Penser la diversité du monde

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°639 Novembre 2008Par : Philippe d’Iribarne (55)Rédacteur : Jean-Paul Lannegrace (55)

Couverture du livre : penser la diversité du mondePen­ser la diver­si­té du monde, le nou­veau livre de Phi­lippe d’Iribarne, traite avec pro­fon­deur et clar­té d’un sujet très dif­fi­cile : qu’est-ce que la culture ?

En s’appuyant sur les résul­tats de ses recherches mul­ti­cul­tu­relles, il ouvre une nou­velle voie de com­pré­hen­sion de « la manière dont, de la façon à la fois géné­rale dans son prin­cipe et pour­tant sin­gu­lière, les hommes s’y prennent pour vivre ensemble ».

Lorsque les hommes évoquent leurs rela­tions à leurs congé­nères, une forme de péril est sans cesse pré­sente en fili­grane. Et ce péril change du tout au tout sui­vant les lieux. « Ain­si, aux États-Unis, il s’agit de perdre le contrôle de son des­tin, en France de plier, par peur ou par inté­rêt, devant qui peut vous nuire ou vous octroyer ses faveurs, en Inde de se rendre impur. » Par­tout aus­si, la manière dont les indi­vi­dus se mettent en scène et agissent est mar­quée par le sou­ci extrême de conju­rer ce péril. Et il en est de même de la façon dont la vie en socié­té est organisée.

Ain­si, « en France, le rôle joué par les devoirs inhé­rents à la place qu’on occupe dans la socié­té, la pro­tec­tion du sta­tut, une haute concep­tion du métier aident cha­cun à avoir le sen­ti­ment que ni l’intérêt ni la peur ne l’amènent à plier devant la volon­té d’un plus fort. » Même là où les droits de l’homme pré­valent depuis long­temps, la manière dont est com­pris l’idéal de liber­té est mar­quée dans chaque socié­té par le sou­ci de conju­rer la peur fon­da­men­tale qui y prévaut.

La phrase pour moi peut-être la plus por­teuse de l’intuition cen­trale du livre est celle-ci : « En met­tant l’accent sur la dimen­sion cog­ni­tive de la culture, on tend à gom­mer ce qui est peut-être l’essentiel : une manière de construire un uni­vers enchan­té où une sorte de salut ima­gi­naire per­met d’échapper à un péril qui ne l’est guère moins, et de gérer ain­si l’angoisse fon­da­men­tale des humains jetés dans un monde qui les dépasse. »

Pen­ser la diver­si­té du monde est un très beau livre !

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