Avant la nuit où
C’est un sujet bien lourd auquel s’est attaqué notre camarade. Un tragique secret est inscrit dans toutes les têtes des membres de la famille, mais personne ne veut en parler, sauf pour affabuler afin de mieux l’occulter. Notre auteur s’emploie à faire émerger la vérité sur ce passé funeste. Il brise l’omerta et tente en vain d’embarquer ses proches avec lui dans sa révolte.
À l’instar de Garcia Marquez dans sa Chronique d’une mort annoncée, d’entrée de jeu notre auteur nous assène sa conclusion, faisant tomber tout suspense sur la véracité des faits, puis il réussit le tour de force de nous tenir en haleine jusqu’au bout. Pas d’enquête policière, pas de pièce à conviction, mais un cheminement au plus profond de l’âme de chaque personnage. Il explore les conséquences du fardeau enfoui, psychologiques et même physiques, sur lui-même et sur ses proches. Remontant dans le passé, il reconstruit les personnages du drame, les fait vivre, les met en scène. De façon originale, il communique lui-même directement avec la victime disparue. Nous sommes entraînés dans cette exploration qui nous bouleverse.
Il semble qu’il y ait bien peu de fiction dans ce roman autobiographique. Les pages de l’œuvre n’en sont que plus oppressantes. On aurait aimé un peu plus de pauses pour respirer, mais l’auteur laisse poindre quelques touches d’humour ici et là. Le style est précis, aéré et varié, le vocabulaire est riche, tout cela contribue à une lecture somme toute facile et rapide.
On ne peut que chaudement recommander de plonger dans cette œuvre qui est une véritable thérapie, et d’accompagner l’auteur dans cette quête de la vérité.