu l’essor d’une véritable industrie du diagnostic moléculaire, fournissant aux cliniciens des données essentielles pour prendre les bonnes décisions thérapeutiques, particulièrement dans le domaine de l’oncologie. Dans la thérapie génique, qui offre des perspectives de guérison complètes pour de nombreuses maladies aujourd’hui sans traitement, les défis technologiques, financiers et organisationnels sont immenses. Notre cabinet accompagne activement ces acteurs émergents qui prennent une place stratégique dans le paysage des sciences de la vie.
“L’intelligence artificielle accélère le développement des médicaments en découvrant de nouvelles molécules plus rapidement et en réduisant les coûts.”
L’intelligence artificielle et les technologies numériques transforment également profondément la R&D biopharmaceutique. Les approches in silico permettent désormais d’évaluer les candidats médicaments de manière virtuelle, réduisant significativement le recours aux études précliniques et cliniques conventionnelles. Cette optimisation des phases amont du développement, portée par des start-up deeptech spécialisées en IA, accélère considérablement le processus de drug discovery. Même chose dans le développement clinique : il devient désormais possible de constituer des « cohortes virtuelles » de patients dans les essais cliniques, d’automatiser la rédaction de comptes rendus cliniques, ce qui réduit considérablement les coûts de développement. Nous intégrons systématiquement ces innovations dans nos missions de conseil en R&D pharmaceutique.
L’impact de l’IA sur le cycle de développement des médicaments est majeur, tant en termes d’efficacité que de réduction des coûts. Les échecs sont détectés plus tôt, le « time to market » est réduit. Bien que ces méthodologies innovantes présentent encore certaines limitations, elles offrent des opportunités de transformation majeures pour l’industrie.
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur Health Tech ?
L’industrie pharmaceutique a connu plusieurs cycles. Après une forte croissance dans les années 1990–2000, le secteur a traversé une période plus difficile à la fin des années 2000 avec la « patent cliff », marquée par une vague massive d’expiration de brevets, qui a impacté les revenus et l’innovation. Depuis 2014–2015, nous assistons à un nouveau cycle d’innovation porté par la convergence de plusieurs ruptures technologiques.
La biologie moléculaire, socle des avancées majeures des décennies 1980–2000, continue de progresser en bénéficiant des progrès en puissance computationnelle, qui ont révolutionné le séquençage du génome et l’imagerie médicale (IRM, radiologie, pathologie). Les technologies de biopsie liquide permettent aujourd’hui la détection précoce des cancers par simple prise de sang. La robotisation et l’IA automatisent les tâches répétitives, générant des gains substantiels en temps et en ressources. La miniaturisation permet également de concevoir des dispositifs médicaux plus précis et plus puissants. Cette dynamique d’innovation devrait se poursuivre de manière exponentielle, la seule vraie contrainte étant la capacité des systèmes de santé à financer ces innovations.
« La miniaturisation permet de concevoir des dispositifs médicaux plus précis et plus puissants. »
La dimension géopolitique devient également critique. Le marché chinois reste relativement fermé avec une préférence marquée pour les solutions domestiques. Les tensions sino-américaines impactent les stratégies commerciales. Le différentiel de prix des innovations thérapeutiques entre les États-Unis et l’Europe s’accentue, questionnant l’accessibilité des innovations américaines pour les systèmes de santé européens.
Le marché américain demeure incontournable pour la R&D et la commercialisation, grâce à ses ressources et sa politique de prix premium. En Europe, les contraintes tarifaires et la complexité des négociations avec les autorités peuvent retarder l’accès aux innovations. Cette problématique d’accès risque de s’amplifier.
Quelle est la valeur ajoutée d’une expérience en conseil stratégique pour une carrière dans le secteur de la santé ?
Le conseil en stratégie constitue un excellent tremplin pour les jeunes talents attirés par le secteur de la santé. La complexité de cet écosystème offre une multiplicité d’opportunités professionnelles, des biotechs aux grands groupes pharmaceutiques, mais il est difficile d’y voir clair pour un jeune qui démarre. L’expérience en conseil permet d’appréhender l’ensemble des acteurs et d’aborder un large spectre de problématiques business, scientifiques et organisationnelles. En 3–4 ans, un consultant peut participer à une trentaine de missions, acquérant ainsi une vision holistique du secteur avant de poursuivre sa carrière soit dans le conseil, soit au sein de l’industrie.