AXXèS : le poids lourd du télépéage

AXXèS : le poids lourd du télépéage

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Frédéric LEPEINTRE

Au cœur des enjeux de la mobil­ité, Axxès est le spé­cial­iste du télépéage. Aux com­man­des de cet acteur majeur en Europe, Frédéric Lep­ein­tre (emly­on busi­ness school 97, ESCP 07) revient sur son méti­er, sa stratégie et ses ambitions.

Pouvez-vous nous rappeler votre cœur de métier ? 

Axxès est un émet­teur de moyen de paiement pour les péages, un « EETS provider » dans le jar­gon financier. « Nous four­nissons à nos clients, ou bien à des parte­naires qui reven­dent aux trans­porteurs, des solu­tions leur per­me­t­tant de pass­er les péages partout en Europe », explique le prési­dent, Frédéric Lep­ein­tre. « Avec un seul abon­nement, un seul boîti­er et une seule fac­tura­tion, notre dis­posi­tif est sim­ple d’utilisation et facilite les déplacements. » 

Les ponts, les tunnels, les routes et les autoroutes

En France et en Europe, la société Axxès est présente partout où il existe des ouvrages avec péages. « Notre sys­tème ne con­cerne pas unique­ment des autoroutes, mais aus­si les routes nationales, les ponts et les tun­nels. Par exten­sion, Axxes s’implantera bien­tôt dans des zones péri­ur­baines, voire dans le cen­tre-ville urbain pour réguler le trafic. »

Dia­ble­ment effi­cace, l’outil Axxès fonc­tionne comme une sorte de visa ou de Mas­ter­card, bref comme le Pay­Pal de la route : « Nous assurons aux trans­porteurs un seul prélève­ment à date fixe, sans prob­lème de TVA. Notre méthode leur per­met une ges­tion sim­pli­fiée de leur tré­sorerie. » À l’inverse, l’entreprise Axxès garan­tit aux autoroutiers le paiement et surtout le bon paiement. « Si nous prenons l’exemple d’un ges­tion­naire polon­ais, nous pour­rons définir un niveau moyen de col­lecte tous les mois. Sans notre dis­posi­tif, les éch­e­lons de sécu­rité ne sont pas du tout les mêmes. Les ges­tion­naires de ser­vices routiers pour­ront ren­con­tr­er de l’attente au péage et poten­tielle­ment de la fraude avec de fauss­es cartes ».

Nous n’avons rien inventé de mieux que le péage pour empêcher les gens de rouler.”

Comme tout autre acteur financier, Axxès est obligé de mon­tr­er pat­te blanche auprès des autorités. « Dans cer­tains pays comme en Bel­gique ou en Alle­magne, le péage autorouti­er est une taxe de l’État. Les gou­verne­ments belge et alle­mand ne nous lais­seraient pas col­lecter l’argent en leur nom sans être cer­tains de notre con­for­mité à leur loi. Notre tech­nolo­gie et les pro­fils de nos col­lab­o­ra­teurs doivent être cer­ti­fiés. Nous le sommes aujourd’hui par la Com­mis­sion européenne et nous sommes d’ailleurs le pre­mier EETS Provider, accrédité en Europe ».

Une entreprise certifiée 

Depuis des années, la société Axxès met en musique des com­pé­tences à la fois tech­niques, juridiques et finan­cières. Depuis des années, elle est à même de répon­dre à toute demande spé­ci­fique. « En cas d’ouverture d’un péage, nos équipes peu­vent en véri­fi­er la con­for­mité fis­cale, finan­cière et tech­nique à la loi européenne et en résoudre les spécifications ». 

En amont, Axxès est aus­si en mesure d’intervenir auprès des min­istères, des organ­ismes nationaux ou régionaux pour faire con­naître l’ensemble de ses dis­posi­tifs. « Nous dis­posons au sein de notre entre­prise de pro­fils mil­i­taires et haute­ment qual­i­fiés ; c’est essen­tiel, car il faut savoir dis­cuter avec des offices éta­tiques, être déten­teur d’une bonne con­nais­sance des états et d’un bagage tech­nologique. Par exem­ple, en cas de négo­ci­a­tion avec un min­istre alle­mand sur une taxe spé­ci­fique, nous ne pou­vons pas nous per­me­t­tre des écarts de lan­gage, lég­is­latif et scientifique ».

Des profils hautement qualifiés

Dans ces affaires sou­vent com­plex­es, rien ne doit être lais­sé au hasard. « Nous devons tou­jours être à la recherche de bons pro­fils », ajoute le prési­dent. « Notre méti­er est com­pliqué. Il sup­pose de pou­voir manier de mul­ti­ples sujets et d’innombrables envi­ron­nements, de gér­er des pro­jets mul­ti­formes et des bar­rières automa­tiques ultra-com­plex­es, comme savent le faire des polytechniciens ». 

Car dans les pays où les télépéages ne sont pas encore instal­lés, ce per­son­nel haute­ment qual­i­fié peut être par­ti­c­ulière­ment effi­cace. « Nous tra­vail­lons avec le Gou­verne­ment ou le ser­vice en charge du péage pour qu’ils se met­tent en con­for­mité le plus rapi­de­ment pos­si­ble avec la régle­men­ta­tion européenne. Une asso­ci­a­tion nous aide dans notre démarche et nous per­met d’agir au niveau européen et d’influencer la com­mu­nauté européenne. Dans ce type de dossiers, nous sommes sou­vent soumis à la volon­té poli­tique de l’État. Mais lorsque nous opérons dans un pays pro-européen, il faut bien le con­venir, cela nous facilite grande­ment les choses ».

Respect de la planète

À l’heure du respect de la planète, la société Axxès devient plus que jamais un acteur de la mobil­ité impor­tant. « Le con­texte écologique nous aide beau­coup », avoue Frédéric Lep­ein­tre. « Aujourd’hui, l’environnement réclame une ges­tion plus restric­tive du traf­ic : nous n’avons rien inven­té de mieux que le péage pour empêch­er les gens de rouler ».

Amenée à fournir un ser­vice de base à tous ses clients, la société Axxès doit dis­pos­er d’informations sur leur mode de déplace­ment. « Nous savons agréger toutes les don­nées de cir­cu­la­tion des trans­porteurs sur des plate­formes », martèle le prési­dent. « Cette data nous per­met de con­stru­ire des tableaux de bord. Elle per­met à nos fidèles béné­fi­ci­aires de mieux pilot­er leur activ­ité et d’optimiser leur coût. Petit à petit, nous pas­sons de four­nisseur tech­nologique à prestataire de services. »

Nous disposons d’équipes jeunes et urbaines, qui favorisent le travail collaboratif autour de valeurs comme l’engagement, l’écoute et la bienveillance.”

Ces don­nées sont très utiles pour les régions et les états sans péage. « Nous sommes en mesure de leur don­ner la prove­nance des poids lourds ou encore leurs pics de con­ges­tion C’est essen­tiel pour éla­bor­er un télépéage », con­vient Frédéric Lep­ein­tre. Pour met­tre à dis­po­si­tion ces don­nées, l’entreprise a même créé une plate­forme. « Elle fonc­tionne comme une tour de con­trôle de l’activité de nos clients. Elle va per­me­t­tre d’étendre notre offre de ser­vice en pro­posant la géolo­cal­i­sa­tion ou l’optimisation de toute logis­tique inter­na­tionale d’un transporteur ». 

Dans cet univers du péage, Axxès pos­sède sans aucun doute une longueur d’avance sur ses con­cur­rents. « Nous pou­vons pro­duire aux infra­struc­tures des ren­seigne­ments sur la cir­cu­la­tion. Bien sou­vent, les ges­tion­naires ne savent pas d’où vient et où se rend le camion, avant d’avoir tra­ver­sé leur tun­nel ou leur pont. Avec nos infor­ma­tions traf­ic qual­i­fiées, ils peu­vent affin­er l’usage de leurs ouvrages ». 

En ciblant les pro­fes­sion­nels, la société Axxès tra­vaille aus­si pour les déplace­ments des par­ti­c­uliers. « Nos action­naires sont des acteurs de la mobil­ité du quo­ti­di­en. Tous nos développe­ments peu­vent servir leurs métiers, leurs ser­vices et leurs usagers » Mais loin d’oublier l’avenir, la société Axxès est désor­mais en phase de trans­for­ma­tion et de tran­si­tion. « Il existe de plus en plus de tech­nolo­gies embar­quées dans les camions. Notre objec­tif est de nous rap­procher des grands con­struc­teurs pour dévelop­per le véhicule con­nec­té de demain ». 

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