Vers une adhésion réfléchie et sélective

Dossier : L'EuropeMagazine N°692 Février 2014
Par Daniel REYDELLET (64)
Par David CORTÉS (97)

Antiennes connues, que vous enten­drez resur­gir lors de la cam­pagne élec­to­rale pour les élec­tions euro­péennes de mai 2014. Le fait est qu’en France, notam­ment, les opi­nions publiques décrochent du pro­jet européen.

Et pour­tant, ce pro­jet a cin­quante-six ans. Construit dans une ambiance de guerre froide, comme pro­jet paci­fi­ca­teur et zone tam­pon entre deux blocs, il a per­du­ré et accom­pa­gné les trente glo­rieuses. Il a sur­vé­cu aux nou­velles donnes, éco­no­mique après le choc pétro­lier, géo­po­li­ti­co-idéo­lo­gique après la chute du mur de Ber­lin. Mais voi­là : le monde actuel est face à un nou­veau chan­ge­ment de para­digme avec l’émergence d’un monde mul­ti­po­laire et le choc « matières pre­mières-éner­gie » (pas seule­ment pétro­lier), dans un monde qui a pris conscience de sa fini­tude, laquelle nous ren­voie à un impé­ra­tif écologique.

Les défis qui attendent l’Europe sont de taille, afin d’apporter des solu­tions à ces pro­blé­ma­tiques de long terme, de se repo­si­tion­ner au niveau mon­dial, de défi­nir ses limites géo­gra­phiques et son niveau d’intégration. Et cer­taines sont à trou­ver dans les tout pro­chains mois, telle une action concer­tée sur les dettes d’État, et l’évolution de son sys­tème moné­taire et finan­cier, alors que le monde orga­nise en ce moment même des alter­na­tives au dol­lar (mon­naie com­mune fin décembre dans le golfe Per­sique, inter­na­tio­na­li­sa­tion accé­lé­rée du yuan).

« Ne croyez pas la pro­pa­gande anglo-saxonne qui dénigre constam­ment l’euro. N’ayez pas peur ! On compte sur vous. » Tel a été le mes­sage déli­vré en apar­té par le pré­sident Valé­ry Gis­card d’Estaing à nos jeunes cama­rades qui venaient de l’interviewer, alors qu’il s’apprêtait à par­tir pour la Chine : tout un symbole.

Quels qu’aient été son orga­ni­sa­tion poli­tique et son contour géo­gra­phique pré­cis, « l’Europe » a amé­na­gé cer­taines de ses acti­vi­tés majeures pour pro­fi­ter de sa taille cri­tique, de son mar­ché inté­rieur, de ses savoir-faire afin d’organiser des coor­di­na­tions d’ingénierie et d’industrie trans­na­tio­nales et orga­ni­ser les territoires.

C’est la per­ti­nence de « l’Europe » sur tous ces sujets que ce dos­sier met en pers­pec­tive : gou­ver­nance, actions sur les poli­tiques publiques, suc­cès indus­triels et scien­ti­fiques pas­sés et à venir. Gageons que l’adhésion vien­dra de ces études concrètes appe­lant des remises en ques­tion pro­fondes, à médiatiser.

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