Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des Animaux
Francis Poulenc : Concerto pour deux pianos

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°767 Septembre 2021
Par Marc DARMON (83)

Les concerts de l’Orchestre phil­har­mo­nique de Ber­lin à la Waldbühne sont tou­jours évé­ne­ment : dans ce théâtre en exté­rieur réunis­sant plus de 20 000 spec­ta­teurs à la péri­phé­rie de la capi­tale alle­mande, les pro­grammes et la qua­li­té de l’interprétation en font une expé­rience d’exception, popu­laire et cultu­relle à la fois. Ce soir-là de 2008, les œuvres fran­çaises pour deux pia­nos et orchestre réunies par le plus bel orchestre du monde, son chef d’alors Sir Simon Rat­tle et les sœurs Labèque sont ren­dues avec la verve, l’humour et le panache néces­saires. Un spec­tacle léger et chic.

Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des Animaux

Nous fêtons cette année le cen­te­naire de la mort de Camille Saint-Saëns. L’ensemble de l’œuvre de ce grand com­po­si­teur fran­çais mérite d’être rééva­lué. Il faut redé­cou­vrir sa musique de chambre, ses opé­ras au-delà de Sam­son et Dali­la (Hen­ri VIII par exemple, for­mi­dable, qu’on a décou­vert au théâtre impé­rial de Com­piègne, le DVD existe), ses sym­pho­nies après la fameuse troi­sième sym­pho­nie avec orgue, ses concer­tos pour vio­lon, et sur­tout ses cinq concer­tos pour pia­no. Mais son œuvre la plus célèbre reste Le Car­na­val des ani­maux (1886), inter­pré­té ici en for­ma­tion avec grand orchestre et deux pianos.

L’œuvre est pleine de paro­dies d’Offenbach, Ros­si­ni, Rameau, et de chan­sons enfan­tines. Cette suc­ces­sion de mor­ceaux de carac­tère sont ce soir-là tous plus réus­sis les uns que les autres. Rat­tle ne peut empê­cher le public d’applaudir après cha­cun d’entre eux tel­le­ment la fête musi­cale est belle et entraî­nante. Per­fec­tion ins­tru­men­tale des solistes du Phil­har­mo­nique de Ber­lin (vio­lon­celle dans le fameux « Cygne », contre­basse pour l’« Élé­phant », flûte d’Emmanuel Pahud pour la volière…), cabo­ti­nage par­fait et per­ti­nent des sœurs Labèque. Dans le mor­ceau « Les Pia­nistes » où Camille Saint-Saëns se moque (en citant les pia­nistes par­mi les ani­maux) des solistes pré­ten­tieux de l’époque, elles jouent par­fai­te­ment désyn­chro­ni­sées comme le sou­hai­tait le compositeur.

Francis Poulenc : Concerto pour deux pianos

Le Concer­to en ré mineur pour deux pia­nos et orchestre de Fran­cis Pou­lenc (1932) a déjà été com­men­té dans ces colonnes en mai 2019, dans une autre inter­pré­ta­tion. C’est une des der­nières œuvres de sa pre­mière période, une œuvre gaie et très acces­sible de Pou­lenc, dont on disait qu’il était à la fois « moine et voyou ». Il est com­po­sé selon la mode de l’époque aux envi­rons de 1930, qui a vu aus­si un retour à Bach chez Hin­de­mith, à Tchaï­kovs­ki chez Stravinski. 

Pou­lenc emprunte là non seule­ment à l’histoire de la musique occi­den­tale, Camille Saint-Saëns dans la toc­ca­ta du début, des qua­si-contre­points à la Bach, Rach­ma­ni­nov dans l’écriture pia­nis­tique, trois cita­tions de Mozart (Concer­tos nos 20, 21 et 26), une de Ravel (Concer­to en sol), mais il emprunte aus­si à la musique orien­tale de game­lan qu’il venait de décou­vrir. Le second mou­ve­ment est même inté­gra­le­ment une paro­die de Mozart. « Je pré­fère Mozart à tous les autres musi­ciens », disait Pou­lenc. L’œuvre « canaille » est écrite pour le pia­niste Jacques Février, ami d’enfance de Fran­cis Pou­lenc avec qui il l’a créée en 1932 à La Fenice de Venise. 

Le site digitalconcerthall.com est une mine d’or pour le mélo­mane. On y trouve une grande par­tie des concerts du Phil­har­mo­nique de Ber­lin, très bien fil­més, des trente der­nières années, y com­pris de la période Kara­jan. Concerts clas­sés par périodes, par artistes et par com­po­si­teurs. Le site est très bien réa­li­sé, très facile d’utilisation, et au conte­nu passionnant. 


Katia et Marielle Labèque, pia­nos, Orchestre Phil­har­mo­nique de Ber­lin, direc­tion Sir Simon Rattle

Digitalconcerthall.com, site de l’Orchestre Phil­har­mo­nique de Berlin

Ou 1 DVD Euroarts

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