Vers une agriculture plus durable (extraits)

Dossier : Agriculture et environnementMagazine N°657 Septembre 2010Par : L'ACADÉMIE D'AGRICULTURE DE FRANCE

Agri­cul­teurs et, plus encore, fores­tiers, peuvent pré­tendre que la notion de déve­lop­pe­ment durable – il aurait mieux valu uti­li­ser en fran­çais l’adjectif « sou­te­nable », plus proche du sus­tai­nable anglais – n’est pas nou­velle, et qu’elle leur est fami­lière depuis des lustres sous d’autres vocables. De tout temps, l’agriculteur a cher­ché à gérer son exploi­ta­tion « en bon père de famille » en main­te­nant la fer­ti­li­té des sols et avec les outils et les connais­sances à sa portée.

Les gains de pro­duc­ti­vi­té du sec­teur peuvent à terme en pré­ci­pi­ter la décadence

La conser­va­tion des sols reste la pré­oc­cu­pa­tion de base de tous les agro­nomes. De même, en matière de ges­tion fores­tière, dans les forêts semi-natu­relles amé­na­gées qui consti­tuent la qua­si-tota­li­té de l’espace fores­tier public de la France métro­po­li­taine, l’objectif long­temps qua­li­fié de « ren­de­ment sou­te­nu » prend en compte aus­si les com­po­santes de ces éco­sys­tèmes autres que les arbres, ain­si que les inter­ac­tions entre celles-ci. Une ordon­nance fores­tière de Phi­lippe de Valois de 1346 pres­cri­vait déjà d’asseoir les coupes « de telle manière que les forêts (du domaine royal) se puissent per­pé­tuel­le­ment sou­te­nir en bon état ».

REPÈRES
Le déve­lop­pe­ment durable est celui qui s’efforce de répondre aux besoins du pré­sent sans com­pro­mettre la capa­ci­té des géné­ra­tions futures de répondre aux leurs. C’est une res­pon­sa­bi­li­té des géné­ra­tions actuelles vis-à-vis de leurs des­cen­dants. Nous avons des choix à faire pour évi­ter le pire et en avons encore la liber­té. Il ne convient pas de pri­ver les géné­ra­tions futures de cette même liber­té. Et cela, à une échelle qui, de locale et mar­gi­nale, est deve­nue planétaire.

Responsables et victimes

L’agriculture fran­çaise qui, jusqu’au début du XIXe siècle, pro­dui­sait avec pra­ti­que­ment rien presque tout ce qui était néces­saire à la vie des col­lec­ti­vi­tés – la qua­si-tota­li­té de l’alimentation, l’essentiel de l’énergie et des matières pre­mières de l’industrie –, s’est retrou­vée deux siècles plus tard ne pro­dui­sant plus qu’une par­tie des res­sources ali­men­taires et pra­ti­que­ment plus rien pour l’industrie. Cela en consom­mant beau­coup plus d’intrants et beau­coup moins de travail.

Trois caté­go­ries de citoyens face à l’agriculture
Les agri­cul­teurs. Le nombre total d’exploitations agri­coles en France a dimi­nué de 3,6% par an entre 1988, où il était d’un peu plus de 1 mil­lion, et 2007 où il n’était plus que de 500 000 envi­ron. Rien ne per­met d’affirmer que cette décrois­sance va s’arrêter. La situa­tion des agri­cul­teurs est très variable, mais nombre d’entre eux vivent une vie par­ti­cu­liè­re­ment dure com­pa­rée à celle des citadins.
Les trans­for­ma­teurs et com­mer­çants de pro­duits agri­coles. Dans cette caté­go­rie très diverse, de l’artisan ou détaillant à la grande indus­trie ou la grande dis­tri­bu­tion, les effec­tifs sont aus­si en décrois­sance et l’investissement des indi­vi­dus est moins direc­te­ment lié à un patri­moine, à une terre, à une plante, un ani­mal ou un produit.
Les autres, c’est-à-dire, par rap­port au sec­teur de l’agriculture, les consom­ma­teurs, ou encore, l’immense majo­ri­té des citoyens. Éloi­gnés de l’acte de pro­duc­tion agri­cole et de la trans­for­ma­tion des pro­duits, ils attendent de l’agriculture des ser­vices variés : ali­men­ta­tion bien sûr, mais aus­si envi­ron­ne­ment, pay­sages, car­bu­rants, fibres, accueil pour les vacances, entre­tien de la « nature»… le tout au meilleur prix et sans contrainte dans leur vie quotidienne.

Ce sec­teur éco­no­mique, qui fut long­temps per­çu comme l’archétype du mode de vie tra­di­tion­nelle, a connu une muta­tion consi­dé­rable. Les agri­cul­teurs sont deve­nus à la fois les res­pon­sables et les vic­times d’un mode de déve­lop­pe­ment non durable, en ayant à faire face à des réa­li­tés contre­di­sant les fon­de­ments de leur sagesse : à savoir que l’accumulation du capi­tal fon­cier n’est plus un gage de richesse, que la soli­da­ri­té – dans le tra­vail notam­ment – n’est plus indis­pen­sable, que la lente accu­mu­la­tion d’une épargne de sécu­ri­té ne suf­fit plus, que la per­for­mance tech­nique ne s’accompagne pas néces­sai­re­ment d’une bonne rému­né­ra­tion, et que les gains de pro­duc­ti­vi­té du sec­teur peuvent à terme en pré­ci­pi­ter la décadence.

L’enjeu est clair, même si les solu­tions pour y par­ve­nir ne le sont pas : ou l’agriculture s’intègre dans le déve­lop­pe­ment durable, plus sim­ple­ment est une agri­cul­ture qu’on pour­ra qua­li­fier de durable, et nous avons des chances de maî­tri­ser notre ave­nir ; ou elle ne l’est pas et nos des­cen­dants, de plus en plus nom­breux et cita­dins, auront à faire face à des dif­fi­cul­tés majeures pour satis­faire non seule­ment leurs besoins ali­men­taires, mais aus­si leurs besoins en fibres végé­tales, en com­bus­tibles et éner­gies renou­ve­lables ou encore, en maté­riaux de construction.

Concevoir l’agriculture durable

Les prin­cipes sous-ten­dant la défi­ni­tion du conte­nu de l’agriculture durable varient sui­vant les com­mu­nau­tés natio­nales et leurs gou­ver­ne­ments. Ces prin­cipes peuvent être de nature pure­ment poli­tique : volon­té d’indépendance ali­men­taire ; dis­tri­bu­tion plus ou moins équi­table des reve­nus, notam­ment entre les cita­dins et les ruraux ; niveau de prio­ri­té don­née à la san­té publique ou à l’aménagement du ter­ri­toire ; prio­ri­té rela­tive don­née à l’intérêt de la col­lec­ti­vi­té par rap­port à celui des indi­vi­dus, etc.

Une socié­té com­mer­ciale et une asso­cia­tion d’agriculteurs et de consommateurs

Les poli­tiques d’agriculture durable mises en oeuvre se doivent d’être souples car, en s’appuyant et en s’adressant à des caté­go­ries sociales dif­fé­rentes, elles mettent en avant les dif­fé­rences et les han­di­caps, elles dis­til­lent les soup­çons et gravent des stig­mates (du genre : « Les agri­cul­teurs sont de dan­ge­reux pol­lueurs qui font fi de la san­té de leurs conci­toyens »). À ce jeu, les éle­veurs et les agri­cul­teurs, dont le nombre va en décrois­sant, sont peu avan­ta­gés. La sub­ti­li­té et le prag­ma­tisme devront pré­va­loir pour pré­ser­ver la cohé­rence de la socié­té et main­te­nir l’objectif général.

L’essor de l’agriculture biologique

Par­mi toutes les approches visant une agri­cul­ture plus durable que l’agriculture conven­tion­nelle actuelle, celles de l’agriculture durable sont les seules à avoir été codi­fiées et valo­ri­sées aux niveaux fran­çais et européen.

L’agriculture bio­lo­gique émerge en France dans les années cin­quante et, très rapi­de­ment, deux mou­ve­ments se des­sinent : un cou­rant agri­cole lié à une socié­té com­mer­ciale (Lemaire- Bou­cher) et un mou­ve­ment asso­cia­tif d’agriculteurs et de consom­ma­teurs (Nature et Progrès).

Dans les années soixante-dix, l’émergence de nou­veaux cou­rants d’idées et des chan­ge­ments socio­lo­giques impor­tants (résis­tance au pro­duc­ti­visme agri­cole et à la socié­té de consom­ma­tion, prise de conscience des limites des res­sources de la pla­nète et crise pétro­lière) ont beau­coup influen­cé le déve­lop­pe­ment de l’agriculture bio­lo­gique et pro­vo­qué des scis­sions mul­tiples au sein des orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles. À par­tir des années quatre-vingt- dix, des crises sani­taires impu­tées à des pro­duits d’usage cou­rant, des atteintes à la bio­sphère, des inter­dic­tions plus ou moins jus­ti­fiées de nom­breux pro­duits entraînent des mou­ve­ments d’opinion en faveur de l’agriculture bio­lo­gique et un accrois­se­ment de la demande de pro­duits qui en sont issus.

Une nor­ma­li­sa­tion européenne
La nor­ma­li­sa­tion de l’agriculture bio­lo­gique débute en France par l’adoption de la loi d’orientation agri­cole de 1980 qui, bien que n’utilisant pas le vocable « agri­cul­ture bio­lo­gique », pré­cise que « les cahiers des charges défi­nis­sant les condi­tions de pro­duc­tion de l’agriculture n’utilisant pas de pro­duits chi­miques de syn­thèse peuvent être homo­lo­gués par arrê­té du ministre de l’Agriculture ». Dès 1990 la France, pion­nière en ce point, valide un cahier des charges public pour les pro­duc­tions ani­males. À par­tir de 1991, l’agriculture bio­lo­gique fait l’objet de cahiers des charges pour les pro­duc­tions végé­tales régis au niveau euro­péen, et, en 2000, pour les pro­duc­tions animales.

Un impact sur la productivité

Les contraintes régle­men­taires ont un impact cer­tain sur la pro­duc­ti­vi­té agricole

Le cahier des charges du der­nier règle­ment euro­péen (2007) peut être résu­mé très sché­ma­ti­que­ment comme suit. L’utilisation de pro­duits chi­miques de syn­thèse est géné­ra­le­ment inter­dite tant pour la fer­ti­li­sa­tion que pour la défense des cultures et le trai­te­ment des ani­maux. Les semences et plants uti­li­sés doivent être issus de l’AB. La dura­bi­li­té du sys­tème est fon­dée sur des rota­tions plu­ri­an­nuelles. L’élevage hors sol est inter­dit ; les ani­maux doivent être nés sur l’exploitation ou pro­ve­nir d’une exploi­ta­tion en agri­cul­ture bio­lo­gique. Ils doivent être nour­ris avec au moins 50% d’aliments pro­duits sur l’exploitation, ou en coopé­ra­tion avec des opé­ra­teurs de la même région selon le prin­cipe du lien au sol. La charge ani­male par uni­té de sur­face est limi­tée. Les orga­nismes géné­ti­que­ment modi­fiés (OGM) tant en pro­duc­tion végé­tale qu’animale sont interdits.

Un repas bio par semaine
Le Gre­nelle de l’Environnement a envoyé un mes­sage très favo­rable à l’agriculture bio­lo­gique en pré­co­ni­sant « un repas bio par semaine dans la res­tau­ra­tion col­lec­tive » et en pré­voyant d’augmenter les sur­faces cer­ti­fiées en France pour atteindre 6 % de la sur­face agri­cole utile en 2012 et 20% en 2020. De plus, la consom­ma­tion en pro­duits « bio » aug­men­tant, il est néces­saire de faire appel à des impor­ta­tions, essen­tiel­le­ment en fruits et légumes et pro­duits trans­for­més. D’après l’Agence Bio, l’année 2008 a été une année char­nière car, après quelques années de stag­na­tion, les sur­faces en agri­cul­ture bio­lo­gique ont recom­men­cé à aug­men­ter de façon signi­fi­ca­tive (+ 4,8% par rap­port à 2007) et la consom­ma­tion a bon­di de 25%. La demande des consom­ma­teurs est donc crois­sante. Le der­nier baro­mètre de consom­ma­tion et de per­cep­tion des pro­duits bio­lo­giques en France de l’Agence Bio donne les moti­va­tions d’achat sui­vantes : pré­ser­ver la san­té 95%, pré­ser­ver l’environnement 94%, qua­li­té et goût des pro­duits 87%, rai­sons éthiques 72%.

Ces contraintes régle­men­taires ont, dans les condi­tions actuelles de la tech­no­lo­gie, un impact cer­tain sur la pro­duc­ti­vi­té agri­cole, impact rela­ti­ve­ment bien éva­lué en grande culture et en arbo­ri­cul­ture frui­tière, mais plus dif­fi­cile à appré­hen­der en culture légu­mière ain­si qu’en éle­vage, du fait de la grande varia­bi­li­té des sys­tèmes de production.

Par exemple, les dimi­nu­tions de ren­de­ment en France sont en moyenne de l’ordre de 50% en blé et de 35% en maïs, l’écart étant plus grand lorsque les ren­de­ments en agri­cul­ture conven­tion­nelle sont plus élevés.

En arbo­ri­cul­ture frui­tière les dimi­nu­tions de ren­de­ment sont en moyenne de 30 %, mais la varia­bi­li­té est très grande et, dans des condi­tions de pres­sion para­si­taire très forte, la récolte peut être com­pro­mise. De même la pro­duc­ti­vi­té est géné­ra­le­ment plus faible en pro­duc­tion ani­male, par exemple de l’ordre de 30% par vache lai­tière en Nor­man­die, si on la com­pare à un éle­vage lai­tier intensif.

Agriculture biologique et agriculture intégrée

L’agriculture durable, modèle pion­nier et moteur en matière de dura­bi­li­té, peut ser­vir de labo­ra­toire pour la recherche agro­no­mique et l’innovation en agri­cul­ture. Il faut donc pro­fi­ter de la demande socié­tale et du sou­tien des gou­ver­ne­ments pour inten­si­fier la recherche sur la dimi­nu­tion d’intrants, le déve­lop­pe­ment de varié­tés encore mieux adap­tées aux stress bio­tiques et abio­tiques, le main­tien de la fer­ti­li­té des sols et le res­pect de la bio­di­ver­si­té tant au niveau de la par­celle que du ter­ri­toire. Cette recherche devrait per­mettre d’améliorer les per­for­mances de l’agriculture bio­lo­gique et sur­tout de déve­lop­per une agri­cul­ture inté­grée de bonne pro­duc­ti­vi­té et durable, agri­cul­ture inté­grée qui a déjà fait ses preuves dans cer­taines situa­tions et apporte les prin­ci­paux avan­tages de l’AB sans ses trop fortes contraintes.

Agriculture durable et génétique

Connais­sances et outils de la géné­tique sont aujourd’hui très uti­li­sés en agri­cul­ture. On peut citer deux exemples par­mi beau­coup d’autres : créa­tion chez les ovins de races à viande dif­fé­rentes des races à laine, entre­tien d’une large gamme de lignées de maïs sus­cep­tibles d’être croi­sées pour pro­duire des hybrides per­for­mants. Le « pro­grès géné­tique » est conti­nuel et résulte d’une acti­vi­té de sélec­tion qui s’exerce sur un monde vivant en per­pé­tuelle évolution.

Depuis le début du XXe siècle, les concepts et les méthodes uti­li­sés – ceux de la géné­tique des popu­la­tions, de la géné­tique quan­ti­ta­tive, de la géné­tique éco­lo­gique – ont bien prou­vé leur per­ti­nence et leur effi­ca­ci­té. Rien ne per­met de pen­ser qu’ils ne conti­nue­ront pas à rendre d’éminents ser­vices dans les décen­nies qui viennent.

L’utilisation des gènes via l’ADN

Les géné­ti­ciens et les sélec­tion­neurs ont encore bien des ser­vices à rendre à l’agriculture durable de demain

L’ADN, les connais­sances et les tech­no­lo­gies affé­rentes ont ouvert la voie à une amé­lio­ra­tion géné­tique plus directe et plus rapide des ani­maux et des plantes. Le sélec­tion­neur a eu un accès poin­tu au gène, à sa fonc­tion et à sa spé­ci­fi­ci­té via l’ADN. Il s’est affran­chi aus­si en par­tie des contraintes tem­po­relles de l’amélioration tra­di­tion­nelle. Le temps de Dol­ly et des plantes OGM est venu. Il est pos­sible d’apporter une fonc­tion « à la demande» ; on éla­bore ain­si des maïs Bt résis­tant à la pyrale. L’approche est per­ti­nente, effi­cace et géné­ra­li­sable. Elle ren­contre cepen­dant des oppo­si­tions dans la socié­té car elle est per­çue comme une trans­gres­sion d’un ordre bio­lo­gique et idéo­lo­gique. Tech­ni­que­ment il existe bien, au pro­fit de l’agriculture et pour les décen­nies qui viennent, un ave­nir pour ces démarches, mais il est essen­tiel­le­ment dépen­dant des néces­si­tés et cir­cons­tances poli­tiques et sociales.

Une situation d’innovation

Pour un ave­nir plus loin­tain, une troi­sième voie d’amélioration géné­tique des plantes et des ani­maux se pré­pare. Les bases concep­tuelles et tech­no­lo­giques se mettent en place aujourd’hui : géno­mique, pro­téo­mique, cel­lules souches, cultures in vitro et in vivo, épi­gé­né­tique, etc.

Une démarche gra­duelle et progressive
En l’absence de solu­tion uni­ver­selle, le prag­ma­tisme amène à sou­te­nir, sans a prio­ri idéo­lo­gique, la démarche gra­duelle qui cherche à régler les pro­blèmes les uns après les autres, à éva­luer et faire évo­luer pério­di­que­ment l’application d’une poli­tique d’agriculture durable. Et l’on com­prend que, face à la com­plexi­té des situa­tions, un fais­ceau d’approches diverses mais cohé­rentes soit pro­po­sé. À côté des pra­tiques de l’agriculture conven­tion­nelle qui dominent actuel­le­ment, ont été ain­si conçues et appli­quées dans les vingt der­nières années les démarches codi­fiées de « l’a­gri­cul­ture bio­lo­gique », des approches moins for­ma­li­sées dites « d’a­gri­cul­ture rai­son­née », ou encore « d’agriculture de pré­ci­sion » visant à opti­mi­ser l’usage des intrants, ain­si que des approches inté­grées de ges­tion des ter­ri­toires ruraux res­sus­ci­tant et adap­tant des pra­tiques anciennes dont on a eu trop ten­dance à négli­ger le bien-fon­dé, comme l’agroforesterie.

La ques­tion est de savoir com­ment un géné­ti­cien, un sélec­tion­neur, peut répondre à une demande tou­jours non satis­faite ou tota­le­ment nou­velle des agriculteurs.

La construc­tion part de carac­té­ris­tiques géné­riques mini­males (par exemple une plante orne­men­tale, une cou­leur des fleurs) à par­tir des­quelles on réa­lise une expan­sion intel­lec­tuelle sur la base des connais­sances et tech­niques dis­po­nibles. Cette base est telle aujourd’hui qu’il est pos­sible d’envisager non pas une (comme dans le cas des OGM), mais tout un ensemble de solutions.

Des progrès possibles dès aujourd’hui

Les connais­sances et les tech­niques auto­risent à ima­gi­ner et inno­ver pour déve­lop­per une agri­cul­ture de plus en plus durable. Aujourd’hui, il est pos­sible d’identifier des orien­ta­tions sou­hai­tables, comme la mise en place d’une codi­fi­ca­tion et d’une valo­ri­sa­tion de « l’agriculture rai­son­née » à l’instar de ce qui a été fait pour l’agriculture bio­lo­gique ; le sui­vi d’indicateurs d’impact de l’agriculture sur l’environnement (par exemple les teneurs en miné­raux et en pes­ti­cides dans les eaux) pour rec­ti­fier si néces­saire cer­taines pra­tiques agri­coles ; l’application de poli­tiques et sché­mas d’aménagement du ter­ri­toire visant à un bon équi­libre villes-cam­pagnes et à une coha­bi­ta­tion har­mo­nieuse des ruraux, néo­ru­raux et cita­dins. Cepen­dant, il faut être conscient que, sur les moyen et long termes, ces orien­ta­tions valides aujourd’hui devront être revues et com­plé­tées par d’autres au fil du temps afin que les acti­vi­tés agri­coles demeurent à la fois « éco­lo­gi­que­ment saines, éco­no­mi­que­ment viables et socia­le­ment acceptables ».

En accord avec Guy Paillo­tin (60), secré­taire per­pé­tuel de l’Académie, cet article a été pré­pa­ré par Jean-Claude Mou­no­lou, membre titu­laire de l’Académie, Chris­tian Ferault, vice-secré­taire, et Jean-Paul Lan­ly (57), tré­so­rier per­pé­tuel. Le texte emprunte aux tra­vaux récents de l’Académie sur le déve­lop­pe­ment durable en agri­cul­ture et l’agriculture bio­lo­gique, notam­ment ceux coor­don­nés par (ordre alpha­bé­tique) René Grous­sard, Jean-Claude Igna­zi, Ber­nard Le Bua­nec, Pierre Mar­sal et Guy Paillotin.

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