Vins du Beaujolais

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°523 Mars 1997Rédacteur : Laurens DELPECH

Le Brouilly est un vin tendre et frui­té. Avec douze cents hec­tares, c’est le plus éten­du des crus du beau­jo­lais. Le Châ­teau de La Chaize1 (médaille d’or au Concours géné­ral agri­cole de Paris 1992) fait un excellent vin, en grande quan­ti­té (le domaine de Nicole de Rous­sy de Sales s’étend sur 94 hec­tares). À Paris, il est sur la carte du Crillon et de Maxim’s. On le trouve aus­si un peu par­tout aux États-Unis, dans les bons res­tau­rants et les bonnes bou­tiques, ce qui est une réfé­rence, car les Amé­ri­cains n’importent de France que les meilleurs vins.

Le Ché­nas est un des plus petits crus (en super­fi­cie, avec deux cent soixante hec­tares). La vigne aurait rem­pla­cé une forêt de chênes, d’où le nom. Le Châ­teau des Boc­cards2 est une des valeurs sûres de l’appellation. C’est un vin frui­té et cor­sé, avec une bonne saveur épi­cée de pivoine.

Le Chi­roubles est – à juste titre – une des appel­la­tions les plus fameuses du beau­jo­lais. Ce vin sen­suel, tendre et char­mant, a un par­fum de vio­lette très agréable. Vous ne pou­vez pas vous trom­per en ache­tant le Chi­roubles de Georges Duboeuf3. On dit du Chi­roubles qu’il a “ la grâce du Fleu­rie et la soli­di­té du Morgon ”.

En Côtes de Brouilly, le Châ­teau Thi­vin4 (qui a obte­nu la médaille d’or au Concours géné­ral agri­cole de Paris en 1992) ne déçoit jamais. C’est un vin rouge vif, au par­fum de fruits rouges, dont la fin de bouche, longue et poi­vrée, est par­ti­cu­liè­re­ment agréable. Il figure sur la carte des vins du Train Bleu à Paris, et de La Tas­sée à Lyon.

Fleu­rie fait d’excellents beau­jo­lais, très frui­tés, avec un goût carac­té­ris­tique de fram­boise et de cerise, et par­fois des nuances de rose fanée. Le Fleu­rie-La Madone du Domaine Ber­rod5, pro­duit sur les “ Roches du Vivier ” (un ter­roir de vieux gra­nits effri­tés, expo­sé est-sud-est face à la val­lée de la Saône) ne manque pas d’intérêt.

Julié­nas (pro­non­cer Julié­na) tien­drait son nom de Jules César. Le Julié­nas de Jean Bui­ron6 – pré­sident du syn­di­cat du cru clas­sé – est excellent.

Mor­gon est le deuxième cru par la super­fi­cie, après Brouilly. C’est un vin robuste et frui­té, aux arômes de kirsch très carac­té­ris­tiques car légè­re­ment ter­reux, ce qui fait dire que le Mor­gon “mor­gonne ”. Cette par­ti­cu­la­ri­té est due à un ter­roir unique, com­po­sé de sols issus de schistes désa­gré­gés que les vigne­rons locaux appellent des “ terres pour­ries ”. Le Mor­gon de Mar­cel Lapierre7, un vin “ bio­lo­gique ”, aux arômes de cerise à l’eau-de-vie est très repré­sen­ta­tif de ce que l’appellation fait de mieux.

Le Mou­lin à vent est consi­dé­ré comme le sei­gneur des crus du beau­jo­lais, pro­ba­ble­ment parce que c’est celui qui a les meilleures capa­ci­tés de vieillis­se­ment. Assez flo­ral et frui­té quand il est jeune (il se carac­té­rise par des arômes de truffe et d’iris), il se ferme assez vite pour se rou­vrir au bout de quelques années ; son nez peut alors évo­quer cer­tains vins de la Côte de Nuits. Mou­lin à vent n’est pas un vil­lage mais un simple lieu-dit ; l’appellation est par­ta­gée entre les deux com­munes de Ché­nas et de Roma­nèche-Tho­rins, et se trouve de sur­croît à che­val sur deux dépar­te­ments (Rhône et Saône-et-Loire). Comme le disent les pro­duc­teurs locaux : “ seuls les impôts s’y retrouvent ”. Le Mou­lin à vent de Georges Duboeuf (dont la socié­té de négoce a son siège à Roma­nèche-Tho­rins) ne mérite que des éloges.

Le Régnié est le petit der­nier des crus du beau­jo­lais, l’appellation n’ayant été créée qu’en 1988. C’est un vin qui se recon­naît à ses arômes flat­teurs de gro­seille et de fram­boise. Comme l’appellation est récente, peu connue et sou­haite se faire connaître, c’est cer­tai­ne­ment le meilleur rap­port qualité/prix des dix crus du beau­jo­lais. Un des plus éton­nants est celui de Jacky Piret8, le “ La Plaigne ”. Ce vin à la belle cou­leur rubis a de superbes arômes de fruits rouges ; en bouche, sa sou­plesse est très agréable.

Le Saint-Amour enfin, est sou­vent irré­gu­lier. Le nom de ce cru vien­drait de celui d’un cen­tu­rion romain qui se serait conver­ti à la reli­gion chré­tienne. Une autre expli­ca­tion relie­rait plu­tôt l’origine de ce nom à une mai­son de plai­sir ayant fonc­tion­né sur les lieux au moment de la Révo­lu­tion. Quoi qu’il en soit, c’est un vin frui­té et déli­cat. Celui de Georges Duboeuf est très réussi.

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1. Châ­teau de La Chaize (tél. : 04.74.03.41.05).
2. Châ­teau des Boc­cards (tél. : 03.85.33.85.20).
3. Georges Duboeuf (tél. : 03.85.35.51.13).
4. Châ­teau Thi­vin (tél. : 04.74.03.47.53).
5. Domaine Ber­rod (tél. : 04.74.04.13.63).
6. Jean Bui­ron (tél. : 04.74.04.40.39).
7. Mar­cel Lapierre (tél. : 04.74.04.23.89).
8. Jacky Piret (tél. : 04.74.66.30.13).

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