Solutions digitales par le groupe SAMSON.

« Capitaliser sur le digital et ses outils pour produire mieux et plus »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°756 Juin 2020
Par Laurent MARTINOD

Acteur incon­tourn­able de l’instrumentation et de l’industrie des procédés, SAMSON a pris le virage du numérique pour aider ses clients à con­serv­er leur com­péti­tiv­ité et à innover. Expli­ca­tions de Lau­rent Mar­tin­od, Respon­s­able Dig­i­tal­i­sa­tion au sein de SAMSON.

Dites-nous en plus sur votre positionnement et sur votre cœur de métier.

Depuis plus de 100 ans, le groupe opère dans le secteur de l’instrumentation et des procédés. His­torique­ment, notre cœur de méti­er est la régu­la­tion des flu­ides pour l’industrie et pour les réseaux ter­ti­aires. Nous fab­riquons majori­taire­ment des vannes de régu­la­tion, un com­posant incon­tourn­able dans l’industrie des procédés.

À tra­vers nos solu­tions, notre ambi­tion est d’apporter à nos clients la flex­i­bil­ité, la sécu­rité et la fia­bil­ité, des qual­ités indis­pens­ables dans le secteur industriel.

Notre cœur de méti­er et notre posi­tion­nement ont égale­ment évolué au cours des décen­nies. En effet, les vannes ont un rôle qui ouvre beau­coup d’opportunités en ter­mes d’innovation.

Inspirés par les pos­si­bil­ités tech­nologiques (indus­trie 4.0), la dynamique du marché et aidés par les organ­i­sa­tions indus­trielles alle­man­des, nous avons fait le choix d’investir mas­sive­ment dans notre activ­ité dig­i­tale il y a env­i­ron 5 ans. Les équipes pilotes se sont ren­for­cées (mul­ti­pli­ca­tion par 10 de nos effec­tifs) pour devenir une direc­tion à part entière et nous avons accéléré le déploiement du dig­i­tal au sein du groupe. Ces investisse­ments financiers et humains nous ont per­mis de faire évoluer notre posi­tion­nement en pas­sant d’un acteur du domaine des com­posants à un acteur capa­ble de pro­pos­er des sys­tèmes numériques et des ser­vices autour du digital.

Concrètement, comment s’est passé le virage numérique du groupe ?

À l’instar de toutes les entre­pris­es, notre enjeu est de con­serv­er notre com­péti­tiv­ité pour résis­ter à l’apparition de nou­veaux acteurs, notam­ment en prove­nance des BRICS, qui ont atteint un niveau de matu­rité indus­trielle leur per­me­t­tant de nous con­cur­rencer. En par­al­lèle, nos clients souhait­ent se lancer dans une démarche de digitalisation.

Nous avons donc con­stru­it notre offre autour de la val­ori­sa­tion des don­nées issues de l’activité indus­trielle afin de faire émerg­er de nou­veaux busi­ness mod­èles pour nos clients et nous-même. Dans l’industrie des procédés, la pre­mière appli­ca­tion est l’analyse et l’optimisation de l’outil de pro­duc­tion. En effet, l’enjeu est de cap­i­talis­er sur le dig­i­tal et ses out­ils pour pro­duire mieux et plus.

Il est intéres­sant de not­er que, de fait, cela amène à davan­tage de vis­i­bil­ité et de trans­parence sur l’outil de pro­duc­tion. Ceci est par­ti­c­ulière­ment vrai pour les groupes inter­na­tionaux qui ont une sup­ply chain mondialisée.

D’un point de vue opérationnel, quels sont les axes sur lesquels vous vous êtes concentrés dans le cadre de cette digitalisation ?

Avec nos clients et d’autres acteurs du marché, nous avons iden­ti­fié trois phas­es. Pre­mière­ment, vien­nent deux phas­es de fon­da­tion : génér­er des don­nées ter­rains de qual­ité puis les col­lecter et les stock­er. Ce sont les préreq­uis pour per­me­t­tre la troisième phase : la val­ori­sa­tion des don­nées. Cette val­ori­sa­tion des don­nées est la par­tie la plus cri­tique de ce proces­sus, car c’est elle qui per­met l’émergence de nou­veaux usages, de nou­veaux busi­ness mod­èles, d’optimisation… en d’autres ter­mes, de prof­its. C’est grâce à cela que les indus­triels seront en mesure de con­serv­er et d’améliorer leur compétitivité.

Fort de ces con­stats, nous nous sommes ensuite focal­isés sur cha­cune de ces phases.

Pour la généra­tion de don­nées, nous avons créé une entre­prise indépen­dante : FOCUS-ON. Elle se con­cen­tre sur l’intégration de cap­teurs dans les vannes et l’intelligence embar­quée (edge computing).

Pour la col­lecte et le stock­age des don­nées, nous faisons par­tie de groupes de tra­vail sur la com­mu­ni­ca­tion indus­trielle et sur l’internet des objets indus­triels (IIoT). Nous dévelop­pons notre plate­forme IIoT dans ce cadre col­lab­o­ratif. En effet, il s’agit d’une thé­ma­tique trans­verse qui néces­site une action coor­don­née de tous les acteurs de l’instrumentation et des procédés.

Sur le volet de la val­ori­sa­tion des don­nées, nous tra­vail­lons selon qua­tre axes : les tableaux de bord con­tex­tu­al­isés, la super­vi­sion du parc d’équipement, l’analyse et l’optimisation via le Machine Learn­ing (ML). Ces qua­tre axes con­tribuent in fine à opti­miser la disponi­bil­ité, la per­for­mance et la qual­ité des out­ils industriels.

Le groupe a fait le choix de se focaliser plus particulièrement sur la valorisation des données. Pourquoi ?

Comme je l’indiquais, c’est la phase pour laque­lle les gains de pro­duc­tiv­ité sont les plus promet­teurs. En y réfléchissant, elle peut être mise en œuvre rapi­de­ment sur les instal­la­tions exis­tantes sans néces­saire­ment pass­er par les phas­es 1 et 2.

Par exem­ple, nous avons dévelop­pé le logi­ciel SAM GUARD : l’analyse pré­dic­tive par « Machine Learn­ing » (ML) assistée par l’humain. Nous sommes par­tis de la con­stata­tion qu’il exis­tait déjà des don­nées présentes dans les « his­to­ri­ans » (base de don­nées liée au DCS) et qu’il était pos­si­ble de les utilis­er pour aug­menter la pro­duc­tion dans l’industrie des procédés. En effet SAM GUARD peut anticiper des événe­ments inédits et imprévis­i­bles (défail­lance matérielle, blocage, dévi­a­tion…), alert­er le per­son­nel et ain­si réduire dras­tique­ment les arrêts de production.

Cepen­dant, il existe un écueil avec le ML. C’est une tech­nolo­gie habituelle­ment com­plexe, con­traig­nante et néces­si­tant du per­son­nel très qualifié.

Notre démarche inno­vante avec SAM GUARD a été de com­bin­er le ML avec le savoir-faire des ingénieurs procédés. Cela per­met au ML de « par­ler » le lan­gage méti­er et de com­mu­ni­quer unique­ment les infor­ma­tions utiles au personnel.

Les respon­s­ables de pro­duc­tion béné­fi­cient ain­si d’une solu­tion qu’ils peu­vent déploy­er en autonomie, rapi­de­ment (2 à 3 semaines), sur l’intégralité de l’installation et qui s’intègre sans heurt dans l’activité du site.

Nos clients ne peu­vent renou­vel­er tout le matériel d’un coup ou embauch­er une équipe dédiée à une solu­tion. C’est pourquoi cette solu­tion nous tient à cœur : elle per­met d’avancer dans la démarche de dig­i­tal­i­sa­tion en se gref­fant sur l’existant et donc avec un investisse­ment min­i­mum. Cela per­met de valid­er l’intérêt d’une telle tech­nolo­gie en prenant des risques très limités.

Comment résumeriez-vous votre valeur ajoutée sur le marché, notamment grâce à ce positionnement sur le numérique ?

SAMSON est une entre­prise à taille humaine, agile et réac­tive. Dans un monde en per­pétuelle muta­tion, cela présente un avan­tage. Cela veut aus­si dire que nous ne révo­lu­tion­nerons pas le marché seuls. Nous devons tra­vailler dans une logique de parte­nar­i­at avec les autres acteurs et avec nos clients. Si on con­sid­ère la nature de la dig­i­tal­i­sa­tion, le fait de devoir tra­vailler en col­lab­o­ra­tion est un avan­tage. Nous con­tribuons aux pro­jets de dig­i­tal­i­sa­tion de nos clients avec notre savoir-faire, mais aus­si avec des solu­tions ouvertes, capa­bles de s’interconnecter avec des out­ils déjà exis­tants, en cours de déploiement ou à venir.

De plus, nous avons tou­jours cette dou­ble focale : tra­vailler à la fois sur le béné­fice à court terme, mais aus­si sur les béné­fices à long terme puisque nos solu­tions sont tou­jours prêtes à utilis­er les nou­velles don­nées et les nou­veaux algo­rithmes que la tech­nolo­gie de demain apportera. Avec eux vien­dront de nou­veaux usages plus profitables.

Quels sont les enjeux et les sujets qui vous mobilisent à ce niveau ?

La recherche et l’innovation sont essen­tielles afin que nous puis­sions con­solid­er notre posi­tion­nement dans le marché à l’échelle mon­di­ale. Plus pré­cisé­ment dans le domaine de la dig­i­tal­i­sa­tion, les enjeux nous sem­blent être les suivants.

L’interopérabilité est pri­mor­diale : per­son­ne ne sait com­ment les tech­nolo­gies vont évoluer. Nous con­tribuons à une approche glob­ale sur un ou des sites indus­triels. Nos solu­tions doivent s’intégrer facile­ment aujourd’hui et demain à l’environnement de notre client.

Ensuite, l’évolutivité est, par essence, présente dans notre démarche. La R&I est très foi­son­nante dans ce domaine et nos clients béné­fi­cient en per­ma­nence des dernières fonc­tion­nal­ités développées.

Pour con­clure, l’accessibilité per­met l’adhésion des gens du méti­er et cela est une con­di­tion indis­pens­able aux suc­cès de tels pro­jets. Une approche d’expert que les per­son­nes opéra­tionnelles ne pour­raient utilis­er serait aban­don­née à coup sûr. La tech­nolo­gie ne devrait pas être un sujet, elle devrait aider le per­son­nel à tra­vailler plus effi­cace­ment en étant aus­si dis­crète que possible.

Notre engage­ment dans la recherche et l’innovation s’est traduit par l’inauguration, en novem­bre 2017, du « Rolf Sand­voss Inno­va­tion Cen­ter » à Franc­fort. Ce sont plus de 7 000 m² de sur­face dédiée à l’innovation. C’est aujourd’hui le plus grand cen­tre de ce type en Europe. 

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