Témoignages pour X‑Afrique

Dossier : X-AfriqueMagazine N°640 Décembre 2008

Quels enjeux pour X‑Afrique ?

Quels enjeux pour X‑Afrique ?

» Quatre signaux forts, comme quatre cava­liers de l’A­po­ca­lypse, annoncent des mois et des années de sueur, de sang et de larmes pour les entre­prises grandes et petites : l’ef­fon­dre­ment des indices bour­siers ; l’en­vo­lée des matières pre­mières, avec, au pre­mier rang d’entre elles, le pétrole ; l’en­vo­lée de l’or qui ne rap­porte rien et ne crée pas de valeur ; l’ef­fon­dre­ment du dol­lar » – tels sont les pro­pos d’Hen­ri Des­ser­tine, l’IH­FI, qui estime que : » cette crise a deux ori­gines prin­ci­pales : la redis­tri­bu­tion des rôles entre Nord et Sud ; la ges­tion catas­tro­phique de cette muta­tion par les pays riches « .

Natio­na­li­té Nombre
Maroc 210
Tunisie 143
Magh­reb, Mash­rek, autre 17
Afrique subsaharienne 56
Rési­dence Nombre
Maroc 62
Tunisie 53
Magh­reb, Mash­rek, autre 7
Afrique subsaharienne 13
Répar­ti­tion par natio­na­li­té et résidence

Nous voi­là au cœur d’une pro­blé­ma­tique qui concerne direc­te­ment X‑Afrique. Nous sommes peu nom­breux. Nous sommes plus pré­sents en Europe qu’en Afrique.

Nous ne brillons pas par la fré­quence de nos réunions, plus qu’é­pi­so­diques, ni par les débats de nos forums plus que légers en com­pa­rai­son de ceux de nos col­lègues d’HEC avec leur dis­po­si­tif CAP Afrique sou­te­nu par le groupe AXA, ni même par nos actions en faveur de la créa­tion d’ac­ti­vi­tés en Afrique où nos col­lègues de Sup de Co ou de l’Es­sec orga­nisent des forums impres­sion­nants en s’ap­puyant sur les élèves étran­gers dans le cadre de pro­jets d’é­tu­diants ou de leurs jeunes anciens.

N’empêche !
La crise actuelle montre les limites de la spé­cu­la­tion finan­cière et ramène aux valeurs de l’é­co­no­mie réelle avec des pro­duits et des ser­vices adap­tés au mar­ché dans toutes les gammes de prix. Elle ramène aus­si aux valeurs de créa­tion et de déve­lop­pe­ment durable de l’in­dus­trie plu­tôt que celles du com­merce et de la finance.

Les X ori­gi­naires d’A­frique sub­sa­ha­rienne ou d’A­frique du Nord comme tous les X qui croient à l’A­frique sont bien pla­cés pour s’é­pa­nouir au plan pro­fes­sion­nel et, pour cer­tains, faire fortune.

Le groupe X‑Afrique est un des petits élé­ments qui sou­haite appor­ter une contri­bu­tion la plus effi­cace pos­sible sur les pro­jets de codé­ve­lop­pe­ment ou de déve­lop­pe­ment durable en Afrique, en liai­son avec les ins­ti­tu­tion­nels, les entre­prises et les dia­spo­ras qui nous accueillent très favo­ra­ble­ment à cause de la grande noto­rié­té de l’École.

Alain Ducass (73)

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Aider les porteurs de projets

Avec la réces­sion qui se confirme pour les prin­ci­pales éco­no­mies mon­diales, les inves­tis­se­ments exté­rieurs directs et l’aide aux pays en voie de déve­lop­pe­ment risquent de se tarir signi­fi­ca­ti­ve­ment compte tenu des sommes englou­ties dans les dif­fé­rents plans de sau­ve­tage du sys­tème finan­cier. Pour­tant nous pou­vons recon­naître, tout comme le patron de la Com­mis­sion éco­no­mique de l’A­frique, que » les déve­lop­pe­ments néga­tifs dans l’a­rène glo­bale repré­sentent un défi par­ti­cu­lier pour l’A­frique « . Les États afri­cains doivent en effet mettre tout en oeuvre pour pré­ser­ver les pro­grès effec­tués au cours des der­nières années, mal­gré la crise actuelle. Ain­si, toute mesure visant à favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment des petites et moyennes entre­prises ne pour­ra que ren­for­cer ces progrès.

Au sein de la struc­ture Mar­cot­tage, nous aidons des por­teurs de pro­jets de créa­tion d’en­tre­prises à concré­ti­ser leur pro­jet. Mais même si des ini­tia­tives de ce type per­mettent d’en­cou­ra­ger la créa­tion d’en­tre­prises en Afrique, la péren­ni­té de ces entre­prises ne sera véri­ta­ble­ment assu­rée que s’il existe une réelle volon­té poli­tique de don­ner aux entre­prises afri­caines les moyens de se déve­lop­per. Espé­rons que cette crise finan­cière ne ser­vi­ra pas de pré­texte pour arrê­ter les efforts des États africains.

Carole Ramella (MBA ANSAE)

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Créer des activités avec Marcottage

Les X d’o­ri­gine afri­caine ont du mal à trou­ver du tra­vail dans leur pays. Il convient de pré­pa­rer leur retour en créant dès la sco­la­ri­té un pro­jet pro­fes­sion­nel en rela­tion avec une entre­prise inté­res­sée par l’Afrique.

La fai­sa­bi­li­té de ce pro­jet a été vali­dée par les entre­prises en août 2004 et par les por­teurs de pro­jets en jan­vier 2005 au salon des entre­pre­neurs, sous réserve de s’ou­vrir à d’autres pro­jets que ceux d’X-Afrique. Il en résulte le site Web qui fait l’ob­jet d’une crois­sance régu­lière avec 1 411 membres ins­crits ; 378 pro­jets dépo­sés et 880 contacts pro­po­sés par les membres aux por­teurs de projets.

Exemples
•X‑Afrique a per­mis à un jeune de créer son entre­prise en Côte-d’Ivoire.
•X‑Afrique et une ONG d’é­tu­diants afri­cains ont récol­té en trois mois 35 pro­jets de créa­tion d’ac­ti­vi­tés au Gabon, et ont mon­té un col­loque à Bor­deaux avec leurs porteurs.
•Une chambre de com­merce a réuni vingt entre­prises de son ter­ri­toire dési­reuses de nouer un par­te­na­riat en Afrique de l’Est dans le domaine des TIC.
•Un consul­tant a trou­vé plu­sieurs entre­prises sur Mar­cot­tage pour les ame­ner dans une ren­contre d’af­faires en Afrique.
•Des cen­taines de pro­jets tech­no­lo­giques sont disponibles.
http://x‑afrique.polytechnique.org
http://www.marcottage.fr

Un soutien industriel réel mais modeste

Pour­tant la réac­tion en chaîne n’a pas démar­ré pour les rai­sons sui­vantes : manque de bonnes volon­tés pour ani­mer Mar­cot­tage, par exemple en recher­chant des pro­jets, en les qua­li­fiant sous l’angle tech­nique, com­mer­cial, humain, finan­cier, ou en ani­mant en ligne une com­mu­nau­té de créa­teurs d’en­tre­prises (ex. sur l’en­vi­ron­ne­ment, sur le Maroc, sur le capi­tal inves­tis­se­ment) ; absence totale de sou­tien public mal­gré des dizaines de pro­messes ; manque de clar­té du site avec un trop grand mélange des types de pro­jets (inno­vant, micro­cré­dit) qui ne faci­lite pas la mise en rela­tion ; sou­tien indus­triel réel (par exemple au Medef et Télé média com­mu­ni­ca­tion), mais modeste.

Une réelle attente

D’ores et déjà, et a for­tio­ri lorsque ces pro­blèmes seront réso­lus, le pro­duit Mar­cot­tage répond à une réelle attente quand on sait que le concours D‑Made de la Banque mon­diale pour la créa­tion d’en­tre­prises en Afrique a recueilli plus de 500 pro­jets dont près de 90 % sont res­tés dans les pla­cards et ne sont pas por­tés à la connais­sance des inves­tis­seurs ou que les Afri­cains échangent beau­coup d’ex­pé­riences au sein d’une même famille mais peu entre les eth­nies si bien qu’un pro­jet réus­si dans un pays se trans­met peu dans un autre.

A.D.

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Un potentiel pour la planète

L’A­frique reste le conti­nent glo­ba­le­ment le plus pauvre de la pla­nète et le plus à l’é­cart des déve­lop­pe­ments tech­no­lo­giques. La misère, la famine, les mala­dies, les guerres sont très pré­sentes, plus qu’ailleurs. Des rap­ports font même état de dégra­da­tions de situa­tions. Pour­tant les rai­sons d’es­pé­rer ne manquent pas. Le for­mi­dable essor des tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion et de com­mu­ni­ca­tion touche l’A­frique comme le reste du monde avec un déca­lage dans le temps de moins en moins per­cep­tible. Le savoir, l’in­for­ma­tion sont dis­tri­bués en Afrique, ou depuis et vers l’A­frique, au même rythme qu’ailleurs. Les condi­tions de tra­vail et de vie vont évo­luer rapi­de­ment dès que la pro­duc­tion et la dis­tri­bu­tion de l’élec­tri­ci­té et de l’éner­gie seront plus larges, plus régulières.

Une terre d’accueil et de grands travaux

Le poten­tiel de l’A­frique à une époque de rare­té en res­sources miné­rales et natu­relles inté­resse la pla­nète. Et plus conjonc­tu­rel­le­ment, alors que la dépres­sion gagne, que la crise finan­cière mon­diale annonce la crise éco­no­mique, com­ment ne pas pen­ser à l’A­frique comme terre d’ac­cueil et des grands tra­vaux du » New Deal 2008 et + » ?

Jean-François SORRO (72)

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