X2003 Chinois

Dossier : ExpressionsMagazine N°596 Juin/Juillet 2004

Le tronc com­mun débute. Jusqu’à pré­sent, les X2003 étaient pour la plu­part épar­pillés en France et à l’étranger pour le stage de for­ma­tion humaine. Désor­mais, ils sont ras­sem­blés sur le pla­teau. Quelques élèves, tou­te­fois, étaient déjà sur le cam­pus depuis plu­sieurs mois, en l’occurrence les treize étran­gers qui ont sui­vi le semestre d’accueil.

Leur for­ma­tion com­por­tait en effet d’octobre à décembre un stage inten­sif de fran­çais en pro­vince, et de jan­vier à avril une série de cours don­nés à l’École : fran­çais, tou­jours, mais aus­si et sur­tout maths et phy­sique, ces deux matières ayant été iden­ti­fiées par la direc­tion de l’X comme posant le plus de pro­blèmes à cer­tains étran­gers en début de cursus.

Sur­tout les mathé­ma­tiques, à vrai dire : “ Avant l’X, je croyais que j’étais bonne en maths. Plus main­te­nant ”, confirme Yun Du, X2003 qui a fait cinq ans de phy­sique en Chine et pour qui les cours du semestre d’accueil, déjà, ont été un choc. Zhou­lai Fu, son cama­rade de l’université de Tong­ji, était étu­diant en mathé­ma­tiques, mais il est d’accord sur la dif­fi­cul­té : “ En Chine, les maths sont plus appli­quées. Les Fran­çais, en pré­pa, apprennent beau­coup de théo­rie. ” Il reste cepen­dant opti­miste : il pense qu’avec du tra­vail le chal­lenge que consti­tuent les mathé­ma­tiques à l’X pour­ra être sur­mon­té. Il a plus d’appréhensions pour la langue : “ Les Fran­çais parlent très vite ”, estime-t-il, lui qui en Chine avait sur­tout étu­dié l’anglais. Pour les mathé­ma­tiques, c’est Yun Du qui aborde le tronc com­mun avec le plus d’inquiétude.

Mais le semestre d’accueil leur aura au moins don­né à l’un et à l’autre une petite lon­gueur d’avance dont les pro­mo­tions pré­cé­dentes ne béné­fi­ciaient pas. D’ailleurs, ils sont presque éton­nés de cette pré­ve­nance : “ On nous a posé beau­coup de ques­tions, témoigne Zhou­lai Fu. On sent que l’École cherche à s’améliorer. On a appris que des élèves étran­gers s’étaient plaints l’année der­nière. ”

Zhoulai Fu et Yun Du font partie des treize polytechniciens 2003 étrangers qui ont suivi le semestre d’accueil
Zhou­lai Fu et Yun Du font par­tie des treize X 2003 étran­gers qui ont sui­vi le semestre d’accueil d’octobre à avril. © THOMAS ARRIVÉ – ÉCOLE POLYTECHNIQUE

Le semestre aura aus­si per­mis une décou­verte du cam­pus en avant-pre­mière : “ L’atmosphère est agréable, com­mente Yun Du. Beau­coup d’élèves jouent du pia­no. J’en ai fait un peu en Chine. Je vou­drais recom­men­cer ici. ” Les deux élèves chi­nois sont pas­sés quel­que­fois au Bôbar. Ils ont assis­té au nou­vel an asia­tique. Yun Du a même pu décou­vrir en robe de soi­rée l’Opéra Gar­nier la nuit du Bal de l’X. Zhou­lai Fu n’a pas pu s’y rendre, faute de Grand U.

Mais leur impres­sion géné­rale de l’X est excel­lente. Et le mal du pays ne les tra­vaille pas encore trop : “ Nous étions déjà sépa­rés de nos familles à l’université de Tong­ji : elles n’habitaient pas Shan­ghai ”, rap­pelle Yun Du. Pour prendre des nou­velles, quand même, Zhou­lai Fu et Yun Du avouent beau­coup télé­pho­ner. Yun Du a une Web­cam. La dis­tance ne les effraie pas, eux qui auraient pu pous­ser l’expatriation jusqu’aux États-Unis : “ Je serais peut-être par­ti là-bas si je n’avais pas réus­si le concours ”, remarque Zhou­lai Fu. “ J’avais une bourse pour une petite uni­ver­si­té amé­ri­caine, pré­cise même Yun Du. Mais le niveau de l’X était supé­rieur. ”

Séduits par le site Web de l’X

Sur la répu­ta­tion de l’X, l’un et l’autre ont fait confiance aux conseils de leurs pro­fes­seurs en Chine : “ L’X n’est pas encore connue des étu­diants ”, indique Zhou­lai Fu. La consul­ta­tion du site Inter­net de l’École a ache­vé de les convaincre. Mais leur séjour aux États-Unis n’est sans doute que par­tie remise : “ J’irai peut-être là-bas après l’X. Ou bien en Alle­magne. Je vou­drais faire de la recherche. En phy­sique ou autre : tout sauf en maths, en fait ! ” sou­rit Yun Du.

D’ici là, il fau­dra avoir eu le diplôme de l’X : “ En Chine le diplôme n’est pas aus­si impor­tant qu’en France, tem­père Zhou­lai Fu. Mais avoir une expé­rience à l’étranger est néces­saire, ajoute-t-il. J’ai trois ans pour connaître beau­coup de choses. ” Tous les deux s’accordent d’ailleurs à dire que mal­gré la répu­ta­tion de soli­tude du pla­teau ils n’ont pas encore eu le temps de s’ennuyer depuis leur arri­vée à Palaiseau.

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