Présentation au drapeau de la promotion 2000

Dossier : ExpressionsMagazine N°571 Janvier 2002

Suivant la tra­di­tion, la pré­sen­ta­tion au Dra­peau de la pro­mo­tion 2000 s’est tenue le same­di 17 novembre 2001 en pré­sence d’une nom­breuse assis­tance. Elle a été aus­si l’occasion pour les familles de faire connais­sance avec l’École.

Cette année, la céré­mo­nie était pré­si­dée par Mon­sieur Alain Richard, ministre de la Défense. Tout s’est remar­qua­ble­ment dérou­lé et après le pas­sage en revue des élèves, la musique et le défi­lé ont été appré­ciés par toute l’assistance. Le géné­ral de Noma­zy s’est adres­sé aux élèves juste avant l’arrivée du Drapeau.

Discours du général de Nomazy, directeur général de l’École

Je remer­cie mon­sieur le ministre de la Défense d’avoir bien vou­lu accep­ter de pré­si­der cette céré­mo­nie. Je remer­cie éga­le­ment toutes les per­son­na­li­tés qui nous font l’honneur et l’amitié de leur présence.

Poly­tech­ni­ciens de la pro­mo­tion 2000, cette céré­mo­nie est orga­ni­sée à votre inten­tion et à celle de vos familles, que j’ai plai­sir d’accueillir ici ce matin.

Vous allez être pré­sen­tés dans un ins­tant au dra­peau de l’École. Aupa­ra­vant, je vou­drais vous en rap­pe­ler briè­ve­ment la symbolique.

Notre dra­peau, c’est d’abord le sym­bole de notre nation. Bien des hommes et des femmes se sont ras­sem­blés autour de ses trois cou­leurs et ont don­né leur vie pour défendre notre pays lorsqu’il était menacé.

Notre Dra­peau, c’est aus­si le sym­bole des valeurs aux­quelles nous sommes atta­chés : la liber­té, l’égalité et la fra­ter­ni­té. Ces valeurs, nous les esti­mons uni­ver­selles, c’est pour­quoi cette céré­mo­nie au dra­peau est aus­si celle de nos cama­rades étran­gers. À vous les élèves étran­gers je vou­drais dire ceci : j’ai tenu à asso­cier les emblèmes de vos pays au nôtre, en fai­sant pavoi­ser le fron­ton du grand hall aux cou­leurs des 16 nations que vous repré­sen­tez aujourd’hui. Je l’ai fait pour vous qui nous faites l’honneur d’avoir choi­si Poly­tech­nique pour vous ins­truire. Je l’ai aus­si fait pour vous signi­fier que notre dra­peau est aus­si le vôtre.

Ce dra­peau n’est pas seule­ment le sym­bole de la nation, c’est aus­si celui de l’École. Il porte la devise que lui a don­née Napo­léon en 1804 : “ Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire ”.

Cette devise peut paraître d’un autre temps. Je crois qu’il n’en est rien si on la prend comme une invi­ta­tion, pour les jeunes gens et les jeunes filles que vous êtes, à se tour­ner réso­lu­ment vers l’avenir.

“ Pour la Patrie ” signi­fie, à vous qui avez beau­coup reçu et qui allez ici encore beau­coup rece­voir, que vous avez le devoir de par­ti­ci­per acti­ve­ment à l’effort natio­nal qui vise à rendre notre monde plus moderne, mais aus­si plus juste, plus humain et plus fraternel.

“ Pour les Sciences ” vous indique com­ment uti­li­ser vos capa­ci­tés et vos dons dans cette marche vers le pro­grès. Cela nous rap­pelle aus­si l’importance de la démarche ration­nelle dans un monde où les images, par­tout dif­fu­sées, donnent à voir sans tou­jours don­ner à comprendre.

“ Pour la Gloire ” signi­fie que votre effort se doit d’être dés­in­té­res­sé. Au contact de vos cadres, de vos ensei­gnants et des cher­cheurs appre­nez à tra­vailler pour la gloire, c’est-à-dire, à assu­mer vos res­pon­sa­bi­li­tés quelles que soient les cir­cons­tances, à recher­cher tou­jours l’excellence et à conser­ver en per­ma­nence le sens de l’intérêt général.

Notre dra­peau porte aus­si l’inscription : “ Défense de Paris 1814 ”. C’est pour rap­pe­ler qu’à un moment dif­fi­cile de notre his­toire les deux pro­mo­tions d’élèves pré­sentes à l’École ont deman­dé à par­ti­ci­per à la défense de la capi­tale. Peu importe que leur action n’ait chan­gé ni le cours de la bataille, ni celui des évé­ne­ments. Ce qui importe ce sont les qua­li­tés de dévoue­ment à l’intérêt géné­ral qui ont été mani­fes­tées par ces promotions.

Enfin les déco­ra­tions de notre dra­peau, la Légion d’honneur et les deux croix de guerre, attestent le sacri­fice de très nom­breux poly­tech­ni­ciens pour la défense de la liberté.

Voi­là ce que signi­fie le dra­peau de l’École.

Vous êtes fiers d’être ici et vous pou­vez légi­ti­me­ment l’être car l’École est l’un des fleu­rons de l’enseignement supé­rieur et de la recherche en France. Au cours de sa longue his­toire elle a don­né à la science de nom­breux savants, à l’industrie de nom­breux cadres et entre­pre­neurs, à l’État de nom­breux ser­vi­teurs civils et militaires.

Sachez conser­ver ses vraies tra­di­tions : son éli­tisme basé sur le seul mérite, son esprit d’ouverture, d’accueil et de tolé­rance. Vous avez désor­mais à assu­mer cet héri­tage mais aus­si à le faire fruc­ti­fier en par­ti­ci­pant plei­ne­ment à l’ouverture de l’École au reste du monde.

Poly­tech­ni­ciens de la pro­mo­tion 2000, voi­ci votre drapeau.

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Ensuite la mati­née s’est pour­sui­vie à l’amphithéâtre Poin­ca­ré où après un mot d’accueil de Mon­sieur Yan­nick d’Escatha, pré­sident du Conseil d’administration de l’École, Mon­sieur Alain Richard a pro­non­cé l’allocution que nous publions ci-après. L’amphithéâtre était plein mais on pou­vait suivre du Grand hall par vidéo.

Discours de Monsieur Alain Richard, ministre de la Défense

Mes­sieurs les Parlementaires,
Mon­sieur le Préfet,
Mes­sieurs les Élus locaux,
Mon­sieur le Président,
Mon­sieur le Délé­gué général,
Mon­sieur le Secré­taire géné­ral pour l’administration
Mon­sieur le Direc­teur général
Mes­sieurs les Offi­ciers généraux,
Mes­sieurs les Directeurs,
Mes­dames, Messieurs,

Je suis très heu­reux de venir pour la troi­sième fois pré­si­der la céré­mo­nie de pré­sen­ta­tion au dra­peau d’une pro­mo­tion, aujourd’hui la pro­mo­tion 2000. D’abord parce que votre École est le sym­bole de la qua­li­té des écoles d’ingénieurs fran­çaises et de l’excellence de notre recherche scientifique.

Mais je suis aus­si tout par­ti­cu­liè­re­ment heu­reux de venir saluer votre École alors que s’achève la mise en place de la réforme de la sco­la­ri­té, que j’ai deman­dée ici même en 1998 et qui s’appliquera en tota­li­té et pour la pre­mière fois, à votre pro­mo­tion, la pro­mo­tion 2000.

La réforme X‑2000 : la triple vocation de l’École

En annon­çant à vos cama­rades les grandes lignes de la “réforme X‑2000”, je sou­li­gnais alors que l’objectif de mettre en oeuvre pour votre pro­mo­tion ces évo­lu­tions – c’est-à-dire notam­ment d’ouvrir l’École en termes de recru­te­ment et d’internationalisation et de modi­fier en pro­fon­deur la sco­la­ri­té – était auda­cieux. C’est le moment aujourd’hui de féli­ci­ter tous ceux, les diri­geants de l’École, le corps ensei­gnant et les cher­cheurs, l’ensemble des per­son­nels civils et mili­taires ain­si que la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne, qui ont per­mis d’avancer aus­si rapi­de­ment vers cette mise en place.

À tra­vers le “ pro­jet X‑2000 ”, le Gou­ver­ne­ment réaf­firme la triple voca­tion de l’École poly­tech­nique : for­mer, pour les entre­prises, des cadres à fort poten­tiel, des inno­va­teurs, des jeunes ayant l’esprit d’entreprise ; for­mer, pour la recherche, des savants de haut niveau aptes à abor­der les domaines les plus nou­veaux ; for­mer, pour les ser­vices de l’État, de futurs hauts fonc­tion­naires qui pour­ront appré­hen­der, dans un cadre mul­ti­na­tio­nal ou com­mu­nau­taire, les aspects les plus nova­teurs des mis­sions de l’État.

À titre d’exemple, en tant que ministre de la Défense, je peux témoi­gner de l’importance pour mon minis­tère de dis­po­ser, grâce au corps de l’armement, d’ingénieurs de haut niveau pour don­ner à notre pays les capa­ci­tés néces­saires à la maî­trise de l’ensemble des dimen­sions de sa sécu­ri­té et de sa défense. Par ailleurs, la pré­sence d’officiers issus de l’École poly­tech­nique au sein des forces armées enri­chit le recru­te­ment et y insuffle l’esprit d’excellence de Polytechnique.

En impul­sant l’adaptation de Poly­tech­nique aux évo­lu­tions de la fin du XXe siècle, Pierre Faurre, dont je veux saluer la mémoire avec res­pect et ami­tié, aura vou­lu res­ter fidèle à l’esprit et aux hautes exi­gences de ses fon­da­teurs qui, en leur temps, avaient sou­hai­té, par une for­ma­tion appro­priée, mettre à contri­bu­tion les meilleurs talents scien­ti­fiques pour construire une nation moderne. Cette idée fon­da­trice est plus que jamais d’actualité.

Créée à un moment cri­tique de notre his­toire, cette École n’a ces­sé d’évoluer pour deve­nir l’un des tout pre­miers éta­blis­se­ments d’enseignement. Dans un contexte nou­veau, dans un monde qui tous les jours se rétré­cit et dans lequel la science connaît des déve­lop­pe­ments inima­gi­nables, l’École poly­tech­nique se devait d’agir et d’évoluer.

Je note d’ailleurs que l’École a su par­mi les pre­mières ins­ti­tu­tions fran­çaises et euro­péennes prendre suf­fi­sam­ment tôt conscience de cette mon­dia­li­sa­tion crois­sante, grâce notam­ment à Ber­nard Esam­bert, qui a pré­si­dé l’École pen­dant neuf ans et qui nous fait l’amitié d’être avec nous aujourd’hui.

Le Contrat de plan pluriannuel de l’École polytechnique

Per­met­tez-moi à pré­sent d’évoquer les objec­tifs que nous devons désor­mais nous fixer col­lec­ti­ve­ment et qui sont orien­tés dans trois directions :

– déve­lop­per la for­ma­tion au meilleur niveau mondial,
– ampli­fier la dimen­sion inter­na­tio­nale de l’École,
– déve­lop­per la capa­ci­té de recherche et valo­ri­ser les résultats.

Pour y par­ve­nir, votre nou­veau pré­sident du Conseil d’administration, Yan­nick d’Escatha, m’a pro­po­sé de défi­nir avec le minis­tère un cadre finan­cier plu­ri­an­nuel qui donne à l’École la lisi­bi­li­té finan­cière néces­saire pour atteindre ces objectifs.

Ce tra­vail a abou­ti à l’élaboration d’un contrat plu­ri­an­nuel, que nous signe­rons dans quelques ins­tants, por­tant sur la période 2002–2006. Les mis­sions de l’École, ses objec­tifs et les moyens néces­saires pour y par­ve­nir y sont pré­ci­sé­ment inscrits.

L’État s’engage à main­te­nir en volume pen­dant la durée du contrat sa contri­bu­tion au fonc­tion­ne­ment de l’École à hau­teur d’environ 43 mil­lions d’euros par an et aux inves­tis­se­ments à hau­teur d’environ 6 mil­lions d’euros par an. C’est un effort sub­stan­tiel de mon minis­tère, dans un cadre bud­gé­taire qui est le sien. C’est éga­le­ment une contri­bu­tion sen­si­ble­ment supé­rieure à celle que l’État accorde en géné­ral à des centres d’enseignement et de recherche. Elle est à la hau­teur des ambi­tions légi­times que nous avons tous pour l’École. Elle illustre les devoirs et res­pon­sa­bi­li­tés que vous avez envers la col­lec­ti­vi­té nationale.

L’École s’engage de son côté à accroître ses res­sources propres en les fai­sant pas­ser de 4,2 mil­lions d’euros par an en 2001 à 7,7 mil­lions d’euros par an à l’échéance du plan en 2006, en déve­lop­pant notam­ment des par­te­na­riats avec les entreprises.

Ce contrat plu­ri­an­nuel fixe des objec­tifs de résul­tat clairs et quan­ti­fiés. Per­met­tez-moi de rap­pe­ler ceux qui me paraissent les plus importants.

La modernisation de la formation

Le pre­mier de ces objec­tifs est la moder­ni­sa­tion du cur­sus de for­ma­tion des élèves. Celle-ci s’appuiera sur les points forts qui ont tou­jours été ceux de la for­ma­tion dis­pen­sée à l’École.

Je pense bien enten­du d’abord à la for­ma­tion poly­scien­ti­fique des élèves, qui per­met de déve­lop­per leurs qua­li­tés de rigueur, d’intuition et d’innovation. Elle est la base de l’image d’excellence scien­ti­fique de l’enseignement dis­pen­sé par l’École et des qua­li­tés de poly­va­lence recon­nues à ses anciens élèves.

La réno­va­tion de la péda­go­gie, actuel­le­ment enga­gée, passe notam­ment par :

– la mise en place d’un véri­table enca­dre­ment per­son­na­li­sé au tra­vers de for­mules de tutorat,
– une uti­li­sa­tion plus forte des nou­velles tech­no­lo­gies de l’information et de la communication,
– une prio­ri­té accor­dée au tra­vail en groupes et aux pro­jets collectifs,
– l’accès fré­quent à des cours scien­ti­fiques don­nés en langue étrangère,
– le ren­for­ce­ment des liens avec la recherche.

Il s’agit éga­le­ment, au cours des troi­sième et qua­trième années, d’acquérir une com­pé­tence scien­ti­fique et pro­fes­sion­nelle plus spé­cia­li­sée et mieux recon­nue à l’échelle inter­na­tio­nale. Cette deuxième phase de la sco­la­ri­té per­met une grande diver­si­té des cur­sus de formation.

Ain­si, chaque élève pour­ra bâtir pro­gres­si­ve­ment et en toute connais­sance de cause son propre pro­jet pro­fes­sion­nel et il acquer­ra une vraie capa­ci­té à abor­der et à résoudre les défis lan­cés aux ingé­nieurs de haut niveau dans les pro­chaines années. La qua­trième année de for­ma­tion sera menée sous contrôle de l’École. Ceci condui­ra à ren­for­cer les liens déjà exis­tants entre l’École et les ins­ti­tu­tions dis­pen­sant cette for­ma­tion com­plé­men­taire : les grandes écoles fran­çaises bien sûr, mais aus­si les pres­ti­gieuses uni­ver­si­tés euro­péennes ou amé­ri­caines par exemple.

De même, vous avez béné­fi­cié d’une for­ma­tion humaine ini­tiale s’intégrant direc­te­ment dans le cur­sus de vos études d’ingénieur. Cette for­ma­tion a été effec­tuée au sein des forces armées et pour un quart d’entre vous dans des orga­nismes civils (sécu­ri­té civile, police natio­nale, édu­ca­tion natio­nale en zone d’éducation prio­ri­taire, asso­cia­tions de réin­ser­tion de jeunes en dif­fi­cul­té, jus­tice). Elle consti­tue une rup­ture avec vos années de classes pré­pa­ra­toires. Elle vous sen­si­bi­lise aux qua­li­tés per­son­nelles indis­pen­sables pour exer­cer de hautes res­pon­sa­bi­li­tés, au goût du tra­vail en équipe, ain­si qu’au sens des res­pon­sa­bi­li­tés civiques et sociales comme de l’intérêt général.

L’internationalisation

Par ailleurs, l’École doit s’imposer comme une grande ins­ti­tu­tion scien­ti­fique au plan euro­péen et mon­dial. Soyez bien conscients qu’elle est sou­mise à une concur­rence vive qui néces­site de s’adapter rapi­de­ment, afin que ses diplômes jouissent de la plus grande recon­nais­sance pos­sible au plan inter­na­tio­nal. La lisi­bi­li­té de son nou­veau cur­sus l’y aidera.

Mais il faut encore aug­men­ter le recru­te­ment d’élèves étran­gers, en pro­ve­nance notam­ment des pays de l’Union euro­péenne, de sorte que les pro­mo­tions comptent une cen­taine d’élèves étran­gers, ce qui fera pas­ser la taille des pro­mo­tions de 450 à 500 élèves d’ici deux ans. Pour y par­ve­nir, l’École doit être attrac­tive sur un mar­ché inter­na­tio­nal ouvert et concur­ren­tiel.

La venue d’étudiants étran­gers dans un éta­blis­se­ment comme celui-ci, répu­té de très haut niveau et consi­dé­ré comme dif­fi­cile, ne doit pas buter sur des obs­tacles finan­ciers. Je sou­tiens plei­ne­ment l’initiative de l’École de mon­ter un sys­tème de bourse incitative.

La récente adhé­sion de l’École au grou­pe­ment “ Paris Tech ”, qui réunit les grandes écoles d’ingénieurs pari­siennes, et à “Uni Tech”, réseau euro­péen d’universités scien­ti­fiques et tech­niques et de grands groupes indus­triels, faci­li­te­ra le recru­te­ment d’élèves étran­gers et per­met­tra de créer des par­te­na­riats forts avec ces éta­blis­se­ments européens.

Dans ce domaine de l’internationalisation, je fixe à l’École deux objec­tifs à l’horizon 2006 :

– durant sa sco­la­ri­té, chaque élève devra lors de stages ou en for­ma­tion avoir séjour­né au moins trois mois dans une ins­ti­tu­tion étrangère ;
– une cen­taine d’élèves fran­çais au mini­mum par pro­mo­tion devront réa­li­ser leur spé­cia­li­sa­tion de qua­trième année à l’étranger.

Enfin, l’École devra s’attacher à aug­men­ter le pour­cen­tage actuel d’enseignants étran­gers. Celui-ci est aujourd’hui de l’ordre de 15 %. L’inverse est tout autant sou­hai­table : les ensei­gnants de l’École doivent se ména­ger une expé­rience pro­fes­sion­nelle à l’étranger d’une durée signi­fi­ca­tive. L’École met­tra en place les moyens favo­ri­sant ce type de mobilité.

Le potentiel de recherche de l’École

La qua­li­té de la recherche de l’École est un troi­sième objec­tif majeur. Le poten­tiel de recherche d’une ins­ti­tu­tion comme l’X est le prin­ci­pal cri­tère de sa recon­nais­sance sur le plan inter­na­tio­nal. Dans cet esprit, j’ai bien noté trois axes prio­ri­taires : la bio­lo­gie, l’optique et les lasers, le trai­te­ment de l’information. Ces orien­ta­tions viennent d’ailleurs d’être confor­tées dans le cadre d’un autre contrat plu­ri­an­nuel, avec le CNRS en l’occurrence. Ceci prouve d’ailleurs la par­faite col­la­bo­ra­tion entre l’École et le monde scien­ti­fique, à laquelle nous tenons tout par­ti­cu­liè­re­ment avec mon col­lègue Roger-Gérard Schwartzenberg.

L’École est par ailleurs un utile exemple de la col­la­bo­ra­tion entre recherche civile et mili­taire, comme j’avais pu le consta­ter en visi­tant le labo­ra­toire des lasers de haute puis­sance – le LULI – l’an der­nier. Vous savez que le CEA déve­loppe pour le compte du minis­tère de la Défense un pro­gramme ambi­tieux de simu­la­tion. J’ai deman­dé au CEA de ren­for­cer les col­la­bo­ra­tions avec le monde scien­ti­fique autour du CESTA en région Aqui­taine, qui accueille­ra le laser méga­joule. Il faut faire le maxi­mum pour orga­ni­ser l’utilisation à des fins scien­ti­fiques de cet équi­pe­ment unique au monde.

La valorisation de la recherche 

En matière de recherche comme dans le domaine de la for­ma­tion, l’effort finan­cier de la col­lec­ti­vi­té natio­nale jus­ti­fie de dif­fu­ser les résul­tats de vos tra­vaux dans le tis­su éco­no­mique, en vue de contri­buer au déve­lop­pe­ment de notre indus­trie et à la créa­tion d’emplois.

Cet objec­tif doit se tra­duire dans les deux années à venir par :

– le déve­lop­pe­ment, en par­te­na­riat avec les entre­prises, des appli­ca­tions indus­trielles des tra­vaux de ses laboratoires,
– le sou­tien à la créa­tion de “ star­tup” inno­vantes, soit direc­te­ment, soit par la prise de par­ti­ci­pa­tion dans les struc­tures créées par d’autres par­te­naires de l’École.

Ceci per­met­tra de déve­lop­per l’esprit d’entreprise des élèves, et ren­for­ce­ra les liens entre l’École et le monde de l’entreprise. L’édification en cours d’un impor­tant centre de recherche par le groupe Danone à l’ouest de l’École en est, déjà, une pre­mière confir­ma­tion. D’autres pro­jets sont en voie de concré­ti­sa­tion, notam­ment avec Tha­lès qui sou­haite étendre ses par­te­na­riats avec la recherche publique et qui est un des pre­miers par­te­naires de l’École dans de nom­breux domaines comme l’optronique et l’électronique.

Ces par­te­na­riats per­met­tront en outre à l’École d’augmenter ses res­sources propres pour finan­cer les besoins sup­plé­men­taires créés par la réforme, en liai­son avec la Fon­da­tion de l’École poly­tech­nique. Je sou­haite sur ce point une mobi­li­sa­tion rapide des éner­gies de l’École autour de pro­jets concrets.

Une évolution des statuts de l’École

Enfin, j’ai deman­dé au pré­sident du Conseil d’administration, dans la lettre de mis­sion que je lui ai adres­sée, d’étudier avec les ser­vices du minis­tère les évo­lu­tions sta­tu­taires néces­saires pour doter l’École de modes de fonc­tion­ne­ment plei­ne­ment cohé­rents avec les pro­fondes trans­for­ma­tions qui lui sont deman­dées. Les condi­tions de fonc­tion­ne­ment de l’École doivent être com­pa­rables à celles des ins­ti­tu­tions d’enseignement et de recherche de niveau mondial.

Le sta­tut actuel de l’École remonte à plus de trente ans. Il a per­mis de faire pas­ser dans de bonnes condi­tions l’École poly­tech­nique de la situa­tion de ser­vice de l’État sans per­son­na­li­té juri­dique à celui d’établissement auto­nome, en par­ti­cu­lier dans le domaine de la ges­tion des per­son­nels. Il est logique que des évo­lu­tions soient désor­mais néces­saires et nous en dis­cu­te­rons sur la base de vos réflexions avec les ser­vices du minis­tère d’ici mars prochain.

Aux élèves de la promotion 2000

Je vou­drais ter­mi­ner mon pro­pos en m’adressant plus par­ti­cu­liè­re­ment à vous, les élèves de la pro­mo­tion 2000. Vous êtes les pre­miers à suivre inté­gra­le­ment le nou­veau cur­sus, avec une pre­mière année consa­crée en grande par­tie à la for­ma­tion humaine et mili­taire, sui­vie de deux années d’enseignement scien­ti­fique et de stages, et se concluant par une qua­trième année professionnalisante.

La pré­sen­ta­tion de votre pro­mo­tion au dra­peau de l’École est un jour impor­tant pour vous. Il l’est aus­si pour vos parents et vos familles, pré­sents autour de vous aujourd’hui, car ils ont toute leur part dans votre réus­site dont ils sont légi­ti­me­ment fiers.

Ce jour solen­nel est aus­si pour moi l’occasion de vous rap­pe­ler vos enga­ge­ments. Édu­qués comme une élite de la connais­sance et du savoir, vous avez des devoirs. Grâce à votre tra­vail, grâce aus­si à l’investissement de la col­lec­ti­vi­té, vous avez main­te­nant, cha­cune et cha­cun d’entre vous, votre rôle à jouer dans la construc­tion de notre ave­nir com­mun. Gar­dez à l’esprit les qua­li­tés de vos illustres pré­dé­ces­seurs : curio­si­té d’esprit, rigueur, méthode, créa­ti­vi­té et goût de l’initiative, sens de l’intérêt général.

Je vous sou­haite bonne chance pour vos enga­ge­ments et vos pro­jets futurs, et je vous appelle à prendre part à votre mis­sion de main­te­nir ici un pôle d’excellence qui est à la base de beau­coup des suc­cès de notre pays.

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Après le dis­cours ce fut un nou­veau temps fort avec la signa­ture solen­nelle par Alain Richard, ministre de la Défense, Yan­nick d’Escatha, pré­sident du Conseil d’administration, et le géné­ral de Noma­zy, direc­teur géné­ral de l’École, d’un Contrat plu­ri­an­nuel entre l’État et l’École poly­tech­nique pour la période 2002–2006. (Ce contrat est com­men­té à la fin de ce compte rendu.)

Après le cock­tail, puis le déjeu­ner, l’après-midi a été bien rem­plie par les “ portes ouvertes aux labo­ra­toires ” et la pré­sen­ta­tion de l’École.

Enfin le concert pré­sen­té par Musi­ca­lix, des élèves inter­pré­tant Mozart, Ver­di, Mes­siaen, Debus­sy, Rach­ma­ni­nov, Brahms et des chan­sons modernes (du jazz à la bos­sa-nova) a brillam­ment ter­mi­né cette journée.

Tous les par­ti­ci­pants méritent d’être féli­ci­tés pour le dérou­le­ment de cette jour­née dont les familles se sou­vien­dront longtemps.

Contrat pluriannuel entre l’État et l’École polytechnique

Le Contrat plu­ri­an­nuel don­ne­ra pour les cinq années qui viennent (2002- 2006) à l’École les moyens de mener à bien la réforme X 2000 en cours. Cette réforme pré­voit notamment :

– une inter­na­tio­na­li­sa­tion crois­sante de l’École avec un objec­tif d’accueillir envi­ron 100 élèves étran­gers pour 400 élèves fran­çais et d’accroître la for­ma­tion des élèves à l’étranger ;

– la trans­for­ma­tion de la sco­la­ri­té qui est désor­mais de quatre ans, en incluant une for­ma­tion de spé­cia­li­sa­tion, en cohé­rence et en par­te­na­riat étroit avec les écoles d’application ou des uni­ver­si­tés étran­gères et qui amène les élèves à choi­sir plus tôt une orien­ta­tion professionnelle ;

– une prio­ri­té don­née au ren­for­ce­ment du poten­tiel de recherche de l’École, gage de la qua­li­té de la for­ma­tion et condi­tion néces­saire à une recon­nais­sance internationale.

À tra­vers cette réforme, le gou­ver­ne­ment a réaf­fir­mé la triple voca­tion de l’École, à savoir, dans l’ordre :

– for­mer, pour les entre­prises, des cadres à fort poten­tiel, des inno­va­teurs, des jeunes ayant l’esprit d’entreprise ;

– for­mer, pour la recherche, des savants de haut niveau aptes à abor­der les domaines les plus nouveaux ;

– for­mer, pour les ser­vices de l’État, de futurs hauts fonc­tion­naires qui pour­ront appré­hen­der, dans un cadre mul­ti­na­tio­nal ou com­mu­nau­taire, les aspects les plus nova­teurs des mis­sions de l’État.

S’agissant d’un contrat, les moyens d’atteindre ces objec­tifs y sont pré­ci­sés : l’État s’engage à main­te­nir en volume pen­dant la durée du contrat sa contri­bu­tion actuelle au fonc­tion­ne­ment et aux inves­tis­se­ments de l’École. Cepen­dant, ces res­sources ne sont pas suf­fi­santes pour réa­li­ser la réforme. La construc­tion de loge­ments, de salles de cours et d’amphithéâtres, l’équipement des labo­ra­toires et la mise à dis­po­si­tion des élèves de l’indispensable outil infor­ma­tique appellent des inves­tis­se­ments très impor­tants. L’École s’engage donc déli­bé­ré­ment à accroître ses res­sources propres prin­ci­pa­le­ment en déve­lop­pant des par­te­na­riats avec les entre­prises. La valo­ri­sa­tion indus­trielle de ses 23 labo­ra­toires de recherche sera déve­lop­pée, mais aus­si la créa­tion de chaires d’enseignement capables d’attirer les meilleurs spé­cia­listes mondiaux.

Pour garan­tir le niveau de for­ma­tion des élèves et le por­ter à la recon­nais­sance mon­diale, un effort consi­dé­rable doit accom­pa­gner celui de l’École, par l’ensemble de la com­mu­nau­té poly­tech­ni­cienne. Les cadres des entre­prises doivent donc veiller à déve­lop­per ce par­te­na­riat avec l’École, tant pour béné­fi­cier des hautes capa­ci­tés de recherche, que pour ali­men­ter la dyna­mique créée par la réforme.

Signature du contrat pluriannuel entre l’État et l’École polytechnique
Signa­ture du Contrat plu­ri­an­nuel par Yan­nick d’Escatha, Alain Richard et le géné­ral de Noma­zy. © ECPAD FRANCE

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