Bleu : construire un cloud de confiance sécurisé et innovant

Avec l’essor du cloud et la digitalisation des services, la question de la souveraineté numérique devient centrale. Entre cybermenaces et lois extraterritoriales comme le Cloud Act, la protection des données critiques est un enjeu stratégique pour les entreprises et les institutions. Dans ce contexte, Bleu propose une alternative souveraine, alliant performance technologique et haut niveau de sécurité. Entretien avec Jean Coumaros, président de Bleu.
Avec la montée en puissance du cloud et la transformation numérique, quelles sont aujourd’hui les principales préoccupations en matière de souveraineté et de protection des données critiques ?
Deux risques majeurs dominent. Le premier risque est la menace cyber : il s’agit d’empêcher des acteurs malveillants – pirates isolés ou groupes soutenus par des États – d’accéder aux systèmes d’information des entreprises ou des États dans le but d’y dérober des données sensibles. Le second risque est juridique, il est lié aux lois non européennes à portée extraterritoriale, comme par exemple le Cloud Act américain. Celui-ci permet à la justice des États-Unis d’exiger des données, y compris hébergées hors de leur territoire, dès lors qu’elles sont stockées par un acteur américain. Ces lois posent un réel problème de protection des données pour les entreprises et les administrations françaises.
En quoi Bleu se distingue-t-il des autres solutions cloud du marché ?
Bleu repose sur deux piliers : la confiance et l’innovation. Bleu a conclu un partenariat technologique stratégique avec Microsoft qui nous permet de proposer l’ensemble des services cloud Azure et Microsoft 365 incluant le service Teams. C’est-à-dire des solutions cloud innovantes, performantes et à l’état de l’art, issues d’un acteur reconnu mondialement.
Nous offrirons ces solutions dans un cloud de confiance, pour cela nous visons la qualification SecNumCloud 3.2 délivrée par l’ANSSI. Cette qualification atteste du plus haut niveau de sécurité juridique, technique et opérationnelle. Elle nous permettra d’assurer à nos clients d’être protégés à la fois contre les cyberattaques et contre les lois extraterritoriales.
C’est cette double promesse : excellence technologique et confiance, qui nous distingue.
Pourquoi avoir choisi le nom « Bleu » ?
Le nom Bleu existait déjà dans le portefeuille de marques de l’un de nos actionnaires. Lors de nos réflexions, il s’est imposé naturellement. Il évoque d’abord Azure, la solution cloud de Microsoft que nous proposons. C’est aussi un clin d’œil à la « couleur », celle de la France, celle de la marque Capgemini, l’un de nos deux actionnaires, et à Orange, notre autre actionnaire. Enfin, c’est un nom simple, mémorable et cohérent avec notre mission.
Comment accompagnez-vous concrètement les entreprises et institutions dans l’adoption d’un cloud souverain ?
Nous participons à un important travail de sensibilisation, en lien avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et les pouvoirs publics, pour alerter sur les risques numériques. Ensuite, nous avons lancé un programme baptisé « Départ lancé », pour aider concrètement les organisations à migrer vers nos services. Ce programme repose à ce jour sur un réseau de 17 partenaires conseil/intégrateurs : Accenture, Avanade, Capgemini, Orange Business, Sopra Steria, Wavestone, etc. Ces entreprises ont été formées à nos technologies et aux exigences de souveraineté, et accompagnent nos clients dans leurs projets de transition vers le cloud.
Où en est Bleu un an après son lancement, et quels sont vos objectifs pour 2025 ?
Nous avons beaucoup progressé : nous avons recruté 130 collaborateurs à ce jour, et nous visons à dépasser les 200 d’ici fin 2025. Deux data centers sont déjà opérationnels, équipés de plus de 10 000 serveurs. Les premiers services de base IaaS sont en production, et nous allons enrichir notre offre tout au long de l’année 2025, avec les couches PaaS et Microsoft 365, notamment Teams.
“Notre priorité : offrir un cloud de confiance, sécurisé et à la pointe de la technologie.”
Nous avons aussi signé nos premiers clients. Nous sommes en discussion avec une trentaine d’autres : grands groupes français, opérateurs d’importance vitale, ministères, collectivités, CHU…
Notre priorité stratégique pour 2025 reste bien entendu l’obtention de la qualification SecNumCloud 3.2 de l’ANSSI, un gage fondamental de confiance et de souveraineté pour nos clients.
Vous avez mentionné l’objectif d’obtenir la qualification SecNumCloud. Quelles sont, concrètement, les principales exigences techniques et organisationnelles à respecter pour y parvenir ?
Nous visons en effet l’obtention de la qualification SecNumCloud 3.2 délivrée par l’ANSSI. Ce visa de sécurité repose sur un référentiel qui compte plus de 270 critères à respecter afin d’assurer le plus haut niveau d’exigence en matière de sécurité et de confiance.
Les critères SecNumCloud portent sur des aspects opérationnels (organisation, procédures, compétences…), techniques (architecture, gestion des accès et identités, règles de cloisonnement…) et juridiques (entité légale, actionnariat, gouvernance…). L’ANSSI a validé notre jalon J0, ce qui valide l’entrée formelle d’un riche catalogue de services IaaS, PaaS et CaaS dans le processus de qualification SecNumCloud.
Quels cas d’usage concrets observez-vous aujourd’hui parmi vos premiers clients ? Quels sont les types d’applications ou de données qui migrent en priorité vers le cloud de Bleu ?
Dans le secteur public, beaucoup d’organisations utilisent encore des services Microsoft on-premise, contraints par la réglementation. Ceux-ci sont intéressés par les services plus avancés comme Microsoft 365 et surtout Teams mais aussi par Azure pour moderniser leurs systèmes d’information.
Dans le secteur privé, nos clients doivent allier la sécurisation de leurs applications et de leurs données sensibles avec l’accès aux meilleures technologies pour tirer partie de leurs données et gagner en productivité.
Nous échangeons également avec de nombreux éditeurs de logiciels indépendants qui recherchent un socle de confiance pour proposer leurs solutions à leurs clients finaux manipulant des données sensibles.
Bleu est né d’un partenariat inédit entre deux grands groupes français et un géant technologique américain. Comment parvenez-vous à équilibrer cette alliance pour garantir la souveraineté et l’indépendance ?
Bleu est une coentreprise fondée par Capgemini et Orange à 50/50. Nous sommes une société française totalement indépendante en cela nous disposons de nos propres moyens de fonctionnement : budget, locaux, salariés…
Nos actionnaires quant à eux siègent au conseil d’administration.
Microsoft est notre partenaire technologique sans aucune participation au capital ou à la gouvernance de Bleu.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché du cloud souverain en France et en Europe ? Pensez-vous qu’un « cloud européen » peut émerger face aux géants mondiaux ?
Je pense que l’émergence d’un champion européen du cloud est possible. Ceci serait grandement facilité par l’adoption d’un schéma de certification des services cloud qui soit harmonisé au niveau européen et qui intègre des critères d’immunité aux lois extraterritoriales.
Pour en savoir plus : https://www.bleucloud.fr/