Gamme de greffons osseux BIOBank.

BIOBank, acteur pionnier des greffons d’origine humaine

Dossier : Vie des entreprises - HealthtechMagazine N°804 Avril 2025
Par Alexandre TEPAS

Depuis jan­vier 2023, Alexandre Tepas dirige BIO­Bank, une banque de tis­sus humains fon­dée en 1999. Avec une car­rière riche de 25 années, ce spé­cia­liste de la san­té revient sur l’expertise de BIO­Bank et sur ses pers­pec­tives dans un sec­teur en pleine transformation.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre arrivée à la tête de BIOBank ?

Je suis phar­ma­cien de for­ma­tion, diplô­mé de Gre­noble, et j’ai pour­sui­vi mes études avec un mas­ter à l’EM Lyon et un MBA à l’IMD de Lau­sanne. Mon par­cours pro­fes­sion­nel m’a ame­né à tra­vailler pen­dant 15 ans à l’international, prin­ci­pa­le­ment dans des postes de direc­tion géné­rale pour des entre­prises du sec­teur de la san­té, sur tous les continents. 

En jan­vier 2023, j’ai rejoint BIO­Bank pour accom­pa­gner son déve­lop­pe­ment, notam­ment à l’international, et accé­lé­rer sa crois­sance. L’un de nos moments forts de cette année a été la levée de fonds réa­li­sée en août, qui a vu l’entrée de IK Part­ners, un fonds d’investissement paneu­ro­péen, comme action­naire majo­ri­taire. Cette étape nous offre des moyens sup­plé­men­taires pour atteindre nos ambi­tions et ren­for­cer notre posi­tion en Europe.

Quel est le cœur d’activité de BIOBank ?

BIO­Bank est une banque de tis­sus pri­vée spé­cia­li­sée dans la col­lecte, trans­for­ma­tion et dis­tri­bu­tion de gref­fons osseux d’origine humaine. Ces gref­fons sont essen­tiels dans plu­sieurs types de chi­rur­gies : ortho­pé­dique, rachi­dienne et den­taire pour faire de la recons­truc­tion osseuse.

Pour expli­quer sim­ple­ment, nous col­lec­tons des rési­dus opé­ra­toires, prin­ci­pa­le­ment des têtes fémo­rales, lors d’interventions de poses de pro­thèses de hanche. Ces têtes fémo­rales, après consen­te­ment des patients, sont trans­for­mées dans notre usine située en Seine-et-Marne en gref­fons secs, sté­riles et prêts à l’emploi. Ces pro­duits peuvent se conser­ver jusqu’à cinq ans à tem­pé­ra­ture ambiante.

Pourquoi récupérer des résidus opératoires plutôt que prélever sur des donneurs décédés ?

La col­lecte de rési­dus opé­ra­toires, comme les têtes fémo­rales, est plus simple à mettre en œuvre. Lorsqu’un chi­rur­gien rem­place une hanche par une pro­thèse, il retire la tête fémo­rale. Ce geste, qui fait par­tie inté­grante de l’opération, reste le même. La seule dif­fé­rence, c’est qu’au lieu de jeter cette tête, nous la récu­pé­rons dans un kit pré­vu à cet effet.

En revanche, la col­lecte sur des don­neurs décé­dés néces­site une orga­ni­sa­tion logis­tique bien plus com­plexe. Il faut des blocs opé­ra­toires dédiés, des chi­rur­giens for­més au pré­lè­ve­ment post-mor­tem et une rému­né­ra­tion adap­tée pour ces inter­ven­tions. Mal­heu­reu­se­ment, en France, cette filière est encore embryon­naire, même si elle est essen­tielle pour d’autres tis­sus, comme les ten­dons, ménisques ou nerfs.

Quels sont les avantages des greffons d’origine humaine par rapport à d’autres alternatives ?

Les gref­fons osseux d’origine humaine pré­sentent une ostéo-inté­gra­tion par­faite. Étant issus d’un don­neur humain, ils sont natu­rel­le­ment recon­nus par le corps, ce qui favo­rise la régé­né­ra­tion osseuse.

En revanche, les alter­na­tives comme les sub­sti­tuts syn­thé­tiques ou issus d’animaux (xéno-greffes) ont des limites. Elles ne sont pas aus­si bien inté­grées par le corps et leur effi­ca­ci­té est infé­rieure à long terme. Pour les patients, cela signi­fie moins de com­pli­ca­tions, une meilleure conso­li­da­tion osseuse et une réduc­tion des dou­leurs post-opé­ra­toires. Pour les chi­rur­giens, c’est une solu­tion prête à l’emploi, qui ne néces­site pas de pré­lè­ve­ments sup­plé­men­taires sur le patient.

BIOBank met en avant une technologie spécifique pour garantir la sécurité des greffons. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Tout à fait. Nous uti­li­sons un pro­cé­dé unique appe­lé Super­crit. Ce pro­cé­dé repose notam­ment sur l’utilisation de CO₂ super­cri­tique, fluide por­té à des pres­sions éle­vées per­met­tant de « net­toyer » le tis­su osseux en pro­fon­deur. Il éli­mine effi­ca­ce­ment virus, prions et rési­dus bio­lo­giques sans alté­rer les pro­prié­tés méca­niques et bio­lo­giques de l’os.

Après ce trai­te­ment, nos gref­fons sont sté­ri­li­sés par rayons gam­ma, ce qui garan­tit une sécu­ri­té maxi­male. Depuis la créa­tion de BIO­Bank, nous avons dis­tri­bué plus de 500 000 gref­fons sans aucun inci­dent de bio-vigi­lance impu­té aux pro­duits. Fait à noter, chaque gref­fon est tra­çable, du don­neur au rece­veur, grâce à un sys­tème rigou­reux vali­dé par l’Agence natio­nale de sécu­ri­té du médi­ca­ment (ANSM).

Quelle est aujourd’hui la position de BIOBank sur le marché ?

BIO­Bank est le lea­der du mar­ché en France, avec envi­ron 50 % de parts de mar­ché dans le domaine des gref­fons osseux. Nous avons éta­bli des par­te­na­riats avec 160 éta­blis­se­ments de san­té et dis­tri­buons nos pro­duits à 70 % des éta­blis­se­ments de san­té français.

“BIOBank est le leader du marché en France, avec environ 50 % de parts de marché dans le domaine des greffons osseux. ”

Nous sommes éga­le­ment pré­sents à l’international. Nous opé­rons dans sept pays, et notre acqui­si­tion d’une banque de tis­sus en Suisse a ren­for­cé notre pré­sence en Europe. Aujourd’hui, l’international repré­sente déjà 30 % de notre chiffre d’affaires, et nous avons pour ambi­tion d’augmenter cette proportion.

Quels sont vos projets pour l’avenir de BIOBank ?

Nous avons quatre grands axes de déve­lop­pe­ment. Tout d’abord, nous vou­lons conso­li­der notre posi­tion en France en aug­men­tant nos parts de mar­ché, notam­ment en chi­rur­gie ortho­pé­dique et dentaire.

Ensuite, nous tra­vaillons sur le lan­ce­ment de nou­veaux pro­duits. Nous déve­lop­pons un gref­fon sous forme de pâte, des­ti­né à la chi­rur­gie du rachis. Ce pro­duit, condi­tion­né en seringue, faci­lite le tra­vail des chi­rur­giens en leur per­met­tant de com­bler des espaces avec précision.

Nous pré­voyons éga­le­ment de diver­si­fier nos acti­vi­tés vers d’autres types de tis­sus, comme les ten­dons. Cela néces­si­te­ra de déve­lop­per une filière de col­lecte sur don­neurs décé­dés en France. Enfin, nous vou­lons pour­suivre notre expan­sion inter­na­tio­nale, à la fois par des par­te­na­riats stra­té­giques et des acquisitions.

BIOBank s’inscrit dans une démarche éthique et circulaire. Pourquoi est-ce important ?

Notre acti­vi­té repose sur une éco­no­mie cir­cu­laire. Nous récu­pé­rons un tis­su humain, qui aurait pu être jeté, pour le reva­lo­ri­ser et sau­ver des vies. Cela reflète une vision durable et éthique de la méde­cine. Au-delà des aspects tech­niques, cette approche apporte une dimen­sion humaine et res­pon­sable à nos acti­vi­tés, ce qui est essen­tiel dans le domaine de la santé.

“Nous avons l’ambition de devenir un leader paneuropéen tout en répondant aux enjeux croissants de la médecine régénérative.”

BIO­Bank est à la pointe de l’innovation dans le domaine des gref­fons d’origine humaine. Nous avons les moyens et l’ambition de deve­nir un lea­der paneu­ro­péen tout en répon­dant aux enjeux crois­sants de la méde­cine régé­né­ra­tive. C’est une aven­ture pas­sion­nante, et je suis convain­cu que nous joue­rons un rôle clé dans l’avenir de la chirurgie.

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