Cairdac : Révolutionner le pacemaker avec une innovation autonome et sans sonde

Cairdac : Révolutionner le pacemaker avec une innovation autonome et sans sonde

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Edouard FONCK

Cair­dac repense le pace­ma­ker avec une approche nova­trice alliant minia­tu­ri­sa­tion, auto­no­mie éner­gé­tique et sui­vi médi­cal conti­nu. Edouard Fonck, son direc­teur géné­ral nous par­tage les ambi­tions de sa tech­no­lo­gie et les pro­chaines étapes de déve­lop­pe­ment de cette inno­va­tion majeure en cardiologie.

Pour commencer, pourriez-vous nous rappeler l’origine de Cairdac et sa mission principale ?

La genèse de Cair­dac repose sur un constat simple : depuis son inven­tion dans les années 1960, le pace­ma­ker n’a que très peu évo­lué. Bien que cet appa­reil sauve des vies en régu­lant le rythme car­diaque des patients souf­frant de bra­dy­car­die, son desi­gn et ses fonc­tion­na­li­tés n’ont pas véri­ta­ble­ment répon­du aux besoins modernes des patients et des méde­cins. Chez Cair­dac, nous avons vou­lu repen­ser tota­le­ment ce dis­po­si­tif. Notre objec­tif est de conce­voir un pace­ma­ker révo­lu­tion­naire, qui non seule­ment rem­plit sa fonc­tion vitale, mais amé­liore la qua­li­té de vie des patients en étant dis­cret, auto­nome et adap­té aux exi­gences médi­cales d’aujourd’hui. Nous avons ain­si déve­lop­pé un pace­ma­ker minia­tu­ri­sé et sans sonde, direc­te­ment implan­table dans le cœur. De plus, grâce à notre tech­no­lo­gie unique basée sur le pié­zo­élec­trique, le dis­po­si­tif capte l’énergie ciné­tique du cœur pour ali­men­ter son fonc­tion­ne­ment, éli­mi­nant ain­si le besoin de rem­pla­cer des batteries.

En quoi votre pacemaker se distingue-t-il de ce qui existe sur le marché ?

Notre pace­ma­ker pré­sente plu­sieurs dif­fé­rences majeures. D’abord, il ne néces­site pas de sonde trans­vei­neuse ni de poche sous-cuta­née, ce qui éli­mine des risques d’infection ou de rup­ture de câbles. Il est insé­ré direc­te­ment dans le cœur, mini­mi­sant ain­si les com­pli­ca­tions post­opé­ra­toires. Ensuite, notre tech­no­lo­gie pié­zo­élec­trique conver­tit l’énergie ciné­tique du cœur en élec­tri­ci­té. L’appareil s’autoalimente grâce aux mou­ve­ments car­diaques, évi­tant ain­si les rem­pla­ce­ments fré­quents et les bat­te­ries à durée de vie limitée. 

De plus, le dis­po­si­tif offre un moni­to­ring conti­nu du patient, des alertes auto­ma­tiques, une remon­tée de don­nées en temps réel, ce qui cor­res­pond à l’essor de la méde­cine pré­ven­tive, per­son­na­li­sée et connec­tée. Les car­dio­logues peuvent ain­si anti­ci­per d’éventuelles com­pli­ca­tions, ajus­ter plus fine­ment les réglages du pace­ma­ker et amé­lio­rer glo­ba­le­ment la prise en charge. Concrè­te­ment ce sui­vi conti­nu per­met de détec­ter très tôt des ano­ma­lies et d’éviter des hos­pi­ta­li­sa­tions inutiles. Cette flexi­bi­li­té ouvre la voie à une car­dio­lo­gie 2.0, où l’on n’intervient plus seule­ment après coup, mais où l’on pré­vient les pro­blèmes et on adapte le trai­te­ment en continu.

Quels ont été les principaux défis techniques dans le développement de votre technologie ?

Les défis ont été mul­tiples. D’abord, la minia­tu­ri­sa­tion : inté­grer une élec­tro­nique avan­cée, des cap­teurs, des com­po­sants pié­zo­élec­triques et une intel­li­gence logi­cielle de pointe dans un dis­po­si­tif de quelques mil­li­mètres. Ensuite, il y a eu la ques­tion régle­men­taire : les stan­dards euro­péens et amé­ri­cains en matière de dis­po­si­tifs médi­caux implan­tables sont stricts, et à juste titre. Nous avons dû anti­ci­per les exi­gences des auto­ri­tés de san­té, de la Com­mis­sion euro­péenne à la FDA, en pas­sant par l’élaboration de pro­to­coles de tests pré­cli­niques, de véri­fi­ca­tion et vali­da­tion (V&V) et de sui­vi des don­nées. Enfin, le der­nier grand défi a été la mobi­li­sa­tion de res­sources finan­cières, humaines et maté­rielles. Heu­reu­se­ment, l’écosystème fran­çais est très riche, avec des ingé­nieurs hau­te­ment qua­li­fiés, des cher­cheurs recon­nus mon­dia­le­ment, des par­te­naires comme le Groupe Ver­mon et des inves­tis­seurs tels que Merieux Equi­ty Part­ners, BPI France, Relyens ou Super­no­va, qui nous accom­pagnent depuis le début et par­tagent notre vision.

Où en est Cairdac dans son développement et quelles sont les prochaines étapes clés qui jalonneront votre parcours dans les années à venir ?

Actuel­le­ment, nous sommes en pleine phase de véri­fi­ca­tion et de vali­da­tion pré­cli­niques (V&V). Cela implique des tests appro­fon­dis en labo­ra­toire afin de garan­tir la sécu­ri­té, l’efficacité et la fia­bi­li­té de notre Pace­ma­ker. Nous pré­voyons de lan­cer nos pre­miers essais cli­niques en 2025, ce qui consti­tue­ra un jalon déter­mi­nant pour obte­nir les auto­ri­sa­tions de mise sur le mar­ché. À l’horizon 2027, nous visons la com­mer­cia­li­sa­tion du dis­po­si­tif, d’abord en Europe puis aux États-Unis. Paral­lè­le­ment, nous tra­vaillons déjà à l’élargissement de notre savoir-faire dans d’autres domaines médi­caux. Les prin­cipes qui sous-tendent notre tech­no­lo­gie – minia­tu­ri­sa­tion, auto­no­mie éner­gé­tique, com­mu­ni­ca­tion sans fil sécu­ri­sée – peuvent être appli­qués à d’autres dis­po­si­tifs implan­tables, notam­ment dans le domaine de la neu­ro­lo­gie ou de la ges­tion de la douleur.

l’équipe derrière Cairdac

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’équipe derrière Cairdac ? Quelles sont les compétences, les valeurs et la culture interne qui soutiennent ce projet ambitieux ?

Cair­dac réunit aujourd’hui une qua­ran­taine de col­la­bo­ra­teurs aux pro­fils variés. Nous comp­tons des ingé­nieurs spé­cia­listes de l’électronique, de méca­nique de pré­ci­sion et de ges­tion de la qua­li­té, ain­si qu’une équipe d’experts en déve­lop­pe­ment logi­ciel, régle­men­taire et cli­nique. Nous béné­fi­cions éga­le­ment de par­te­na­riats avec des méde­cins de renom­mée inter­na­tio­nale, notam­ment en France mais aus­si aux États-Unis. Cette col­la­bo­ra­tion étroite avec le corps médi­cal est cru­ciale pour affi­ner nos stra­té­gies cli­niques, conce­voir des essais per­ti­nents et com­prendre les besoins réels du terrain.

“Cairdac : un pacemaker sans sonde et autoalimenté, ouvrant la voie à une nouvelle ère en cardiologie.”

Sur le plan cultu­rel, Cair­dac est por­tée par la pas­sion de l’innovation et la volon­té d’avoir un impact posi­tif sur la vie des patients et des pro­fes­sion­nels de san­té. Nous culti­vons une exi­gence éle­vée, un esprit d’équipe, la trans­pa­rence dans la com­mu­ni­ca­tion, et un res­pect strict des normes de qua­li­té. Notre mar­ché est consi­dé­rable, plus de 5 mil­liards d’euros, avec 2 mil­lions de pace­ma­kers implan­tés chaque année dans le monde. Nous avons la ferme inten­tion de faire du pace­ma­ker sans sonde la réfé­rence mon­diale, et pour cela, nous recher­chons constam­ment de nou­veaux talents, prêts à rele­ver avec nous ces défis tech­no­lo­giques et médi­caux. Par chance, la France béné­fi­cie d’un vivier d’ingénieurs hau­te­ment qualifiés.

Pour conclure, comment envisagez-vous l’avenir de Cairdac ?

Nous voyons l’avenir avec un immense enthou­siasme. Tech­no­lo­gi­que­ment, nous conti­nue­rons à per­fec­tion­ner nos pace­ma­kers afin d’offrir tou­jours plus de per­for­mances, de connec­ti­vi­té et de sécu­ri­té. Notre objec­tif est d’obtenir les cer­ti­fi­ca­tions néces­saires, puis de lan­cer notre pro­duit en Europe et aux États-Unis. Nous vou­lons réel­le­ment amé­lio­rer la qua­li­té de vie des patients, réduire les com­pli­ca­tions, faire bais­ser les coûts, et encou­ra­ger une méde­cine plus proac­tive et moins inva­sive. Cette vision guide notre équipe au quo­ti­dien et nous pousse à inno­ver constam­ment, tant sur le plan tech­no­lo­gique que médical. 

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