« CB est un actif stratégique pour la souveraineté économique de la France »

À l’heure où la souveraineté numérique et la résilience des infrastructures deviennent des enjeux stratégiques, CB s’impose comme un acteur clé du système de paiement français. Fort de 15 milliards de transactions traitées chaque année, CB revendique la performance économique, la robustesse de sa sécurité et la résilience opérationnelle de son modèle face aux géants internationaux.
Que représente CB aujourd’hui dans le paysage des paiements en France ?
CB est un acteur central du système de paiement français. Fondé en 1984 sous l’impulsion de l’État et de Pierre Bérégovoy en particulier, CB est opéré par un Groupement d’Intérêt Économique à but non lucratif, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’actionnaires à rémunérer, mais un réseau à faire fonctionner et faire évoluer dans l’intérêt général. CB et ses 77 millions de cartes sont aujourd’hui utilisés dans les deux tiers de la consommation courante, soit un volume d’affaires de près de 700 milliards d’euros. Cela dépasse, à titre de comparaison, les volumes annuels traités par des acteurs comme le réseau Discover au niveau mondial.
Mais CB, c’est bien plus qu’un simple réseau de paiement. C’est un écosystème complet – technique, industriel, commercial et réglementaire – qui garantit l’interopérabilité des cartes entre les acteurs, la sécurité des paiements et des données et, surtout, leur souveraineté. Notre infrastructure est intégralement opérée en France, et nous avons nos propres standards technologiques, ce qui nous rend indépendants des grandes plateformes internationales. C’est un point crucial à l’heure où la souveraineté numérique devient une priorité nationale.
Comment CB utilise-t-elle la technologie, dans son grand plan « CB Dynamique 2026 » ?
Le plan « CB Dynamique 2026 » est structuré autour de quatre axes majeurs qui visent à renforcer notre impact dans un paysage des paiements en mutation rapide.
Le premier est technologique. Il s’agit de rattraper le retard pris sur certains usages digitaux, notamment les paiements mobiles. D’ici la fin 2025, toutes les banques françaises proposeront, via CB, une intégration native et agnostique avec les principaux wallets (Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay). Ensuite, nous travaillons activement sur la tokenisation souveraine avec notre filiale STET. Enfin, nous misons sur l’intelligence artificielle pour améliorer la détection des fraudes avec des algorithmes analysant en temps réel plus de cent variables en quelques millisecondes. Nous poursuivons aussi nos efforts de standardisation, via le protocole CPACE, une norme ouverte et libre de droits pour l’émission des cartes.
… Et les autres volets ?
Le deuxième axe concerne la relance commerciale. Longtemps discret sur ce plan, CB a désormais une direction dédiée au développement. Résultat : nous intégrons régulièrement de nouveaux membres importants, comme JP Morgan Chase, Stripe ou Adyen. Ces adhésions illustrent notre attractivité : CB est trois fois moins fraudé que les réseaux internationaux, et jusqu’à dix fois moins coûteux pour les commerçants.
Le troisième axe est la communication. En 2023, nous avons aligné notre logo sur notre mission souveraine et lancé la campagne « Made in France – Paye in France », pour réaffirmer notre ancrage national. Cette dynamique s’est déployée à travers des événements rassemblant commerçants, industriels et institutionnels, comme le Sommet CB ou la Journée du commerce CB. Cela passe aussi par le sponsoring de l’équipe FDJ-Suez de cyclisme féminin et la Fédération française de cyclisme. Enfin, le quatrième pilier est la souveraineté. Le co-badging, affiché comme un objectif de la feuille de route des paiements français, est au centre de notre stratégie pour l’horizon 2030. Il permet que toute opération réalisée en France passe par CB, avec une sécurité et une conformité RGPD garanties « by design ».
Dans un contexte de tensions internationales, CB se positionne-t-il comme un filet de sécurité ?
Clairement, oui. Le paiement est une infrastructure critique vitale pour le quotidien des Français, au même titre que l’énergie ou les télécommunications. Si demain un incident majeur ou une crise géopolitique touche les grands réseaux internationaux comme c’est déjà arrivé, CB garantit en France l’autonomie et la continuité économique à l’échelle nationale. J’appelle cela « le cercle de survie » : CB et le cash assurent ensemble 95 % des paiements de détail en France.
Et même pour retirer du cash, il faut une carte.
Nous avons aussi maintenu des capacités de fonctionnement offline. En cas de panne Internet ou de coupure électrique, un terminal autonome peut réaliser plusieurs centaines de transactions. Cette résilience, que peu de systèmes ont su conserver, est une sorte « d’innovation à l’envers » et un avantage considérable en cas de crise.
Le cash est-il en voie de disparition ?
Non, et c’est une idée reçue. Pour la première fois en 2024, les paiements CB ont dépassé le cash, mais les espèces représentent encore 43 % des transactions. Et le paiement mobile – souvent présenté comme l’avenir – ne pèse à date que 4 % et principalement via des cartes CB enrôlées dans les applications mobiles.
En réalité, CB reste le pivot entre le cash et le digital. Notre vision n’est pas celle d’un modèle tout-numérique, mais d’un modèle hybride capable de résister aux crises, qu’elles soient technologiques, énergétiques ou géopolitiques.
CB est-il en avance sur la cybersécurité ?
CB fait tout pour rester en pointe sur ces sujets. Notre plateforme traite plus de 1,5 milliard d’authentifications chaque année, en analysant plus d’une centaine de critères en 80 millisecondes, soit bien moins d’une seconde. Nos outils basés sur l’intelligence artificielle nous permettent de détecter les comportements anormaux, les tentatives de fraude ou les faux sites marchands avec une grande réactivité.
Notre infrastructure est totalement opérée en France, ce qui garantit l’intégrité des données et la conformité RGPD. De plus, nous travaillons avec les autorités nationales sur les scénarios critiques liés aux cybermenaces. Enfin, nous anticipons les ruptures futures, notamment l’arrivée de l’informatique quantique, en révisant dès maintenant nos standards de cryptographie.
CB attire des acteurs étrangers. Que viennent-ils chercher ?
Ils viennent avant tout chercher la sécurité, la conformité et l’efficacité territoriale. CB est l’un des rares systèmes à proposer une couverture aussi complète du marché français (carte cash, carte mobile et carte e-commerce), avec un très faible taux de fraude et des coûts bien inférieurs à ceux des grands réseaux internationaux.
Quand JP Morgan ou Stripe rejoignent notre réseau, c’est parce que leurs clients – parfois les GAFAM eux-mêmes – leur demandent des solutions de paiement compétitives, conformes, et bien implantées localement. En résumé, CB est réellement un atout stratégique pour accéder au marché français.
CB a-t-il une ambition européenne ?
Aujourd’hui, notre priorité reste la France, mais nous avons une responsabilité dans l’écosystème européen : CB c’est plus de 20 % des paiements cartes en zone Euro. Nous serions susceptibles de travailler en marque blanche avec des pays qui n’ont plus de réseau souverain. Par ailleurs, avec les autres réseaux nationaux survivants (Allemagne, Belgique, Italie, Portugal, France), des interconnexions sont peut-être également envisageables à terme pour renforcer la souveraineté européenne.
Mais sur les sujets européens, notre action est avant tout complémentaire de celle du futur Wallet européen (projet WERO d’EPI, poussé par les banques françaises et 5 pays de l’UE). Là où CB sécurise les paiements domestiques avec une offre mature et robuste, les initiatives européennes construisent le futur digital des paiements. Nous ne sommes pas concurrents, mais partenaires et complémentaires dans un écosystème en pleine mutation.
Chiffres-clés en 2024
| Nombre de cartes CB et TRD en circulation | 77 Millions |
| Nombre de transactions CB Dont : – Transactions CB en mode sans contact – Transactions CB en vente à distance | 14,5 Milliards 7,3 Milliards 2 Milliards |
| Volume d’affaires en CB | 700 Milliards d’€ |




