Biographies et autobiographies

Dossier : Les X et l'écritureMagazine N°660 Décembre 2010
Par Christian MARBACH (56)

Biographies

Biographies

Louis de Lau­nay (1879), quand il rédi­ge sa vie de Gas­pard Mon­ge ou celle du grand Ampère, en fait des chefs-d’oeu­vre car il évoque des per­son­nages dont il peut sen­tir les raison­nements et les désirs, la volon­té de com­pren­dre et d’en­seign­er, la réflex­ion sur l’é­d­u­ca­tion au ser­vice d’une société ou d’un pays.

Les auteurs de la biogra­phie d’Al­bert Caquot, Savant, sol­dat et bâtis­seur (1899), sont son gen­dre Jean Kérisel (29) et son petit-fils Thier­ry (61).

Alexan­dre Ossad­zow (55), expert dans l’his­toire du métro parisien, est l’au­teur d’une vie de son fon­da­teur, Ful­gence Bien­venüe (1870).

Félix Julien (1842) rédi­gea une émou­vante vie de Doudart de Lagrée, de la même pro­mo­tion, archéo­logue et explorateur.

Le site Inter­net des Annales des Mines doit beau­coup à Robert Mahl (63).

Éloges funèbres

Par­mi les textes-bilans rédigés par des cama­rades sur des cama­rades, les éloges funèbres sont par­ti­c­ulière­ment nom­breux. Certes, ils soulig­nent plus sou­vent les qual­ités que les défauts, les suc­cès que les échecs. Mais on y trou­ve tou­jours de l’é­mo­tion et sou­vent du style.

Ain­si quand Jomard (1794) par­le devant le cer­cueil de Vil­liers du Ter­rage (1796) ; Louis Lep­rince- Ringuet (20 N) de Louis Armand (24) ; ou quand André Giraud (44) alors min­istre de la Défense évoque dans la cour d’hon­neur des Invalides la fig­ure de son ami Georges Besse (48).

Autobiographies

Un poly­tech­ni­cien a‑t-il une manière spé­ci­fique d’écrire sa vie, de relater l’émer­gence de son moi, de replac­er le réc­it de son aven­ture per­son­nelle dans l’évo­lu­tion d’une entre­prise, d’une dis­ci­pline sci­en­tifique, ou pourquoi pas dans le siè­cle, pour repren­dre le beau titre de la longue auto­bi­ogra­phie de Jacques Lesourne (48) : Un homme dans le siè­cle ?

Ou encore, en util­isant cette fois le titre d’un livre de Fer­di­nand Foch (1871) Mémoires pour servir à l’his­toire de la guerre, de con­tribuer à l’écri­t­ure de l’histoire ?

Jean Tupinier (1794) est un sur­doué, admis dans cette pre­mière pro­mo­tion ébou­rif­fante par les tal­ents repérés et rassemblés.

Serge Ravanel (39) inti­t­ulera sa pro­pre auto­bi­ogra­phie L’E­sprit de Résis­tance. Serge a voulu témoign­er d’un état d’e­sprit et d’une option poli­tique qu’il ne reniera jamais : c’est ce qui rend pas­sion­nant son réc­it, comme le sont ceux des autres X Com­pagnons de la Libération.

Roger Mar­tin (35) donne l’ex­em­ple d’une auto­bi­ogra­phie d’en­tre­pre­neur, Patron de droit divin. En fait, l’au­to­por­trait qu’on trou­ve dans cet ouvrage témoigne d’abord du par­cours d’un jeune homme de famille mod­este, intel­li­gent et tra­vailleur, peu à peu devenu un chef d’en­tre­prise d’in­con­testable vision et de qual­ités man­agéri­ales hors normes.

Robert Dau­tray (49) pro­pose ses Mémoires : du Vél’ d’Hiv à la bombe H. Nous lisons cette fois les sou­venirs d’un sci­en­tifique, mais com­ment ne pas soulign­er tout de suite que le lecteur est d’abord saisi par le réc­it des années d’en­fance d’un petit garçon, issu d’une pau­vre famille juive arrivée de Russie, échap­pant de peu aux rafles et aux dépor­ta­tions qui n’é­pargneront pas son père, ensuite réfugié dans un vil­lage cévenol et y gar­dant des moutons.

Jacques Lesourne (48) décrit dans Un homme de notre siè­cle un par­cours à la fois clas­sique et hors normes. Mais ce long réc­it abor­de aus­si des aspects plus intimes sur la for­ma­tion d’une per­son­nal­ité et d’une famille ; il dresse à l’oc­ca­sion une fresque ambitieuse des pro­grès et des ratés de la sci­ence économique ; il cherche enfin à expliciter l’évo­lu­tion géopoli­tique d’un monde qu’il a eu l’oc­ca­sion de par­courir et dont il se plaît tou­jours à analyser les transformations.

Les plus intéres­santes de toutes les auto­bi­ogra­phies sont bien celles qui arrivent à présen­ter ce qu’est le Méti­er d’homme, inti­t­ulé d’un ouvrage de Raoul Dautry (1900), tout en con­tribuant à appren­dre et com­pren­dre une époque et un environnement.

Et, sans apporter la réponse, con­duire à se pos­er de temps en temps cette ques­tion qui se trou­ve en titre d’un ouvrage de sou­venirs de Lionel Stoléru (56) : C’est quoi la vie, Mon­sieur le Ministre ?

Christian Marbach

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