BIOBank, acteur pionnier des greffons d’origine humaine

Depuis janvier 2023, Alexandre Tepas dirige BIOBank, une banque de tissus humains fondée en 1999. Avec une carrière riche de 25 années, ce spécialiste de la santé revient sur l’expertise de BIOBank et sur ses perspectives dans un secteur en pleine transformation.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre arrivée à la tête de BIOBank ?
Je suis pharmacien de formation, diplômé de Grenoble, et j’ai poursuivi mes études avec un master à l’EM Lyon et un MBA à l’IMD de Lausanne. Mon parcours professionnel m’a amené à travailler pendant 15 ans à l’international, principalement dans des postes de direction générale pour des entreprises du secteur de la santé, sur tous les continents.
En janvier 2023, j’ai rejoint BIOBank pour accompagner son développement, notamment à l’international, et accélérer sa croissance. L’un de nos moments forts de cette année a été la levée de fonds réalisée en août, qui a vu l’entrée de IK Partners, un fonds d’investissement paneuropéen, comme actionnaire majoritaire. Cette étape nous offre des moyens supplémentaires pour atteindre nos ambitions et renforcer notre position en Europe.
Quel est le cœur d’activité de BIOBank ?
BIOBank est une banque de tissus privée spécialisée dans la collecte, transformation et distribution de greffons osseux d’origine humaine. Ces greffons sont essentiels dans plusieurs types de chirurgies : orthopédique, rachidienne et dentaire pour faire de la reconstruction osseuse.
Pour expliquer simplement, nous collectons des résidus opératoires, principalement des têtes fémorales, lors d’interventions de poses de prothèses de hanche. Ces têtes fémorales, après consentement des patients, sont transformées dans notre usine située en Seine-et-Marne en greffons secs, stériles et prêts à l’emploi. Ces produits peuvent se conserver jusqu’à cinq ans à température ambiante.
Pourquoi récupérer des résidus opératoires plutôt que prélever sur des donneurs décédés ?
La collecte de résidus opératoires, comme les têtes fémorales, est plus simple à mettre en œuvre. Lorsqu’un chirurgien remplace une hanche par une prothèse, il retire la tête fémorale. Ce geste, qui fait partie intégrante de l’opération, reste le même. La seule différence, c’est qu’au lieu de jeter cette tête, nous la récupérons dans un kit prévu à cet effet.
En revanche, la collecte sur des donneurs décédés nécessite une organisation logistique bien plus complexe. Il faut des blocs opératoires dédiés, des chirurgiens formés au prélèvement post-mortem et une rémunération adaptée pour ces interventions. Malheureusement, en France, cette filière est encore embryonnaire, même si elle est essentielle pour d’autres tissus, comme les tendons, ménisques ou nerfs.
Quels sont les avantages des greffons d’origine humaine par rapport à d’autres alternatives ?
Les greffons osseux d’origine humaine présentent une ostéo-intégration parfaite. Étant issus d’un donneur humain, ils sont naturellement reconnus par le corps, ce qui favorise la régénération osseuse.
En revanche, les alternatives comme les substituts synthétiques ou issus d’animaux (xéno-greffes) ont des limites. Elles ne sont pas aussi bien intégrées par le corps et leur efficacité est inférieure à long terme. Pour les patients, cela signifie moins de complications, une meilleure consolidation osseuse et une réduction des douleurs post-opératoires. Pour les chirurgiens, c’est une solution prête à l’emploi, qui ne nécessite pas de prélèvements supplémentaires sur le patient.
BIOBank met en avant une technologie spécifique pour garantir la sécurité des greffons. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Tout à fait. Nous utilisons un procédé unique appelé Supercrit. Ce procédé repose notamment sur l’utilisation de CO₂ supercritique, fluide porté à des pressions élevées permettant de « nettoyer » le tissu osseux en profondeur. Il élimine efficacement virus, prions et résidus biologiques sans altérer les propriétés mécaniques et biologiques de l’os.
Après ce traitement, nos greffons sont stérilisés par rayons gamma, ce qui garantit une sécurité maximale. Depuis la création de BIOBank, nous avons distribué plus de 500 000 greffons sans aucun incident de bio-vigilance imputé aux produits. Fait à noter, chaque greffon est traçable, du donneur au receveur, grâce à un système rigoureux validé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Quelle est aujourd’hui la position de BIOBank sur le marché ?
BIOBank est le leader du marché en France, avec environ 50 % de parts de marché dans le domaine des greffons osseux. Nous avons établi des partenariats avec 160 établissements de santé et distribuons nos produits à 70 % des établissements de santé français.
“BIOBank est le leader du marché en France, avec environ 50 % de parts de marché dans le domaine des greffons osseux. ”
Nous sommes également présents à l’international. Nous opérons dans sept pays, et notre acquisition d’une banque de tissus en Suisse a renforcé notre présence en Europe. Aujourd’hui, l’international représente déjà 30 % de notre chiffre d’affaires, et nous avons pour ambition d’augmenter cette proportion.
Quels sont vos projets pour l’avenir de BIOBank ?
Nous avons quatre grands axes de développement. Tout d’abord, nous voulons consolider notre position en France en augmentant nos parts de marché, notamment en chirurgie orthopédique et dentaire.
Ensuite, nous travaillons sur le lancement de nouveaux produits. Nous développons un greffon sous forme de pâte, destiné à la chirurgie du rachis. Ce produit, conditionné en seringue, facilite le travail des chirurgiens en leur permettant de combler des espaces avec précision.
Nous prévoyons également de diversifier nos activités vers d’autres types de tissus, comme les tendons. Cela nécessitera de développer une filière de collecte sur donneurs décédés en France. Enfin, nous voulons poursuivre notre expansion internationale, à la fois par des partenariats stratégiques et des acquisitions.
BIOBank s’inscrit dans une démarche éthique et circulaire. Pourquoi est-ce important ?
Notre activité repose sur une économie circulaire. Nous récupérons un tissu humain, qui aurait pu être jeté, pour le revaloriser et sauver des vies. Cela reflète une vision durable et éthique de la médecine. Au-delà des aspects techniques, cette approche apporte une dimension humaine et responsable à nos activités, ce qui est essentiel dans le domaine de la santé.
“Nous avons l’ambition de devenir un leader paneuropéen tout en répondant aux enjeux croissants de la médecine régénérative.”
BIOBank est à la pointe de l’innovation dans le domaine des greffons d’origine humaine. Nous avons les moyens et l’ambition de devenir un leader paneuropéen tout en répondant aux enjeux croissants de la médecine régénérative. C’est une aventure passionnante, et je suis convaincu que nous jouerons un rôle clé dans l’avenir de la chirurgie.