Souvenirs des années 1939–1945

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°544 Avril 1999Par : René ROOS (30)Rédacteur : Michel THÉRENTY (30)

Chaque année, en orga­ni­sant le magnan de ma pro­mo, je pré­pare, pour dis­tri­buer aux pré­sents et envoyer aux excu­sés, quelques pages inti­tu­lées “Nou­velles de la promo”.

Cette année, pour la pre­mière fois, j’ai signa­lé à l’attention de mes cama­rades l’existence d’un livre, celui de mon cama­rade Roos, dont j’ai écrit que c’était “ le récit, racon­té avec modes­tie et talent, d’une aven­ture courageuse ”.

Ce récit a d’autres qua­li­tés. Il est dédié à Bru­no de Valence de Minar­dière (31) qui, hôte du même Oflag que Roos, ten­ta plu­sieurs fois de s’évader avec lui. L’amitié qui réunit ces deux hommes consti­tue un exemple typique de la fra­ter­ni­té poly­tech­ni­cienne, qui ignore les dif­fé­rences de for­tune, de rang d’entrée, de race, de reli­gion ; c’est l’amitié pro­fonde d’un juif et d’un catho­lique fervent.

L’acharnement de ces deux amis les amè­ne­ra fina­le­ment à s’évader ; mal­heu­reu­se­ment, pour des rai­sons trop longues à racon­ter – et il ne convient pas de déflo­rer le récit – leurs vies, une fois la liber­té gagnée, se sépa­re­ront, et le plus jeune, dans les rangs de la 1re armée fran­çaise, mour­ra pour la France, dans les Vosges, en novembre 1944.

Roos, l’auteur de ce livre, se retrou­ve­ra fina­le­ment en Hon­grie. Il ras­sem­ble­ra des Fran­çais, éva­dés aus­si pour la plu­part, qu’il emmè­ne­ra au com­bat en Slo­va­quie, et ramè­ne­ra en France, par Odes­sa, après des péri­pé­ties extra­or­di­naires, avec le per­ma­nent sou­ci de les gar­der ras­sem­blés autour de lui, dans cette Europe de l’Est par­fois amie, par­fois dangereuse.

Avec un admi­rable sou­ci de sa digni­té, Roos refuse, dans des cir­cons­tances par­fois périlleuses, on l’imagine, de ne pas se dire juif. Quel exemple !

Mais les plus belles pages de ce livre, qui est sur­tout un livre d’action, sont des pages de réflexion, dans les­quelles l’auteur s’interroge sur les rai­sons qui peuvent pous­ser un pri­son­nier à ten­ter de s’évader.

Des réflexions qui paraissent évi­dentes, sur­tout à ceux qui n’ont pas vécu ce pro­blème, mais qui semblent pro­fon­dé­ment vraies, et très émouvantes.

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