Un dialogue culturel actif avec la France

Dossier : La ChineMagazine N°684 Avril 2013
Par Annie BERGERET-CURIEN

REPÈRES
Après la chute de l’Empire en 1911 et à la suite du mou­ve­ment du 4 mai 1919, qui marque la rup­ture cultu­relle avec le pas­sé et l’ouverture vers les pen­sées occi­den­tales moder­nistes, des vagues de Chi­nois « étu­diants-tra­vailleurs » sont arri­vées en France. En Chine comme en France, la connais­sance réci­proque des cultures s’est accrue, notam­ment par la créa­tion d’instituts fran­co-chi­nois dans l’un et l’autre pays.

REPÈRES
Après la chute de l’Empire en 1911 et à la suite du mou­ve­ment du 4 mai 1919, qui marque la rup­ture cultu­relle avec le pas­sé et l’ouverture vers les pen­sées occi­den­tales moder­nistes, des vagues de Chi­nois « étu­diants-tra­vailleurs » sont arri­vées en France. En Chine comme en France, la connais­sance réci­proque des cultures s’est accrue, notam­ment par la créa­tion d’instituts fran­co-chi­nois dans l’un et l’autre pays.
À la fin des années 1970, les échanges cultu­rels reprennent vie et retrouvent leur dyna­misme, dans pra­ti­que­ment tous les domaines. Yishu 8, mai­son dédiée aux arts, renaît en 2012 dans l’ancienne uni­ver­si­té fran­co-chi­noise pékinoise.

La connais­sance des cultures passe d’abord par celle des langues ain­si que par l’exercice de la tra­duc­tion. Les lettres ont tou­jours béné­fi­cié d’un sta­tut pri­vi­lé­gié. Les sino­logues fran­çais s’y inté­ressent et de nom­breuses œuvres sont tra­duites, per­met­tant de com­prendre ce qui est arri­vé à la Chine durant les années de la Révo­lu­tion cultu­relle et ce que les Chi­nois ont vécu.

Les lettres chinoises

L’année lin­guis­tique
En 2012, l’année croi­sée lin­guis­tique France- Chine a per­mis de mesu­rer l’essor pro­di­gieux dans notre pays de l’enseignement du chi­nois dans les écoles, pri­maires par­fois, secon­daires, et dans les uni­ver­si­tés. Le col­loque « Tra­duire entre les langues chi­noise et fran­çaise, un exer­cice d’interprétation », tenu en juin 2012 à la BNF, ras­semble sur cette ques­tion des acteurs variés du pas­sage cultu­rel : ensei­gnants, tra­duc­teurs, libraires, bibliothécaires.

En 1988, au moment des « Belles étran­gères » consa­crées à la Chine, orga­ni­sées par le minis­tère de la Culture, paraît une antho­lo­gie de nou­velles. En 2004, dans le cadre des années croi­sées France-Chine, le Salon du livre a pour invi­tées d’honneur à Paris les « lettres chi­noises ». Plu­sieurs dizaines d’écrivains de langue chi­noise par­ti­cipent aux mani­fes­ta­tions, ren­contrent des écri­vains fran­çais, s’expriment devant leur public car de nom­breux ouvrages en tra­duc­tion sont, plus encore qu’avant, disponibles.

En Chine, un nombre impor­tant de pen­seurs et d’écrivains contem­po­rains fran­çais béné­fi­cient éga­le­ment doré­na­vant de tra­duc­tions d’ouvrages en chi­nois, dans le cadre du pro­gramme Fu Lei, sou­te­nu par le minis­tère fran­çais des Affaires étrangères.

Les réflexions croisées

Dans maintes dis­ci­plines des sciences humaines et sociales, des échanges, voire des coopé­ra­tions fran­co-chi­noises ont vu le jour et se déve­loppent activement.

Pen­seurs et écri­vains contem­po­rains fran­çais béné­fi­cient de tra­duc­tions en chinois

Dans le domaine de l’architecture, l’Observatoire de l’architecture de la Chine contem­po­raine est créé à la Cité de l’architecture et du patri­moine au palais de Chaillot à Paris.

En his­toire, depuis bien­tôt dix ans, une Uni­ver­si­té d’automne, orga­ni­sée conjoin­te­ment par la Fon­da­tion Mai­son des sciences de l’homme, l’université Paris‑I et la Socié­té chi­noise d’étude d’histoire de la France, qui repose sur une for­ma­tion auprès de jeunes cher­cheurs chi­nois et sur des col­loques thé­ma­tiques plu­ri­dis­ci­pli­naires, se tient chaque année à Shan­ghai, avec une soixan­taine de par­ti­ci­pants chi­nois venus des quatre coins du pays.

Une Uni­ver­si­té d’automne dédiée à l’histoire se tient chaque année à Shanghai

En lit­té­ra­ture, à l’initiative de l’auteure, des écri­vains de langue chi­noise et de langue fran­çaise sont invi­tés depuis 2002 à écrire des récits inédits, au sein du Pro­gramme Ali­bi de la Fon­da­tion Mai­son des sciences de l’homme, avec le sou­tien du Centre natio­nal du Livre. Les textes sont tra­duits, avant que des ren­contres regrou­pant auteurs et tra­duc­teurs se déroulent, l’interprète – Émi­lie Huang pour les pre­miers ate­liers – jouant un rôle pri­mor­dial. Les ren­contres ont par­fois lieu en Chine.

Le neu­vième sémi­naire Chine-France de Culture et d’Histoire, 2012. 
© DUANMU MEI

Le corps et l’énergie
Un ensei­gne­ment de la pen­sée chi­noise rela­tive au corps et à l’énergétique est conduit depuis vingt ans par le doc­teur Jean-Marc Eys­sa­let, féru de culture et de langue chi­noises, et par Meng Tian, ensei­gnante de chi­nois et inter­prète. Cette for­ma­tion dis­pense, à un large public de pra­ti­quants (méde­cins, acu­punc­teurs), les élé­ments de réflexion pro­po­sés par la culture chi­noise. Le tra­vail s’effectue par la lec­ture de textes fon­da­men­taux chi­nois qui relèvent de la méde­cine, mais aus­si de l’esthétique, de la phi­lo­so­phie ou de la littérature.

BIBLIOGRAPHIE

Chine et chris­tia­nisme – action et réac­tion, Jacques GERNET, Gal­li­mard, 1982.
Roseaux sur le mur : les poètes occi­den­ta­listes chi­nois, Michelle LOI, Gal­li­mard, 1971.
France-Chine – quand deux mondes se ren­contrent, Muriel DÉTRIE, Gal­li­mard, 2004.
La Pen­sée chi­noise (1934), Mar­cel GRANET, Albin Michel, 1999.
L’Écriture poé­tique chi­noise, Fran­çois CHENG, Édi­tions du Seuil, 1977.
Trai­tés chi­nois de pein­ture et de cal­li­gra­phie, Yolaine ESCANDE, Klinck­sieck, 2003 et 2010.
Récits chi­nois 1918–1942, Mar­tine VALLETTEHÉMERY (tra­duc­trice), Édi­tions de l’Herne, 1970.
Grand Dic­tion­naire Ric­ci de la langue chi­noise, Des­clée De Brou­wer, Ins­ti­tut Ricci.
La remon­tée vers le jour – nou­velles de Chine 1978–1988, Ali­nea, 1988.
Villes et Patri­moines en Chine, Cité de l’architecture & du patri­moine, 2011.
Espaces croi­sés, Duan­mu MEI et Hugues TERTRAIS, Mai­son des sciences de l’homme, 2012.
Ali­bi 2 – dia­logues lit­té­raires fran­co-chi­nois, Annie BERGERET CURIEN, Mai­son des sciences de l’homme, 2010.

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