La salle du restaurant My Tho

Pour déguster le meilleur mikho de Paris, courez au My Tho

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°688 Octobre 2013Rédacteur : Lady GastronomiX

Non loin de la Boîte à claque, ce fut le point de ral­lie­ment des réfu­giés et anciens d’Indochine, comme l’épicerie Than Bin, et bien avant la grande vague d’immigration viet­na­mienne, bien avant les frères Tang et la mul­ti­tude de res­tau­rants sino­viet­na­miens de Paris.

La salle n’a guère évo­lué depuis des lustres, l’énorme réfri­gé­ra­teur a quit­té les lieux, les cou­leurs des murs ont chan­gé, le rouge sang-de-boeuf tra­di­tion­nel­le­ment asia­tique a lais­sé place à un jaune lumi­neux agré­men­té de quelques jolis por­traits d’artistes viet­na­miens. Pour le reste, rien n’a chan­gé, les chaises sont tou­jours aus­si peu confor­tables, les tables et le bar sont dis­po­sés à l’identique. Sobriété.

Seule la vais­selle cède à la ten­dance du desi­gn car­ré, ren­dant plus com­plexe la consom­ma­tion du mikho (soupe chi­noise sans bouillon), du phö (soupe ton­ki­noise) ou du hu-thiu (soupe saï­gon­naise au bouillon), pour­tant si déli­cieux qu’on aime­rait pou­voir y bâfrer rituel­le­ment avec nos baguettes.

Il faut dire que la jeune et accueillante pro­prié­taire m’a dévoi­lé qu’elle avait récu­pé­ré l’ensemble des recettes et savoir-faire de ces pre­miers pré­dé­ces­seurs. Les pâtes, fraîches, sont faites mai­son. D’où ce sen­ti­ment de véri­té au fond des bols.

Le prix est en rap­port avec la qua­li­té des mets : il est loin le temps où l’énorme bolée de soupe coû­tait cinq francs, mais, puisque le goût, la finesse, et le sou­rire sont res­tés, nous sommes prêts à nous adap­ter à l’inflation, somme toute rai­son­nable. Même si les quan­ti­tés et l’environnement se sont adap­tés à l’air du temps, svel­tesse oblige.

Je suis res­tée fidèle au My Tho, où j’allais déjà avec ma Viet­na­mienne de mère et depuis une qua­ran­taine d’années, j’y retrouve ma made­leine anna­mite avec plai­sir. Les habi­tués n’ont pas chan­gé (n’allez pas croire que j’ai cent douze ans), cer­tains sont par­tis, leur des­cen­dance les a remplacés.

Allez‑y, vous y dégus­te­rez un par­fum d’autrefois et y croi­se­rez autoch­tones et globe-trotters.

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