DVD Attila par Verdi

Verdi : Attila

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°692 Février 2014Par : l'orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg Dir. Valery GergievRédacteur : Marc Darmon (83)

Atti­la est un opé­ra de jeu­nesse de Ver­di, après la com­po­si­tion de Nabuc­co mais avant Mac­beth. Réjouis­sons-nous que cet opé­ra presque jamais joué soit acces­sible grâce au DVD (pré­fé­rez le Blu-Ray, ren­dant vrai­ment l’atmosphère du spec­tacle en salle) dans des condi­tions optimales.

DVD Attila par VerdiL’ouverture, plus sou­vent jouée que le reste de l’œuvre, reprend cer­tains thèmes de l’opéra. Elle met sur­tout en place l’ambiance du drame qui va suivre. L’opéra est très carac­té­ris­tique de Ver­di, et on y trouve tout son style de façon très recon­nais­sable, presque cari­ca­tu­rale : l’accompagnement si révé­la­teur, la struc­ture des airs, tout annonce ce que devien­dra Verdi.

Pas de tubes dans cet opé­ra, pas encore tout à fait le génie futur de La Tra­via­ta et de Rigo­let­to, écrits sept ans plus tard, mais quel métier ! Et c’est ici par­fai­te­ment diri­gé et chanté.

L’action se passe aux fron­tières de l’Empire romain pen­dant l’invasion des Huns, à une période comme celle du roi Arthur où s’affrontent Empire romain décli­nant, Bar­bares et Chré­tien­té. Dans l’opéra, Atti­la mour­ra là, avant la créa­tion de la future Venise, frap­pé par une prin­cesse d’Aquilée.

C’est en fait une inven­tion de l’ouvrage de 1807 dont est tiré le livret, et qui est une méta­phore de l’invasion de l’Italie par Napo­léon. Ver­di et son libret­tiste trans­forment cela en une riva­li­té entre Alle­magne et Ita­lie (n’oublions pas que Wag­ner et Ver­di sont exacts contem­po­rains, nés tous deux il y a deux siècles exac­te­ment), saint Léon arrê­tant la marche des Huns sur Rome.

En réa­li­té, Atti­la est mort chez lui en Hon­grie, après la cam­pagne vic­to­rieuse d’Italie, dans les bras de son épouse du jour.

Les décors sont simples, mais les cos­tumes et maquillages rendent assez réa­liste la troupe de Huns, et notam­ment Atti­la (voir la pho­to de la pochette), inter­pré­té par Ildar Abdra­za­kov, célèbre basse, habi­tué des plus grandes scènes du monde.

Vale­ry Ger­giev est un des chefs qui comptent le plus aujourd’hui dans le monde musi­cal. En charge de plu­sieurs orchestres en Europe (Londres, et bien­tôt Munich), il com­mande prin­ci­pa­le­ment depuis vingt-cinq ans l’ensemble des salles du théâtre Mariins­ky de Saint-Péters­bourg, désor­mais au nombre de trois, la salle d’opéra his­to­rique où cette pro­duc­tion a été fil­mée, la nou­velle salle d’opéra juste ouverte récem­ment et la nou­velle salle de concert inau­gu­rée en 2007.

Chef sym­pho­nique et chef d’opéra, Ger­giev enre­gistre depuis plus de vingt ans avec cet ensemble (à l’époque encore appe­lé théâtre du Kirov) les opé­ras du réper­toire, dont des Ver­di mémo­rables déjà. Ger­giev a déjà lais­sé une vaste empreinte dans l’histoire de la musique, étant à l’origine de très nom­breux enre­gis­tre­ments, mais aus­si de salles de concerts, de fes­ti­vals, et du label indé­pen­dant Mariins­ky qu’il a créé en 2009, et qui édite CD, DVD et Blu- Ray, concerts, opé­ras et bal­lets de l’ensemble de Saint-Pétersbourg.

Répé­tons-le, des condi­tions idéales pour voir cet opé­ra. Espé­rons vite la publi­ca­tion en film haute défi­ni­tion (Blu-Ray) d’autres mer­veilles de la jeu­nesse de Ver­di, presque jamais jouées, I due Fos­ca­ri, Lui­sa Mil­ler, Erna­ni.

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