Requiem K 626

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°622 Février 2007Par : R. Yakar, O. Wenkel, K. Equiluz, R. Holl, Concentus Musicus Wien, Nikolaus HarnoncourtRédacteur : Marc Darmon (83)

Niko­laus Har­non­court est un des chefs du ving­tième siècle qui a eu le plus d’influence sur la direc­tion d’orchestre et l’interprétation musi­cale. Il est en effet un des pion­niers qui ont ten­té de retrou­ver le son des ins­tru­ments et des orchestres du XVIIIe siècle, et de repro­duire les styles d’interprétation de cette époque. La créa­tion en 1953 du Concen­tus Musi­cus, « avec ins­tru­ments anciens », et les pre­miers enre­gis­tre­ments qui ont sui­vi, ont per­mis de décou­vrir un son et une manière de jouer extrê­me­ment dif­fé­rente de ce à quoi les tra­di­tions de la fin du XIXe et du début du XXe siècle avaient habi­tué nos oreilles. Beau­coup consi­dé­raient d’ailleurs que la démons­tra­tion était loin d’être pro­bante. Il faut recon­naître qu’au tout début la qua­li­té de réa­li­sa­tion et d’interprétation n’était pas tou­jours à la hau­teur de l’ambition, et que l’on pou­vait avoir l’impression, pour uti­li­ser un euphé­misme, d’un son ingrat.

Depuis un demi-siècle, le débat est deve­nu obso­lète. L’histoire a don­né rai­son à N. Har­non­court, les orchestres sur ins­tru­ments d’époque se sont mul­ti­pliés, avec des qua­li­tés attei­gnant aujourd’hui celles des meilleurs orchestres sym­pho­niques. On voit coha­bi­ter dans les mêmes salles suc­ces­si­ve­ment des inter­pré­ta­tions sur ins­tru­ments modernes et sur ins­tru­ments anciens.

Depuis, N. Har­non­court a évo­lué. Son réper­toire s’étend désor­mais jusqu’à Brahms, Dvo­rak, Bru­ck­ner, avec les orchestres les plus emblé­ma­tiques de la tra­di­tion roman­tique : Vienne, Amsterdam…

La repré­sen­ta­tion du Requiem de Mozart enre­gis­trée sur ce DVD en 1981 appar­tient à la période inter­mé­diaire de la car­rière d’Harnoncourt. Entre l’époque pion­nière, impar­faite tech­ni­que­ment, et l’époque actuelle où son réper­toire s’est élar­gi et où il dirige les orchestres sym­pho­niques, les années quatre-vingt sont celles de la maî­trise de son sys­tème : un orchestre sur ins­tru­ments d’époque désor­mais tech­ni­que­ment par­fait, une inter­pré­ta­tion conti­nuel­le­ment ori­gi­nale mais sans les séche­resses de ses débuts et un ensemble de chan­teurs habi­tués aux inter­pré­ta­tions clas­siques et bien meilleurs que ceux qui l’ont accom­pa­gné lors de la période 1953–1970.

On ne pré­sente plus le Requiem de Mozart, lais­sé inache­vé à sa mort en 1791. L’équilibre entre les pas­sages avec chœurs et les mor­ceaux avec solistes res­sort par­fai­te­ment de cette superbe inter­pré­ta­tion. L’orchestre est réduit, « n’en rajoute pas », et per­met de pro­fi­ter de l’émotion sus­ci­tée par les chan­teurs, avec une men­tion spé­ciale pour Rachel Yakar, vrai­ment magni­fique. En com­plé­ment de pro­gramme, la Can­tate BWV 161 de Bach, enre­gis­trée le même jour, pré­sente les mêmes qualités.

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